dimanche 30 mars 2014

L'Enigme


Voilà,
je n'ai pas de mots pour cette image, pourtant elle me raconte quelque chose oui mais quelque chose qui m'échappe

vendredi 28 mars 2014

L'Écran tactile de mes nuits grises


Voilà
l'élaboration de ce genre d'image me paraît ce que j'ai trouvé de plus efficace au cours de ces dernières années pour tenir à distance ou plus précisément afin d'occuper - aménager disons - ce que faute de mieux je nomme l'inquiétude, ou l'intranquillité, comme dirait Pessoa. Et lorsqu'elle se métamorphose en peur, c'est un de mes moyens pour l'exorciser, elle qui si souvent m'épuise et m'éreinte. Cette force insidieuse qui cherche à m'anéantir et à quoi je dois farouchement m'opposer pour ne pas perdre la raison, je la combats avec les outils de mon temps. Je la tords je l'essore la triture la presse la déchire l'écraplatis. Je la coinche et la surinule, je la forquète la griffe la racagne l'étire la presse la malaxe, puis je la michaude un bon coup, la bréchique la queniche par le travers la valdingue et la tribusque dans un sens puis dans l'autre  - mais attention hein ! - tout ça proprement, avec tact sur le minuscule écran lisse de mes nuits grises. Je le fais d'une manière tout à fait régressive, comme l'enfant qui peint avec ses doigts (possibilité qui d'ailleurs ne m'a jamais été donnée quand je l'étais), mais sans me salir. A la fin je me sens calme, reposé. Ça remplace avantageusement une petite branlette. C'est que passé un certain âge on n'a plus trop envie de se tirer l'élastique tout seul. On a besoin d'assistance. Et de sollicitude. Bien sûr j'ai la sensation parfois que folie me guette, mais j'essaie de me rassurer en me disant que c'est le monde autour qui est vraiment dément. Et puis l'important comme en toute chose est de ne pas céder - j'aime beaucoup le caractère définitif de cette phrase, quelle épiphanie ! -, c'est dingue parfois comme on peut être inspiré ; moi aussi somme toute je peux pondre des slogans à la con ; je deviens peut-être enfin un vrai communiquant, d'ici peu j'arriverais à faire illusion sur moi-même. L'important comme en toute chose est de ne pas céder ça pourrait faire une belle épitaphe après tout. Au risque d'être pris au sérieux. Mais d'ici-là peut-être serai-je visité par la grâce, comme le fut Claudel au pied de son pilier, on peut toujours rêver non ? Comme on peut toujours espérer que le point d'ironie fasse enfin son apparition sur les claviers... 

mercredi 26 mars 2014

Ce train ou un autre


Voilà,
ce train ou un autre peu importe car il n'est désormais de voyage qu'intérieur. Oui le paysage défile par la fenêtre, mais c'est tout autre chose qui traverse la pensée, un vieux chagrin d'enfant qui fatigue un corps usé, une étreinte fugitive et inattendue qui rassure, un sourire dessiné sur le givre. Continuer donc, puisqu'il le faut, sur un chemin qui n'est pas le sien, en dépit de la fatigue, de l'indifférence grandissante aux choses, en dépit des mots qui ne viennent pas tout à fait comme il faut, des étourdissement répétés, de l'œil qui ne voit plus vraiment et n'aperçoit qu'à grand peine.

lundi 24 mars 2014

Ik-men-ha-kaf


Voilà,
ce matin j'ai repensé aux chats adespotes d'Hammamet. Et aussi à cette autre histoire de félins du même Rodolfo Wilcock déjà évoqué précédemment. Celle-ci s'appelle donc Ik-men-ha-kaf : "Les yeux d'émail fixent le mystère de l'au-delà comme si c'était une souris, et il est bien possible que ce le soit. Il vécut il y a trois mille ans ; il s'appelait Ik-men-ha-kaf, ce qui veut dire quelque chose comme l'éclair ou la foudre, mais en ces temps-là comme maintenant personne n'usait du nom entier pour s'adresser à un chat ou lui deman­der une faveur, si bien qu'on l'appelait Ik, et plus souvent Ik-ik, qui est foudre en abrégé. Il habitait à Abydos, une maison aux toits bas, mais même ce toit lui semblait encore trop élevé, gaspillage inu­tile pour un labyrinthe aussi simple, si élémentaire qu'après deux ou trois tours il en connaissait toutes les entrées et toutes les sorties.  Ik-ik avait été apporté de Thèbes à l'âge de trois mois, et les premiers jours en vérité il ne parvenait pas à distinguer les entrées des sorties, il devait s'arrêter sur le seuil pour étudier les trajets les plus appro­priés ; jusqu'au jour où il arriva à la conclusion qu'entrées et sorties concidaient, qu'il s'agissait d'une distinction purement académique. A partir de ce jour il passa de nombreuses heures dehors, parfois il poussait jusqu'au Nil et retournait avec un poisson pourri, la tête levée pour ne pas le faire traîner dans le sable et la boue. Une nuit, de la rive, il vit passer une barque lumineuse avec une grosse vache dessus qui portait la lune entre ses cornes ; elle était très brillante, cela il le vit, mais ce fait rentrait dans l'ordre pour lui étranger des choses du fleuve, et il n'y fit pas attention. Malgré ce toit ridiculement distant du sol, il accepta cette maison pour sienne ; mais pendant de nombreuses années, et même jusqu'à sa mort, il dut la partager avec un nombre variable d'êtres humains, qui peut-être étaient toujours les mêmes, ou paraissaient les mêmes. Ceux qui le connais­saient l'appelaient Ik-ik, ceux qui ne le connais­saient pas l'appelaient “ Mjw ”, ou Miaou, qui est le mot égyptien pour chat ; les uns disaient qu'il était blanc avec des taches noires, les autres qu'il était noir avec des taches blanches. De quelque nom qu'on se servît pour l'appeler, Ik ne vint jamais. Il mourut héroïquement, comme on dit, d'un abcès à la queue provoqué par la morsure d'un autre chat ; longtemps avant de mourir il perdit la connaissance et tant qu'il l'eut perdue il crut qu'il s'agissait d'un malaise passager, et il en était peut-être ainsi. Il s'était réfugié près de l'entrée d'un sépulcre brisé ; ses serviteurs le retrouvèrent et le firent embaumer.
L’embaumeur, comme c'était l'usage ces années­-là, lui confectionna avec les bandelettes un petit corps humain, avec ses deux pieds ou plutôt son unique pied ou piédestal d'argile ; tel était l'usage à Abydos, doublement blâmé à Thèbes : parce que les chats n'ont ni un pied ni deux mais bien quatre pattes, que l'on enveloppe avec le corps, et parce qu'au cimetière des chats les momies ne reposent pas dressées mais couchées comme tous les mortels. Les longues bandes étroites de lin qui emmaillotent son petit cadavre, de couleurs point trop vives convenant à un chat âgé, apparaissent entrecroisées selon le plus élégant dessin géomé­trique pour chats ; autour du cou la bandelette se resserre en un étroit collier laissant libre la tête impeccable. Le visage est plein, le nez souligné d'un trait savant, les oreilles dressées et atten­tives ; le regard est prêt à bondir dans les millé­naires. Sur une plaquette de plomb, son nom en démotique “ Ik-men-ha-kaf Mjw. ”

dimanche 23 mars 2014

Matin pâle


Voilà,
au moins Retourdecampagne et Retourdemanœuvres, peuvent-ils, malgré leurs différences, se parler de façon intelligible, fraternellement, avec tendresse et amitié. Et c'est comme s'ils suivaient ce chemin côte à côte dans la pâle clarté du matin qui dissipe les songes ténébreux d'une nuit griffée de questions. (Linked with our world tuesday)

samedi 22 mars 2014

Dormir pour oublier (15)


Voilà,
"Plus la désocialisation ou la maladie mentale sont fortes, plus le territoire se rétrécit et a tendance à se confondre avec l'enveloppe corporelle de l'individu. Au fil du temps les espaces fréquentés se restreignent et les endroits investis deviennent un moule du corps". D. Zeneidi-Henry in "Les SDF et la ville géographie du savoir-vivre"

jeudi 20 mars 2014

Happy birthday Vera Lynn

Voilà,
j'aime bien cette photo des petites anglaises et de leur copain, que j'ai prise sur l'esplanade de Chaillot il y a trois ans. Je la mets aujourd'hui en ligne parce que c'est l'anniversaire de Vera Lynn qui va avoir 97 ans. C'est une gloire nationale de l'autre côté du channel car pendant la seconde guerre mondiale, elle animait une émission destinée à remonter le moral des troupes britanniques. Sa chanson la plus célèbre est aussi au générique de fin de "Docteur Folamour" de Stanley Kubrick. Même si les anglais m'agacent lorsqu'ils jouent au Rugby, je ne peux m'empêcher d'aimer ce peuple (malgré Margaret Thatcher) à la fois pour sa tradition d'excentricité et pour l'attitude héroïque qui a été la sienne au début des années quarante. Et puis aussi pour les Beatles, les Stones, les Kinks, Chrissie Hynde qui est si spéciale et Mary Quant.

mardi 18 mars 2014

Arrivé trop tôt

Voilà,
arrivé un peu plus tôt que prévu, je vais traîner au CNIT qui fut le premier bâtiment construit à la Défense. A huit heures y passe la foule des cadres et employés qui vont travailler dans le quartier d'affaires. J'étais venu ici pour la première fois il y a longtemps, lorsque le CNIT était encore un hall d'exposition. Oui c'était vers 1969 ou 70 et se tenait là le salon nautique, et aussi le salon du jouet. J'étais enfant et j'imaginais que plus tard j'aurais peut-être un bateau à moi. Eh bien non. Dans les années 2000 l'espace intérieur a été réaménagé, et j'aime bien m'y retrouver parfois. Cet endroit me fascine je ne sais trop pourquoi. Peut-être à cause de cet hôtel dont les fenêtres donnent sur l'intérieur du bâtiment. C'est peut-être ça l'illustration du "cauchemar climatisé" dont parlait Henry Miller. Une architecture de prison pour le confort de cadres supérieurs et d'hommes d'affaires. Je constate d'ailleurs qu'on n'y trouve plus ces étranges fauteuils rouges que j'avais photographiés il y a quelques mois.

lundi 17 mars 2014

Nostalgie du clair obscur


Voilà,
"comment l’homme devient-il tragique ? Et qu’y gagne t-il ? On voit bien ce qu’il y perd : l’aisance, l’oubli, de doux malaises, de fades plaisirs, une tendre inconstance, une nausée presque heureuse, pas de vérité et pas de mensonge mais l’illusion de l’une et de l’autre, une vie mystifiée qui n’est pas une vie. Tout de même une vie d’apparences qu’on fait tout pour ne pas perdre. Mais l’homme tragique est celui pour qui l’existence s’est soudain transformée : de clair obscur elle est devenue à la fois exigence d’absolue clarté et rencontre d’épaisses ténèbres, appel à une parole vraie et épreuve d’un espace infiniment silencieux, enfin présence d’un monde incapable de justice et n’offrant que la décision de compromis, quand c’est l’absolu – et l’absolu seul – qu’il faut, monde inhabitable où il est nécessaire de demeurer. Pour l’homme tragique, tout s’est en un instant durci, tout est affrontement d’incompatibilité". Maurice Blanchot

samedi 15 mars 2014

Les ombres de la cinémathèque


Voilà,
dans le petit matin, longtemps elle marche dans un parc inachevé. Elle finit par trouver, à proximité d'un homme indifférent qui lit son journal, un banc sur lequel elle s'assied. Et elle pleure. Beaucoup. Encore et encore. Sans savoir exactement pourquoi. Si sa voiture avait démarré, peut-être ce jour aurait-il été semblable à tous les précédents. Non loin, les ombres de la cinémathèque glissent, indécises, dans le mirage d'une nuit américaine. 

vendredi 14 mars 2014

Un rêve d'air pur



Voilà,
depuis deux jours le forsythia sur le balcon commence à fleurir. Pour moi, ses petites fleurs jaunes sont vraiment le signe que le printemps arrive. Et cette année il est particulièrement précoce. Le figuier du Mont St Michel, que m'ont offert Toune et Inès en mai 2006 bourgeonne aussi et fait ses feuilles. Mais jamais il ne m'a paru aussi difficile de respirer dans cette ville, pourtant si belle en cette saison mais très polluée depuis quelques jours. Ce matin j'ai repensé à l'air si pur tout en haut de la vallée de Swat. J'y avais alors éprouvé l'étrange sensation d'être en plusieurs lieux à la fois. Les odeurs m'évoquaient des paysages suisses, et je songeais qu'à mon retour en Europe il faudrait que j'aille plus souvent à la montagne. Bien sûr lorsqu'il m'était arrivé de croiser par hasard un berger pachtoun, enturbanné avec sa kalachnikov en bandoulière, j'avais alors réalisé l'absurdité de ma rêverie et la pensée de la paisible Suisse aussitôt s'était dissipée. Pourtant quand au détour d'un sentier m'était apparue cette modeste mosquée de bois si émouvante dans sa simplicité, je n'avais pu m'empêcher de l'associer au souvenir des chapelles de montagnes aperçues quelques années auparavant. Enfin tout ça c'était il y a fort longtemps. Nul doute que là-bas aussi les choses ont bien changé. Il est vraisemblable qu'on n'y vit plus aussi sereinement qu'alors. Mais où peut-on vivre sereinement aujourd'hui lorsque partout ce qui reste d'équilibre et d'harmonie est devenu si précaire et semble céder à une grande hâte de chaos. Au fait, les abeilles butinent elles encore dans ces hautes vallées ?  (Linked with Rain's TADD - skywatch friday)

mercredi 12 mars 2014

Le chat d'Irina


Voilà
J'ai bien vu lorsque j'ai répondu à sa demande qu'Irina était très déçue par mon dessin de chat. Heureusement, l'ordinateur n'était pas loin, et j'ai pensé à ceux de Siné, et pour remonter dans son estime je me suis empressé d'en recopier un à la main sur une feuille. Je crois que j'ai sauvé la face. Ensuite Irina l'a peint et décoré à sa façon et je le trouve vraiment très joli comme ça. Avec sa guirlande sur le museau c'est presque un chat peint de Noël.

lundi 10 mars 2014

Charlie et les ménines


Voilà,
quand je n'ai pas d'idée je me venge sur les chefs-d'œuvre. Je sais, c'est assez misérable et très mesquin. On n'est hélas pas toujours comme on souhaiterait l'être.
Au moins, ça occupe l'esprit, ça fait diversion

dimanche 9 mars 2014

Plus léger


Voilà,
ce n'est pas grand chose, juste des fleurettes sur un fraisier, mais bon cela suffit à redonner un peu le moral quand la joie s'est absentée,
quand il n'est de jour où l'intranquillité ne jette son ombre 
Allez ! écouter "greetings from L.A." de Tim Buckley et faire un peu de jardinage de balcon
comme si de rien n'était
comme si au monde les couleurs étaient toujours les mêmes
balancer quelques images à l'avance
on verra bien
et prendre chaque jour comme il vient 

vendredi 7 mars 2014

La Cabane du Gemmeur


Voilà,
c'est là, juste là que j'aimerais être. Près de la cabane du gemmeur. Ou dedans. Ou peut-être au temps de ce premier étonnement. Aux temps des rêves suscités par la cabane. La première que j'ai vue - ce n'était pas celle-là - fermée, impénétrable - mais une autre tout aussi semblable j'ai tournée autour d'elle. je regardais l'intérieur par les carreaux sales. Outils entreposés, et tout les petits pots destinés à recueillir la résine. Mais aussi table et vaisselle. Et c'était tout à fait irréel pour le regard d'un enfant. Je n'avais pas lu de contes, mais j'avais entendu parler de cabanes au fond des bois. Et du danger aussi, souvent tapi en de tels endroits. La crainte d'être surpris (il faudrait que je parle un jour du père Robineau qui vivait dans la forêt). Oui, ça aussi c'est un de ces lieux poignants, comme celui-ci ou celui là ou cet autre encore. Comme le cabanon du Clos ou celui des Avals rebâtis par Gérard. Le printemps revient. La nature me manque. Je pense à ce poème de Théophile Gautier que l'on apprenait forcément là-bas à l'école :

On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
D'autre arbre que le pin et sa plaie au flanc

Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu'aux dépens de ce qu'il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !

Pour ma part, j'ai toujours trouvé la fin du poème un peu pompeuse et la métaphore plutôt lourde, mais j'aime particulièrement le dernier vers de la première strophe et la deuxième strophe dans son entier. La forêt landaise a été pour moi quelque chose de particulièrement émouvant, de l'ordre d'une révélation, et la nuit parfois je rêve que je m'y promène comme aux premiers jours de ma vie là-bas... 

jeudi 6 mars 2014

Monsieur Ramirez et sa femme se donnent du bon temps


Voilà,
les enregistrements pirates de conversations de l'ex-président et de son entourage réalisés par son ancien conseiller politique aux sympathies avérées avec l'extrême droite (il a été rédacteur du torchon fasciste "Minute") et que le "Canard enchaîné" et le site atlantico.fr portent à notre connaissance, donnent un éclairage cru, sur la vulgarité et le cynisme de ces gens qui étaient précédemment au pouvoir. Si l'on n' a pas lieu de se réjouir de qui nous gouverne aujourd'hui, ils nous rappellent cependant que c'est bien de ça dont nous voulions nous débarrasser. Mépris, tendance au népotisme (sa tentative pour placer à la tête du centre d'affaire de la Défense son fils Jean dont l'indigence intellectuelle n'est plus à démontrer, en fut la preuve), prévarication, prise illégale d'intérêts, leur vision de la démocratie fait penser à celle des potentats africains ou des dictateurs d'Europe de l'Est. La désinvolture avec laquelle sont traitées les affaires de l'état, l'incompétence des conseillers, la brutalité des jugements, le peu de considération du travail des ministres, tout cela laisse songeur. On imagine sans peine ces deux là prendre, pour peu qu'on leur en eût donné les moyens, le pli du couple Marcos qui sévissait dans les années soixante-dix et quatre-vingts aux Philippines. C'est bizarre, j'ai aussi souvent pensé en voyant Monsieur et madame Ramirez, à ce couple formé par un autre Nicolas (roumain lui) et à sa femme. Je me souviens qu'au spectacle pathétique et misérable de leur fin, je n'avais rien ressenti. Cette exécution sommaire bien sûr fabriquait du silence et visait sans doute à protéger les comploteurs qui vraisemblablement avaient léché leurs gamelles, mais au fond cela était à la mesure de ce qu'ils avaient suscité. Oups! je dois chasser ces vilaines pensées qui me traversent l'esprit. Ce ne sont que des impressions fugitives et confuses... Allez, santé Monsieur et madame Ramirez! Méfiez vous tout de même de vos amis, il est fort probable qu'ils vous ressemblent....

lundi 3 mars 2014

The happy show (mon cul)


Voilà,
en fait je suis tombé dans le panneau. Je suis allé voir cette exposition intitulé "the happy show" du designer Stefan Sagmeister (soit dit en passant je n'aimerais pas être autrichien et avoir de telles initiales). J'y ai même entraîné ma fille, ainsi que S. et ses enfants. J'en suis sorti particulièrement agacé. Mais bon, réduire le bonheur à un show, déjà, j'aurais dû me douter qu'il y avait une embrouille. Tout ça est tellement symptomatique du monde où nous vivons, de notre occident post-moderne où la pensée dominante tend de plus en plus à se réduire à quelques slogans débiles, à des maximes plus ou moins moralisatrices, à une communication sommaire, celle du tweet, du pitch, du spot de l'accroche. Un monde où l'on suggère par exemple à des étudiants de présenter le sujet de leur thèse en trois minutes en étant le plus fun possible au principe désormais établi "qu'on juge d'abord une personne avant de juger un contenu" (dixit Nicolas Beck sous-directeur du service culture scientifique et technique de l'université de Lorraine). Mais revenons au "happy show" : dans le public des jeunes gens photographiaient avec leur smartphone des messages inscrits sur les murs jaune vifs de l'expo comme s'ils étaient parole d'évangile et le fruit d'une réflexion profonde. "On a vraiment l'impression de se promener dans un ouvrage de développement personnel" en a très vite et fort justement conclu S. Par exemple étaient écrites à la main des phrases telles que "Si je ne demande pas, je n'obtiens pas" ou encore "Mon ami Marian dit que la véritable clé de mon bonheur serait d'arrêter de me préoccuper de mon propre bonheur et de me préoccuper de celui des autres" ou "Sois plus souple" et en dessous "je suis capable de me concentrer correctement ce qui va de pair avec un inconvénient considérable : une fois que j'ai emprunté une certaine direction il m'est difficile d'en changer. Je m'en suis souvent tenu à un programme, en me disant que le modifier ensuite serait fantaisiste, que ça dénoncerait un manque de caractère alors qu'en réalité je manquais simplement se souplesse" Putain, ça c'est du jus de bulbe. Et pourquoi pas "Sois plus souple tu pourras te sucer le gland et être autosuffisant" ou "Jeûne pour te faire moins chier dans la vie". Mais justement, je suis dans le faux quand je concocte ces deux slogans bidon. Car cette exposition est réalisée par un designer de pub, et elle utilise les moyens de la pub qui s'adresse aujourd'hui au consommateur à la première personne du singulier ("L'Oreal parce que je le vaux bien"). Le principe de la publicité aujourd'hui est de se mettre à la place de celui à qui s'adresse le message. On n'est plus dans l'injonction, mais dans la suggestion par l'exemple, dans la persuasion sournoise. Il ne s'agit plus de consommer un produit par ce qu'il est hypothétiquement bon, mais parce qu'il fait de toi un individu autre, différent, mais cependant semblable à tous ceux qui adhèreront à ce même message, et donc un individu moins seul et identifiable à un réseau (celui de ceux qui pensent pareil, qui ont le même identifiant, qui aiment, "likent" la même marque). Autrefois on t'incitait à adhérer à une cause, une organisation, un parti, maintenant il faut adhérer à un message faire corps avec lui, plus justement l'incorporer de sorte que l'on devienne aussi insidieusement ce message. Les habits deviennent des enseignes ou s'affichent en gros le logos ou le nom de la marque transformant en quelque sorte ceux qui les portent en enseigne ambulante, en valets. Et c'est de ce despotisme fourbe que relève cette publi-exposition. Si je fais ce qu'on m'on recommande je deviens un individu capable de vivre dans ce monde ignoble en m'adaptant sans me rebeller avec toutefois l'impression d'être quand même un être pensant. C'est par exemple la logique de Benetton qui prétend fabriquer "des images symboliques, avec (je cite) une touche d'espérance ironique et de provocation constructive pour promouvoir une réflexion sur la manière dont la foi, la politique, les idées même si elles sont opposées et diverses, peuvent amener au dialogue et à la médiation". Voilà, le "happy show" s'apparente à ce discours publicitaire qui prétend avoir un rôle moral à jouer. Lecteur assidu de Beckett Thomas Bernhard et Cioran (celui qui justement à propos du bonheur notait "il est tellement rare parce qu'on y accède qu'après la vieillesse, dans la sénilité, faveur dévolue à bien peu de mortels", ce prêchi-prêcha agrémenté de clips, de jingle visuels illustrant ces fulgurantes épiphanies qui feraient presque passer Philippe Delerm pour un penseur subtil, m'a bien vite gonflé. Le coup de grâce fut bien évidemment la sortie où l'on expose à la vente les produits dérivés de l'exposition des fois qu'on n'aurait pas tout retenu. On pourrait pourtant faire des trucs intéressant à partir d'un tel matériau. Y promener des SDF, ou des chômeurs de longue durée, ou des salariés victime de harcèlement au travail, et puis leur suggérer des commentaires, ou encore y balader de ces personnes irradiées par des appareils médicaux, ou encore les employés d'usine qui des années durant ont été exposés aux poussières d'amiante, inviter les petits vieux avec 400 euros de retraite par mois, les filles de banlieues qui se font balancer de l'acide au visage parce qu'elles veulent juste ne pas se soumettre aux petits caïds de leurs cités, les survivants des camps de transit africains enfin bon j'arrête là cette liste mais vous pouvez la continuer si vous voulez et puis leur offrir ensuite le livre "Économie du bonheur" 

dimanche 2 mars 2014

Dans le tremblement


Voilà,
cette sensation étrange de vivre dans un monde contaminé par la déraison où la volonté de puissance de quelques uns régit le cours des événements. Sans doute en a-t-il toujours été ainsi, mais aujourd'hui tout se voit, tout semble terriblement proche. Les ukrainiens d'aujourd'hui ressemblent terriblement aux tchèques de 1938, les grecs de 2014 sont, comme l'écrit Panagiotis Grigoriou peu différents de ceux de 1942, et depuis quelques années les syriens semblables à tous ceux qui de tout temps ont été affamés massacrés dans l'ignorance où le reste de la planète était alors tenu. Aujourd'hui dans l'indifférence générale, mais sous l'œil des caméras et racontée par des reporters dont il semble souvent qu'ils pourraient aussi bien nous commenter un marathon ou le carnaval, c'est la même histoire qui recommence, à cela près que tout se sait dans l'instant, et que tout nous est montré comme un spectacle. Aujourd'hui, la guerre menace un pays où depuis trente ans 16 000 décès par an sont la conséquence de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, un pays où, afin de protéger le réacteur endommagé des intempéries et d'éviter tout rejet radioactif dans l'environnement (source "Le Monde"), l'on construit une enceinte de confinement avec le financement conjoint de l'Ukraine et d'un fonds international administré par la banque européenne et dont le coût s'élève à 1,5 milliards d'Euros. Ainsi c'est avec effroi et dans le tremblement que l'on se tient au bord du chaos, songeant, pour toutefois se donner une vague contenance à la fable du pessimiste et de l'optimiste. Mais bon, les temps sont bien amers tout de même.

samedi 1 mars 2014

One for Walter


Voilà,
celle-ci pour Walter qui depuis quelques jours semble développer une nouvelle thématique. Je me rappelle que dans le film "Les disparus de St Agil" le squelette de la salle de sciences naturelles s'appelle Martin, et que, chaque fois qu'ils passent devant, les élèves membres de la société secrète des "chiche capon" lui adressent un petit signe pour le saluer mais je ne me souviens plus lequel ah si ça y est j'ai retrouvé, ils mettent les mains de chaque côté de leur tête, le pouce appuyé sur la tempe et plient les phalanges tout en se penchant légèrement en avant je crois.  

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