vendredi 29 novembre 2013

La vérité sur Sancho Pança


Voilà,
"Sancho Pança, qui ne s'en est d'ailleurs jamais vanté, réussit au cours des années, en dévorant des histoires de brigands et des romans de chevalerie pendant les nuits et les veillées, à détourner entièrement de soi son démon. Il fit si bien que celui-ci - qu'il appela plus tard Don Quichotte - se jeta désormais sans frein dans les plus folles aventures : elles ne nuisaient à personne faute d'un objet prédestiné qui aurait dû être précisément Sancho Pança.
Sancho Pança, peut-être mû par un certain sentiment de responsabilité, Sancho Pança, qui était un homme indépendant, suivit calmement Don Quichotte dans ses équipées et en tira jusqu'à son dernier jour une grande et utile distraction" Franz Kafka

mercredi 27 novembre 2013

Händl Klaus

 

Voilà,
celui, qui est en train de chercher dans ses affaires une lettre qu'il a égarée, c'est Händl Klaus photographié hier soir, un être d'une exquise gentillesse et un merveilleux artiste. Ce dramaturge autrichien a écrit des pièces très étranges sombres cruelles et drôles et pour cela très réjouissantes. Depuis trois ans dans le cadre des Journées du Théâtre autrichien à Paris organisées par Heinz Schwarzinger, c'est un plaisir que de lire au Goethe Institut en compagnie d'autres camarades ses pièces traduites par Henri Christophe. Hier soir c'était "(Sauvages) Homme aux yeux tristes", une sorte de cauchemar kafkaïen dans une petite ville déserte et en travaux au cœur de l'été autrichien. Ma réplique préférée (c'est un chirurgien qui parle) : "Tout est décalé, je rate tout, toujours. Tout ce qui se trouve devant moi, est à côté, mon regard est désynchronisé. Les doigts, s'ankylosent. J'attrape encore, et toujours, le vide, et un jour, en pleine bourre, je me suis, entaillé, moi-même. J'aurais aimé me vider de mon sang, mais on m'a, sur place, recousu, un confrère." On en lit deux autres ce soir et demain.

mardi 26 novembre 2013

Baguette et béret


Voilà,
je vais encore évoquer un événement qui est arrivé il y a longtemps, même si comme l'écrit Céline Malraux, l'art et l'ego forment un mariage malheureux. Bon je me sens un peu concerné par son propos (sinon je n'en parlerai pas) même si pour ma part je ne contribue que très modestement et de façon mineure à l'art : je tiens juste une chronique avec des photos légendées. Une chronique qui commence par "voilà" et qui dit juste que ce que je vois là, n'est pas toujours conforme à ce que j'aperçois, et que ce que je constate "ici et maintenant" me renvoie souvent à "ailleurs et autrefois". Je tente simplement de faire en sorte que les photos ne soient pas trop moches, ni les textes trop quelconques. Bref j'essaie de bricoler une forme ayant un peu de tenue et de cohérence et qui me ressemble à peu près. En cela je crois adopter une démarche artistique, même si j'admets qu'une démarche ne fait pas forcément un artiste. Donc il y a longtemps, j'étais au CE1 de l'école primaire de la rue Emile Schmidt à Châlons-sur-Marne, ville de garnison qui ne s'appelait pas encore Châlons-en-Champagne. J'avais eu, en cours de travaux manuels, à réaliser dans un moule en latex de la marque Mako moulages, une reproduction en plâtre d'un pingouin. Lorsqu'il s'était agi de le peindre, plutôt qu'un ventre blanc et des ailes noires, j'avais choisi pour mon pingouin un ventre jaune et des ailes vertes. On m'avait alors demandé pourquoi j'avais préféré ces couleurs et j'avais donc répondu que je trouvais mon pingouin plus gai et plus joli comme ça et qu'en plus je serais sûr de le reconnaître de loin si jamais on venait à l'égarer dans la classe. Bien sûr, cela n'avait pas manqué de susciter quelques moqueries. Eh bien mes photos, je les développe comme j'ai peint mon pingouin. Bien sûr qu'il est en réalité plus terne, ce pan de mur de Vitry-sur-Seine, avec sa réinterprétation amusante de l'image traditionnelle du français portant sa baguette et son béret. Mais ce n'est pas ça le sujet. Ce que j'ai envie d'interpréter et de traduire c'est le moment où de bon matin dans cette rue froide déserte je l'ai aperçu et où il s'est imprimé dans mon cerveau. S'il n'est pas tel que je l'ai vu, c'est pourtant ainsi que je l'ai ressenti. C'est ça que je veux partager : la transformation, et m'en tenir à cette si merveilleuse si juste et si poétique formule de Robert Doisneau à propos de la photographie : "l'imparfait du subjectif"
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lundi 25 novembre 2013

Reflets sur la tour Kupka


Voilà,
confronté à cette absurde géométrie de lieux sans âmes, les mots qui viennent sont comme une poignée de cendre qu'éparpille un vent rude et froid. On se prend à rêver de grappes juteuses accrochées à la treille d'un jour baigné de soleil et l'on continue de voyager en soi porté par le flot ample et tendre des rêves anciens où l'air frémit encore du vol espiègle d'une libellule.

dimanche 24 novembre 2013

Paysage ferroviaire à Vitry


Voilà,
du fait de l'essor industriel qui en 150 ans a généré plus de dégâts contre la nature qu'il ne s'en était produit dans les siècles passés, certains scientifiques en sont venus à considérer que c'était là une nouvelle époque géologique qui était apparue que l'on pouvait désigner soit sous le nom d'Anthropocène, soit sous celui de Molysmocène (âge de la pollution). Je n'ai pour ma part aucune compétence pour juger de ces affaires là, même s'il me paraît probable que, dans sa volonté de domestiquer son milieu l'espèce humaine est devenue totalement prédatrice. Quoiqu'il soit, je ne peux m'empêcher d'être fasciné par les friches industrielles, par ces paysages abandonnés, en ce qu'ils constituent ce qui est en soi à la fois un paradoxe et une aberration :  des espaces obsolètes.  

vendredi 22 novembre 2013

En cherchant mon chemin

Quai d'Ivry, 75013 Paris 
Voilà,
parfois la nuit cherchant des raccourcis je m'égare dans des impasses. Je vertige alors et il peut même arriver que dépossédé comme glacé d'effroi, je me fracture et fantôme aussitôt à trois pas de moi. Des lieux où jamais encore je n'étais venu se révèlent dès lors familiers. Sous cette lumière électrique, leur laideur hypnotise. Mais je finis par m'accommoder de ces menues fantaisies. Elles donnent du relief à des instants qui sinon seraient bien fades.

mercredi 20 novembre 2013

Loyers trop chers

Voilà,
sortant du métro, place de la République nouvellement aménagée, cette banderole qui saute aux yeux, et les tentes perchées dans les arbres, devenues le symbole des sans-abri. Sous les bâches des familles qui n'ont pas de toits alors que tant d'appartements parisiens sont vides ont trouvé assistance et réconfort auprès des bénévoles de l'association "Droit au logement". Ce qui est est effrayant, c'est que peu à peu l'œil s'habitue à ce camping urbain, et la pensée s'accommode de ces agrégations de tentes de plus en plus fréquentes et nombreuses.  

mardi 19 novembre 2013

Tout en flânant

Quai Malaquais Paris 7ème arrondissement
Voilà,
je marchais paisible, dans la ville froide et ensoleillée songeant néanmoins à tout ce qui m'avait été raconté la veille. A ces années d'angoisse de fatigue qu'ensemble ils avaient traversées. Aux moments de découragements qu'ils avaient sûrement connus. Aux ressources qu'au fond d'eux-mêmes il leur avait fallu puiser pour faire face juste pour faire face, et trouver les solutions adéquates, afin de s'organiser, de vivre à peu près normalement quand tout est chaotique. Et puis je me suis laissé distraire par la statue et les grandes femmes. J'ai cadré. Regarder c'est à peu près tout ce dont je suis capable. Et flâner. J'ai aussi appris à passer inaperçu et à faire semblant. On ne sait jamais, ça peut servir. Bon il est possible sinon probable que je ne sois pas totalement dénué de qualités, et même vraisemblable que j'en possède de très singulières, mais je ne sais si comme eux j'aurais été capable d'être à la hauteur de la situation. 

dimanche 17 novembre 2013

Vin chaud gaufres

Champs Elysées 2011
Voilà,
j'ai une tendresse pour cette photo prise il y a deux ans vers la fin du mois de Novembre. Je me suis souvent demandé ce qui liait cette religieuse et cette fille au blouson que j'avais vues arriver ensemble en se parlant. Enfin à cet instant précis, je veux dire celui de la photo, je peux le supposer : quelque chose comme la possibilité du péché - gourmandise ou tentation -. Mais sinon ?

mardi 12 novembre 2013

Impression nuit tombante

Avenue de France, Paris 13
Voilà,
je ne parviens pas à me souvenir de la raison pour laquelle vers l'âge de quatorze quinze ans je me suis pris de passion pour les impressionnistes. Ça reste un mystère. Rien dans mon environnement familial ne pouvait me guider vers eux. J'ai grandi dans des casernes. Les militaires tiennent les artistes pour des parasites inutiles. Ils ont tendance à penser qu'un peu de plomb dans la tête ne leur ferait pas de mal. Mon géniteur adorait citer cette formule : "Quand j'entends le mot culture je sors mon révolver" qu'il faisait suivre d'un rire sonore exprimant la satisfaction d'énoncer sa propre bêtise. Je n'ai appris que bien plus tard d'où sortait cette maxime. Je crois que c'est le mot, juste le mot qui m'a entraîné vers cette peinture.  Ai-je lu quelque chose dans un journal ? Suis-je allé voir seul une exposition ? Ai-je découvert ces peintres à la galerie du Jeu de Paume où ils étaient alors rassemblés avant l'ouverture du Musée d'Orsay ? Je sais que j'ai acheté quelques numéros de cette revue intitulée "Connaissance des arts" dont le format fort malcommode pour le rangement offrait cependant de larges reproductions. J'aimais par dessus tout Sisley Monet et Pissarro. Oui peut être cela n'a-t-il tenu qu'à un mot. Ne manifestant aucune disposition pour la logique, je me méfiais de la pensée raisonnante. Je le regrette encore aujourd'hui. Je n'ai que des intuitions. Il fallait que je me construise contre ce qui me faisait défaut. Je n'avais à l'époque aucune aptitude pour le dessin, aucun pratique de la photo ni d'aucun art. Ce domaine me semblait interdit. Mais j'aimais cette façon qu'ils avaient de rendre compte de ce qu'ils voyaient, de restituer leur perception. Et puis leurs images témoignaient d'un monde qui renvoyait a ce dix-neuvième siècle de Rimbaud de Verlaine dans lequel mes rêveries m'exilaient parfois. J'avais tant de mal a me sentir de ce monde d'où sans doute je voulais m'absenter. Évidemment j'étais alors trop naïf et ignare pour réaliser qu'il y avait beaucoup de travail pour parvenir à cette technique. Je pense encore à eux parfois, à ce désir qu'ils ont eu de transformer le réel, de l'interpréter d'une façon radicale à l'époque où apparaissent précisément les premières plaques d'impressions photographiques. Et parfois dans certaines images, il m'arrive de leur adresser un salut discret. 

lundi 11 novembre 2013

Comme un vagabond abîmé dans la nuit

Esplanade Bibliothèque François Mitterrand
Voilà,
l'instant suggérait un décor autrefois imaginé en d'autres lieux d'autres temps. Mais la nuit froide et humide de Novembre rendait aussi ses contours à une absence devenue encombrante. Bien que n'ayant désormais guère plus de consistance qu'un spectre, elle conservait cependant son pouvoir de nuisance. Il en va ainsi de certains disparus dont l'image parfois s'insinue dans le paysage et hante les pensées qu'il suscite. Puis il y eut la soudaine et furtive réminiscence d'un feu crépitant dans l'âtre, d'une odeur de soupe et de fleurs coupées, un rêve de chaleur et de chaumière, tout cela dans un bref tressaillement qui aussitôt chassa le fantôme. Sensation de solitude, d'être sans racine. La pluie recommençait à tomber. Il fallait songer à trouver un abri.

dimanche 10 novembre 2013

Coup de blues


Voilà,
d'un coup il y eut une grande angoisse et une grande envie de pleurer 
sans trop comprendre pourquoi
peut-être à cause de toute cette laideur autour insupportable soudain

vendredi 8 novembre 2013

Prendre la pose

Jardin des Tuileries, Novembre 2013
Voilà,
jardin des Tuileries au pied de la statue dédiée à Jules Ferry et aux bienfaits de l'éducation, un photographe japonais (celui à la casquette et aux jambes nues) et ses assistants pendant une séance de prises de vue. Tout ces gens l'air heureux semblaient bien contents d'être là travaillant dans la joie et la bonne humeur. Une image futile donc pour fêter les quatre ans de ce blog. Dire que l'année dernière à la même époque je songeais à ralentir la cadence. Pas vraiment le cas.

jeudi 7 novembre 2013

La fugitive


Voilà,
de passage incertaine effacée à peine apparue sans visage pas même silhouette ombre déjà comme tant d'autres retourne à son oubli n'aura laissé qu'une vague impression

mercredi 6 novembre 2013

Téléphone public


Voilà,
elle m'apparait soudain avec un relief étrange cette borne de téléphones publics. Il me semble ne jamais en avoir vu de telle, et je ne me rappelle pas l'avoir aperçue auparavant, en cet endroit quoique il m'arrive de moins en moins souvent de traîner dans les parages. Les époques se mélangent dans ma tête. Autrefois, j'achetais mes chaussures dans le coin, souvent de belles chaussures blanches de marine, avec une semelle de crêpe rose qu'on ne trouvait qu'ici, peut-être même à l'emplacement de ce restaurant. Je n'imaginais pas alors qu'il me restait plus d'années à vivre que je n'en avais déjà vécues. Je me souviens aussi être passé par là le jour où j'ai acheté trois bon vynils  au forum des halles qui venait tout juste d'être inauguré, trois premiers disques : ceux des B52's, de Madness et des Specials. C'était la période des collages, du journal Actuel nouvelle formule (nouveau et intéressant) et des xérographies. J'étais déjà un touche-à-tout, un peu dillettante. Je me cherchais. Je ne me suis jamais trouvé et beaucoup éparpillé depuis.

lundi 4 novembre 2013

Violence conjugale


Voilà
le jour où il lui avait dit "je m'arrangerai toujours pour ne pas laisser de trace"
 elle était restée sans voix mais elle avait enfin compris 

samedi 2 novembre 2013

Métro Pernety, aujourd'hui un peu avant midi

Voilà,
il y avait ce type assis juste en face de la terrasse du café " Le métro", à proximité de la station Pernety qui lisait des textes à voix haute où il était question de charité. Mais il n'y avait rien de charitable dans son attitude. Une grande colère semblait l'habiter. Un moment je me suis demandé si ce n'était pas celui que j'avais une fois croisé dans le RER et qui était bien remonté. Quand je suis passé il récriminait contre les bourgeois qui ne pensaient qu'à eux, et puis j'ai entendu les mots islam, arabe, je me suis retourné, et là j'ai compris qu'il invectivait le type au bonnet qui semblait l'écouter avec curiosité. et dont j'aimais la pose. Je suis resté un moment, et j'ai shooté parce que la disposition des quatre silhouettes dans le cadre me plaisait ainsi que le trottoir mouillé. 

vendredi 1 novembre 2013

Où je n'étais encore jamais venu

Vue sur la Salpêtrière depuis la terrasse de la Cité de la mode et du design
Voilà,
il y a eu ça aussi hier, cette longue flânerie et la découverte de nouveaux lieux, d'architectures récentes et de perspectives qui ne m'étaient encore jamais apparues dans le paysage parisien. Le hasard m'a conduit sur le toit-terrasse végétalisé de la cité de la mode et du design ouvert en avril 2012 et qui est un des nouveaux endroits branchés de Paris, avec un bar lounge et un club ouvert toute la nuit. Il faisait soleil et j'ai vu, profitant des derniers rayons d'Octobre, ce couple allongé face au dôme de la chapelle de l'hôpital de la Salpêtrière. Sans doute ai-je alors pris cette photo en songeant à S. qui m'a récemment rapporté bien des anecdotes relatives à l'histoire de cet endroit où depuis le milieu du XVIIème siècles furent incarcérés les mendiants les folles les enfants épileptiques et les femmes que l'on considérait comme démentes juste parce qu'on voulait s'en débarrasser. A la fin du XIXème siècle Charcot y pratiquait des séances publiques d'hypnose sur des patientes hystériques. C'est aussi à la Salpêtrière que tous les ans à la mi-carême se donnait le fameux bal des folles qui attirait le Tout-Paris de la Belle-Époque. 

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