lundi 23 juillet 2018

Danseurs


Voilà
"Notre vie est un voyage 
Dans la nuit et dans le vent 
Nous trouvons notre passage 
À travers espace et temps 
Rien jamais ne nous arrête 
Et du soir jusqu'au matin 
Chaque nuit est une fête 
Et non pas un songe vain"
Fernando Pessoa 
in  
"Le Livre de l'Intranquillité"

vendredi 20 juillet 2018

Le Salut sur la Roche


Voilà,
le cédrat de chez Nicolaï acheté au printemps 2010 dans cette boutique juste parce la vendeuse, une brune quadragénaire assez stylée m'en avait aspergé le poignet avec un je-ne-sais-quoi d'un peu mutin, mais aussi parce qu'il m'évoquait ce lime de chez Crabtree&Evelyn offert par Pierre Guyot un dimanche matin rue Cassette où il venait d'emménager  (pour Agnès c'était un Ylang-Ylang de la même maison). Ce matin, associés à cette fragrance, me sont revenus des souvenirs de Châteaudouble. J'ai repensé au jardin de Gérard juste au dessus du tunnel. Les moments lointains se mêlent a d'autres plus récents sans que je ne puisse y faire grand-chose. Je ne vais pas les chercher ils remontent, c'est ainsi. Parmi eux, l'ombre de qui-je-fus m'adresse un amical salut. linked with the weekend in black and white)

mardi 17 juillet 2018

Le Lézard


Voilà,

Un jour, seul dans le Colisée, 
Ruine de l’orgueil romain, 
Sur l’herbe de sang arrosée 
Je m’assis, Tacite à la main.

Je lisais les crimes de Rome, 
Et l’empire à l’encan vendu, 
Et, pour élever un seul homme, 
L’univers si bas descendu.

Je voyais la plèbe idolâtre, 
Saluant les triomphateurs, 
Baigner ses yeux sur le théâtre 
Dans le sang des gladiateurs.

Sur la muraille qui l’incruste, 
Je recomposais lentement 
Les lettres du nom de l’Auguste 
Qui dédia le monument.

J’en épelais le premier signe : 
Mais, déconcertant mes regards, 
Un lézard dormait sur la ligne 
Où brillait le nom des Césars.

Seul héritier des sept collines, 
Seul habitant de ces débris, 
Il remplaçait sous ces ruines 
Le grand flot des peuples taris.

Sorti des fentes des murailles, 
Il venait, de froid engourdi, 
Réchauffer ses vertes écailles 
Au contact du bronze attiédi.

Consul, César, maître du monde, 
Pontife, Auguste, égal aux dieux, 
L’ombre de ce reptile immonde 
Éclipsait ta gloire à mes yeux ! 

La nature a son ironie 
Le livre échappa de ma main. 
Ô Tacite, tout ton génie 
Raille moins fort l’orgueil humain !

Alphonse de Lamartine


dimanche 15 juillet 2018

Soir de fête (et un large addendum)


Voilà, 
le peuple de reconnaît dans son équipe, s'identifie à elle. D'ailleurs il scande sur l'air des lampions "on est les champions", comme si c'était lui qui était sur le terrain. Les joueurs de l'équipe ne sont plus une sélection ils sont, pour ceux qui les regardent, les ambassadeurs de tous les français. Le peuple, on aimerait qu'ils soit aussi solidaire et combatif dans la défense du code du travail, et de ses acquis sociaux que l'ont été les joueurs du onze tricolore dans la défense de leurs buts face à leurs adversaires.
Mais bon aujourd'hui tout le monde s'aime. A 9h 30, déjà, au pied de l'escalier du grand Palais, un des préposés à l'entrée de l'exposition Kupka, à la peau d'un noir d'ébène, plaisante avec ceux qui n'ont pas de billets en leur disant c'est vous la file des sans-papiers. Ce qui amuse tout le monde.
Avant le match, dans les rues beaucoup de gens ayant endossés le maillot de l'équipe nationale, se trimballent avec des drapeaux, les trois couleurs peintes sur les joues. On sent une grande attente, une espérance qui autoriserait d'exulter et de se se lâcher pour faire la fête.
Les gens ont envie de se fabriquer des souvenirs, pour plus tard. Ils ne songent pas dans leur liesse, à un avenir qui sera climatiquement éprouvant, peut-être radio-actif, en tout cas très pollué et sûrement très inégalitaire, et où jouer au foot sera peut-être plus pénible. Ceux qui exultent aujourd'hui se souviendront de ce moment de communion, et de ferveur, durant lequel ils étaient si heureux de brailler leur joie toute la soirée et au-delà, sans penser un instant au racisme qui sévit en temps ordinaire dans ce pays. Les mexicains appellent "guateque", une fête très bruyante qui dure toute la nuit, ce qui paraît être la perspective à l'heure où j'écris ces lignes. Mais n'oublions pas que pendant que la France exulte de voir son équipe gagner, à trois heures d'avion de Paris, les habitants de la bande de Gaza essayent de se remettre d'un bombardement massif de l'armée israélienne sur leur territoire. D'ailleurs là-bas on y crée des équipes de foot pour amputés.
N'y songeons pas trop. Ce soir beaucoup d'enfants français sont très heureux. et ont des étoiles dans les yeux. Laissons leur un peu de rêve et aux adultes leur part d'enfance.



Je ne peux pas m'empêcher de rajouter cet article fort pertinent, comme à l'accoutumée d'André Markowicz sur sa page facebook.
"Bon, la France a gagné — je ne vais pas dire « nous », parce que, vraiment, nous, je veux dire, « on » a juste regardé. Mais, je ne sais pas, même si ce n’est sans doute pas poli de le dire, moi, j’étais content que la France gagne, d’abord, parce que, même si c’est devenu un lieu commun, mais enfin, quand même, ils sont de toutes les couleurs et de toutes les origines, et que, oui, quoi qu’on dise, ça fait plaisir, et puis, ça m’aurait fait de la peine que la Croatie gagne, parce qu’il y avait cet entraîneur croate, là, qui avait dit que la Croatie allait jouer contre l’Afrique, en fait, et qu’il y avait d’autres joueurs qui avaient souhaité mettre le feu à Belgrade ou des choses comme ça. — Et puis, je ne sais pas, je me dis que ça nous fait du bien, à nous, de voir la France gagner Bon, en même temps, j’avais une crainte : je me disais, houla lala, la liesse populaire, les klaxons, c’est une nuit d’insomnie garantie, — surtout en centre-ville. Mais, que voulez-vous, j’accepte de souffrir pour la patrie. Et total, fenêtres évidemment fermées, ça va, j'aurai même pu dormir 
*
La grisaille s'étendait chez nous. Une grisaille entretenue par une politique qui est d’une violence, j’ai l’impression, sans pareille, et qui me semble l’aboutissement à la fois du toutes les débandades hollandiennes et de toutes les redomontades sarkoziques, une mise en coupe réglée de la société (et c’est très loin d’être terminé) qui se résume par une remise au privé de toutes les sphères de l’existence. — Et ce que je crains aussi, c'est que les Bleus n'aient assuré à notre président une victoire jusqu'aux européennes, et même au-delà. Je n'en sais rien, j'espère que non, — mais enfin, quoi, si le panem est fourni au mininum, là, au niveau circenses, il faut vraiment être un esprit chagrin pour être triste aujourd'hui.
*
Je dois être un esprit chagrin
*
Theresa May aurait pu assister à la demi-finale, elle n'y est pas allée. — Emmanuel Macron avait promis qu'il y assisterait, histoire, sans doute, d'encourager nos troupes par cette honorifique perspective, — et il y est allé. Il a juste fait l'aller-retour à Pétersbourg. Il est revenu à Moscou. Il y a cette photo étonnante d'un président enthousiasmé, pris dans son geste après un but — un geste que, j'ai l'impression, la décence m'empêche de traduire, et qui est le geste de bien des supporters. Bon. Avant, il avait eu une conversation politique avec Poutine. 
*
Il y a eu l'orage. Et nous avons vu cette image stupéfiante du parapluie qui s'ouvrait tout de suite au-dessus de la tête de Poutine (Poutine et Macron ne se regardaient pas), alors que le président français et la présidente croate (qui m'a eu l'air très sympathique, ma foi — comme quoi, les préjugés... mais je ne la connais pas), restaient trempés comme des soupes, stoïques à embrasser les joueurs les uns après les autres, et¬, au-dessus d'eux, le parapluie s'est ouvert bien plus tard. Ils ont eu le temps de goûter l'hospitalité russe, et de comprendre qui était le patron.
*
Le président a-t-il obtenu la libération d'Oleg Sentsov ? Je n'ai pas l'impression. Mais Poutine ne va pas laisser mourir Sentsov, il le fait nourrir de force. — Non pas par des perfusions de glucose ou de je ne sais pas quoi, mais en lui faisant entrer sa soupe par le nez, ce qui est, on comprend bien, une torture incroyable. Nous venons d'apprendre cela par le journal "Moskovski Komsomolets", qui est un des très rares journaux où, de temps en temps, il passe encore une information réelle. L'administration de Poutine a aussitôt démenti, en disant que, justement, on lui donnait des vitamines, par voie intraveineuse. C'est-à-dire que non seulement Sentsov ne sera pas libéré, nous dit Poutine, mais plus l'opinion publique mondiale se ligue pour le faire libérer, plus il sera torturé.
Cette politique de la force cynique, sans la moindre trace de décence, sans la moindre considération de rien en dehors de la force, c'est ce que nous avons eu à l'œuvre avec le voyage de Trump en Grande-Bretagne, — pour dire aux Britanniques qu'ils n'étaient que des laquais, et dire aux Européens, à toute l'Europe, que c'était la même chose, tous, ils étaient des larbins, et ils ne payaient pas assez leur maître, — et l'OTAN a décidé d'augmenter les budgets militaires, Macron compris. Il y a cette confrontation avec ça : maintenant, les enfants, on a cessé de jouer. D'abord, tu te mets à genoux, ensuite tu dis merci, et on connait la suite. Aujourd'hui, à Helsinski, il y a la rencontre en tête à tête, sans aucune délégation, de ces deux forces brutes, Trump et Poutine — le dernier ayant mis le premier en place, en truquant les élections américaines.
*
Le match à un moment, vous vous souvenez, a été interrompu par des gens qui se sont mis à courir sur la pelouse. Ça aura duré deux minutes, cette interruption (ce qui est gigantesque) : on a appris que c'était une action des Pussy Riot, pour protester contre la politique de Poutine, et pour soutenir Sentsov. Des membres de Pussy Riot — des héroïnes, il n'y a pas d'autre mot, — déguisées en policiers, ont fait irruption sur la pelouse, pour demander qu'on le libère — mais pas que ça, vous verrez leur page FB en anglais. — Elles ont été arrêtées, ça va de soi, et, au moment où j'écris, je ne sais pas où elles sont."

jeudi 12 juillet 2018

Soir de Liesse


Voilà,
je me souviens bien de ce soir là, comme beaucoup en France, sûrement. Il y a tout juste vingt ans. J'étais allé, dans l'après-midi assister à la retransmission du match sur un écran géant au stade Charléty. Avec Christelle qui revenait de Lille nous étions convenus de nous y retrouver, grâce aux portables en offre duo que nous avions achetés peu de temps auparavant sur son initiative, et nous y étions effectivement parvenus. Peu avant la fin, avant le troisième but de Manu Petit nous étions partis pour éviter les embouteillages afin de retrouver Dominique et Blandine dans l'appartement de cette dernière du côté de Montmartre. Après avoir dîné tous ensemble, nous étions sortis faire un tour, pour voir la liesse populaire. C'est à cette occasion que j'ai pris la photo de ces deux enfants assoupis dans leurs poussettes en dépit des hurlements des trompettes et de l'enthousiasme du populo en délire. Peut-être étaient ils au nombre de ceux qui, avant-hier soir se sont rėpandus dans les rues de la capitale pour fêter l'accession de l'équipe de France à la finale de la coupe du monde. (Linked with  the weekend in Black and white)

lundi 9 juillet 2018

Déridons nous avec Derrida


Voilà
- You see, deconstruction is what happens. There is no reason for causality to anticipate it in the system in place...
- So, what happens, the singular event of deconstruction takes place, if I correctly understand, without assignable place, without localization, like an archi-writing that has no other substance than its own movement
- That's exactly what it is, yes

vendredi 6 juillet 2018

Spectres encore


Voilà,
je sais la solitude des spectres égarés et vagabonds qui se frayent un chemin parmi ces mondes virtuels dérobés à nos sens. Ils jettent des oiseaux bariolés dans la chambre, promènent des lézards sur le tain des miroirs. Ils viennent se distraire, flânent dans ma mémoire ou font leurs frasques dans le désordre de la mauvaise heure, pour moi, sept heures du soir, et mes frayeurs autant que mon embarras les amusent. (Linked with the weekend reflections)

mercredi 4 juillet 2018

Sur le bac de Royan au Verdon


Voilà,
longtemps après, ce moment revient en mémoire. Ce sont les vacances, la veille on n'a pas trouvé d'hôtel, on a dormi dans la voiture au bord de l'estuaire à Meschers. On descend vers le sud. Là-haut, sur le pont il y a des jeunes gens insouciants. C'est l'été. Au moment où je déclenche, je pense à une ou deux photos de Raymond Depardon dans sa "correspondance new-yorkaise".  (linked with the weekend in black and white)

lundi 2 juillet 2018

Une belle paire de valises


Voilà,
parfois la réalité offre des perspectives déconcertantes. Mais on a la certitude d'être le seul à capter ce moment qui ne se reproduira jamais plus. Tout y est incongru. Ma présence ici, la femme qui, à proximité de ses valises, se dore au soleil, celle du fond qui époussette sa couverture. Il suffit d'une fraction de seconde. La journée n'aura pas été tout à fait vaine, en dépit d'une certaine déception qu'on y aura éprouvée. Certes elle était prévisible, mais on s'efforçait de ne pas y croire tout à fait. (Linked with MySundayPhoto

dimanche 1 juillet 2018

Les amoureux du pont de Sully


Voilà,
sans doute, les apercevant, ai-je envié leur jeunesse et leur insouciance apparente dans un monde qui n'incite guère à la quiétude. Et leur vitalité sans doute aussi. C'était aux premiers beaux jours de l'année, début mai. Je n'ai pas vu le temps passer depuis. Il s'écoule de plus en plus vite. J'accomplis peu de choses à dire vrai en raison de la fatigue dont je ne connais pas la cause. En fait j'ai essentiellement consacré ces derniers temps à ma fille afin de la préparer à son oral de bac français. J'essaie de profiter au maximum de sa compagnie, des tendresses qu'elle me prodigue, de sa présence aimante car d'ici peu elle sera une jeune adulte et sa vie se fera loin de moi. 
Sinon, j'entretiens un rapport de plus en plus ambigu avec ce blog. D'un côté je voudrais lever le pied, étaler mes publications, puisque j'en ai de nombreuses en réserve. D'un autre, je me dis qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver, et qu'il faut continuer à produire, continuer de montrer des images, de rendre compte de ce que je suis encore en mesure de voir ou de penser, même si j'ai de plus en plus de mal à formuler ce qui me passe par la tête. Je prête une attention de plus en plus flottante au monde. Je passe des heures à écouter de la musique. J'ai découvert ce morceau de Josquin des Prés. Steve Reich est déjà là dans ce "Qui habitat". (Share with Our world tuesday


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