dimanche 31 mars 2013

Voyager dans les petites choses

  

Voilà,
encore une fois le jeu de la lumière sur le film plastifié noir les effets provoqués par les froissements et par les plis, les frottements aussi. Petits accidents de la matière qui attirent irrésistiblement mon attention. Mystère renouvelé des choses ténues. 

samedi 30 mars 2013

Changer la vie

Détail d'une œuvre de Michel Jacquelin et Odile Darbelley.
 Exposition l'Art Tangent (FRAC de Sélestat - 2007)
Voilà
j'ai disposé les pages et les escargots, ça j'en suis sûr
 mais je ne me souviens pas si c'est moi qui ai choisi le livre
Quoiqu'il en soit, cette juxtaposition me semble aujourd'hui très pertinente 
et même d'une certaine actualité

vendredi 29 mars 2013

Squero di San Trovaso




Voilà,
aujourd'hui je me suis réveillé avec le souvenir du Squero di San Trovaso, l'atelier où l'on répare les gondoles à Venise. Discret, à l'écart des splendeurs de la ville, ce lieu modeste dégage un charme singulier et particulièrement apaisant. Je me souviens avoir, un matin, ressenti là-bas dans la tiédeur des premiers beaux jours, le tendre enchantement d'un printemps encore timide et, touché alors par cette grâce fugitive que les japonais appellent kensho, immobile, accoudé au parapet d'un pont, avoir docilement accepté la caresse du soleil sans plus songer à rien.
première publication 29/03/2013 à 9:08

jeudi 28 mars 2013

Le brasier ardent


Voilà,
c'est comme pour cet autre dessin que j'avais mis en ligne il y a quelques mois. Je n'y suis pas pour grand chose. J'ai juste traficoté le fond, et trouvé un titre, mais la silhouette, c'est ma fille qui l'a dessinée il y a bien longtemps. J'adore ce personnage. Il m'intrigue. J'aurais aimé le faire venir. Les dessins d'enfants me fascinent. Et aussi ceux des artistes de l'art brut. J'ai malheureusement encore trop de culture, de savoir accumulé - qui ne m'aide pour autant pas à vivre, ça m'encombre plutôt - pour devenir comme eux. En fait j'ai une vocation contrariée d'idiot du village. Trop sage, trop conscient, trop occupé à essayer de faire bonne figure. C'est pourquoi je trouve aussi Joan Miro merveilleux. Il a su garder, ou plus exactement retrouver, dans ses dessins ses sculptures et ses toiles cette fraîcheur cette immédiateté et cette fantaisie d'une joyeuse insolence. Rester dans l'enfance de l'art. J'y repense à cause des reproductions que j'ai vues récemment sur le blog apaisant de Colo où il y a aussi tant de poèmes à découvrir. Et puis j'associe ce peintre à une discussion - je devais avoir une vingtaine d'années - avec Philippe. Je m'étonnais qu'il y ait une reproduction de Miro dans le salon et qu'il trouve ça beau. Il m'avait juste dit que cela le touchait, que ça lui plaisait. Il n'avait pas cherché à me convaincre, à argumenter. Il ne m'a pas jugé non plus. Il m'a juste laissé trouver mon chemin vers cette œuvre. Cela a pris du temps.

mercredi 27 mars 2013

Celui qui parle aux nuages


Voilà,
il n'a pas su trouver le chemin qui mène à ses semblables. La langue qu'il leur parle, parfois il lui semble qu'ils ne la comprennent pas. Et il se défie de tout geste qui pourrait les effrayer. Il ignore ce qui les rend si méfiants. Est-ce parce qu'il n'a pas appris à sourire. Devinent-ils que sa vie est la cicatrice d'une blessure hideuse qui ne lui appartient pas. Pourtant cela ne suffit à expliquer quoi que ce soit. Après tout n'est-ce pas là un sort que partagent bien des gens ? Il n'a pas la mine avenante, il le sait. "On ne croirait pas que tu puisses être si doux, avec ta tête d'assassin", lui dit un jour une femme qui pensait ainsi le flatter. Pourtant il n'a jamais arraché leurs ailes aux mouches ni coupé la queue des lézards, ou fait fumer les grenouilles. Il est plutôt du genre à parler aux nuages. Solitaire, il ne lui reste que l'amitié du galet poli par les vagues échoué sur la plage, la complicité du lierre qui fixe sa demeure à la jointure des pierres ainsi que la honte et le chagrin du pauvre la première fois qu'il se résigne à quémander.
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mardi 26 mars 2013

Église St Séverin

Voilà,
je les aperçois assis dans le métro. Elle petite et brune, la trentaine, ou peut-être moins, d'une beauté assez ordinaire, mais non dénuée de charme avec un visage très mobile et quelque chose de piquant dans le regard. On sent la pensée affûtée, l'intelligence vive. Elle rayonne, et de la façon dont elle se tourne vers lui, même si elle ne parle que de pigments, de surfaces de lumière, il est évident qu'elle est amoureuse, éprise, séduite, attachée, je ne sais pas ce que l'on peut utiliser comme mot, en tout cas bien avec lui, oui ces deux là c'est sûr éprouvent du plaisir à l'autre. L'homme est plus âgé qu'elle, plutôt beau, une petite quarantaine grisonnante, bien conservé comme on dit, la peau pas encore creusée par les rides, ni encore attaquée par les cernes. Ils se tiennent par la main se bizouillent de temps à autre. Je me demande quelle est la nature de leur lien. Il porte une alliance, elle n'a aucune bague aux doigts. Cela me semble étrange. Ce sont des détails auxquels je ne prêtais aucune attention autrefois. Une chose me choque cependant, cette façon qu'il a de lui tapoter la cuisse en public, qui suggère la vulgarité du propriétaire qui touche son bien, son bien acquis. Cette impression toute subjective, tient au fait que le geste n'est pas adressé, mais mécanique et répétitif, n'attendant aucune réponse, presque inconscient, en tout cas dénué d'âme.

(...)


Je me décide, plutôt que de manger, d'aller au cinéma voir "Notre monde" de Thomas Lacoste, boulevard St Michel. Il y fait une belle lumière, mais trop froid toutefois pour déjà rêver au printemps, même si sur le balcon le forsythia commence enfin à fleurir (bien plus tard que les années précédentes). Comme j'ai un peu d'avance, je vais faire un tour vers la rue de la Huchette et la rueSt Séverin avec tous leurs restaurants grecs à touristes. J'ai une affection particulière pour ce coin là, où j'errais lorsque j'avais quinze ans, et parfois l'idée me vient que je pourrais dîner un soir dans un de ces restaus, comme si je n'étais pas d'ici. J'en profite pour entrer dans l'église St Séverin où je n'étais jamais venu. Bonne intuition. La vision de l'homme tellement recueilli ou accablé que sa tête a disparu a été la bonne surprise de cette journée. Mais comme dirait Godard, "ce n'est pas une image juste, c'est juste une image".

lundi 25 mars 2013

Le monde s'effondre

Voilà,
cette nuit en parcourant les nouvelles, j'ai appris la récente disparition de Chinua Achebe dont j'avais, il y a quatre ans, grâce à mes camarades africains Paulin Tadié et Mary qui travaillaient sur le "Projet Conrad", découvert le si puissant livre "Le monde s'effondre" ("Things fall apart"). Grace à Etienne aussi, tellement passionné d'Afrique et si érudit concernant l'histoire de ce continent. Il dirige en ce moment l'Alliance française de Bangui, et vu la situation sur place sans doute ne va-t-il pas tarder à être rapatrié d'ici peu. Je ne peux m'empêcher d'associer ce bouquin à cette période étrange où je croulais sous le travail, à ce moment de confusion dans ma vie, à tous ces événements intimes (disparitions deuils pertes) qui sont alors survenus. Qu'ai je fait depuis en quatre ans ? Peu et beaucoup me semble-t-il.  Je suis beaucoup allé à la cinémathèque. J'ai fait des photos. Quoique branché sur un réseau social, je me suis quand même petit à petit désocialisé. Mais bon je me suis efforcé d'écrire, plus précisément de donner publiquement à lire ce qui pouvait me traverser. Je me suis contraint à ce blog - en dépit de la crainte d'être jugé - pour m'ouvir un peu sur le monde, mais aussi pour réaliser qu'il n'y avait peut-être pas lieu de tant s'angoisser sur cet acte-là. Que je pouvais le faire. Tant pis si ça m'échappait. C'est toujours ça.... Cela m'a permis de belles découvertes. Mais maintenant il faut que je remettre le nez à la fenêtre. La vie intérieure c'est bien, mais on peut y moisir. J'ai retrouvé cette photo de ma table de travail prises lors de ces longues séances de discussions dramaturgiques où l'on passait de Brecht à l'Afrique. C'est aussi un monde en moi qui s'écroulait mais je ne le savais pas encore.

samedi 23 mars 2013

Une ombre parfois


Voilà,
une ombre parfois - on ne sait pourquoi - semble intensément exiger devenir autre chose qu'une simple empreinte passagère. Comme si elle réclamait sa part de lumière se posant là tout à la fois comme énigme et comme révélation. 

mercredi 20 mars 2013

Dans le magasin désert


Voilà
dans le magasin désert où l'on ne vend que des produits surgelés, une immense envie de pleurer le submerge soudain. La sensation que même ici il n'est plus à sa place, qu'il n'a plus rien à y faire. Tout à coup la réalité le rattrape violemment. Là devant les sachets de légumes à l'ancienne, et les boîtes de purée de patate douce en promotion, lui apparaît avec une évidence croissante que le moment critique et tant redouté se rapproche inéluctablement et qu'il n'a toujours pas trouvé de solution pour y faire face. Jusqu'à maintenant il s'est efforcé de faire comme si le problème n'existait pas, et de croire au miracle. Mais à présent il sent bien que cette hypothèse se révèle, dans la conjoncture actuelle de plus en plus improbable... 

mardi 19 mars 2013

Vérifier le cadre


Voilà,
hier tournage de quelques séquences pour Aurélie, accompagnée de son ingénieur du son de circonstance, Maryline. Toutes deux font un atelier pour apprendre à réaliser des documentaires. On a  tourné quelques plans dans l'appartement et d'autres en extérieur. Cela me faisait plaisir de retrouver Aurélie, qui est une excellente comédienne que je croise de temps en temps, avec qui il m'est arrivé de faire des lectures, mais nous n'avons jamais joué ensemble. Il faisait plutôt froid et du coup je me suis demandé quel était le temps l'année dernière à la même époque. J'ai retrouvé cette photo prise alors au Tuileries....

lundi 18 mars 2013

Une pensée pour Max Aub et quelques souvenirs


Voilà
Max Aub, l'auteur d'un opuscule fort réjouissant et de très mauvais goût "Crimes exemplaires", également connu pour avoir été, en tant que représentant de la délégation espagnole républicaine à Paris, le commanditaire de ce qui deviendra "Guernica", Max Aub donc a été interné sur ordre de l'administration du gouvernement de Vichy à Djelfa, ai-je appris il y a quelques jours sur le net grâce aux hasards et aux détours de la serendipité. Il aurait même mis en vers pour le théâtre un récit de son internement. Djelfa. Comment ne pas songer 50 ans après les accords d'Evian à cette ville où j'ai vécu ainsi qu'aux trois années de guerre dans ce pays qui m'ont en partie constitué. Durant cette période, alors que tout me paraissait potentiellement dangereux j'ai appris à faire semblant et à dissimuler la peur. Je vivais parmi les petits blancs colons et militaires qui pour la plupart d'entre eux méprisaient et humiliaient ce peuple spolié dont ils occupaient la terre, et qui avait décidé d'en finir avec ces vieilles lois d'une société d'apartheid. Et moi j'étais avec ces petits blancs si convaincus de leur supériorité. Comment l'enfant ne pouvait il pas entendre ces mots chargés de haine "bougnoules, bicots, melons" tout en redoutant ceux que l'on désignait ainsi, tellement différents, s'habillant de façon si étrange et parlant une langue incompréhensible et rude à l'oreille. Ceux avec qui je vivais, qui prétendaient m'élever dans leur valeurs - bien des années plus tard j'y ai vu au contraire une forme d'avilissement -  comme ils m'étaient insupportables avec leur arrogance et leur pitoyable certitude. Eux qui se pensaient si supérieurs alors, je les ai vus, gagnés dans un premier temps par la panique, puis exprimant au grand jour la haine lorsqu'ils ont compris que tout était perdu, et enfin cautionnant en paroles (je ne voyais pas leurs actes) la folie meurtrière et le terrible incendie des violences vengeresses qui se sont alors propagés dans la région. Mais les conditions de ma survie étaient liées à leurs décisions et à leur conduite. J'en reparlerai ici ou ailleurs. Djelfa où j'étais ce petit enfant disgracieux maladroit et un peu bigleux  ("Qu'est ce que j'ai fait au ciel pour avoir un fils si empoté" disait la mère qui avait du goût pour l'emphase). Je repense aussi à tout cela parce que j'ai vu cette nuit un excellent documentaire sur Arte+7 concernant cette période algérienne. Détail amusant, j'y ai appris que Just Jaeckin, le premier réalisateur avec lequel j'ai tourné, qui faisait alors partie du contingent a été pris dans la fusillade de la rue d'Isly et s'en est miraculeusement sorti. Je me souviens de ma mère entendant la retransmission radiodiffusée de la manifestation du 26 mars 1962 et s'exclamant "des français tirent sur d'autres français" (qui était un cliché à l'époque). Je me rappelle aussi du poste de radio phillips rouge et blanc avec dessus un pick-up comme on disait alors, ou j'entendais parfois des chansons tristes qui alimentaient la nostalgie de lieux où je n'étais jamais allé, de vies que je n'avais jamais vécues. Souvenirs, souvenirs d'une enfance riche en sensations.
Mes parents et moi logions dans un appartement assez misérable situé à gauche de cette place quand on regarde la carte postale. J'ai retrouvé cette maison en 1983, qui semblait promise à une démolition imminente. J'ai aussi photographié les arcades que l'on voit sur la carte postale


Souvent, près de cette porte d'entrée des sacs étaient entassés, et il n'était pas rare qu'un homme en burnous et enturbanné ne soit en train de dormir à côté. J'ai retrouvé il y a quelques années des vieilles photos où l'on me voit sur ce balcon, dans ma Ferrari rouge à pédales. Je souris devant l'objectif. Je ne semble pas si préoccupé que cela. Pourtant...


 
première publication 18/3/2013 à 10:13
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dimanche 17 mars 2013

Merci


Voilà,
je voudrais juste remercier les lectrices et les lecteurs de ce blog, ceux bien sûr qui me laissent parfois des messages, et avec lesquels il arrive que se tissent des liens, s'échangent des impressions et se nouent parfois des conversations et même des rencontres. Ceux qui de leur côté fabriquent aussi des images ou des textes ou les deux et pour lesquels, il m'arrive parfois, en regardant leurs travaux, d'éprouver une sorte de fraternité obscure, par delà les mers les frontières, les décalages horaires et en dépit du fait qu'il est, pour la plupart d'entre eux, peu probable (quoique pas forcément impossible) que je les rencontre un jour dans le monde réel. Et puis merci aussi à tous ceux qui regardent régulièrement ou de temps à autre, qui manifestent à leur façon, timide ou réservée de l'intérêt ou de la curiosité pour ce qui s'échafaude là, simplement en revenant. Vous savoir là, me fait du bien, ça a quelque chose d'encourageant et de réconfortant, oui on peut dire ça comme ça. Réconfortant. 

samedi 16 mars 2013

Le Rêve


Voilà,
elle apparait dans le rêve d'abord habillée en jeune homme d'un autre temps. Elle ne sait pas que je la vois. Je me prends à croire au déguisement jusqu'à désirer devenir celle que si souvent dans un parc, dans des douves, sous une treille, elle embrasse avec une tendre cruauté.
(...)
Plus tard, je la retrouve dans une petite cour pavée au pied d'un escalier, non loin d'une fontaine Wallace. Elle s'entretient avec des filles qui depuis longtemps semblent la connaître. Près d'elle une petite valise à roulettes grise devient bleue puis verte puis de nouveau grise. Je m'attarde un moment. La contempler m'apaise. Je crois déceler que du coin de l'oeil elle me guette.
(...)
Est-ce parce que, une fraction de seconde, j'ai pour une fois cru au miracle, qu'elle est là soudain allongée sur le canapé du salon, comme une sœur, une vieille connaissance ? Nous conversons, mais sans doute ai-je peur avec elle peur du silence car je parle beaucoup. Elle m'interrompt "excuse moi j'en ai trop envie" elle m'embrasse. Elle m'embrasse ! Bienheureux vertige qui jette mon désir dans le sien.
(...)
Abandons et emportements dans le désordre d'un lit. Je la tangue elle me langue je la source elle me délice, sans trêve on se voyage, au près, au grand large, bord à bord, on se ciel on se soleil, elle m'invente des horizons je lui cherche des îles, elle me trouve des plages jamais fatigue ne fut plus douce jamais
(...)
Je suis lagon elle corail et notre sommeil un enfant sage. Des fleurs sous nos paupières s'épanouissent parfois en mystérieux visages. Quelque part dans l'univers pour nous rien que pour nous une étoile vient de naître.

vendredi 15 mars 2013

Vieille tête

Tête (pastel sec -1991)
Voilà,
ramassé ça dans les vieilles boîtes il y a deux trois nuits. Je le mets en ligne parce que ma fille le trouve bien, et c'est une raison tout à fait suffisante. Ça ne lui fait même pas peur. Alors... Toutes ces têtes quand même autrefois dessinées, ces silhouettes aussi et ces figures, c'est étrange quand j'y pense..... Enfin est ce qu'on peut appeler ça de la pensée ?.. Une remarque juste... Quand je le remarque donc.... Ce besoin qu'il y avait d'expulser, de donner forme à l'inquiétude pour conjurer je ne sais quelle terreur enfouie... Enfin "je ne sais quelle" façon de parler, j'ai tout de même une vague idée sur la question....  Je n'ai pas trié mes lentilles mais j'ai quand même écossé mes petits pois... Et puis "terreur" en voilà bien de l'hyperbole... Faudrait peut-être réduire ses prétentions... Quoiqu'il en soit je faisais ça par hygiène. Le dessin soulage. C'est plus immédiat, ça permet de montrer ce qu'on ne sait nommer. On va pas chercher les adjectifs, se demander s'il y a trop d'adverbes, si là c'est bien le mot juste, s'il ne faudrait pas dire autrement, ou si la concordance des temps est respectée et toutes ces conneries... J'ai jamais essayé de bien dessiner... Je m'en fous que ça soit peut-être hideux... on fait ce qu'on peut hein!.. "On bricole dans l'incurable" disait Cioran.... J'en balancerais quelques autres comme ça, de temps en temps... Oui sans doute.... Je peux même programmer ça plusieurs années à l'avance... Ce que c'est que la technique tout de même...
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jeudi 14 mars 2013

Dans la neige et dans le froid


Voilà,
"in a weird mood", ce soir... je me suis pris d'affection pour cette vieille bicyclette ratatinée, et peut-être encore plus pour ce qui reste de l'autre, complètement dépouillée.... Se méfier des identifications tout de même. C'est rarement bon. Dormir. Demain est un autre jour.
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mercredi 13 mars 2013

Louis Peyre


Voilà,
Louis, je l'aimais vraiment beaucoup. C'était un petit homme sec, sans une once de graisse, mais pétri d'humour. C'était le voisin de Philippe et Dominique. Quand je l'ai connu sa femme Caroline, était encore vivante. Ils formaient un duo étrange, elle assez volumineuse et très bigotte, lui tout petit et qui ne portait pas les curés dans son cœur. Enfant, le jour de sa confirmation, tenu par une oreille, il avait été raccompagné par l'un d'entre eux vers la sortie au prétexte qu'il avait manqué d'assiduité au catéchisme durant l'année. De cette humiliation, il avait gardé une rancune tenace vis à vis de tout ce qui portait soutane ou cornette. Ils n'avaient pas pu avoir d'enfant, mais lorsque dans les années cinquante ils avaient vu débarquer dans leur village ces jeunes parisiens qu'étaient Philippe et Dominique, ils les avaient accueillis avec bienveillance et leur avaient ensuite témoigné de l'affection. Et quand vinrent les enfants ils devinrent en quelque sorte des grands-parents estivaux. Lorsque j'ai connu Louis, il était déjà à la retraite (il avait je crois travaillé dans les chemins de fer) mais chaque matin, il se réveillait avec le soleil pour aller faire sa vigne. Vers neuf heures, il était assis sur son pas de porte à lire le journal. pendant ce temps non loin, celle qu'on surnommait la Pignate nettoyait son pas de porte. Il ne se parlaient pas. Elle avait eu soi-disant des sympathies avec l'occupant pendant les années sombres de la guerre, et il la méprisait. Louis avait un langage merveilleusement imagé. A dix-sept ans, Agnès et moi avions tendance à rester très près l'un de l'autre. Il disait "Ces deux là ils sont collés comme des arapèdes" (les arapèdes étant ces coquillages en forme de chapeau chinois qui demeurent fixés à leur rocher qu'on appelle je crois, berniques en d'autres régions). Ou bien quand je sortais de la sieste avec la marque du drap sur le visage il me demandait "tu as piqué une colère ?". Il surnommait la boulangère "Sourire d'Avril" parce que le sien était toujours un peu crispé, comme un printemps qui ne se déclare pas tout à fait. Lorsque son épouse revenait de la messe, il la taquinait "Alors Caroline, tu as croqué le matelot ?" pour savoir si elle avait communié. Un jour, alors qu'on avait fêté son anniversaire à la maison, il était rentré chez lui un peu éméché (il avait quinze mètres à faire) et il s'était alors exclamé "À moi les murs, la terre m'abandonne". Même dans des situations pénibles il gardait sons sens de l'humour. Il avait accompagné Caroline sur ces derniers jours et quand il arrivait à celle-ci d'être pénible alors il la menaçait gentiment "Caroline si tu continues comme ça, je te fais enterrer civilement". Et lui même lorsqu'on lui demandait vers la fin de sa vie, alors qu'il était malade si ça allait, il répondait "je m'accroche à la rampe" en mimant le geste des deux mains. Cette photo, qui est en fait un montage de deux expressions prises à quelques secondes d'intervalle, je crois l'avoir prise au cours d'une conversation qu'il avait eue avec Antonine Maillet, l'auteure acadienne de "La sagouine" qui avait obtenu un prix Goncourt en 1979 pour "Pélagie la charette". Elle était venue passer quelques jours de vacances à Châteaudouble. Bien que de nature et de deux mondes différents, Louis et Antonine avaient un soir longuement parlé ensemble, et tous deux avaient eu beaucoup de plaisir à se rencontrer. Cette photo a été prise sous l'auvent de la maison de Gérard, le frère de Philippe. Une construction assez merveilleuse dont je parlerai peut-être un jour

mardi 12 mars 2013

Un vieux croquis

Voilà,
cette nuit en voulant continuer d'écrire sur les mots, les expressions qui restent indéfectiblement liés à des êtres singuliers, je cherchais une photo de Louis Peyre, que j'ai autrefois connu à Châteaudouble. J'ai mis du temps mais je l'ai finalement retrouvée, mais pour cela il m'a fallu ouvrir de vieilles boîtes. Je ne suis pas sûr qu'il soit très bon d'ouvrir de vieilles boîtes au cœur de la nuit solitaire. C'est ainsi que je suis tombé sur ce croquis d'il y a très très très très longtemps. Je devais avoir un peu fumé - sinon pire - ce jour là. Je ne sais pourquoi je l'ai gardé. Il est tout petit, je l'ai fait sur un post-it. Je me souviens vaguement de l'époque, de ce qui me traversait alors. J'ai trouvé des vieux collages aussi.... Tout était déjà joué me semble-t-il... Bref. c'est étrange tout ce qu'on ne jette pas, qui pourrait aussi bien ne pas être là, et qui n'a d'importance que pour soi. Il faudrait que j'aie un jour le courage de faire du vide, pour ne pas encombrer ceux qui resteront de choses inutiles. "Trier mes lentilles" quoi... Sinon à part ça, je n'arrive pas à me débarrasser du refrain de "Riquita", ce tube de Georgette Plana qui nous a quitté hier ou avant-hier. Elle pourra chanter ça dans une réalité parallèle en duo avec Jérôme Savary qui aimait bien cette chanson. C'est fou d'ailleurs le nombre de célébrités qui ne passent pas l'hiver en ce moment, J-B Pontalis, par exemple, c'est passé complètement inaperçu. D'ailleurs à propos d'hiver, il neige à Paris. Depuis quand n'a-t-il pas neigé à Paris si tard en Mars ? 1975 il paraît (on trouve presque tout sur internet).... Bon allez hop, pas que ça à faire... Louis Peyre ce sera pour la nuit prochaine...

lundi 11 mars 2013

Délicieux


Voilà,
on n'y avait jamais prêté attention à cet adjectif, pourtant c'est sûr on l'avait entendu, vraisemblablement même utilisé il n'y a pas de raison, (c'est comme cet autre mot : "bienvenue") et puis soudain, dans une circonstance particulière, le voilà prononcé, et tout à coup c'est comme s'il n'avait jamais été exactement compris. Et même si qui l'entend n'est pas tout à fait à la place de qui l'énonce, et qu'à l'instant même où il émerge, il ne recouvre, ni pour l'un ni pour l'autre la même réalité, si ce n'est une singulière densité que la proximité rend plus intense encore, le voilà qui, à peine recueilli, s'inscrit à jamais dans la pensée avec la puissance d'un astre naissant et glisse aussitôt sur la langue, léger comme une bulle et pareil à la douce friandise dont on éprouve la saveur... 

jeudi 7 mars 2013

Une Procession

Lyon, Avril 2009

Voilà,
il y avait eu cette joyeuse procession de filles essaimant leurs rires dans la lumière des premiers beaux jours. Était-ce là ce qu'on appelle un enterrement de jeune fille ? Je ne m'en souviens plus, mais leur gaieté faisait plaisir à voir. Tout cela me semble si loin, comme rapporté d'une autre vie. Je me rappelle des amis de passage venus me rendre visite au cours de ce bref séjour, de ceux perdus de vue depuis longtemps, mais croisés là par hasard et qui avaient choisi de s'installer dans la région, et bien sûr du spectacle de Michel et Odile aux Subsistances. (linked with the weekend in black and white)

mercredi 6 mars 2013

Les amoureux de Guéthary


Voilà,
aujourd'hui j'ai repensé aux amoureux de Guéthary, à leur jeunesse, à leur été
à ce long baiser sur le petit port où ils étaient seuls au monde

lundi 4 mars 2013

Philosophie


Voilà,
le silence des murs parfois suggère des histoires qui font rêver. Saisir leurs furtives apparitions semblables à celles du papillon, ce "billet doux, comme l'écrivait Jules Renard, plié qui cherche une adresse de fleur". Oui les papillons...

samedi 2 mars 2013

La sentinelle abandonnée


Voilà,
au détour d'un virage sa silhouette massive peu à peu mangée par la végétation luxuriante de ce coin d'île avait aussitôt happé mon regard. C'était si étrange, comme la soudaine apparition d'un fantôme surgi de l'enfance. Cela faisait bien longtemps que je n'avais vu de tels engins de chantier. Il était si misérable à présent, tout bancal, mais encore avec une certaine fierté. Je me suis alors souvenu de la première fois où j'en avais aperçu de semblables. J'avais trois ans, à l'arrière d'une voiture, contemplant avec étonnement un paysage semi-désertique, saisi par la densité et le contraste soutenu des couleurs : l'ocre des cailloux, le bleu intense du ciel, le ruban luisant du noir bitume de la route récemment tracée. Parfois arrêtées sur le bord de la chaussée, se dressaient les sentinelles effrayantes de ces grosses machines jaunes. A l'époque, je croyais que tout ce qui roulait, voitures, camions, locomotives pensait éprouvait et ressentait le monde tout autant que moi.

vendredi 1 mars 2013

Silencieux et distant dans la froide lumière des néons


Voilà,
"Apocalypse Picnic" un collage que j'ai fait à cette époque, quand Daniel Darc qui vient de disparaître chantait avec Taxi Girl "Cherchez le garçon". Chanson toujours associée à cette femme qui était leur chaperon dans leur maison de disques. Un jour elle m'avait appelé du Luxembourg où elle avait emmené le groupe y faire une télévision. Quelques jours auparavant nous nous étions rencontrés dans une soirée je lui avais laissé mon numéro. Elle voulait me voir, cela m'avait surpris. Elle aimait bien les jeunes gens. Elle avait le bon job pour ça. Dans un taxi un soir, elle m'avait dit "Je voudrais que tu sois mon tapis volant". Ouais, bof. Pendant quelque temps j'ai pu voir, backstage, des groupes de rock français. Ce fut la seule époque où j'ai régulièrement porté des cravates. Fines et en cuir. J'avais tendance à demeurer silencieux et distant dans la lumière froide des néons. Pas à l'aise parmi ces gens. Pas équipé pour ça. Trop de frime et d'arrogance trop de drogues aussi. Tout ceux qui y ont laissé leur peau ou passé tant d'années à s'en remettre. Et puis je me souviens de cette misérable et prétentieuse première partie de Taxi Girl au concert des Talking Heads. Évidemment, mis en perspective avec le décès de Stéphane Hessel, hier, (une mort chasse l'autre dans l'actualité) on voit bien qu'on n'a pas tous la même aptitude à vivre. Ces disparitions plus ou moins prématurées de gens qui la veille encore étaient nos contemporains nous rappellent ainsi que ce temps est de moins en moins le nôtre.

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