samedi 29 novembre 2014

Formation


Voilà,
devant l'escalator qui la hausserait bientôt sur l'esplanade elle sentit l'angoisse la tenailler. Qu'allait-il se passer durant cette journée ? Elle appréhendait ce moment où elle se retrouverait dans une salle de réunion parmi des inconnus et peut-être aussi en compagnie de collègues qui sauraient tout de sa peur panique d'intervenir en public. Elle n'avait rien demandé. Son manager trouvait qu'elle manquait d'assurance et pour cette raison lui avait recommandé une formation. "Communication persuasive" était-il écrit sur sa convocation. Ce que redoutait le plus Nathalie Couston, c'était d'être filmée, de devoir se confronter à sa propre image en présence d'autres qui ne manqueraient pas de la juger. Elle se trouvait laide, ne supportait pas de se voir. Son mari lui répètait sans cesse qu'elle était coincée froide et sans imagination. Sans doute avait-il raison. Il la contraignait parfois à faire de ces choses qui la dégoûtaient et dont elle avait peine à imaginer que d'autres puissent y trouver du plaisir. À quoi bon tout ça songeait elle. Une journée grise et sans joie commençait. Une de plus. Elle se souvint de la fois où, en quatrième, elle avait séché tout un après-midi et de cette exaltante sensation de liberté qui l'avait alors accompagnée, mais aussi de la punition qui s'en était suivie et de la honte ensuite éprouvée. Une seconde, elle fut traversée par le souvenir vague et fugace d'un poème appris autrefois où il était question d'automne de mélancolie et de vent mauvais. Elle pressa le pas. Il ne fallait surtout pas qu'elle arrive en retard. Quelque chose d'autre s'insinua dans ses pensées. Avait elle correctement refermé la porte du congélateur ? (Linked with The weekend in black and white)

mercredi 26 novembre 2014

De sa fenêtre


Voilà,
de sa fenêtre en fin d'après-midi, Luiza Douradinha avait pu apercevoir le Cardinal, l'Évêque diocésain, son coadjuteur, ses auxiliaires, et puis aussi les prêtres les archiprêtres et tous les diacres, les curés, les nombreux séminaristes visités par leurs familles et bien sûr la foule des fidèles qui à la sortie de l'office s'étaient massés sur le parvis de la cathédrale avant de s'égayer dans les rues adjacentes. Ce samedi là n'était pas un jour comme les autres pour Luiza, non, vraiment pas un jour comme les autres. Toute la journée elle avait cherché son chapelet. Impossible de remettre la main dessus. Jamais auparavant il ne lui était arrivé de l'égarer. Depuis quelques temps la mémoire parfois lui faisait défaut. Et dans ces moments là, elle se demandait si le diable n'était pas en train de prendre possession d'elle.

lundi 24 novembre 2014

Angelot


Voilà,
je l'ai photographié, mais juste comme ça en passant, pour le souvenir. Sur l'instant c'était plutôt anecdotique, je ne me suis pas attardé plus que ça. Des entrées d'immeubles, ou des façades a priori étranges ou bien encore des détails qui, une fraction de seconde paraissent insolites et quelques jours plus tard se révèlent tout à fait dénués d'intérêt, j'en ai pris dans ma vie. C'était un angelot sur un pas de porte. Je le trouvais charmant, amusant, sans plus. Et puis de toute façon le cliché avait du être pris des milliers de fois sans doute. Mais j'ai quand même déclenché. Maintenant, plus je regarde cette photo, plus elle me trouble. Elle me touche aussi je crois. Peut-être parce que l'angelot est à la hauteur d'un regard d'enfant. Peut-être aussi parce que j'imagine qu'il joue  cet air de mandoline qui me relie par delà les années à un sourire et bien des moments de bonheur d'émerveillement et d'émotions intenses. Et puis sûrement parce que ce jour-là fut un jour paisible et heureux, que je n'oublierai pas. Oui ce jour-là, j'étais accordé au monde.( Linked with The weekend in black and white)

samedi 22 novembre 2014

Groove, je crois


Voilà,
je ne retrouve plus le sens, il ne vient plus à moi, les phrases ne tracent plus de chemin dans ma pensée. Du reste est-il vraiment pertinent de nommer ainsi ce que mon cerveau parvient tout juste à élaborer ? Parfois des choses écrites apparaissent sur les murs. Je n'arrive pas toujours à déchiffrer ce que je vois. Je crois lire "groove" mais cela pourrait aussi bien être "grogne". Je ne suis plus sûr de rien. L'idée cependant qu'un mot, un seul, puisse relier deux silhouettes sous une étoile solitaire suffit à me rassurer. Pour un temps du moins.

mercredi 19 novembre 2014

La Fin des Tristesses prudentes


Voilà,
"nous savons maintenant que les civilisations sont mortelles, que nous galopons vers des horizons d'apoplexie, vers les miracles du pire, vers l'âge d'or de l'effroi. Si l'histoire avait un but, notre sort à nous autres, qui n'avons rien accompli, comme il serait lamentable. Mais dans dans le non-sens généralisé, nous nous dressons, roulures inefficaces, canailles fière d'avoir eu raison. Nous voici maintenant à la fin des tristesses prudentes et des anomalies prévues. Plus d'un signe annonce l'hégémonie du délire" (Cioran) (Linked with The weekend in Black and white)

lundi 17 novembre 2014

Se raconter des histoires


Voilà
"Je me raconte des histoires, dont une quantité infime seulement verra le jour sur du papier. Écrire est un travail harassant : choisir, combiner les mots pour qu'ils ne s'éventant ne pourrissent pas trop vite à la lecture! Tâche totalement disproportionnée à nos forces que l'on se demande comment des hommes lucides ont osé l'entreprendre. sans doute - je parle en mon nom - finissent-ils par se convaincre qu'ils aident ainsi à produire une réalité qui leur dispensera un peu de sa force en retour. Ma pensée file, et se vide, ignore toute contrainte, vire, plonge et se retourne avec l'exquise souplesse d'une loutre jouant dans l'eau. Nous avons tous du génie dans la position horizontale et les yeux clos." (René Hardellet) linked with the weekend in black and white

vendredi 14 novembre 2014

Creature from the black lagoon


Voilà,
autrefois dans ma jeunesse, j'imaginais que cela devait être bien une vie de canard à St James Park, au cœur de Londres. Je suppose aujourd'hui que, canard dans une des pièce d'eau de la fondation Gubelkian à Lisbonne doit être un sort encore plus enviable, en dépit de cette statue qui, dissimulée dans les roseaux, évoque la "Creature from the black lagoon" du film éponyme de Jack Arnold

samedi 8 novembre 2014

Anniversaires


Voilà,
aujourd'hui ma fille a eu treize ans. Je tiens ce blog depuis cinq ans jour pour jour. Je comprends de moins en moins bien le monde où je vis. Mon corps s'y fatigue de plus en plus vite et trop souvent. Je ne sais pas trop où j'en suis. Si j'ai encore quelques images à donner, qui me semblent valables, elles ne sont en rien nécessaires à d'autre que moi. Les mots ne se laissent pas prendre. Les idées fanent à peine écloses. Je persévère pourtant, absurdement. Parfois, comme l'écrivait Pessoa, je voudrais "n'être rien, être une figure de roman, sans vie, sans mort matérielle, une idée, une chose que rien ne rende utile ou laide, une ombre sur un sol irréel, un songe épouvanté". Je l'ai peut-être déjà été d'ailleurs, en d'autres temps, sur les scènes et les plateaux. À présent, Je me tiens entre deux mondes, en équilibre précaire, comme ces silhouettes aperçues il y a peu. Il y avait alors encore de la lumière. On va désormais vers des jours gris. Uniformes. Je n'aime plus trop l'hiver. Il me fait peur.

vendredi 7 novembre 2014

Les Danseurs


Voilà, 
c'était le premier jour - un samedi - l'après midi tirait à sa fin. On est arrivé jusqu'au miradouro de Santa Lucia un petit point de vue au-dessus du quartier de l'Alfama, et c'est là qu'on a aperçu tous ces danseurs sur une terrasse. Je me suis d'abord demandé, si c'était un bal, une fête quelconque. J'ai mis un certain temps à comprendre que l'on enregistrait un clip, parce que les musiciens jouaient en play-back et que c'était toujours la même chanson montée en boucle. Bien que brésilienne, CheiraBem chanté par Luzo Balao, sera toujours pour moi la chanson de Lisbonne. Nous sommes restés attablés, peut-être une demi-heure juste au dessus, histoire de se reposer, car on avait marché toute la journée et l'on s'était réveillés très tôt. Il y avait cette ritournelle, cette lumière étonnante, le Tage en contrebas, et cette sensation de temps suspendu qui efface la fatigue. Toutes les femmes, quoique portant des chaussures plates dansaient pourtant sur la pointe des pieds, comme si elles se tenaient sur des talons hauts. (linked with skywatch friday)

mardi 4 novembre 2014

La Première Colline


Voilà,
le ciel bleu un mur jaune où se découpe l'ombre d'un autre mur 
des fleurs en avalanche
la première colline escaladée

samedi 1 novembre 2014

Cirrus


Voilà,
On n'a jamais vu tomber les nuages. Au ciel ils sont très attachés.
Cirrus :  j'aime son évanescente légèreté, son caractère éphémère, sa presque inconsistance
le seul qui se dilue parfois dans le bleu

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