lundi 29 septembre 2025

Camembert le petit menteur

 
Voilà 
qu’aujourd’hui, les sensibles gardiens de l’ordre moral et pénal, les grands inquisiteurs de la "fermeté républicaine" se drapent dans l’indignation, face à "l'outrage" qui est commis à l'encontre de leur caste. Nicolas Sarkozy, ancien président corrompu a été enfin condamné. C'est un vœu que j'exprimai il y a longtemps dans un précédent photomontage. Il aura tout de même fallu dix ans d'enquête. Les lenteurs de la justice ne s'expliquent pas seulement par le manque de moyens. Elles sont aussi garantes du sérieux de l'investigation.  Mais ils sont nombreux dans la presse, les médias (détenus par une poignée de milliardaires) à pousser des cris d’orfraie comme s’il s’agissait d’un coup d’État judiciaire. Pour eux ce n'est rien moins qu’un complot ourdi par des juges gauchistes.
Il ne s’agit pourtant pas de n’importe quel délit. Association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Ce n'est tout de même pas rien. Le tribunal a estimé qu’il avait laissé ses collaborateurs du premier cercle solliciter des soutiens financiers auprès du dictateur lybien Kadhafi et des ses proches (dont Abdallah Senoussi un terroriste organisateur de l’attentat contre l’avion d’UTA qui fit 170 morts dont 54 français), en vue de financer sa campagne. Cela constitue une préparation à un délit de corruption. Et l’on oublie que ce verdict s’ajoute à deux condamnations précédentes où il était question de corruption, de trafic d’influence, d’atteintes lourdes à l’intégrité de la justice. 
Ce sont pourtant les mêmes qui, à longueur de plateaux télé et de tribunes rageuses, réclament des peines "exemplaires" pour la moindre incartade d’un pickpocket ou d’un môme pris avec un scooter volé ou un joint dans la poche, qui stigmatisent les fraudeurs aux allocations et j'en passe. "Pas de faiblesse ! Pas d’excuses ! La justice doit être implacable !" proclament-ils, la mâchoire serrée et le menton haut. Mais quand un ancien président de leur camp est rattrapé par les faits — ces détails agaçants qui contreviennent aux lois — soudain la justice devient politisée, excessive, voire "persécutrice". Le deux poids, deux mesures, élevé au rang d’art national. Et comme par miracle, l’empathie leur revient alors, mais exclusivement pour ceux qui ont un carnet d’adresses et un patrimoine planqué dans une holding au Luxembourg. L’égalité devant la loi ? Oui, bien sûr… mais en option premium, accessible uniquement par réseau.
Ce sont en outre les mêmes qui expriment leur opppsition à toute tentative d’imposer une contribution aux fortunes XXL et se proclament apôtres de la rigueur budgétaire. Larmoyants quand un ex-chef d’État se fait rattraper par la justice, impitoyables quand un smicard demande la retraite à soixante ans et un minimum de justice fiscale. 
La taxe proposée par Gabriel Zucman ? Bien timide à mon goût : elle se monte à 2% touche 1800 foyers fiscaux dont les patrimoine dépassent 100 millions d'Euros. Il s'agit en outre d'un impôt différentiel (impôt minimum) : si les ultra-riches paient déjà plus de 2% de leur patrimoine en impôts, ils ne paient rien de plus.
On crie au sacrilège ! "On veut punir la réussite", "assassiner l’économie", "exiler les talents" ou "attaquer la liberté " — ils en perdraient presque leur latin, s’ils en avaient encore un souvenir. Leur morale tient sur un format de carte de visite : implacable avec le faible, servile avec les puissants. Et quand la justice cesse d’obéir à leurs préférences, ils s’indignent bruyamment, comme si le vrai scandale n’était pas la corruption, mais le fait d’y répondre. Quand il s’agit d’étrangler les minima sociaux, on parle de "responsabilité collective". Mais quand on effleure les portefeuilles millionnaires, c’est la fin du monde civilisé.
C'est toujours la même histoire, ils sont allergiques à la justice dès lors qu'elle change de cible.  On peut matraquer les précaires, mais toucher à un portefeuille de milliardaire, c’est visiblement franchir la ligne rouge du sacré. 
Le pire, c'est quand le populo souscrit à ces conneries parce qu'en échange on lui promet qu'on va bouter tous les migrants hors de France. 
Ainsi vont les choses dans le meilleurs des mondes possibles.
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samedi 27 septembre 2025

Il y a peu de chance qu'on détrône le roi des cons



Voilà
je n’imaginais vraiment pas voir cela de mon vivant. Malgré toutes mes réserves sur ce pays, je ne pensais pas que cela arriverait de la sorte et même que cela surviendrait un jour. Bien sûr, il y avait eu le mac-carthysme, le Ku Klux Klan, les guerres impérialistes un peu partout dans le monde au nom de la liberté et de la démocratie. Mais les adversaires n'étaient pas non plus des exemples et les États-Unis offraient malgré tout une image de bien-être et de liberté.  
Oui bien sûr, la conquête spatiale avait été assurée grâce au savoir d’un ancien ingénieur nazi, mais c'était aussi le pays où Einstein, Hannah Arendt avaient trouvé refuge comme tant d'autres artistes exilés européens qui avaient pu exprimer leur talent et parfois leur génie.
Évidemment il y avait aussi tous ces westerns à la con exaltant la violence de la conquête de l'Ouest, et l'extermination des peuples autochtones et plus tard vers les années 90 ces super productions idiotes, où les États-Unis sont menacées d’invasion par des aliens, des terroristes des communistes, des méchants, de toutes sortes et qu’après moult bagarres, péripéties, explosions tueries poursuites, spectaculaires cascades, un gentil américain parvenait à sauver l'Amérique donc le monde. Mais quand même il y avait eu le nouvel Hollywood des années soixante-dix.
Je me disais bien que cette paranoïa était le "retour du refoulé" d’une société édifiée sur le génocide indien et enrichie grâce à l'esclavage des peuples déportés d'Afrique. Bien sûr, il y avait la maffia, la corruption, il y avait même eu un président qui s’était comporté comme un gangster, mais l’obstination de quelques journalistes, avait conduit à sa démission. C’était ça aussi ce pays, la liberté de la presse. 
Il ne m’échappait pas non plus que la bigoterie était souvent au rendez-vous que c’était bien louche qu’on parle si souvent de Dieu au point de l'invoquer sur des billets alors que Dieu n'est qu'une conjecture que rien ne prouve mais bref, il y avait eu aussi le rock, les grands mouvements pacifistes et de l'égalité des droits, les poètes de la beat génération, Bob Dylan... Et aussi des écrivains prodigieux, capables de raconter les histoires stupéfiantes. Sans parler de ces jeunes, ingénieurs en informatique, en mesure de révolutionner la pensée, et changer le monde depuis un garage. Il y avait cette formidable vitalité, cette faculté de surmonter les échecs et de rebondir. 
Et puis ça a commencé à déconner je ne sais quand exactement, avec Reagan peut-être. On a commencé à voir apparaître de plus en plus de gros, parce que les lobbies de l’industrie alimentaires, au nom du profit empoisonnaient les citoyens américains en toute impunité. Et puis il y a eu des présidents de plus en plus stupides, surtout chez les républicains, avec ces histoire d'axe du mal, le mensonge d'État pour inciter à mutualiser la guerre d'Irak et j'en passe. On a vu la bêtise au travail durant la pandémie s’exposer avec une indécence incroyable. Puis on s’est dit que c’était bizarre quand même, ces massacres de masse dans des écoles perpétrés par des enfants, la circulation des armes, le poids grandissant de sectes religieuses de plus en plus réactionnaires, le créationnisme, les théories  complotistes. 
J'ignore si c'est la faillite du système scolaire américain qui est à la base de ça. Où l'abrutissement des médias. Et puis il y a aussi le narcissime national. Avec ces bannières américaines partout. Cette auto-contemplation permanente. Et puis le manque de curiosité à l'égard du reste du monde. D'ailleurs la plupart des citoyens de cette nation ne savent même pas où se trouve le reste du monde. Surtout les supporteurs MAGA. Et ne pas oublier non plus la passivité du peuple si persuadé de sa supériorité et de la pérennité de ses institutions. Mais voilà la démocratie en Amérique c'est une démocratie où 60% de la population ne vote pas et un système électoral en décalage avec la répartition démographique de la Nation. 
Ce que je ne pouvais imaginer, c'est qu'après quatre ans de trumpisme, les gens pourraient en redemander, avoir envie d'être représentés par un tel crétin, capable de débiter des âneries comme "à tel endroit les migrants mangent les chiens domestiques". Il y a donc des américains qui se reconnaissent en lui qui est, à l'heure actuelle, une des plus grandes menaces pour le progrès humain. Aujourd'hui j'ai l'impression que ce sont les insurgés du Capitole qui ont gagné. Un coup d'État rampant a été perpétré avec la bénédiction des oligarques américains. Et c'est tout le monde occidental qui vacille.
La cité sur la colline plus personne ne peut y croire.
Les États-Unis sont plongés dans la crise la plus démente depuis la guerre de sécession. Et d'ores et déjà leur leadership est irrémédiablement passé à la trappe. Tout ce qui faisait la force de ce pays a été en dix mois démantelé. Les services secrets n'ont plus aucune crédibilité. Plus personne désormais ne voudra être espion aux service des USA. Ils sont tous cramés auprès des renseignements russes depuis la nouvelle présidence. C’est un virage à 180 degrés dans un contexte de cyberguerre latente. L’administration Trump a demandé aux agents fédéraux de la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) d’arrêter de suivre les activités de cybermalveillance des acteurs russes. "Tout le travail lié à la Russie est annulé"», a confirmé au quotidien britannique The Guardian une source anonyme au sein de la CISA. La raison ? L’État de Vladimir Poutine et ses groupes de hackers ne sont plus considérés comme une nation hostile ni une menace pour les infrastructures américaines depuis mars 25.
Sur le plan économique social c'est déjà un cataclysme. Ce mélange lunaire de protectionnisme commercial, de dérégulation, de relance budgétaire, de capitalisme d’Etat et de politique migratoire restrictive a créé beaucoup d’incertitudes, qui commencent à se lire dans les statistiques macroéconomiques.
Ce qui fascine, c'est la dimension grotesque, ubuesque de l'affaire. Taco Trump est un concentré de tout ce qu'on peut trouver de pire, mais de dispersé aux USA. Lui il coche toutes les cases. Et les membres de son cabinet ne valent pas mieux. Il n'y en a pas un pour racheter l'autre. Ils sont tous cons, méchants, ignares, grotesques. Mais revenons à Trump. On en rirait s’il ne passait son temps, avec le maigre vocabulaire dont il dispose, à nous inonder de merde au point qu’il soit nécessaire d’en parler. Le crétin en chef de l’Occident ne peut même pas  nommer correctement les pays dont il parle ni les situer sur un atlas géographique, il débite des discours incohérents sur tout et n’importe quoi, confond par exemple l’Arménie et l’Albanie ou encore l’Azerbaïdjan qu'il est incapable de prononcer et le Cambodge. C'est vraiment le roi des cons. Il ne se passe pas un jour où il ne dise une nouvelle ânerie. Ce type est inépuisable. C'en est devenu stupéfiant. L'adage "les cons osent tout, c'est à cela qu'on les reconnaît" lui colle à merveille.
Mais s'il n'y avait que lui. Les agissements des dirigeants qui l'entourent sont aussi placés sous le signe de l'irrationnel. La théocracie fasciste qu'avait anticipée Frank Zappa, est réellement en marche. Les récentes funérailles de la crapule Kirk, un homme favorable aux exécutions capitales en public mais hostile à l'avortement, anti vaccins, raciste, défenseur des armes à feu, partisan du maintien des femmes "à leur place" (au foyer donc bien sûr) —il a bien mérité la balle qui l'a tué —, devenu "héros des États-Unis" et "martyr de la foi chrétienne" en sont la preuve.  "Nous sommes la tempête et nos ennemis ne peuvent comprendre notre force, notre détermination, notre résolution, notre passion (…). Nous sommes du côté du bien, nous sommes du côté de Dieu" dit  Stephen Miller conseiller diplomatique de la Maison Blanche. Il ne vaut guère mieux qu'un mollah, quand il exprime ainsi sa mission civilisationnelle. "Nous défendons ce qui est bon, vertueux et noble. A ceux qui essaient de susciter de la violence contre nous (…), vous avez quoi ? Vous n’avez rien. Vous n’êtes rien. Vous êtes le vice, vous êtes la jalousie, vous êtes la haine, vous n’êtes rien. Vous ne pouvez rien construire, rien produire, rien créer" s'adressant ainsi vraisemblablement à tout ce qui ne pense pas comme lui. Tous ces faux prophètes sont la lie de l'Amérique. ils rappellent, comme l'a fait remarquer marie Lavin dans une de ses publications, ceux qui sont évoqués dans La Bible, et que fustigeaient Michée ("ces prophètes prédisent l'avenir pour de l'argent") ou Esaïe ("Dites-nous des choses flatteuses. Révélez-nous des chimères"), ou encore l'apôtre Pierre écrivant aux premiers chrétiens ( "En proférant des énormités vides de sens, ils séduisent..."). 
Ces sinistres bouffons qui ont ici aussi en Europe leurs pendants sont le véritable signe du déclin de l'Occident. Ici aussi ils suscitent l'adhésion des masses populaires à leurs discours d'extrême droite.
Trump fait tout ce qu'il a dit qu'il ferait. Il a menacé la planète d’un torrent de mesures économiques et politiques  dites "choc et effroi". Il s'en tient à son programme : droits de douane sur les alliés comme sur les adversaires ; tentative d'expulsion de millions d'immigrants sans papiers ; représailles contre les efforts de dédollarisation par de nouveaux droits de douane ; déploiement de nouvelles réductions d'impôts pour les plus riches ; création d’un Département de l’efficacité gouvernementale visant à éliminer les adversaires politiques, déréglementation des protections de travail ; menaces contre la presse d’opposition ; arrêt des aides à la protection de l’environnement ; suppression des aides aux facultés réticentes et expulsion des étudiants contestataires ; extension de l’interdiction du droit à l’avortement ; attaques contre les transgenres. Il a toujours en tête d'acheter ou conquérir du Groenland et de faire du Canada le 51e État des États-Unis
 Il est difficile de se faire une idée du futur. Tout au plus peut-on constater que la Chine semble la mieux préparée à affronter les décennies qui viennent. Si ce n'est pas non plus un modèle de démocratie, ses dirigeants ont toutefois le sens de l'Histoire et le sens politique, ses infrastructures sont récentes et de qualité. Elle dispose en outre d'un programme de recherche et d'éducation excellents, ses ingénieurs ses savants sont ultra-compétents, ses ressources énergétiques considérables. Son économie prospère. Sa diplomatie subtile. L'État y est fort et programme des plans cohérents. La question écologique est prise en compte dans ses projections. Enfin ce n'est pas un pays où l'injonction à prier tient lieu de solution quand on traverse une crise. Après le monologue délirant que Trump a livré à La Tribune des Nations-Unies qui a prouvé au monde entier qu’il était un taré incapable d’articuler la moindre pensée cohérente et qu'il était du même calibre que Jean-Bedel Bokassa, celui qui dans le courant des années soixante-dix s'était fait couronner empereur de Centrafrique, on est bien obligé de constater que si l'humanité doit progresser, cela ne passera plus par les États-Unis.
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jeudi 25 septembre 2025

Le citronnier du Mexique


 
Voilà, 
dans la lumière de cet après-midi quelque chose de déjà lointain, comme appartenant à un autre temps flotte dans l'air tiède. Ce n’est pas encore l’automne, mais déjà plus l’été. Cet entre-deux qui fait souvent le charme de Septembre, révèle le poids de ce qui s’achève sans éclat, comme un livre que l’on a refermé sans être tout à fait sûr d’avoir compris tout ce qu'il signifiait.
Les jours ont filé, bien sûr. Mais cette fois, il y a dans leur fuite une gravité nouvelle. Ils se dérobent à toute promesse. Je regarde les feuillages dont la verdeur ne paraît plus aussi arrogante, j'entends les rires d'enfants lointains, dans une cour de récréation voisine. Les choses ont repris leur cours.
L’année dernière, à cette époque, nous étions attablés ensemble. Une fin d’après-midi dorée sur la terrasse, la lumière sur les verres, nos voix mêlées à la litanie des grillons. Nous parlions de tout et de rien, de ces riens qui prennent ensuite une densité démesurée quand on réalise qu'ils ne se reproduiront plus.. Et puis il y avait aussi eu cette promenade autour des étangs de la Jemmaye.
J'avais alors remarqué combien elle était attentive à de menus détails qu'elle tenait à partager : le clapotis de l’eau, les silhouettes des promeneurs s’effaçant derrière les roseaux, la buée flottant à la surface des eaux. Le lendemain il y avait encore eu cette balade à Saint-Émilion, la visite de l'église monolithe entièrement creusée dans la roche, la plus grande d'Europe avait dit la guide, les macarons achetés, puis un dernier verre à la gare de Libourne. Faisait-elle semblant d'espérer, y croyait-elle encore ?  Elle était fatiguée mais souriante.
Un peu plus tard en mars, elle avait envoyé un texto, sans doute adressé à tous ses proches pour les prévenir : "bon les amis c'est pas glop, le dernier contrôle a montré que la bête a réussi à contourner le traitement, nouvelle série de chimio ni rémission ni guérison en vue. Mon incorrigible optimisme en a pris un bon coup. Il paraît quand même que je suis très résistante et courageuse... ça ne fera pas tout , bises, j'essaie de ne pas trop y penser
L’automne commence sans elle. Son absence, étale, sans contour s’étire dans les heures lentes. Aujourd’hui, un mois seulement depuis son départ, il reste ce fil fragile de la mémoire, des instants suspendus qui me reviennent avec une précision étrange. Restent les images d’un été finissant d'où émane une douceur presque clandestine et quelque chose d'irrévocable aussi. Je ne la reverrai plus. Elle ne me téléphonera plus pour de longues conversations. Elle ne viendra plus ici avec son accent chantant, jamais plus je n'entendrai "alors comment il va mon cousin ?" Les saisons désormais recèlent plus de souvenirs que d'attentes.  Je me surprends à redouter l’an prochain, non par peur, mais à cause de ce doute désormais intime — celui de ne plus savoir si, comme avant, à pareille époque je reverrai vraiment les choses, les visages, ou même la lumière.
 
 

 Sur le balcon, il  y a ce citronnier du Mexique qu'elle m'avait rapporté de chez elle, lors d'une de ses visites.  Il continue de grandir.

mercredi 24 septembre 2025

Se coucher tranquille

 
Voilà,
Claudia Cardinale avec qui j'ai partagé la scène il y a vingt ans est morte — le dernier album de Divine Comedy est beau et mélancolique — le débile orange débite tant de conneries qu'on se demande par quel prodige la nature a pu produire un tel concentré de bêtise — selon le Secrétaire général de L'ONU nous sommes entrés dans une ère de perturbations irréfléchies et de souffrance humaine impitoyable — Ousmane Dembélé a obtenu le ballon d'Or — dix ans après les pays scandinaves,  la France reconnaît enfin le droit de la Palestine à disposer d'un état, — notre pays n'a toujours pas de gouvernement — la Russie poursuit sa stratégie de provocation avec les pays européens — la loi contre la déforestation est reportée d'un an par la commission européenne — le prochlorococus, bactérie photosynthétique la plus abondante des océans essentielle au stockage de CO2 est menacée, — la France se prépare à une cyberattaque majeure — Méta a dévoilé des lunettes à écran intégré — une nouvelle stèle égyptienne instaurant l'année bissextile a été découverte —  une septième limite planétaire vient d'être franchie — hier je n’ai pas pu m’empêcher d’acheter sur les quais chez un bouquiniste un vieux numéro de la revue Planète datant des années soixante-dix et consacré à René Guénon que plus personne ne lit – des figurines en peluche appelées labubu sont devenues un phénomène de mode en France — bref je peux aller faire une petite sieste tranquille 
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dimanche 21 septembre 2025

Mésaventure

Voilà,
cherchant à prolonger l’attitude des premiers graffeurs New-Yorkais des années soixante-dix qui tracèrent de nouvelles formes de sur les carlingues argentés du métro New-Yorkais, nombre d'artistes de rues, continuent aujourd'hui à vivre leurs aventures, picturales à travers les réseaux ferroviaire du monde entier. Théo Clerc est l'un d'entre eux. Malheureusement pour lui, sans doute peu informé du risque encouru — ce qui n'est pas très malin —, il s'est essayé à cette pratique dans un pays peu sensible à ce genre de manifestation artistique et guère enclin à l'encourager. On ne se renseigne jamais assez sur les us et coutumes des contrées que l'on visite. Il a donc été arrêté et emprisonné à Bakou pour y avoir peint un métro le 31 mars 2024. Le 12 septembre 2024, après trois mois de détention provisoire dans des conditions peu reluisantes, il a été condamné à une peine de trois ans de prison alors que ses deux complices néo-zélandais et australiens ont été libérés et condamnés à une amende pour la même action. Très relayé, médiatiquement l'affaire mobilise aujourd’hui la presse qui évoque "une prise d’otage diplomatique". Le Ministère des Affaires étrangères français dénonce un traitement arbitraire et ouvertement discriminatoire. Quant à la société civile elle a organisé une pétition en ligne qui  a réuni de nombreuses signatures de soutien. Finalement le détenu a bénéficié de la grâce du Président de l'Azerbaïdjan en mai 2025.
Avant sa libération,le musée du Palais de Tokyo avait convié Julien Calemard est Tami Nabil à réaliser cette peinture murale intitulée "ce n'est qu'un coloriage" afin de rappeler que la place des artistes n’est pas en prison. Elle représente Théo Clerc traversée par un métro imaginaire, fusion des métros rêvés du monde entier et source de ses problèmes actuels. Au-dessus de ces têtes des inserts, suggèrent que le graffiti est, selon les auteurs de la fresque, un jeu "aussi sain qu'enfantin" une amitié, un lien collectif, beaucoup de hasard de chance ou de malchance, de liberté qui mènent parfois en prison.
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lundi 15 septembre 2025

Questions


Voilà,
je me demande y aura-t-il un autre été
paisible et serein et des heures indolentes
ou bien n’est ce plus qu’un rêve déjà fané
qui s’efface dans une amère et morne attente 
 

dimanche 14 septembre 2025

Du travail de pro

 
 
Voilà 
Charlie Kirk. Un fasciste de compétition. Le modèle d’exportation. Antisémite mais favorable au massacre des Palestiniens — On en a de semblables ici aussi en France. Misogyne, suprémaciste, homophobe, climatosceptique, pro-arme, anti-avortement, bref : la totale. 
À l’affiche quotidienne du stand-up trumpiste, colporteur professionnel de fake news, animateur en chef de l’attaque du Capitole. Son CV : la haine comme fond de commerce, la bêtise comme capital symbolique.
Porter une arme à feu selon lui était un droit issu de la volonté de Dieu. Dieu est parfois un foutu galopin avec ceux qui y croient ou professent d'y croire. 
Pour celui qui disait  "En fait, je ne supporte pas le mot empathie. Je pense que l'empathie est un terme New Age, inventé, qui fait beaucoup de mal" une balle dans la gorge. 
Une seule. Du travail de pro. 
Pas d'empathie donc.

Trump le sauveur autoproclamé de la nation, ce concentré de bêtise, de méchanceté, d'arrogance, d'infatuation, d'ignorance, de brutalité, de racisme, de corruption, de mensonge, d'incompétence qui, au mépris du droit américain a décidé de saper un a un tous les principes fondateurs de son pays avec la complicité des élus républicains du Sénat et de la chambre des représentants, Trump donc jaillit sur les ondes.
Kirk mort
Trump furieux. 
Pathos en cascade, lamentation réglée, hymne à la victime qu’on hisse en martyr. Les caméras tournent, la machine pleure. Trump lyrique (enfin, dans la mesure de ses moyens). Trump en mode oratorio apocalyptique : "la gauche radicale assassine nos héros". Ben voyons. C’est toujours elle, la main invisible, l’ennemie de la liberté — leur liberté, plus exactement : celle de pouvoir massacrer sans entrave, arrêter de façon arbitraire au seul motif d'un faciès pas trop blanc. Étonnant tout de même : Trump est nettement moins lyrique quand Melissa Hortman, représentante d’État est abattue avec son mari dans leur maison. Quand John Hoffman, sénateur est troué de balles aux côtés de sa femme. 
Moins lyrique pour ce qui concerne les morts à l’école, aussi — enfants et professeurs. Litanie américaine du carnage. 309 fusillades de masse en un an, pour la plupart d’entre elles perpétrées par des blancs. Plus de 300 morts depuis le début de l’année. Mais pas d’allocution pour ça. Trop banal, trop quotidien, trop peu rentable en émotion nationale. 
Ce qui mérite une parole, c’est le corps d’extrême-droite tombé. Ce qui ne vaut rien, c’est le sang des démocrates, c’est l’abattoir scolaire. Les États-Unis du Spectacle trient leurs cadavres : les bons pour l’écran, les autres pour la fosse commune de l’oubli. Et tout le monde continue — on pleure sur commande, on oublie sur consigne. Le pouvoir s’exerce même dans le chuintement du silence 
 Silence présidentiel. Silence comme politique, silence comme choix.
 La hiérarchie des morts, c’est sacré.
 
Le scénario est connu. Hitler a eu des son Reichstag. Trump a la balle dans la gorge de Kirk. Prétexte prêt-à-porter. Sacraliser le cadavre. Poursuivre le projet : déchaîner la Garde nationale dans les villes démocrates. Liquider l’opposition au nom de la Pureté Américaine. Recycler le crime en mythe, la peur en régime, la haine en politique. 
Pendant ce temps : le scandale pédophile colle aux basques de l'orange canker. La faillite économique est patente. La popularité fuit par tous les trous. Mais peu importe : un martyr ça occupe l’écran, ça fait de l'audimat. Un martyr ça détourne. Un martyr ça donne des forces aux fascistes. Les républicains pointent du doigt leurs ennemis habituels — la gauche radicale, les trans, les démocrates, les immigrés. C’était écrit d’avance, comme une pièce qu’ils jouent les yeux fermés. Et tout un appareil de propagande s’empresse de transformer la gorge perforée en drame national. Drapeaux en berne.

Seulement voilà : le récit s’écroule

la grand-mère du tueur — Debbie Robinson — parle. On se retrouve dans un sitcom façon Dallas. Mais là ça s'appellerait "Utah" "Toute la famille est républicaine, pro-Trump. Je ne connais pas de démocrate" , dit-elle.
Le discours vacille.
Le suspect : vingt-deux ans, blanc, mormon, Utah. Pas un infiltré, pas un "autre". Il aimait jouer à Halo un jeu de sci-fi populaire et à "call of duty". Il aimait la chasse. 
L’un des leurs. Et les balles ? Gravées de slogans, non pas antifas mais références à l’univers groyper. Cette tendance animée par Nick Fuentes, un autre leader de la jeunesse d’extrême droite qui juge Kirk trop tiède, trop compromis, pas assez pur pour "America First". Une photo de Tyler Robinson publiée sur Facebook suggère qu'il s'intéressait aux mèmes Groyper.
Ainsi, Kirk, s'il n'est pas tombé sous les balles d’un conservatisme plus extrême que le sien, aura trouvé le feu d'un type aussi taré que lui.
Trump, Trump Jr, les influenceurs MAGA criaient hier à la guerre civile. Aujourd’hui, silence. La réalité est moins commode. Car le tireur n’est pas trans, pas démocrate, pas migrant. C’est un jeune homme blanc, instable, né et armé aux États-Unis. Le problème est intérieur. Le problème est républicain. Le problème est américain.
c'est en regardant, il y a bien des années le documentaire "into the abyss" de  Werner Herzog, que j'ai réalisé que ce pays était foutu pour bien longtempsOn y trouve ce qui caractérise cette société : le culte de la violence et la bigoterie. Le gun et la bible. Et sous couvert de religion l’indigence morale et la misère intellectuelle. La vision du film "America" de Claus Drexel était aussi édifiante à sa façon. 
Cet événement qui secoue les États-Unis exprime une fois encore la folie de cette nation en pleine débâcle, fondamentalement malsaine, et obsédée fascinée gangrenée par le Mal. 
Les vieux hippies américains doivent broyer du noir. 
Ici au jardin du Luxembourg le ciel est gris.
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vendredi 12 septembre 2025

C'est comme ça

 

Voilà,
je suis moins effrayé par la perspective de la mort que par celle de laisser derrière moi tant de choses inachevées ou inaccomplies. Ma mort, en un sens, je peux l’imaginer comme un long sommeil serti dans une nuit plus douce que celles, si souvent agitées, où, en proie à d'obsédantes pensées peuplées de prémonitions, je me retourne avec angoisse, en sueur dans mes draps. Mais l’inaccompli, l’inachevé, ce n’est pas une nuit. C'est comme un bruissement obstiné qui continuerait de résonner alors même que je ne serais plus capable d'entendre les bruits du monde. 
Bien sûr, il y a ces images à peine entrevues, ces dessins ces esquisses tremblantes dans mon esprit, pareilles à des silhouettes fugitives que l’on distingue, le soir, derrière une vitre embuée. Elles se sont évanouies avant même que j'aie pu tracer leur contour. Ces visions, si souvent différées, portent déjà le poids d’un adieu prématuré. Elles me reprochent d’avoir laissé s’éteindre leur éclat sans jamais leur donner la chance d’un corps, d’un trait, d’un cadre. Mais il y a aussi les idées qui n'ont jamais été creusées. Je les évoque, et les imagine aussitôt  comme ces fleurs qui se languissent dans l'obscurité des profondeurs marines. Je finis ma vie avec parfois par le regret de ces pages de ces phrases que je n’ai pas écrites, par paresse par manque de rigueur ou d'assurance.
Mais plus encore que ces œuvres absentes, c’est le désordre concret, celui des choses accumulées et jamais triées, qui m’apparaît comme une seconde mort plus triviale et plus effrayante que l'approche de mon propre effacement. Une inquiétude sournoise et délétère me saisit quand j'y songe. Car il y a ces papiers jaunis empilés dans des boîtes qui n'ont pas été ouvertes depuis des années, les carnets où ne subsistent que quelques phrases hâtives, pareilles à des racines privées de leur plante, et puis ces menus objets qui chacun contiennent, pour moi seul, la mémoire d’un instant : une enveloppe froissée, un billet d'avion, une clef dont la serrure n’existe plus, des vieilles cartes de visites, de téléphone. Je crains que, livrés aux mains étrangères qui viendront après moi, ces restes ne soient perçus uniquement comme le rebut d’une vie maladroitement amassée, et que personne ne devine la chaleur du secret ou l’éclat fugitif de l’émotion qu’ils protégeaient. Ces choses jamais jetées, recèlent des secrets ni grands ni dramatiques, mais elles relèvent de cette embarrassante pudeur, voisine de la honte que nous mettons à ne pas tout montrer de nous-mêmes, à garder pour nous ces petites traces muettes que nous n’avons pas voulu livrer, comme si nous pressentions qu’elles ne prendraient tout leur sens que dans l’ombre. Laisser cela derrière moi, exposer au regard nu des autres ce que j’avais choisi d’enfouir, livrer mes demi-aveux, mes maladresses, mes repentirs, à une lumière crue et étrangère, toute cette survivance maladroite, ce prolongement involontaire de moi-même, m'embarrasse. Et pourtant, je n'ose encore me résoudre à les jeter.

mardi 9 septembre 2025

Sans savoir si je dors

Voilà,
"Je ne dors pas. J'entre-existe.
Des vestiges flottent dans ma conscience. Je sens peser en moi le sommeil, sans que mon inconscience me pèse… Je ne suis pas. Le vent… Je m’éveille et je redors, et je n’ai pas encore dormi. Paysage de sonorité, aiguë et troubles, au-delà duquel je ne me connais pas. Je savoure, précautionneusement, la possibilité que je sois en train de dormir. En effet, je dors, mais sans savoir si je dors. Il y a toujours, dans ce que je crois être le sommeil, un son de fin de tout, de vent dans la nuit, et si j’écoute mieux, le bruit de mes poumons et de mon cœur."
Fernando Pessoa in Le Livre de l'Intranquillité -281 
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lundi 8 septembre 2025

Cabane


Voilà,
en passant il y a peu, dans cette rue voisine, j'ai remarqué, à l'abri dans un recoin, au pied d'un arbre, cette improbable cabane que je n'avais jamais aperçue auparavant. Cet astucieux dispositif de planches, de treillages, recouvert d'une bâche bleue, avait sûrement été assemblé au cours de l'été, quand les vacances vident le quartier de la plupart des habitants. 
Un bref instant je n'ai pu m’empêcher d’y voir une sorte d’idéal perdu. Je me suis pris à admirer cette construction. Je me suis rappelé ces après-midi d’enfance, quand je griffonnais des plans de cabanes imaginaires sur le coin de mes cahiers d’écolier — toujours trop ambitieux pour mes misérables compétences en la matière et le peu d’outils dont je disposais —. Le vieux marteau rouillé dont mon géniteur m'avait fait cadeau, les quelques clous qui se tordaient à peine enfoncés. Tout ce que j'étais, avec ce maigre outillage, parvenu à bâtir avait été un assemblage tremblant, un misérable tipi de branchages et de planches disposés contre un vieux mur de pierres disjointes. À peine cela tenait-il.  
Alors devant cette construction de fortune, ingénieuse et presque élégante, la honte m'a saisi. L'ombre d'une enfance jalouse s'est mêlée à la conscience vaguement coupable de l'adulte. J’aurais aimé en avoir une semblable, pour m’y cacher, enfant, loin des tensions du foyer familial et de la stupide discipline militaire à laquelle je devais me plier. C'était tellement mesquin d'envier ce qu'un autre, dans le dénuement, avait été en mesure de réaliser.  J'en étais donc toujours à rêver d'un refuge qui m'aurait offert, enfant, la possibilité de disparaître du monde. Comme si j'avais encore besoin d'un abri contre les grandes personnes. Comme si je n'avais jamais grandi.
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samedi 6 septembre 2025

Ou ce qui reste de singe en moi

 
Voilà,
depuis deux trois ans je vais au cinéma comme on se drogue. C’est la façon la moins toxique que j’ai trouvée de m’absenter de ma vie. Le spectateur que je suis adopte alors la position du rêveur qui se laisse traverser par des histoires. Cela me permet de tenir mes angoisses à distance. Pas toujours, mais la plupart du temps. Pendant ce temps là je ne parle pas, je n’écris pas, je n'ai pas de tentation morbide ni de prétention à produire de la pensée. Je vois des corps des paysages, je m'abandonne à ce transport si particulier. Je suis seul avec moi-même, parmi d'autres solitudes. Et pendant ce temps là, au moins, je n'essaye pas de paraître intellectuellement — et ce blog malheureusement participe en partie de cette pathétique tentation  — pertinent à l'attention des autres. Chacun ses failles narcissiques. Ce n’était pourtant pas le projet initial quand j'ai commencé. Je ne sais pas quand ça m’a pris exactement, cette tendance à commenter bien au delà des images. Au moment de Fukushima peut-être. Faudrait que je regarde.
En fait je suis un gros paresseux. Sans doute parce que je me suis toujours senti en porte-à-faux, autant avec les choses qu'avec les gens. Pour cette raison j'ai préféré éviter de trop sociabiliser.  C'est ce qui m'a amené à réaliser des collages des photos et bricoler des textes. Si j'avais été à l'aise dans la vie je ne me serais jamais engagé dans cette voie. 
En tout cas mon travail graphique est ce qui me ressemble le plus.  
J’aurais pu me contenter de simplement publier des images. Mais je ne pouvais m’empêcher d’y associer des mots. C’est stupide. Ça me bouffe tellement de temps. 
Je fais en outre l'acteur depuis longtemps parce que ça aussi me fait du bien. Et puis sans doute que je n'ai jamais eu envie d'abandonner l'enfant que j'ai été. Essayer de vivre comme dans une cour de récréation, alors que le monde est ce qu'il est (et j'ai compris assez tôt un certains nombre de trucs à ce sujet), c'est une façon comme une autre de sauver sa peau.
A moins que ce soit ce qui reste de singe en moi qui m'ait amené là.
D'ailleurs au passage, si tout se passe comme prévu, je remets ça pendant deux mois deux fois par semaine. 



Quoi qu'il advienne, j'aurais au moins fait quelques rencontres dans cette vie, avec des personnes qui souvent m'auront pris pour un autre. Toutefois quelques unes m'auront vraiment connu et compris, et certaines même m'auront aimé  — du moins je l'espère. En cette matière on n'est jamais sûr de rien.  

vendredi 5 septembre 2025

Chibanis

Voilà,
Chibani vient de l'arabe maghrébin et signifie vieux, vieillard, ancien ou encore "cheveux blancs". Initialement le terme est utilisé pour désigner dans leur propre langue les familles de combattants harkis, émigrées en France au moment de l'indépendance et dont les membres sont parvenus à l'âge de la retraite.
À partir du début du vingt-et-unième siècle, le terme est appliqué à une catégorie de population originaire d'anciennes colonies françaises (majoritairement du Maghreb et dans une moindre mesure Afrique subsaharienne et Extrême-Orient), émigrés en France durant les Trente Glorieuses (1945-1975) sans réussir à se forger une situation stable dans le pays et parvenus à l'âge de la retraite dans des conditions précaires. Par extension, le mot, depuis quelques années qualifie, en langage familier — du moins dans les banlieues et les quartiers populaires à forte densité d'immigrés ou de descendants d'immigrés — n’importe quelle personne âgée. (sources wikipedia)

jeudi 4 septembre 2025

Quai des grands Augustins

Voilà,
je ne me lasse pas des quais de Paris. j'aime m'y promener à toute heure. Là c'était le soir, il n’y a pas si longtemps, un soir d'été. De l'autre côté, on aperçoit la pointe du Vert-Galant sur l'île de la cité où les jeunes ont de tous temps aimé se retrouver.
Juste avant que je ne prenne cette photo, une femme a franchi la passerelle, alors baissée, de la première péniche et, pendant qu'elle disparaissait dans la cabine, j'ai vu a passerelle se relever. J'ai pensé qu'elle allait sûrement passer un moment tranquille et amoureux avec le propriétaire. J'ai aussi songé qu'il fallait avoir sacrément confiance. Au cas où les choses tourneraient mal, la sortie serait difficile. Mais peut-être au fond que c'était elle, la propriétaire. Des idées très stupides, traversent parfois mon esprit. Voici d'ailleurs l'une des dernières, en forme de résolution :
 
des quatrains j'ai décidé comme François Cheng
 d'écrire des quatrains mais en alexandrins
c'est une sorte de sport cérébral c'est bien
après tout vu mon état d'être un peu folingue
 
Bien sûr ce n'est pas aussi élevé mystique et inspiré que ses poèmes. Mais bon, peut-être que ça viendra. Il y a longtemps tout de même que je ne pratique plus ce genre d'exercice. Je ne suis pas Aragon très adroit quant à lui dans l'art de la versification. D'ailleurs il n'y a pas si longtemps je me suis souvenu de  "Je vous salue ma France" que j'avais, en même temps que "Ma Bohème" de Rimbaud, dit par Jean Topart, découvert dans la classe de Monsieur Despons en CM2,  quand la radio d'État diffusait des programmes scolaires. C'était le bon temps de la propagande nationaliste avec des poèmes de la résistance communiste sous l'Occupation. Je me souviens de ces vers qui m'avaient alors vraiment plu, le deuxième surtout, dont je me dis encore aujourd'hui, "ça, c'est bien balancé"

Je vous salue, ma France aux yeux de tourterelle,
Jamais trop mon tourment, mon amour jamais trop. 
Ma France, mon ancienne et nouvelle querelle,
 Sol semé de héros, ciel plein de passereaux…

lundi 1 septembre 2025

L’été 2025

 
Voilà, 
C’est déjà la fin des vacances d'été. C’est toujours un peu triste cette période. Cet été là aura été particulier tout de même
 
Cet été une fois de plus, pour la troisième année consécutive j'aurais passé le mois de Juillet à Avignon. Pour moi la boisson de ce festival aura été une mixture à base de jus de citron et de jus de gingembre dont je remplissais ma gourde chaque matin avant de partir. C’était frais rafraîchissant mais sans doute peu compatible avec mon traitement contre l’hypertension J’aurais aussi découvert le Gambetta bitter au café de la place Pasteur et une  blonde de garde, plus verte que blonde à la liqueur de Chartreuse dans un café de la place des Carmes le soir de mon arrivée. 
 
Cet été, rue du Vice Légat j'aurais aussi vu Diogène converser avec une jolie festivalière.


Cet été il y aura eu en France deux longues périodes de canicule intense, une fin juin mi juillet, une autre courant Août et des nouvelles températures extrêmes auront été enregistrées un peu partout en France métropolitaine


Cet été j’aurai assez peu rêvé

 

Cet été j'aurai eu plein de nouvelles douleurs et des symptômes bizarres


Cet été en août j’aurai vu beaucoup de films

 

Cet été j'aurais mis des visages et des voix sur des noms plus ou moins familiers qui désignaient auparavant des inconnus

 

Cet été j'aurai assisté à une messe à Taizé

 

Cet été les États-Unis auront suspendu la livraison de systèmes de défense antiaérienne Patriot, de missiles antichar Hellfire et de munitions à l'Ukraine, officiellement en raison de la diminution des stocks de l’armée américaine


Cet été j’aurais, impuissant, assisté sur les écrans tactiles à la débâclé morale du monde occidental dont je fais partie, et vraisemblablement au début de son effondrement politique et culturel aussi

 

Cet été aux États-Unis, des inondations dans l'état du Texas auront fait plus de 135 morts Si parmi eux il y avait des climatosceptiques trumpistes j'en suis ravi, ça fera quelques cons en moins 

 

Cet été ma cousine aura quitté ce monde ou cette version du monde 

 

Cet été la Russie sera devenue le premier pays à reconnaître officiellement le gouvernement taliban en Afghanistan  

 

Cet été des combattants des Forces démocratiques alliées (FDA), affiliés à l'État islamique, auront tué 66 personnes dans le territoire d'Irumu, en République démocratique du Congo


Cet été beaucoup d'acteurs et d'actrices de théâtre que j'ai croisés dans ma vie auront trépassé.

 

Cet été l'UNESCO aura classé la galerie d'art rupestre du parc national de Murujuga en Australie occidentale comme site du patrimoine mondial et ça c'est plutôt une bonne nouvelle

 

Cet été des tirs auront été échangés à la frontière entre les armées cambodgienne et thaïlandaise faisant douze morts


Cet été des scientifiques se seront inquiétés sans être plus entendus que de coutume de la situation climatique alarmante. leur cri d'alarme répété depuis des années aura pourtant été clair : dépasser les +1,5°C va créer beaucoup, beaucoup de malheurs. Monter au-delà va les augmenter pour chaque dixième de degré en plus.  Avec une sensibilité climatique plus élevée, le franchissement de ce niveau de malheur supplémentaire va advenir assez rapidement.

Il est en outre très peu probable que nous puissions revenir en arrière. Le délabrement que cela entraînera risque donc de durer des siècles. Voilà pourquoi selon eux nous devrions l'éviter à tout prix.

 

Cet été il y aura eu de gigantesques incendies sur le pourtour méditerranéen, en France dans l'Aude, dans l'Ouest et le Nord Ouest de l'Espagne , et aussi au Portugal


Cet été en Alsace la récolte de Crémant aura commencé le 20 août ce qui constitue un record de précocité 

 

Cet été Israël aura mis en place les bases d'une annexion de la Cisjordanie après avoir affamé et rasé Gaza qu'elle veut désormais occuper. Elle aura continué sa politique d'éradication ethnique sur la bande de Gaza et plusieurs sommités juives en Israël et hors des frontières auront qualifié ces actions de génocide .

 

Cet été on aura constaté grâce au large panorama de la santé pédiatrique outre-Atlantique, dressé par une étude publiée dans le "Journal of the American Medical Association" ("JAMA"),  que l'état de santé des enfants se dégrade rapidement aux Etats-Unis, creusant l’écart avec les pays à haut revenu et que cela présente les traits d’une catastrophe invisible.

 

Cet été j'aurai pour la première fois mangé du foie de lotte 

 

Cet été en Espagne la vague de chaleur du mois d’Août aura été la plus intense jamais enregistrée. Du 8 au 18 août, la péninsule ibérique aura subi la vague de chaleur « la plus intense depuis qu’il existe des relevés d’après son agence météorologique nationale. Avec des températures dépassant par endroit les 40 °C, la vague de chaleur d’août 2025 aura surpassé celle, alors historique, de juillet 2022 avec des températures supérieures de 4,6 °C à celle d’une vague de chaleur considérée comme normale en Espagne.


Cet été plusieurs bains publics auront été aménagés sur les bords de Seine à Paris

 

Cet été Donald Trump aura accentué son emprises sur tous les rouages du pouvoir aux États-Unis sans rencontrer une grande opposition, et continué à constituer sa propre force paramilitaire en vue d’influer sur le fonctionnement des élections de mi-mandat

 

Cet été selon les dernières données de l’Observatoire européen de la sécheresse (EDO), celle-ci aura affecté 51,3% des sols européens, un taux inédit depuis le début des observations, en 2012

 

Cet été on aura décidé que le dioxyde de titane, jugé dangereux comme additif alimentaire pourrait rester autorisé dans les médicaments 


Cet été la Turquie aura enregistré son record de température, avec 50,5 °C relevés à Silopi

 

Cet été un séisme de magnitude 8,8 aura eu lieu près des côtes russes de la péninsule du Kamtchatka


Cet été un épisode extrême de mousson au Pakistan aura fait plus de 400 morts en quelques jours


Cet été des négociations en vue d'un traité international pour enrayer la pollution par les plastiques auront échoué à cause de l’obstruction des pays pétroliers


Cet été vers la fin du mois d'Août l'ONU (mais qui se soucie encore de l'ONU) aura déclaré l'état de famine dans la bande de Gaza


Cet été en France, un streamer sera mort en direct des suites de sévices qu'il subissait plus ou moins volontairement dans des mises en scènes trash qui attiraient de nombreux abonnés


Cet été le tyran Poutine se sera joué du gangster fasciste Trump, et les pauvres ukrainiens auront continué à être les dindons d'une farce sanglante qui dure depuis plus de trois ans


Cet été Tokyo a connu une vague de chaleur exceptionnelle en enregistrant un dixième jour consécutif avec des températures de 35°C ou plus. Ce record, qui n’avait jamais été observé depuis le début des relevés en 1875, témoigne de l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Selon l'agence météorologique japonaise (JMA), cette série de températures élevées pourrait prendre fin le 28 août 2025, avec des températures attendues inférieures à 35°

 

Cet été le Danemark a convoqué le chargé d'affaires américain après un reportage de la télévision publique faisant état de "tentatives d'ingérence" au Groenland, a annoncé mercredi la diplomatie danoise. 

 

Ainsi vont les choses (et j'en omets beaucoup) dans le meilleur des mondes possibles et si je les rappelle c'est parce qu'il est plus que vraisemblable que nous les oublierons vite pour la plupart

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