lundi 30 novembre 2015

Quai Branly

Installation lumineuse de Yann Kersalé

Voilà,
aujourd'hui un jardin de lumière à la nuit tombante

dimanche 29 novembre 2015

COP 21


Voilà,
on peut espérer que les participants de la conférence de Paris sur le climat se feront cette injonction. Mais je crains plutôt que le mot d'ordre demeure "il est urgent d'attendre" pour ne pas froisser les lobbies industriels qui saccagent la planète et les pétromonarchies auxquelles les économies occidentales sont tant liées. Voici d'ailleurs la liste des sponsors de la COP 21



vendredi 27 novembre 2015

Fenêtre sur rue, écran du monde


Voilà,
tout juste arrivé dans l'île, j'étais venu profiter de la fraîcheur de ce café où l'on servait aussi à midi des plats copieux et peu onéreux. Tout y était simple et ordinaire, contribuant ainsi à la grâce singulière de ce lieu et de ce moment en dépit de l'étrangeté de l'actualité locale. Fatigué du voyage, mais soulagé d'être là, je songeais cependant à un être aimé parti vers d'autres rivages. 

jeudi 26 novembre 2015

Rue Saint André des Arts


Voilà,
Hier devant le cinéma Saint André des Arts, où j´ai vu dans ma jeunesse tant de films d'art et d'essai comme on disait autrefois, j'ai réalisé qu'il me semblait avoir toujours connu cette boutique. J'en ai profité pour faire un autoportrait dans la boule. Lorsque je suis dans les parages, je me sens relié à mon passé, à mon histoire. J'ai tellement flâné dans ces rues dès que j'ai habité à Paris à l'âge de 14 ans, et quand j'avais vingt ans, c'était encore le quartier à la mode. Mes premiers disques je les ai achetés dans le coin, j'ai découvert l'art contemporain dans les galeries de la rue de Seine, rue Dauphine et rue Mazarine. A l'heure où j'écris ces lignes je réalise aussi que c'est ici, au Saint André des Arts que je suis allé au printemps 1973 pour la première fois au cinéma avec Agnès. Nous y avions vu "Family Life" de Ken Loach, sur la recommandation de son père. Cela avait été un choc pour moi. Je n'imaginais pas alors qu'on pût réaliser des films faisant à ce point écho à ce que je vivais. Je ne l'ai pas revu depuis. 

mercredi 25 novembre 2015

mardi 24 novembre 2015

L'Inconnu de l'Aéroport


Voilà
j'ai croisé deux fois cet homme à une semaine d'intervalle dans deux aéroports différents et à chaque fois je lui ai trouvé une parfaite tête de con. Bon je sais il ne faut pas juger sur la mine, mais parfois il faut se fier à son intuition. Je crois aussi que je l'associais inconsciemment à un homme que je ne connais pas et qui a fait souffrir une femme que j'ai trop peu connue. Déjà je l'avais aperçu à l'aller dans la file d'enregistrement, il était juste derrière moi avec sa gonzesse, une grande comme lui, et la façon qu'il avait de lui parler me déplaisait. Mais elle, ça n'avait pas l'air de la choquer. Dans ces cas là je me dis que peut-être l'exultation des corps est si intense qu'elle atténue les comportements irrespectueux. Ou peut-être qu'elle était vraiment amoureuse de ce type, qu'il incarnait un fantasme, qu'il avait une singularité physique irrésistible, de la thune, un capital social des talents secrets ou je ne sais quoi d'autre, à moins qu'une peur panique de la solitude l'incitait à rester avec lui ou qu'elle ne fût simplement juste un peu conne. Bref il était de nouveau là, à tripoter son portable, bronzé (pas moi) il avait du passer ses vacances entre la plage et la piscine d'un hôtel, ou bien chez des riches amis. En fait ce qui m'intéressait vraiment dans le cas présent c'était la silhouette au fond bord cadre. Je trouvais rigolo sa présence qui me faisait penser au type au lointain dans les Ménines de Velasquez, le visiteur dans l'encadrement de la porte qui ne fait que passer mais qui s'attarde un peu quand même, par curiosité.

lundi 23 novembre 2015

Bonne nuit les petits


Voilà,
jeudi dernier, à la sortie des bureaux
j'ai repensé à "Bonne nuit les petits" à cause des immeubles illuminés.
Enfant, j'habitais à la campagne. Ces paysages urbains et nocturnes me faisaient rêver.
Parce que le marchand de sable n'est pas venu,
j'écris ces lignes au milieu de la nuit en écoutant une émission sur la poésie objectiviste américaine. 
Froid dans la chambre. J'ai rempli la première bouillotte de l'hiver.
Douleurs en différents endroits de mon corps.
Demain est un autre jour. 
Je n'ai pas d'obligation.
Je prendrai mon temps pour me lever



samedi 21 novembre 2015

Transformer, bricoler


Voilà,
pour ne pas y penser, pour oublier tout ce que la réalité a d'anxiogène, pour occuper ces soirs où je ne trouve pas le sommeil, où je suis incapable de me concentrer sur la moindre lecture, où les mots ne font qu'ajouter à la confusion et l'incertitude où même le visionnage d'un film nécessite une énergie qui me manque, 
pour chasser les noires pensées les inquiétudes et les phobies ressuscitées par les menaces qui planent sur cette ville, il faut que je m'occupe, absolument, de traits de lignes, de pixels de tâches qu'importe, que je me concentre en tout cas sur une chose simple et répétitive, obsessionnelle pourquoi pas, mais dans laquelle je puisse m'absorber jusqu'à ce que la fatigue me gagne me terrasse et m'engloutisse dans l'opacité d'un sommeil sans rêve 

vendredi 20 novembre 2015

Casa José


Voilà,
juste besoin d'une image paisible.
Mais si l'on regarde de plus près, l'homme a sûrement un portable collé à l'oreille

jeudi 19 novembre 2015

L'Ombre des arbres


Voilà,
le chemin que je prenais parfois certains soirs... Après avoir longé le parc, qui toujours m'évoquait l'ambiance d'un tableau de Delvaux, je pressais le pas. Est-ce que prenant l'ombre des arbres se dessinant sur les murs des pavillons je me fabriquais des souvenirs ? Je ne sais pas. Ils me semblaient si mystérieux alors que j'allais au devant d'un plus grand mystère.

mardi 17 novembre 2015

Hypothèse


Voilà,
j'ai retrouvé cette jolie citation, mais je ne sais plus de qui elle est. Les philosophes se sont demandé pourquoi il y avait quelque chose plutôt que rien ; la réponse semble être que nous sommes tout simplement l'une des formes possibles du rien.

lundi 16 novembre 2015

Erhalte mich


Voilà,
je ne suis pas très inspiré, mais il faut que je m'occupe
je n'arrive pas à dormir, j'ai envie de pleurer
l'obscurantisme, la bêtise, la cruauté, la sauvagerie
qui ressurgissent un peu partout m'affectent
il y a tant de cynisme dans ce monde et si peu d'amour



dimanche 15 novembre 2015

Le Jour d'après


Voilà,
hier, je suis sorti en début de soirée, histoire de prendre l'air de ne pas macérer dans une solitude toxique et morbide. Les rues étaient vides, cinémas et théâtres fermés, terrasses de cafés et restaurants déserts. La rue de la Gaîté ordinairement si animée avec ses nombreuses salles de spectacles avait son apparence du lundi, jour de relâche. Place St Sulpice, au café de la Mairie où il est d'habitude si difficile de trouver une table il n'y avait personne. Sur le chemin du retour, je suis passé par le Lucernaire, où les compagnies ont quand même joué pour la plupart devant un public clairsemé. J'ai pris un verre avec les filles du spectacle "Tabou". L'une d'elle Mia, avait passé la journée à l'hôpital au chevet d'un ami gravement blessé lors du concert du Bataclan. Récits d'horreur. Faire le mort pendant que l'on entend les meurtriers exécuter froidement et un à un les otages avant l'assaut des policiers du RAID. De retour à la maison, je m'attarde sur Facebook. Apparaissent de plus en plus de visages de jeunes gens insouciants, beaux, jeunes venus se distraire un soir d'automne à Paris. Morts désormais. Vendredi soir. J'étais trop fatigué pour sortir. J'avais un peu honte de rester tout seul chez moi. J'ai vaguement regardé le foot à la télé mais pas très longtemps (tout m'ennuie) et puis je suis monté lire dans la chambre et me suis assoupi. J'ai vaguement entendu mon portable vibrer. Il y avait quelques sms de gens me demandant si j'allais bien, un message très inquiet doublé d'un texto me pressant de donner de mes nouvelles au plus vite, ce qui m'a déconcerté, et là j'ai compris qu'il se passait quelque chose. La suite de la soirée s'est passée entre les actualités à la télévision, les appels téléphoniques, les réseaux sociaux. Vers trois heures je me suis endormi. Samedi matin, une sorte d'hébétude qui ne me quitte guère depuis. De nouveaux les réseaux. Les réactions, les commentaires. Les photos en bleu blanc rouge, ceux qui disent qu'ils n'ont pas peur, les carrés noirs ceux qui refont la politique étrangère de la France, les vidéo live de la tuerie, les poèmes de Victor Hugo où il est écrit qu'il faut s'aimer, les "je suis Paris", les dessins, les extraits du New-York Times égrenant les clichés sur l'art de vivre à la française ordinairement si décrié parce qu'on est des branleurs-à-trente-cinq-heures-par-semaine, les visages des victimes, ceux de Metz, le couple de Liège, la cousine de l'un, l'ami de l'autre, photos de gens souriants que l'on cherche, dont on est sans nouvelles, déclarations politiques obscènes et indécentes, les envolées qui se veulent lyriques et qui ressemblent à des slogans de pub. Grande fatigue tout à coup.



Aujourd'hui c'est une belle journée avec un ciel sans nuage. Toujours ce temps anormalement doux qui dure depuis trois semaines. j'ai même arrosé les plantes sur le balcon car je me suis aperçu que la terre était sèche. Je suis allé faire des courses rue Daguerre. Quelques fenêtres pavoisées. Beaucoup de monde dans la rue. Les larmes me sont venues comme ça. J'ai pensé à ceux qui s'étaient quittés sur un malentendu, un peu fâchés, avec des pensées aigres, et que la mort a séparés.

samedi 14 novembre 2015

L'Effroi, de nouveau



Voilà,
parfois certaines personnes me reprochent d'être sombre, trop souvent inquiet, me disent, avec une pointe d'ironie, que cela doit être difficile de vivre ainsi, toujours plus ou moins en mode guerre. Comme si j'y pouvais quelque chose, comme si je ne portais pas cela depuis longtemps en moi. Je l'ai déjà évoqué ici ou là, cette angoisse. Je l'éprouve souvent dans les transports, où d'effrayantes visions s'insinuent entre la réalité et moi. Ce n'est pas simplement la lecture précoce de Cioran qui me rend pessimiste, ça a commencé avec l'enfance. La guerre a toujours été là. Dans les faits, puis ensuite dans les propos qui se tenaient en famille, très vite je l'ai intériorisée. L'angoisse est revenue lors des attentats de la rue de Rennes et du RER à Saint Michel fin des années 80, début 90. Je pense aujourd'hui à tous ces gens fauchés par surprise, au hasard qui sont morts, ceux qui survivent dans la douleur et qui ont soudain découvert l'horreur, celle que subissent ou ont subi quotidiennement pendant des années les Syriens, les Irakiens, les Libyens, les Afghans, les Israéliens et les Palestiniens les Libanais, celle qui fut le lot des Algériens dans les années 90, et qui désormais risque de gagner l'Europe. Petit à petit nous nous faisons à cette idée. On aura beau se voiler la face, la guerre est là, sur notre sol aussi. Notre nation et nos gouvernants l'ont déclarée à plusieurs pays sans que les citoyens n'aient été consultés à ce sujet. Et tout jusqu'à présent s'est passé comme si nous n'étions pas au courant, comme si ça n'existait pas. Eh bien voilà, maintenant c'est clair. Comme le dit si bien Eric Chevillard "Nous nous disposions à mourir du cancer comme tout le monde, d'autres issues se font jour".  Aujourd'hui nous ne sommes même pas en mesure de défendre notre territoire. Il est probable que d'autres actions semblables vont se reproduire. Ça sera la loterie. L'affiche d'un film qui devrait sortir la semaine prochaine, racontant l'histoire de jihadistes français, est d'ailleurs d'une triste actualité.  

vendredi 13 novembre 2015

Incipit


Voilà,
comme une sorte d'incipit pour instruire le procès de toute une vie : "Qu'est ce que j'ai fait au bon dieu pour mériter un empoté pareil, quand je pense à tout ce que j'ai sacrifié pour toi", hurlait-Elle en levant les bras au ciel, car elle avait l'emphase facile. Ces phrases hideuses comme des pigeons morts se décomposant sur un trottoir, l'assignant en quelque sorte d'emblée au ban des vivants n'auront, dans la mémoire d'Antoine Bonarda, cessé de propager leur écho à bas bruit. Pour cette raison sans doute, se sera-t-il efforcé sa vie durant d'être, serviable, attentionné avec ses proches et ses amis, généreux, bon père et bon mari, mais cependant impitoyable en affaires et parfois même cruel si l'occasion lui en était offerte. Il ne faisait pas bon être son ennemi et ses proches le savaient. Aussi était-il craint et respecté. Pourtant certains soirs, en d'autre lieux d'autres pays où le menaient ses activités, cette ancienne et secrète honte, il la changeait en folie. Il aimait à se perdre dans les quartiers chauds des villes où il se rendait, traînant dans de minables bouges et des bordels sordides pour subir les humiliations de femmes laides qu'il implorait de le gifler et de le fouetter, ou se délecter des moqueries de gitons cupides et moqueurs qui l'enfilaient sans ménagement, lui crachant lui pissant dessus et comme il l'avait réclamé, l'insultant quand il les suçait. Au matin il regagnait sa luxueuse chambre d'hôtel, d'un pas léger. Par delà les années il payait ainsi son tribut, sa dette à cette femme qui l'avait mis au monde et que la démence avait peu à peu ensevelie, alors qu'il était encore enfant, dans un mutisme dont elle n'était jamais sortie. On disait qu'il était un parfait exemple de résilience. Lui seul en connaissait le prix.

mercredi 11 novembre 2015

Maternité


Voilà
Sur le réseau social il y a ce message laissé par cette jeune femme très belle sur la photo avec son ventre arrondi. Elle évoque son émotion devant le mystère de sa propre maternité. Il y est question d'être à la fois homme et femme, et aussi à la fois la femme et l'enfant de quelqu'un. Elle se demande aussi qui de l'un attend l'autre. Et c'est une braise incandescente dans la gorge de Jennifer Lagrein. Comme si le monde entier soudain oubliait ce que chaque jour elle endure, comme si cela ne comptait pour rien. Elle se souvient qu'elle aussi se posait ces questions et combien elle se sentait pleine, épanouie. Remontent toutes les images qui la traversaient alors quand elle imaginait la vie à venir avec l'enfant qu'elle portait. Et soudain elle en veut à cette femme là d'étaler son bonheur et sa joie de vivre aussi complaisamment. De mauvaises pensées la traversent. Dans la chambre à côté elle entend geindre son enfant avec lequel désormais elle vit seule, car les hommes sont lâches. Jamais il ne dépassera l'âge mental de cinq ans. Son corps à elle est usé, prématurément vieilli. Son sexe où son enfant est resté trop longtemps coincé, lors de ce difficile accouchement, si bien que le sang irriguait mal son cerveau, elle y songe comme à une tombe ouverte. Elle voudrait en finir parfois, dormir, oublier cette culpabilité qui la ronge, oublier les jours où le médecin lui expliqua la situation, et les nuits fréquentes passées par la suite à l'hôpital, les alertes, l'inquiétude permanente... Elle va dans la chambre, prend l'enfant devenu lourd dans ses bras, le serre fort, lui fredonne une chanson, et lui dit qu'elle l'aime qu'elle l'aime qu'il n'y a que lui. Elle n'a que ça à lui donner, un amour qui toujours ressemblera à une excuse. Et pourtant souvent cette idée la traverse : s'il pouvait mourir.

mardi 10 novembre 2015

Cauchemar climatisé


Voilà
le cauchemar climatisé dont parlait Henry Miller. Impersonnelle et rigoureuse géométrie des lignes, implacable ordonnancement de produits alignés sur leurs étagères. Un écran affiche des slogans publicitaires mensongers invitant à consommer des marchandises sûrement frelatées. Y défile aussi à intervalles réguliers le cours des bourses occidentales sans cesse réactualisé. Parfois un œil inquisiteur y apparaît. Au petit matin dans le hall de cet immeuble de bureaux du quartier d'affaires, c'est la perte de se substance de l'individu qui apparaît là."Certaines époques disent qu'elles n'ont rien à faire de l'homme, qu'il faut l'utiliser comme des briques ou du ciment, qu'il faut construire à partir de lui et non pour lui" (Ossip Mandelstam). Tout à coup je me fais l'effet d'un fantôme. (Linked with Signs2)

lundi 9 novembre 2015

Journal d'un bourgeois de Paris sous la révolution


Voilà,
un été à Chateaudouble, j'ai lu avec plaisir ce "Journal d'un bourgeois de Paris sous la révolution" qui était dans la bibliothèque de Philippe et Dominique. Je l'ai retrouvé récemment sur le net et en ai fait l'acquisition. Relisant certains passages je crois me souvenir que Roland Barthes a écrit quelque part que durant mai 68, il jouait du piano, mais je n'en suis plus très sûr. Cela me fait aussi penser à un texte de Benchley dans "Le supplice des weekend" où il est question de ces gens qui passent à côté des événements historiques sans même s'en rendre compte.

dimanche 8 novembre 2015

Comme tous les Rêveurs


Voilà
"comme tous les rêveurs, j'ai toujours senti que mon métier, c'était de créer. Comme je n'ai jamais su faire aucun effort, ni actualiser aucune intention, créer a toujours coïncidé pour moi avec le fait de rêver, de vouloir ou de désirer, et accomplir un geste, avec le rêve du geste que je souhaiterais pouvoir accomplir." Je ne sais pas pourquoi je songe à cette phrase de Pessoa en réalisant que cela fait maintenant six ans qu'un soir j'ai commencé ce blog. Je voulais assembler un texte et une ou plusieurs images, parce que j'ai plaisir à en fabriquer et qu'il me semblait que néanmoins, pas plus que les mots, elles ne se suffisaient à elles-mêmes. Je voulais sans doute aussi m'éprouver face aux mots et à la chose écrite. L'idée d'être lu n'allait pas de soi, alors. Depuis je me suis un peu désinhibé sur ce point. J'ai exploré des possibilités. Mais tout de même l'usage des mots me semble toujours aussi difficile et problématique. Je ne parviens pas à trouver la juste distance entre eux et moi. Je ne les maîtrise pas assez pour qu'ils reflètent ce que je pense ou ressens aussi justement que je le souhaiterais. J'essaie de m'y retrouver mais souvent ils me perdent. J'ai essayé de m'y rassembler, ils m'ont éparpillé. D'eux, je me sens prisonnier comme de mon corps. Je m'en méfie aussi. Ils sont tellement sujets à interprétation. Bien sûr ces lignes de Paul Ricœur devraient m'apaiser mais il n'en est rien. J'ai toujours ce fantasme d'une identité que je pourrais enfin trouver dans l'écriture, et qui tiendrait à un style. C'est un tel effort. J'aimerais être plus désinvolte avec eux, moins entravé. Les écrire me pose souvent plus de problème que de les prononcer. Il en a toujours été ainsi. Et pourtant voilà six ans que je me suis fait leur esclave. Sans doute comme le suggère Pessoa ne suis-je encore après tout que dans le rêve d'un geste que je souhaiterais accomplir. 

vendredi 6 novembre 2015

Rassembler ses idées


Voilà,
j'ai aperçu cet homme sur la promenade qui longe la mer. Et soudain il y a eu ce geste. Il s'est posé comme ça, dans cette attitude de profonde réflexion qui me semblait aussi exprimer un certain désarroi. Je me suis demandé comment il en était arrivé là. Peut-être venait-il de très loin. Il me paraissait perdu, désemparé. J'ai imaginé qu'il avait dû, à un moment de son existence, fuir son pays au péril de sa vie, traversant peut-être déserts et flots hostiles après avoir été rançonné par des passeurs peu scrupuleux et qu'il se trouvait là, à cet instant précis en proie à des questions existentielles évidemment plus considérables et dramatiques que les miennes, que lui était vraiment égaré, vraiment seul, fatigué d'errer depuis trop longtemps ne sachant plus quoi faire ni où aller, et qu'il essayait d'ordonner ses idées, et que cela, dans la confusion qui peut-être était la sienne, exigeait un effort considérable. Bien sûr cela n'était que pure spéculation. Il pouvait aussi bien adresser une prière à son dieu qui semblait l'avoir abandonné. (linked to The Weekend in Black and White)

mercredi 4 novembre 2015

Barques et Palmiers dans la nuit


Voilà,
L'Afrique est en face, pas si loin. De Malaga où cette photo a été prise, des ferries relient l'enclave espagnole de Ceuta à la péninsule. Reviennent ces images de migrants d'Afrique subsaharienne accrochés au fil de fer barbelés supposés protéger ce bout de territoire européen de possibles intrusions clandestines. Et comment ne pas songer à tous ces hommes ayant quitté de nuit les alentours de Tanger sur des barques de fortune, et qui se sont noyés dans le détroit de Gibraltar ? Il est d'ailleurs vraisemblable que le dernier rivage incrusté dans leur regard ne devait guère différer de celui-ci. (linked with Mersad's through my lens)

mardi 3 novembre 2015

Inquiétant


Voilà,
Ce soir, regardant par hasard une émission sur les rapports entre les différents Présidents et leur Premier Ministre sous la Cinquième République, je me suis aperçu que je ne me souvenais absolument plus du nom ni du visage de l'actuel locataire de l'hôtel de Matignon qui n'était pas évoqué dans ce documentaire. Pendant une demi-heure, j'ai essayé de me concentrer, j'ai cherché et absolument rien ne venait à mon esprit. J'ai fini par trouver sur internet. (Linked with Monday mural)

lundi 2 novembre 2015

Ce Manque


Voilà,
il y avait eu en cette fin d'après-midi la terrible et soudaine pesanteur du manque après quelques jours de répit. Cette absence au corps qui prenait la place, tant de place et bien sûr l'ombre portée des semaines accablantes et confuses qui avaient précédé. Bien sûr aussi la joie et le sourire de celle qui marchait tout près de moi et qui était comme une récompense. Je songeais "c'est dans ce sourire qu'il me faut puiser la force, c'est pour ce sourire et ces moments qu'il ne faut pas faillir et faire bonne figure". 
première publication 2/11/2015 à 6:58

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