lundi 31 décembre 2012

L'année en train d'arriver


Voilà
l'année qui est en train d'arriver en une année passera  
moi je suis en train de m'y préparer, c'est ça la nouvelle (Lucio Dalla)

dimanche 30 décembre 2012

Pochoir sur un mur de Paris

Impasse St Claude près de la Rue de Turenne, Paris
Voilà,
Bye-bye 2012.
Ne laissera pas un souvenir impérissable

samedi 29 décembre 2012

Passage d'un spectre


Voilà
d'un pas léger il semble glisser parmi les décombres
d'une ville fantôme désormais soumise
à l'effroyable et sinistre contagion des ténèbres
et l'accompagne pourtant cette obsédante sensation
que chante encore oui chante encore
un oiseau quelque part

mercredi 26 décembre 2012

En songeant à Saul Leiter....

Manège, place de la mairie du XIVème
Voilà,
en songeant à Saul Leiter
on finit par être rattrapé par Francis Bacon

(shared with weekend reflection)

Café "La Palette" en face des Beaux-Arts (Paris 6)

dimanche 23 décembre 2012

Tour Montparnasse


Voilà,
le Boulevard Edgar Quinet et la Tour Montparnasse il y a quelques jours par un soir de semi-brume un peu pluvieux, semblables à des illuminations de Noël. Hier, en feuilletant le recueil de Brassaï "Paris la nuit", j'ai découvert cette photo où il est question "d'un coin peu connu du quartier Montparnasse, le tunnel sinistre par où, sous le chemin de fer, le boulevard Edgar Quinet débouche sur l'Avenue du Maine. J'aimerais retrouver des vieux plans et d'autres photos anciennes pour voir quelle configuration pouvait alors avoir le quartier.

samedi 22 décembre 2012

RER, ligne C Pont de l'Alma

Ligne C, pont de l'Alma (Décembre 2008)

Voilà
chaque fois que je passe sur ce tronçon, affleure le souvenir imprécis d'un livre lu dans mes premières années parisiennes alors que je sortais à peine de l'enfance. Il racontait les errances de trois jeunes collégiens dans le Paris des années trente. Il me semble que dans un chapitre il était question de cette voie ferrée qui longe la Seine non loin de la tour Eiffel. J'ai racheté ce livre il y a quelques années, me promettant de le relire, mais je crois que je ne le ferai jamais. Tant d'autres qui attendent d'être ouverts. Je l'ai néanmoins parcouru sans pour autant y trouver les lignes qui m'avaient ému. Peut-être après tout ai-je confondu ou inventé. À moins qu'il ne s'agisse d'un autre ouvrage du même auteur - au demeurant plutôt mineur et dont le style date terriblement - qui lui aussi aurait évoqué les vagabondages d'autres jeunes gens. Tout cela d'ailleurs n'a vraiment plus d'importance, à bien y songer. Allez qu'il aille au diable aux champs à Cuges ou bien ailleurs rejoindre ses ruines et qu'il ne nous emmerde plus l'encombré. Pas même la peine de lui coller un vieux clébard pour la compagnie de toute façon il est sorti du cadre. Ses souvenirs ne sont plus les miens. Et quant à moi - pour peu que ces trois lettres aient encore un sens, une réalité, et que quelque chose en subsiste - je n'y suis déjà plus pour personne.

vendredi 21 décembre 2012

Matière brute


   

Voilà,
face au mur. 
Une sorte de vertige, d'abdication inquiète.
Tous ces chemins ténébreux qu'il aura fallu 
- souvent à son corps défendant -
emprunter quoiqu'il en coûte

jeudi 20 décembre 2012

La petite licorne bleue

Métro parisien Décembre 2012
Voilà,
un jour dans le métro un préposé à l'arrachage des affiches publicitaires était venu décoller toutes celles qui avaient été les mois précédents superposées sur un même emplacement. Aussitôt des voyageurs parmi ceux qui attendaient sur le quai s'étaient rassemblés autour de son espace de travail délimité par des bandelettes plastifiées bicolores orange et blanc, et bien évidemment chacun avait sorti qui son appareil photo qui son smartphone. Ainsi le travailleur, sans doute modestement rétribué, était-il devenu, et cela simplement parce que son activité s'effectuait aux yeux de tous, une sorte de performer bien malgré lui. L'intérêt que ces témoins portaient pour les images hasardeuses suscitées par ces arrachages successifs, m'avait alors surpris. Ce qui autrefois, avec les décollement de Raymond Hains ou de Jacques Villeglé  avait été raillé comme relevant d'une avant-garde fumiste et facile accédait désormais, au rang d'œuvre d'art populaire et reproductible, confirmant l'intuition de Marcel Duchamp selon laquelle c'est le regard de l'observateur qui confère à un objet son statut. Mais plus encore, j'avais été frappé par l'exigence que ces curieux avaient alors manifesté vis-à-vis du travailleur. Car lorsque celui-ci arrachait - trop promptement à leur goût - les morceaux d'affiches qu'il entassait ensuite en vrac sur le quai, les empêchant ainsi de fixer l'image qu'ils avaient un trop bref instant entrevue, les spectateurs n'hésitaient pas à exprimer à haute voix et sans aucune gêne leur désapprobation et leur déception. Ainsi s'arrogeaient-ils de la sorte un droit sur le geste du travailleur se muant donc à la fois en contremaîtres, en consommateurs exigeants et capricieux, en metteurs en scène d'un acte qu'ils n'avaient aucunement initié, et en voyeurs consentants et complice du spectacle de l'exploitation. C'est à cela que je repensais hier après avoir croisé la petite licorne bleue dans un couloir de correspondance.

mardi 18 décembre 2012

Pas comme prévu


Voilà
rien ne se passait vraiment comme prévu je ne parvenais pas à m'expliquer cette soudaine passion pour le souffre euh le surf ni ma présence dans cet accoutrement en la circonstance ridicule parmi ces silhouettes muettes ambassadrices d'un souvenir impossible à reconstituer La brusque fugitive et monstrueuse apparition rompit le silence et l'envoûtement où me tenait le songe Une fraction de seconde plus tard j'émergeai de ma torpeur tout pantelant sur la berge de mon lit la main crispée contre mon cœur. (Shared with MooMania)

lundi 17 décembre 2012

Impromptu ce soir

L'escalier du Centre Culturel Tchèque à Paris
Voilà
sortie impromptue ce soir. Peut-être parce que je lui ai envoyé ce lien il y a trois jours, Pascal me propose d'assister au centre culturel Tchèque rue Bonaparte à la projection d'un film de 1967 : "La fin de l'agent W4C par l'intermédiaire du chien de Monsieur Foustka" réalisé par Vaclav Vorlicek. Le film est excellent, loufoque, d'une insolence désinvolte et d'un humour souvent absurde. On sent aussi toute cette effervescence du printemps tchèque, celui du "socialisme à visage humain" que l'on croyait alors possible à l'ombre de l'URSS. J'en ai aussi profité pour m'attarder à la très intéressante exposition "Industria" de Vaclav Jiracek dans ces mêmes murs. Puis je suis aller musarder dans le quartier pour y faire quelques photos

 

Malgré la bonne humeur que j'ai éprouvée tout au long du film, je me suis retrouvé assez mélancolique une fois dehors. Je crois que j'ai de plus en plus de mal avec les illuminations, avec Noël, tout ça... Sans doute ai-je de plus en plus de mal avec moi aussi, mais ça c'est une autre histoire. Ces deux-là, prises à quelques secondes et à quelques mètres d'intervalle, m'ont semblé faire la paire. L'une devant l'église St Germain-des-prés, l'autre dans une des vitrines de la nouvelle librairie La Hune ....

dimanche 16 décembre 2012

A Strasbourg St Denis


Voilà,
elle avait l'air de l'aimer fort son indien, la petite japonaise. En tout cas de se sentir bien auprès de lui. Parfois elle s'assoupissait quelques secondes sur son épaule, puis elle relevait la tête, et c'était comme si elle le regardait avec reconnaissance. Je me demandais ce qu'il avait bien pu lui faire ou plus exactement comment. Lui, paraissait ne pas s'en rendre compte. Mais peut-être feignait-il de ne pas s'en apercevoir. Les mâles sont parfois si vaniteux. Et puis à Strasbourg St Denis, soudain son visage s'est effacé.

samedi 15 décembre 2012

Lignes, cercles, rectangles et trapèzes


Voilà,
je suis content de cette photo néo-constructiviste prise à l'entrée de la fort intéressante exposition Jesse Fernandez que propose la maison de l'Amérique latine à Paris. D'ailleurs les illustrations et les couvertures de livres qui y sont présentées valent aussi le détour. Et en plus c'est gratuit. Oui je sais, manifester une telle satisfaction pour une malheureuse photo peut bien paraître narcissique mais après tout, quiconque s'autorise d'un point de vue sur quoi que ce soit affirme une semblable posture. Donc je me réjouis, ne serait ce que pour la fraction de seconde où les circonstances m'ont permis d'entrevoir la possibilité de ce cadre. Et puis parlant de mon plaisir, j'aborde ce que je connais le moins mal, même si, quel que soit l'objectif à atteindre (pour l'écriture) ou utilisé (pour la photo), je serai, pour reprendre la jolie formule de Doisneau, toujours condamné "à l'imparfait du subjectif". Bref, sous cet angle j'ai perçu qu'il y avait de la géométrie, des lignes de forces, des répartitions de surfaces des formes que je trouvais séduisantes pour l'œil et une fois encore je n'ai pas pu résister.


Pareil dans les toilettes de l'INALCO où j'ai soudain été ému par cette absence de perspective et ces motifs isolés, dispersés sur un espace plan. Pour ceux que la géométrie intéresse je recommande ce lien.

vendredi 14 décembre 2012

Le spot


Voilà,
ça entrait ça sortait il y avait du va et vient dans ce pub assez rupin, ils étaient tous beaux plutôt bien habillés, entre gens de bonne compagnie, blancs quoi, ravis de chanter ensemble en se dandinant épaule contre épaule, en faisant tou tou tou - tou - tou tou, des filles splendides embrassaient des garçons mignons qui avaient l'air de bons copains qui peut-être se suçaient à l'occasion, chacun semblait heureux épanoui, on se balançait des œillades en veux tu en voilà quelques gusses avaient une vague altercation mais tout rentrait dans l'ordre très vite et finissait en sourires et en accolades parce que, n'est ce pas, c'était juste "un conflit de basse intensité", comme disaient les stratèges de l'époque ; un mec à pilosité subnasale était content de faire, en buvant, de l'œil à une jolie femme accompagnée, qui néanmoins trinquait à sa santé et cette petite tâche de mousse déposée sur sa moustache après une bonne rasade, laissait supposer qu'ils n'en resteraient pas là puisqu'elle semblait trouver ça drôle, et qu'ils le tireraient peut-être aussi leur coup et pourquoi pas à trois... Un rêveur solitaire, adossé à un mur de bois ambré contemplait les seins d'une jolie serveuse rousse fermement bustée qui ne trouvait rien à y redire, bref il y avait de la libido dans l'air. Les années quatre-vingts allaient commencer ça serait nouveau et intéressant on deviendrait postmoderne on pourrait à l'envi disserter sur l'ère du vide en buvant de la bière comme le feraient quelques penseurs à la mode, et à la télévision un vieil artiste populaire se découvrant soudain une vocation politique et visionnaire proclamerait "vive la crise" et proposerait des solutions à la con pour un futur qui ne ressemblerait en rien à ce qu'il est devenu. Relire ce numéro spécial de Libération paru à l'occasion de cette émission de télévision donne idée de la fatuité des journalistes et des penseurs en vogue de l'Epoque ... Ce spot pour la bière qui fait aimer la bière, repassait en boucle dans toutes les salles de cinéma  et l'on se disait que pourquoi pas ça serait pas mal si la réalité pouvait ressembler à cela mais on ne voyait pas grandir les minots de banlieue, on ne connaissait pas encore le virus aux quatre lettres flippantes (je me souviens d'un article avant que l'épidémie ne se propage qui dans le journal "nouveau et intéressant" titrait "le virus c'est dieu) dieu donc demeurait pour un temps encore tapi dans le corps du singe, Kaboul n'était pas encore un champ de ruines, L'URSS faisait toujours peur, Mitterrand serait bientôt élu en promettant la rupture avec le capitalisme, avant de se résoudre au tournant de la Rigueur et quelqu'un qui m'emporterait plus tard vers d'autres mondes venait à peine d'entrer dans celui-ci.... On se tirait des lignes dans les chiottes du Palace où des filles défoncées baisaient aux yeux de tous, où tu pouvais danser toute la nuit sur de la disco à côté de Béjart sans trop penser à la folie meurtrière qui déchirait Beyrouth, c'était le temps de l'inconscience et de mes premiers collages ...

jeudi 13 décembre 2012

Accoudés au parapet


"Voilà
comme il m'arrive de plus en plus souvent de voir les choses à présent" dit-il "Ce qu'on appelle communément "Je" n'est, dans le bruit du monde, qu'une fréquence brouillée parmi des milliards d'autres... Que sommes nous dans l'univers ? Rien (il fait les questions et les réponses), juste des impuretés des composés tout à fait mineurs. L'essentiel est une chose que nous pouvons à peine voir et que nous sommes en dépit de nos calculs et de nos spéculations tout à fait incapable d'identifier."
Il s'accouda sur le parapet du pont. Je l'imitai.
- Tu sais pourquoi je m'arrête là ?
- Parce que tu viens de sortir une clope de ton paquet et que ça tu peux le faire en marchant, alors qu'il faut que tu t'arrêtes pour trouver du feu dans une autre de tes poches...
- Exact, tu commences à me connaître, t'en veux une ?
- Non ça va
- Tu vois le mec en bas accroupi dans l'escalier, on était en khâgne ensemble
- Tu es sûr ?
- Oui
- Comment tu le sais ?
- En fait depuis que je l'ai vu je viens assez régulièrement ici
- Tu lui as parlé ?
- Non. Pour quoi faire. Non je viens juste le regarder de temps en temps. Moi ici lui là-bas. Quelques mètres et quelques années nous séparent. Je me souviens que nous avons eue dans un café une conversation à propos de Spinoza. C'était un mec assez brillant. Eh oui moi ici lui là-bas. C'est dingue non ? Spinoza il n'en reste pas grand chose... C'est pas là joie quoi... Allez on se casse... juste des impuretés je te dis je connais un chinois dans le coin avec une serveuse tout à fait craquante ça te branche je t'invite
- Ah ben si tu m'invites j'ai dit, je vieux bien craquer avec toi
On a mangé oui, parlé de choses et d'autres. Enfin je l'ai surtout écouté me raconter ses histoires de cul. C'est vrai qu'elle était mignonne la serveuse. C'est dingue quand même ces mecs qui ne peuvent pas s'empêcher de parler. Après tout il m'invitait. C'était peut-être juste pour ça, pour que je l'écoute qu'il me payait un repas. Mais quand même, en mangeant ma soupe phô, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce type, à cette silhouette recroquevillée dans le froid et à cette phrase aussi d'Oscar Niemeyer l'immense souffrance des plus pauvres face au sourire indifférents des hommes ....


lundi 10 décembre 2012

Le sapin de l'esplanade


Voilà,
la lumière était belle ce matin.
Le faux sapin de lumière aussi sur l'esplanade de la Défense
c'est le cadeau du Capital 
qui veut nous faire croire qu'il est le Père Noël

samedi 8 décembre 2012

Femme écharpe et guirlandes


Voilà 
par un soir de décembre, cette femme à l'entrée du café, ni dedans ni dehors, sans doute là sur ce seuil pour fumer sa cigarette a retenu mon attention. Entre ses deux rideaux de guirlandes, seule parmi ses chaises, sa longue écharpe de laine traînant au sol, le regard vague elle semblait légèrement déphasée. Quelque chose dans son attente faisait songer à un personnage d'Edward Hopper.

vendredi 7 décembre 2012

Perplexités

Voilà

cette phrase dans "La promenade"de Robert Walser

(que d'ailleurs Kafka à qui j'ai emprunté cette silhouette aimait beaucoup au point de se dire marqué et fasciné par lui)

"Si je suis entièrement dénué de richesses, je suis en revanche abondamment pourvu en toute espèce de dénuements"

je crois, bien qu'elle me plonge dans des abîmes de perplexité, que je peux désormais la faire mienne

shared with happy tuesday

jeudi 6 décembre 2012

Oscar & Dave



Voilà,
Oscar et Dave
se sont certes attardés sur la planète
mais au moins auront-ils contribué à y ajouter un peu de douceur de beauté
et quelques courbes
(linked with the weekend in black and white)

mercredi 5 décembre 2012

Pas dans ton corps

"Voilà
tu n'es pas dans ton corps" lui avait elle fait remarquer à l'issue de la conférence. Plusieurs semaines qu'il ne l'avait vue et ce matin-là quand il l'avait retrouvée à la gare, la première chose qu'elle lui avait fait remarquer était que son pantalon n'était pas très seyant. Il avait alors pensé que pour sa part s'il la trouvait en de trop rares fois vraiment d'une grande élégance, il n'aimait en général pas trop sa façon de s'habiller mais que bon après tout chacun son goût là n'était pas l'essentiel. Quand même il avait trouvé cette entrée en matière plutôt âpre et un instant supposé que c'étaient là peut-être les premiers symptômes du désamour. "Pas dans ton corps", cette remarque l'avait blessé, sans doute parce qu'elle venait précisément de celle dont l'esprit le fascinait et qui par ses caresses lui avait dessiné un corps qu'il ignorait ou avait oublié mais dont il avait cependant peu à peu pris possession et que cela avait été comme une autre naissance, un éveil secret, paisible et mystérieux, partagé avec elle. "Pas dans ton corps"... Mais c'était si loin tout ça... Presque une autre vie... Qu'aurait elle pensé le voyant maintenant ? Désormais tout prenait un temps considérable, la moindre action paraissait d'une complexité quasi-cosmique. Il lui fallait longtemps délibérer avec lui-même pour établir l'ordre des priorités. Mais dans un même mouvement - si l'on peut appeler ainsi le vague dodelinement de la tête par quoi il lui arrivait de manifester ses humeurs - cet ordre aussitôt il se mettait à le contester, de sorte que de nouveau il devait examiner la hiérarchie des tâches à accomplir, et ce n'est pas peu dire que cela prenait un temps considérable de peser le pour et le contre, à condition d'ailleurs qu'il eût alors une opinion précise sur chaque objet de ses ratiocinations. Il lui fallait tenir donc, même si plus rien ne tenait, ni l'économie, ni les promesses, ni la patère de l'entrée ni les phrases. Les mots manquaient, tout manquait d'ailleurs, pour dire l'effrayante sensation de solitude et d'abandon qu'il éprouvait. Ou alors c'est la pensée qui ne venait pas, du moins jusqu'aux mots. Mais qu'y avait-t-il à dire vraiment, qui n'ait jamais été dit. Que son royaume n'était plus que bribes désordre et décrépitude. Ah la belle affaire.... Incapable de s'accorder à sa fatigue, Benjamin Trebbiano cédait cependant à de brefs assoupissements. Mais alors assailli par de fulgurantes visions aussi incompréhensibles que paradoxales, il s'éveillait aussitôt, hagard et pétrifié d'effroi devant ces apparitions disparaissantes dont il se demandait - là-dessus il avait tout de même une petite idée, mais qui ne le rassurait guère -  ce qu'elles pouvaient bien signifier.

mardi 4 décembre 2012

Pas mieux j'ai dit


Voilà,
je m'en serais bien dispensé, mais la nuit dernière elle a insisté pour me rendre visite. Elle voulait juste savoir où j'en étais de mes insomnies. "Pas mieux" j'ai dit, "ça suit donc son cours" a-t-elle répondu vaguement narquoise (du moins m'a-t-il semblé). Elle est restée là un long moment à me regarder sans prononcer le moindre mot. Je la jugeais bien importune, mais que pouvais-je trouver à y redire ? N'a-t-elle pas des droits sur moi ? J'ai fini par m'endormir dans mon fauteuil, comme un vieux. Au matin elle n'était plus là, mais elle avait quand même laissé toutes les lumières allumées.

lundi 3 décembre 2012

Échecs


Voilà,
je me souviens avoir lu, il y a longtemps, dans un journal, une interview d'Anatoli Karpov, où il affirmait avoir consacré toute sa vie aux échecs. J'avais alors trouvé que c'était là une belle leçon de pessimisme en même temps qu'un gage indiscutable de lucidité.
Première publication 3 décembre 2012 19:23

dimanche 2 décembre 2012

Boomerang

 

Voilà
  frêles fugitives visions & leur confuse sarabande
emportées au tumulte des heures fauves 
se sentir parfois tel moucheron captif d'un poing fermé 
ou bien traversé par fièvres et douleurs
se disséminer alors
s'éparpiller ensuite
encore et toujours
sans vigueur sans envie simplement épuisé
première publication 2/12/2012 à 2:59

samedi 1 décembre 2012

Le Sourire


Voilà,
après tant d'années passées, le visage avait fini par s'effacer, enfoui sous d'autres souvenirs. Puis un jour, comme arraché de l'oubli, et contre toute attente, il était réapparu. En dépit de tout ce qui avait changé, ce sourire autrefois enchanteur sans lequel pourtant on s'était habitué à vivre, subsistait encore. Témoin de notre insouciante jeunesse, il semblait nous convier à songer aux espoirs qui avaient alors été les nôtres et à toutes ces promesses que nous n'avions su tenir....
shared with friday face off -

vendredi 30 novembre 2012

S'affranchir


Voilà
au bord du sommeil une tiède et légère brise agite le changeant mirage des frondaisons. Autrefois, songe-t-il, encore incertain de son état, il écrivait des histoires si brèves qu'elles tenaient dans le creux d'une main. Depuis l'azur d'un lointain été un souvenir furtif le traverse. Mais sans même s'en apercevoir il se sent alors chavirer comme une barque trop lourde prise dans un grand remous. Ainsi, devenu dormeur, se revoit solitaire parmi d'autres plagistes, comme eux s'abandonnant avec délice à la brise marine et au simple bonheur d'être là dans une région préservée par la paix. Il mâchouille des aiguilles de pin. Leur goût acide lui convient plutôt bien. C'est là, dans le vent chargé d'iode et de résine qu'il voudrait se dissiper. Oui, dans ce simple moment de transport qui le dessaisit, se volatiliser, pollen, sable ou poussière, pas même ça, infime particule affranchie des lois trop pesantes qui régissent les. corps...

jeudi 29 novembre 2012

Mon drian est mieux que le tien


Voilà,
j'ai toujours trouvé que c'était pas mal, 
mais que ça manquait un peu de relief tout ça.
J'ai donc décidé d'intervenir

mercredi 28 novembre 2012

Murs murs...

  
Voilà
"Les jours passaient, la vie passait, et le meilleur ne venait pas" 
                                                               (Irène Nemirovski)

lundi 26 novembre 2012

Le bruit que fait une ombre


Voilà
finalement, ce halo vague d'une silhouette aperçue par hasard sur une vitre opaque et photographiée à la sauvette, ne suggérait ensuite rien de mieux que l'écho d'une certaine absence et le mirage confus du désenchantement. Et aussi le morne constat qu'il est bien étrange parfois le bruit que fait une ombre au fond de soi quand dehors, sans même vous adresser un signe, passe un rêve ancien, et qu'on ne sait s'il vous ignore, souffre ou peine à vous reconnaître.

dimanche 25 novembre 2012

Péniche au pont de Choisy

Voilà,
ce matin je me suis souvenu du temps où je vivais dans un rêve eskimo et traversais le pont de Choisy pour invoquer le dieu Rotororo afin qu'il me prodigue ses faveurs. Sans doute n'y ai-je pas assez cru, mais il m'a fait don de jolis moments. Les pensées affleurent puis explosent comme des bulles. Cette péniche émergeant de la brume m'avait en son temps fait songer à une autre apparue de nuit pourtant, celle que Louis-Ferdinand Céline, après être allé soigner madame Niçois, voit en bas de la côte de Meudon, sur la Seine, La publique, qu'elle s'appelle la péniche, c'est une sorte d'hallucination, car en fait il croit apercevoir des gens en train d'y charger des morts. Puis Céline, plus ou moins secoué par une crise de paludisme, s'en approche et là il rentre dans sa vision et reconnaît son pote Le Vigan, qu'il n'a pas vu depuis 1945 et après 112 pages de récriminations contre Gallimard, Aragon, Triolet, Sartre, et tous les autres en général voilà que d'un coup il embraye sur le récit totalement cinglé et stupéfiant du séjour à Sigmaringen .... C'est dans "D'un château l'autre"... un grand livre....

vendredi 23 novembre 2012

L'Invitation


Voilà,
aux abords de la chambre des murmures, un chuchotement de voix confuses semblait l'inciter à s'engager plus avant. A présent des images longtemps endormies dans les replis de sa mémoire se déployaient entre pupille et paupière. Comme surgies d'entre des brouillards de fantomatiques silhouettes le conviaient à fuir la souillure de ce monde, à franchir ce seuil où gagné par une muette angoisse devant toutes ces possibles voies cachées qui se révélaient à lui, il se tenait transi perplexe et incertain. 
(Linked with weekend reflections - TADD -

jeudi 22 novembre 2012

De passage


Voilà,
comme un nom qui n'a plus les faveurs du dictionnaire, une silhouette solitaire peut-être aperçue ailleurs déjà, passe non loin de l'Institut. Pour quelques temps encore poursuit doucement son chemin. Un jour cependant viendra qui sera celui de son oubli et l'on en parlera plus. Sans doute alors, les pierres lui survivront, avec, dessus gravées des inscriptions devenues incompréhensibles. (linked with skywatch friday)

mercredi 21 novembre 2012

Le "moindre mal"


Voilà
je me demande pourquoi, au nom du principe démocratique je m'obstine encore à voter pour des gens plus ou moins incompétents ou malhonnêtes dont je m'aperçois toujours trop tard qu'ils le sont souvent beaucoup plus que je ne le supposais, et qui de toute façon ne tiennent jamais leurs engagements au nom d'un principe de réalité dont ils se trouvent pour la plupart fort éloignés, du fait même que les politiques (tous bords confondus) se sont constitués en une classe ayant plus de liens avec la finance et le patronat qu'avec les citoyens ordinaires dont ils sont totalement déconnectés. Le problème c'est d'être sommé de choisir ce que chacun considère pour soi comme le moindre mal.

mardi 20 novembre 2012

Sofa


Voilà,
une photo prise aujourd'hui à la dérobée dans le hall d'un immeuble de bureaux. Fascination pour la géométrie des espaces fonctionnels et anonymes pour les lieux de passage, surtout lorsqu'ils sont vides de présence humaine ou désaffectés. J'en ai  quelques unes comme cela dans mes dossiers. Envie de continuer à en faire dans d'autres buildings.

dimanche 18 novembre 2012

Oh honey it was the paradise...


Édition week-end du New York Times (1988)
 
Voilà,
certains dimanche pluvieux, à New-York capitale des Philippines, je descendais avec mon chariot de courses français, (on en aurait plaisanté parfois, car on me reconnaissait probablement de loin avec) qu'orne un motif de grosses fleurs orange sur fond jaune qui n'était pas sans rappeler les années soixante-dix, quand sur le mur de ma chambre était fixé le poster psychédélique de John Lennon, le chanteur des Quarrymen. J'irai chercher l'édition week-end du journal qui pesait alors une tonne, quelques muffins, des œufs, du bacon du pain de mie, et je remonte à l'appartement pour préparer le breakfast que nous prenions au lit. Nous aimions faire ça de temps en temps girlfriend et moi, quand dehors sera gris et humide, et que la pluie tape au carreau : passer le dimanche ainsi à nous rendormir et nous réveiller toute la journée, à faire l'amour, partager le journal nous enivrer gentiment de vin italien fumer et planer avec Bobby Lyle qui passerait en boucle sur la platine cassette, et recommencer, and cruise all day long dans le frêle équipage de notre lit. Oui mais tout cela serait advenu en un temps différé légèrement distordu et se produira dans un espace autrement déplié, mobile et flou, par un agencement de cohérences où nos facultés sensibles se révèlaient d'une nature à la fois vaguement semblable et tout à fait divergente.

samedi 17 novembre 2012

Cause encore cause toujours



Voilà,
sur un réseau social bien connu, dont je me demande encore ce que je peux bien y faire, tant je vis en reclus, ne sortant que lorsque les circonstances m'y obligent et la plupart du temps pour traquer solitaire, appareil photo en bandoulière, quelque vision à même d'être convertie en cliché, sur ce réseau social donc, des personnes de culture de religions de classe de fortune de pays, d'horizons différents, et parfois même inconnues - quoiqu'élues au titre paradoxal en la circonstance d'amis, m'incitent - plus ou moins et malgré le relatif anonymat où je me tiens - à prendre parti pour telle ou telle cause et parfois même, insistent pour que je m'indigne en leur compagnie et m'encouragent à pétitionner contre une injustice qu'ils jugent nécessaire de dénoncer. Et quant à moi s'il m'arrive aussi - plus rarement, mais tout de même on a aussi ses moments de faiblesse - de récriminer contre ce qui me paraît relever de la bêtise ou de la cruauté, ou bien encore de partager mes inquiétudes quant à certains aveuglements au désastre qui s'avèrent à mes yeux d'autant plus funestes qu'il semblent passer inaperçus, je reste souvent perplexe et confondu devant toute cette gesticulation qui parfois suscite des débats dont j'ai depuis longtemps résolu de m'exclure en dépit de la tentation d'y participer pour le simple plaisir de la sophistique à quoi - bien que s'en défendent nombre de ceux qui y contribuent - se réduisent la plupart des discussions polémiques disputes et autres commentaires que l'actualité ne manque pas de générer, mais qui, tout bien considéré, peuvent constituer une sorte d'exercice utile pour qui se demande parfois, n'ayant guère de dispositions pour le sudoku les mots croisés et préférant baguenauder ou traficoter des images, s'il est encore apte à soutenir une pensée et développer un raisonnement. A quoi bon parler, se mêler à toute cette cacophonie, quand ce blog y contribue déjà par bien des aspects. Elle est étrange, tout de même cette manie de vouloir à toute force s'exprimer exposer son opinion, son point de vue et pitoyable cette croyance somme toute naïve que l'on peut avoir raison dans un univers régi par la démence et le chaos et où la pensée produit bien plus de monstres que d'anges, mais j'y reviendrai ailleurs, et cette fois là c'est promis sans m'abandonner au plaisir de faire une longue phrase à la Thomas Bernhard :-). Parfois on se demande si ce n'est pas l'attitude de Forrest Gump qui est la plus saine, courir au lieu de discourir et ne plus s'arrêter. Mais bon, heureusement  qu'il y a de beaux esprits pétris d'humour comme Woody Allen, pour trouver les mots justes et nous aider à rêver d'une vie meilleure. Cette histoire entendue hier me réjouit : "On devrait vivre sa vie à l'envers... Tu commences par mourir, ça élimine ce traumatisme qui nous suit toute la vie. Après tu te réveilles dans une maison de retraite en allant mieux de jour en jour. Alors on te met dehors sous prétexte de bonne santé et tu commences par toucher ta retraite. Ensuite pour ton premier jour de travail on te fait cadeau d'une montre en or et tu as un beau salaire. Tu travailles quarante ans jusqu'à ce que tu sois suffisamment jeune pour profiter de la fin de ta vie active. Tu vas de fête en fête, tu bois, tu vis plein d'histoires d'amour. Tu n'as pas de problèmes graves. Tu te prépares à faire des études universitaires. Puis c'est le collège, tu t'éclates avec tes copains, sans aucune obligation jusqu'à devenir bébé. les neuf derniers mois tu les passes tranquille, avec chauffage central, room service etc... Puis au final tu quittes ce monde dans un orgasme..."

vendredi 16 novembre 2012

L'Ange


Voilà,
quand elle était petite lui avait-elle raconté, elle parlait aux cailloux sur le bord des chemins, car elle s'imaginait être la reine des cailloux. Un soir à lui aussi elle avait parlé. Elle avait bien vu qu'il n'était pas un caillou, car entre temps bien sûr, elle avait appris à faire la part des choses, mais elle lui avait tout de même parlé, à lui. Elle avait un grand front, de hautes pommettes et le dessin de ses lèvres, régulier et harmonieux, l'avait tout de suite ému. Oui, la première fois où il l'avait aperçue, il l'avait regardée comme une princesse. Il n'avait jamais lu de contes autrefois, mais il avait tout de même entendu parler de ce genre d'apparition. Aussitôt il l'avait aimée, et elle le lui avait bien rendu. Ce fut leur façon à eux de s'inventer une histoire. Un jour bien des années plus tard, elle confectionna pour lui une petite cage avec des allumettes. Dedans elle y avait enfermé une fleur de pissenlit, sans doute parce que les fleurs de pissenlit volent dans l'air comme les anges. Elle le lui avait envoyé dans un paquet avec une carte postale qu'elle avait elle-même fabriquée, et des mots d'amour très doux, écrits derrière, avec beaucoup de fautes d'orthographe (car les lettres ne trouvaient jamais leur place, sautaient parmi les mots comme des petites puces espiègles). Ils étaient si différents et se sentaient pourtant si proches. Longtemps ils vécurent ensemble, comme des amants, comme frère et sœur aussi. Et puis, il avait bien fallu devenir adultes. Ils s'étaient attardés des années durant. Ils devaient maintenant faire leur route, chacun de son côté, parce que le bonheur parfois, on piétine dedans, et les fourmis qu'on avait dans les jambes, un jour, les voilà qui s'en vont, elles migrent vers d'autres rêves et nous les suivons dans leurs détours. La petite cage avec l'ange, longtemps il l'a gardée, longtemps après qu'ils se furent éloignés l'un de l'autre. Un jour, il a fini par l'ouvrir et l'ange est reparti. Un ange, ça ne peut pas vraiment rester en captivité. Ce cadeau, le plus émouvant peut-être qui lui eût été jamais donné, ce présent, il fallait le rendre à la nature, loin des choses passées. Oui, étrange, c'est à cela qu'il repensait — c'était si loin désormais — devant la cabane du pêcheur... Peut-être parce qu'elle ressemblait à sa vie, bâtie elle aussi de bric et de broc sur la barque des rêves évanouis...
(Première publication 16 Novembre 2012)

jeudi 15 novembre 2012

Cinema Atlantic


Voilà
le 30 janvier 1965 au matin, je me suis promené dans cette rue, qui a le nom très pompeux de Boulevard de la plage ou de l'océan je ne sais plus trop. Je m'en souviens très bien c'était un samedi, et la télévision retransmettait les obsèques de Winston Churchill. J'avais bien saisi qu'un grand homme disparaissait, mais bon, la guerre de 39-45 demeurait une abstraction. Comprendre le présent était encore pour moi une activité à plein temps. De toute façon les histoires que je me racontais alors en secret dans ma tête avaient bien plus d'importance et de nécessité. Et puis j'aimais déjà flâner seul. Le paradoxe, que je n'étais évidemment pas en mesure d'apprécier à ce moment là, tenait au fait que la chaussée de la rue où je marchais, formée de plaques de béton carrées se succédant les unes aux autres, avait été construite par l'Occupant allemand. Néanmoins c'était du beau travail. Vraiment du beau travail. Ces routes me fascinaient sans doute parce que je n'en avais jamais vu de telles auparavant. D'ailleurs cinquante ans après la fin de la guerre, certaines rues de la station balnéaire avaient encore le même revêtement. Je me souviens que j'étais seul. Il faisait un peu froid, il n'y avait personne dehors, et c'était comme si le monde me faisait don de ce moment dont la densité ne s'est pas altérée depuis lors. Chose curieuse, tout le temps où j'ai vécu là, je ne suis jamais allé au Cinéma Atlantic. Ou une fois peut-être, pour une sortie avec la classe de mon école, Ce n'est qu'en 1996, alors que je passais quelques jours là-bas, que j'y suis entré pour y voir un films un peu idiot qu'on ne regarde qu'en vacances ou par ennui à la télévision.

mercredi 14 novembre 2012

Dormir pour oublier (10)


Voilà,
c'était en mai dernier
le détail sur l'instant m'avait échappé 
(sinon sans doute aurais-je mieux soigné mon cadrage) :
cette inscription "l'adresse" sur l'auvent au dessus des sans-domicile 

mardi 13 novembre 2012

Promesses


Voilà,
comme disait non sans cynisme un de nos politiciens
les promesses n'engagent que ceux qui y croient

dimanche 11 novembre 2012

A special one for b.c.

Parvis de La Défense 2012
Voilà,
c'était en mai dernier, j'avais profité d'une journée de libre pour accompagner la classe de ma fille en excursion sur le parvis de la Défense. Cela ne se reproduirait plus, c'était la dernière sortie de l'école primaire. Après ça serait le collège. On était là avec nos cartes pour repérer les différentes sculptures disséminées dans le quartiers d'affaires. L'occasion pour moi de musarder en cet endroit où je ne fais que passer de temps en temps pour y accomplir certaines tâches, et où je suis une autre version de moi-même. A chaque fois je me dis qu'il faudrait que j'y vienne juste pour faire des photos. J'y suis retourné depuis, encore pour le boulot qui est tout de même assez stressant là-bas, mais désormais, je ne peux m'empêcher de songer à cette sortie lorsque je m'y rends.

jeudi 8 novembre 2012

Faire face



Voilà,
trois ans jour pour jour que j'ai commencé cette entreprise... J'étais pourtant submergé de travail à cette époque ; les temps ont bien changé. Le bonheur cependant n'étais pas au rendez-vous. Sans doute pressentais-je déjà ce qui allait me dévaster. Aurais-je commis tout cela pour tenter de me soulager ? Pour faire face ? C'est possible. Si je l'ai commencé à la date anniversaire de ma fille, il y a peut-être aussi une raison qui m'échappe ou que je ne veux m'avouer. Qui sait si je n'écris pas juste pour elle, pour qu'elle en sache un peu plus sur mon compte quand elle sera en âge de me lire ? Pendant six mois, j'ai composé ce blog sans l'enregistrer en ligne. Je rédigeais quelques billets seulement pour me mettre dans l'hypothétique situation d'être lu. J'étais pris entre cette envie d'écrire et la crainte de ne pas trouver les mots justes qui correspondraient à ce que je pouvais penser ou éprouver. Un jour tout de même, avec force précaution et des pudeurs de jeune fille j'ai prévenu quelques amis proches. Les dés étaient jetés. Et puis je me suis laissé aller à en parler un peu plus souvent. J'ai eu quelques lecteurs. Un certain plaisir lorsque ceux-ci m'étaient inconnus et me renvoyaient leurs impressions. J'imaginais qu'à force d'entraînement je finirais par trouver mon style je ne l'ai pas trouvé. Je supposais que j'avais des choses intéressantes à raconter, l'insatisfaction demeure. Et si j'avais espéré n'étant ni photographe, ni écrivain opérer malgré tout une médiation juste entre texte et image, là encore j'ai des doutes. Parfois j'en dis trop, d'autre fois pas assez (je n'ai jamais eu le sens de la mesure) et la plupart du temps c'est à côté. Quoi qu'il en soit les posts se sont faits de plus en plus fréquents, sans pour autant toujours répondre à une vraie nécessité. Si je n'avais pas forcément les mots pour les accompagner, je disposais toujours de quelques images d'avance. La satisfaction n'est pas mon fort, mais je peux raisonnablement estimer que j'en ai encore quelques dizaines qui me plaisent vraiment, qui valent le coup d'oeil et que je peux montrer sans rougir. Plus celles que je n'ai pas encore faites et d'autres qu'il m'arrive de redécouvrir. C'est juste l'utilité, le sens de tout cela qui me laisse incertain. Et le fait que la qualité ne soit pas toujours au rendez-vous, que cette affaire soit devenue une sorte d'addiction. Je devrais passer à quelque chose de plus conséquent désormais. Mais je ne puis écrire que bref. J'ai le souffle court. Et peur aussi que chaque jour qui vient soit sans lendemain. Il y a encore tant à faire pourtant. Mais bon, je vais peut-être devoir lever le pied, là, car les temps risquent d'être plus difficiles encore.  


6 commentaires:

  1. Ah, quelle modestie. C'est toujours un plaisir (à te voir et lire). L'essentiel est par ailleurs de faire ce dont on a envie, et — surtout — de se ficher de ses suiveurs. Oublie donc ce que je viens d'écrire ; )
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  2. Arrivée ici depuis peu, je prends moi aussi grand plaisir à ces visites, elles me font souvent réfléchir...c'est pas utile ça?
    Trois ans, muy bien, ce serait si bien que tu poursuives.
    Excellent weekend.
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  3. bonjour Kwarkito :)
    je viens te lire régulièrement, j'aime beaucoup tes petites touches et ton regard sensible. je ne dis rien... j'ai peut-être tort. mais je n'ai pas beaucoup d'inspiration, hélas !! Je me souviens d'un de tes commentaires chez moi qui m'encourageait à être ce que je suis et à développer mes talents. il m'avait beaucoup touché... Je pourrais te renvoyer la balle :) et te dire que la peur est mauvaise conseillère...mais d'une certaine façon, je crois que tu as un peu raison : le blog est peut-être une source de satisfaction à bon compte, qui empêcherait d'approfondir et de développer son potentiel. une forme d'addiction aussi... oui. je le crois. pour moi, ça a été le cas, moins maintenant.
    En tout cas, je trouve que tes doutes sont exagérés : tu sais très bien rendre une ambiance et créer une symbiose entre l'image et le texte. c'est mon avis.
    bon week end !!
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  4. perhaps it is not modesty, exactly. that is not what i sense, but rather a painful unknowing. but your photograph is so suggestive, important, heart rending in that is is honest.

    one must, i think, make art because one must make art and for no other reason. all else is freedom. you owe no one anything but yourself and what you owe yourself is your authentic voice.

    i see you in your new photograph as though you grow wings. you are beautiful here.

    xo
    erin
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  5. i am always happy to visit your photos and stories, thank you for sharing the special day and also for the kindness you show me for my photos
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  6. merci beaucoup pour tous ces chaleureux messages
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mercredi 7 novembre 2012

Le Jardin d'Essai


Voilà
hier, projection du film "Un été à Alger" d'Aurélie Charon et Caroline Gillet, qui nous donne à connaître les jeunes réalisateurs (Amina Zoubir, Lamine Ammar-Khodja, Hassen Ferhani, Yannis Koussim) d'un programme de documentaires qu'elles ont initié et qui est paru en ligne cet été à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne. C'est une entreprise passionnante et réalisée avec beaucoup d'intelligence et de tact. Cela vaut le coup de passer du temps sur ce travail qui offre un regard neuf et vivant sur des quartiers d'Alger et sur la vie là-bas aujourd'hui. En deuxième partie de soirée, a aussi été présenté par son auteur Céline Dréan un autre webdocumentaire intitulé "Dans les murs de la casbah", fruit d'une collaboration avec un groupe de chercheurs en sociolinguistique de l'Université de Rennes. Elle n'en a présenté qu'une quarantaine de minutes, mais son projet permet trois heures de circulation entre photos, films, témoignages et analyses. A voir donc. Sinon pour le plaisir des oreilles il y a l'émission de Caroline Gilet "I like Europe" très tôt sur France Inter, et "L'atelier intérieur" d'Aurélie Charon, le soir sur France Culture. C'est intelligent, généreux, c'est du gai savoir. Le monde ne serait peuplé que de telles personnes ça s'appellerait le paradis. Le jardin d'essai d'Alger aussi, m'a semblé paradisiaque, lorsque j'y suis allé en 1983. Peut-être à cause de ces sourires d'enfants que j' y ai croisés. Je me souviens entre autres des petits chasseurs de grenouilles si fiers de leurs trophées....



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