vendredi 30 mai 2014

Du côté de chez Caillebotte


Voilà
Comme on n'avait pas pu s'y rendre la veille on est allé à Yerres le lendemain
j'ai gardé mon imperméable
il n'a pas plu mais moi j'étais plus vieux oui d'un an plus vieux
c'était bien d'être là ensemble pour l'anniversaire
au bout d'un moment comme il faisait frais le "mastic" a changé d'épaules

dimanche 25 mai 2014

Météorologie


Voilà,
sous ces latitudes il songe comme on dit qu'en d'autres lieux il pleut il neige ou qu'il fait soleil. Les choses y sont mouvantes fugitives comme une odeur qui se laisse à peine saisir, un reflet un instant serti dans une éphémère transparence, une réminiscence évanouie aussitôt qu'apparue. C'est que tout est possible à Entrelande, autant qu'improbable. Ainsi, quelque part entre marge et lisière, une femme un peu mutine en chemise de pluie sous son manteau de fou-rire attend peut-être qu'un autre - qui te ressemble vaguement sans être vraiment toi - lui offre un bouquet de violettes ou une barquette de fraises. Mais pour le moment tu ne sais plus qui tu es. En tout cas pas l'homme au pied de l'escalier ni celui qui grimpe sur l'échelle. Oui, il songe car dans le ciel de tes yeux ou dans celui d'Entrelande brille un grand sommeil. Non loin, quelqu'un sifflote une chanson d'un autre siècle. Et c'est très bien comme ça. (Linked with weekend reflections)

mardi 20 mai 2014

Un peu plus qu'une ombre un peu moins


Voilà,
on croit n'apercevoir qu'une ombre, c'est une angoisse qui affleure. Devant tous ces livres qu'une vue déficiente rend désormais difficiles à consulter, l'idée s'insinue, qu'un jour on ne sera rien d'autre qu'une absence dont le contour finira bien par disparaître lui aussi. Consentir à l'inéluctable probabilité d'un temps où on ne sera plus parmi les choses ne va pas de soi. On a encore du mal à s'y résoudre. Et bien que la nécessité de l'envisager calmement, et de s'y préparer ne fasse aucun doute, le simple fait d'y songer suscite la crainte d'être déjà sur le point d'abdiquer. Comme si cette forme de démence qui nous entretient dans une illusion d'éternité, comme si cette aveuglante procrastination face à la perspective de notre propre néant était un signe de santé et de vitalité. C'est étrange cette obstination à vouloir durer, demeurer. Et une voix (c'est la conscience ou bien cet autre truc là, qu'on appelle le for intérieur ?) une voix une petite voix aigrelette nous murmure et répète comme une antienne "s'y être si peu attardé et si souvent cependant y avoir trouvé le temps long" 

dimanche 18 mai 2014

Un bouquet


Voilà,
depuis le 8 mai, anniversaire de la victoire de 1945, les murs de Paris fleurissent. De modestes bouquets ont été accrochés sous des plaques auxquelles ordinairement on ne prête guère attention. Un nom une date y sont gravés. Ils nous rappellent qu'en tel endroit quelqu'un est tombé sous les balles de l'occupant d'alors. Parfois le regard induit d'étranges associations. La liberté pour laquelle des gens (souvent jeunes) ont payé de leur vie parait aujourd'hui se résumer à cette silhouette aguicheuse. La Marchandise exige d'être consommée. Désormais c'est à elle qu'on se doit de rendre hommage. Il suffit d'y mettre le prix.

jeudi 15 mai 2014

A l'abandon


Voilà,
un jour je me suis retrouvé là, dans cette gare fantôme, gigantesque, perdue dans la montagne. Des gens avaient eu des grands projets pour cet endroit. Et finalement rien ne s'est passé comme prévu. L'Histoire a balayé des rêves d'ingénieurs, d'architectes, de planificateurs. Des rêves de grandeur. Ne restent désormais que des ruines et des épaves, sur lesquels des promoteurs immobiliers et des spéculateurs ont envisagé d'autres projets. Peut-être se sont ils réalisés depuis. Je n'ai pas trop suivi l'affaire comme on dit aujourd'hui. Pas plus que je n'ai pas pris la mesure du temps qui s'est écoulé entre le moment où cette photo a été prise et celui où j'écris ces lignes. Une chose est sûre : les gares abandonnées ont quelque chose d'effrayant pour moi. Elles me rappellent ces destinations vers lesquelles, en un temps pas si lointain, convergeaient, traversant toute l'Europe, des convois remplis d'hommes destinés à l'abattoir. 

mardi 13 mai 2014

Espiègle nuage


Voilà
ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent les gens je m'en fous. Si ça me plaît à moi de traîner, de rien foutre, d'aller de ci de là, de dormir la nuit sur un banc quand j'en trouve. Ou ailleurs. Hein ! en quoi ça les regarde. Je traîne. Et alors ? J'aime ça traîner. La nuit je traîne le jour je traîne. J'ai toujours mon cabas avec moi. C'est bien rare qu'il n'y ait pas quelques trucs à ramasser. Des trucs et des machins, et des bidules aussi. Là j'ai trouvé des bouts de fil électrique. Je ne sais pas à quoi ça peut me servir, mais on ne sait jamais. J'embarque. C'est toujours quand on ne les a pas qu'on a besoin des trucs. Ou des machins. Ou des bidules. Je crèverai pas sans rien. J'en aurais plein les poches. j'aurais des choses. Bientôt je serai comme ce mur. Je me fondrais dans ce mur. On ne verra pas la différence. De toute façon je fais déjà partie du paysage. Attention je ne ramasse pas n'importe quoi. A chaque chose, à chaque débris, correspond une idée. Oui j'ai encore des idées. il y en a que ça fait bien chier. Mais c'est comme ça. La bête rumine encore. Je n'ai pas dit mon dernier mot. D'ailleurs je les emmerde. Je crache par terre. Que ça leur plaise ou non. Et si ça me gratte, je me gratte. Un jour j'en pousserai un sous une bagnole il comprendra que moi faut pas me chercher, aussi vrai que je m'appelle Robert Ribier. J'avais un chien avant. Il est sale il a les yeux jaunes qu'ils ont dit. Ils l'ont piqué. Et moi j'ai gueulé vous me piquez pas. Ce qui leur faudrait à tous ces nazes c'est une bonne guerre. Regarde moi ces conneries. Ils ont collé une grimace là-haut. C'est les pompiers qui font ça ils ont des grandes échelles. Bah oui il n'y a que les pompiers pour faire des conneries comme ça c'est sûr. Ah ouais tu dis que c'est un nuage pas une grimace. D'accord, va pour le nuage. Pour ce que ça change. 

dimanche 11 mai 2014

Comme une idée qui prend forme


Voilà,
ce que j'écrivais il y a quatre ans (ici, ou bien  ou encore là) je le maintiens encore aujourd'hui. Et si j'y reviens c'est que ces publications n'ont pas eu alors beaucoup d'écho, leur diffusion était encore trop confidentielle. Quoiqu'il en soit, je me rappelle - même si cela pouvait à l'époque sembler quelque peu obsessionnel - combien l'apparition de ces images m'a apaisé et contribué à ce que je ne sois pas totalement privé de moi-même. Elles ont donné une forme à ma solitude et à ma détresse. Elles furent comme un talisman et m'ont aidé à traverser ces jours mauvais. Et quand j'étais en proie aux idées sombres, elles ont permis donner un contour à ce qui demeurait vague et confus. Hegel aurait parait-il déclaré que l'oeuvre d'art concrétise et incarne ce qui est abstrait. Je n'irai pas jusqu'à dire que ces images sont des œuvres, mais elles relèvent néanmoins d'une intention plus ou moins consciente et voisine de celle qu'exprimait le philosophe. Je crois me souvenir que cela a peut-être commencé dans une chambre d'hôtel à Nancy, mais je n'en suis plus tout à fait certain. Durant les mois qui ont suivi je suis resté fasciné par ce que je découvrais : l'image numérique émancipée de la lumière, simple surface optique composée de pixels, n'est en fait constituée que d'un ensemble d'informations ; par une suite d'approximations successives il est possible de la transformer de la triturer jusqu'à trouver des chemins vers sa part obscure ; les voies sont infinies ; ainsi l'image a sa vie propre ; elle peut se déplacer arbitrairement à l'intérieur d'elle-même et générer des formes aléatoires, des représentations abstraites. Ce qui me fascinait (mais je l'ai déjà dit je crois), c'était ce sentiment enfantin et régressif que l'image m'obéissait au doigt et à l'œil. Et puis c'était toujours là, à portée de main sur l'IPhone, comme un médicament que l'on prend dès que l'on se sent mal, comme une pompe à morphine à l'hôpital. Quand je sentais monter l'angoisse je me saisissais de l'appareil et j'intervenais comme le faisait Henri Michaux lorsqu'il s'ennuyait à Honfleur. Cela pouvait se passer dans le métro, une chambre d'hôtel, à la terrasse d'un café, dans mon lit pour donner un sens à une insomnie, à chacun de ces moments où la pensée s'égare et menace de vous faire chavirer. Je pouvais plier les images, les froisser, les chiffonner, les retourner sur elles même, les essorer, leur faire violence. À présent, je suis en mesure de considérer tout cela avec moins d'affects. Mais j'ai encore envie de quelque chose de nouveau. De formes pures et saisissantes. Intenses. 

vendredi 9 mai 2014

Traversé


Voilà,
parfois la nuit te disperse vers d'autres lieux, le matin me réveille où je ne suis pas
des mondes m'ont traversé, des spectres frôlé ton corps
et c'est en vain qu'entre songe et chimère on cherche à s'affranchir de l'informe fardeau du jour qui point.

mardi 6 mai 2014

Encore les mains, encore


Voilà,
Les mains n'aiment guère le repos. Surtout quand le reste du corps est contraint à une relative immobilité. Ainsi dans le métro il est rare qu'elles restent longtemps sans bouger. Sans que le besoin ne se manifeste de saisir quelque chose d'entrer en contact avec quelque chose. La vie moderne est ainsi faite que désormais il y a toujours un téléphone portable dont s'emparer. Persévérantes et obstinées, ainsi sont les mains. Je tiendrai coûte que coûte, tel est leur credo. Lorsqu'aucun objet ne se trouve à portée, alors les mains s'appellent s'agrippent s'étreignent. L'une dans l'autre encastrées, les voici qui s'abandonnent à leur rassurante harmonie. Bien sûr il en est toujours une plus volage plus dégourdie peut-être, plus émancipée et voyageuse que l'autre. Mais de façon générale les mains finissent toujours par se retrouver. Souvent je les regarde. Que ferions nous sans elles ? Ce sont elles nos meilleures amies. Pourtant nous sommes si habituées à elles que nous avons fini par les oublier.

dimanche 4 mai 2014

Entre Paupière et Regard


Voilà,
j'étais songe et matière, nuage et rivière, un cristal dans son ambre préservé, le promeneur sur la grève cheminant paisible aux premières lueurs. Mais j'étais aussi la pierre impassible sur le bord du chemin, le chant de la mésange, le bruissement du vent dans les hauts peupliers. Sans inquiétude, sans mesure ni limite, abandonné au doux vertige d'une étreinte bienveillante, flottant dans un énigmatique félicité, je passais de l'enchantement au mystère. Entre paupière et regard, émergeaient des formes changeantes. Et dans la chambre des murmures, la nuit docile faisait un grand remous de saisons mêlées.  

jeudi 1 mai 2014

À ce point tout de même


Voilà,
j'étais plutôt circonspect à l'époque. J'ai toujours pressenti dans les enthousiasmes populaires les lendemains qui déchantent. Très tôt j'ai fais mienne cette formule de Bob Dylan "Don't follow leaders", et je m'y suis tenu. Il fallait se débarrasser d'un crétin egomane et hystérique. Mais bon un con chasse l'autre. Arrive avec son style. L'incompétence demeure. Le mépris des citoyens aussi. Je ne pensais quand même pas que ce serait à ce point. Même si très vite j'ai eu des doutes. Et si ce qu'il se passe aujourd'hui n'était que la confirmation de ce que je redoutais ?

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