Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
dimanche 31 juillet 2011
mardi 26 juillet 2011
La photo d'un poète
Voilà
la revue qui, en septembre 71 publie un numéro spécial sur la nouvelle poésie française a, selon toute vraisemblance, demandé que chacun des poètes sélectionnés choisisse une photo. Celle que l'un d'entre eux a fait parvenir le représente en compagnie d'une femme sur la place d'un village où une maison moyenâgeuse prend en arrière-plan une importance considérable. Ils avancent ou font semblant d'avancer ensemble vers l'objectif tout en se regardant (amoureusement ?) l'un l'autre. La distance qui les sépare, va de l'épaule au coude de l'homme. Celui-ci se trouve à droite de la femme, le visage tourné vers elle, sa main gauche posée sur l'épaule gauche de son accompagnatrice, juste a la base du cou. La femme porte un manteau court et sombre qui s'arrête au-dessus du genou et de hautes bottes en cuir qui remontent en haut du mollet. Son front est dégagé et ses cheveux longs tirés en arrière lui font la même coupe que la chanteuse Sheila, à cette époque. Elle le regarde en souriant, de ses yeux yeux légèrement globuleux levés vers lui qui porte des lunettes à monture épaisse, posées sur un grand nez. Une raie sur le côté des pattes courtes et les oreilles dégagées, voilà pour la coiffure de l'homme. Sous son blazer à trois paires de boutons, croisé, fermé et légèrement cintré, il porte un pull à col roulé clair, sûrement en jersey, à la mode dans les années soixante dix. Le pantalon est légèrement évasé vers le bas façon pattes d'éléphant. Tout cela suggère plutôt un jeune couple de professeurs exerçant dans un lycée de province. Si le poète a tenu a être présenté en compagnie de sa muse qui pour lui a les yeux de chimène et non de chienne comme le propose le correcteur orthographique du smartphone sur lequel je dactylographie ces lignes, eh bien c'est indiscutablement raté. Un bref texte de présentation insinue qu'il y a du Verlaine dans cette sensibilité adolescente mais que ses frémissements je cite ont lu Mallarmé. Je me souviens que dans ma préadolescence, j'avais du mal à me faire à l'idée qu'un poète puisse avoir la tronche d'un petit fonctionnaire, et je trouvais plutôt ridicule à l'époque et même assez pitoyable cette photo. Après toute ces années mon point de vue n' a pas changé et j'éprouve encore en l'observant une sorte de gêne, dont je ne parviens toujours pas à me formuler clairement la raison. La sensation peut-être qu'il y a, dans cette posture terriblement artificielle maladroite et apprêtée, dans cette représentation petite bourgeoise de soi, quelque chose de foncièrement obscène, trivial et dépourvu de poésie qui échappe au sujet et le condamne, quoiqu'il tente, quoiqu'il écrive à n'être réduit qu'à cela.
la revue qui, en septembre 71 publie un numéro spécial sur la nouvelle poésie française a, selon toute vraisemblance, demandé que chacun des poètes sélectionnés choisisse une photo. Celle que l'un d'entre eux a fait parvenir le représente en compagnie d'une femme sur la place d'un village où une maison moyenâgeuse prend en arrière-plan une importance considérable. Ils avancent ou font semblant d'avancer ensemble vers l'objectif tout en se regardant (amoureusement ?) l'un l'autre. La distance qui les sépare, va de l'épaule au coude de l'homme. Celui-ci se trouve à droite de la femme, le visage tourné vers elle, sa main gauche posée sur l'épaule gauche de son accompagnatrice, juste a la base du cou. La femme porte un manteau court et sombre qui s'arrête au-dessus du genou et de hautes bottes en cuir qui remontent en haut du mollet. Son front est dégagé et ses cheveux longs tirés en arrière lui font la même coupe que la chanteuse Sheila, à cette époque. Elle le regarde en souriant, de ses yeux yeux légèrement globuleux levés vers lui qui porte des lunettes à monture épaisse, posées sur un grand nez. Une raie sur le côté des pattes courtes et les oreilles dégagées, voilà pour la coiffure de l'homme. Sous son blazer à trois paires de boutons, croisé, fermé et légèrement cintré, il porte un pull à col roulé clair, sûrement en jersey, à la mode dans les années soixante dix. Le pantalon est légèrement évasé vers le bas façon pattes d'éléphant. Tout cela suggère plutôt un jeune couple de professeurs exerçant dans un lycée de province. Si le poète a tenu a être présenté en compagnie de sa muse qui pour lui a les yeux de chimène et non de chienne comme le propose le correcteur orthographique du smartphone sur lequel je dactylographie ces lignes, eh bien c'est indiscutablement raté. Un bref texte de présentation insinue qu'il y a du Verlaine dans cette sensibilité adolescente mais que ses frémissements je cite ont lu Mallarmé. Je me souviens que dans ma préadolescence, j'avais du mal à me faire à l'idée qu'un poète puisse avoir la tronche d'un petit fonctionnaire, et je trouvais plutôt ridicule à l'époque et même assez pitoyable cette photo. Après toute ces années mon point de vue n' a pas changé et j'éprouve encore en l'observant une sorte de gêne, dont je ne parviens toujours pas à me formuler clairement la raison. La sensation peut-être qu'il y a, dans cette posture terriblement artificielle maladroite et apprêtée, dans cette représentation petite bourgeoise de soi, quelque chose de foncièrement obscène, trivial et dépourvu de poésie qui échappe au sujet et le condamne, quoiqu'il tente, quoiqu'il écrive à n'être réduit qu'à cela.
lundi 25 juillet 2011
Grosse activité cérébrale
Voilà
entre la cure analytique et la cinémathèque française la différence, c'est qu'à la cinémathèque les ouvreurs et les ouvreuses vous souhaitent une bonne séance. Il y en a d'autres évidemment mais sur lesquelles il n'y a pas lieu de s'étendre ah ah !
entre la cure analytique et la cinémathèque française la différence, c'est qu'à la cinémathèque les ouvreurs et les ouvreuses vous souhaitent une bonne séance. Il y en a d'autres évidemment mais sur lesquelles il n'y a pas lieu de s'étendre ah ah !
vendredi 22 juillet 2011
Le Figuier
Voilà
souvent durant ce court séjour je reviens vers lui qui au premier regard m'a tant fasciné, m'attardant sur son tronc ridé comme la peau d'un vieil éléphant. Je le photographie sous tous les angles, songeant aux transformations que je ne manquerais pas de faire par la suite pour en tirer des images énigmatiques. Ses plis ses nœuds ses cicatrices laissent entrevoir un espace fécond de formes et de projets, mais s'offrent aussi à satisfaire des sensations plus immédiates et enfantines. Depuis combien de temps ne l'ai je pas fait? Je veux moi aussi retrouver ce plaisir que la petite Louise va pour la première fois éprouver à son contact et auquel ma fille à peine arrivée a aussitôt cédé. Comme elles je grimpe a l'arbre qui invite si généreusement à l'escalade, dispensant tous les appuis et les prises nécessaires, et dans les plus hautes branches je vais cueillir ses fruits mûrs avant qu'ils ne s'écrasent au sol et j'en mange même quelques uns dans ses ramures. Ce figuier, nous en avons parlé sitôt franchi le seuil de la cuisine où notre hôtesse préparait une confiture. Et par la suite pas un jour ne passe sans qu'il ne soit question de ses fruits de sa forme de son odeur. De ce qui a pu se dire à l'ombre de son feuillage, et des idées qui peut-être ont surgi dans sa paisible et bienfaisante proximité, puisque la maison a autrefois abrité un homme à la pensée fertile qui a reçu en ces lieux d'illustres visiteurs. Il est là, ce figuier comme un gardien débonnaire, mais imposant. et pour les enfants un refuge à rêveries, à voyages imaginaires à flâneries immobiles. Il suscite en moi sans que je ne sache très bien pourquoi une immense gratitude.
Son écorce m'intrigue. Ses reliefs suggèrent une histoire tortueuse et mouvementée. Toujours j'y reviens, attiré par cette complexité qui dégage un charme singulier, un enchantement souverain. L'arbre, les tempêtes l'ont traversé, le faisant ployer sans qu'il ne cesse jamais pour autant de grandir. Sur son tronc, les blessures sont inscrites : des branches cassées ou coupées dont il ne reste que des moignons. J'aime toucher ce tronc rugueux, cette vie qui donne encore des fruits si doux et sucrés. J'aime cet arbre qui entretient depuis si longtemps, avec la brise marine, avec la lumière, avec tout ce qui l'entoure tant de secrets et mystérieux échanges. J'aime sa présence qui me stimule. Parfois il me semble, qu'il m'attendait...
Un soir, il est presque minuit, les enfants sont couchés depuis longtemps, nous discutons dans le salon en buvant des verres d'Aquavit, et je le vois soudain qui s'affale au milieu de la cour. En une fraction de seconde, le tendre et vieux figuier s'est brisé sous mes yeux. Il a suffi d'une rafale, pas bien forte d'ailleurs pour qu'il cède et s'abandonne avec élégance, à une heure tardive où personne ne se tient dans ses parages, sans rien abîmer de la maison (inachevé)
lundi 11 juillet 2011
Pierre Guyot
Voilà,
c'est sûr elle est floue la photo, mal cadrée, complètement ratée en fait. Je ne me souviens pas exactement de l'année où elle a été prise, peut-être en 1973 ou 1974.... C'est l'été à Châteaudouble, tous les adultes qu'on y voit sont bien plus jeunes que je ne le suis aujourd'hui. Il y a Philippe, en premier plan, qui déploie une carte. C'est sur le belvédère au pied de la maison, sûrement la fin de l'après midi car avant, le soleil y tape trop fort. Peut-être envisageons nous une excursion pour le lendemain, peut-être la descente de la Nartuby depuis Ampus. Ce qui me touche sur cette photo, c'est surtout qu'on y aperçoit Pierre Guyot en arrière plan. C'était un ami d'enfance de Philippe. C'est la seule image que j'en ai. Je l'aimais bien. Il m'arrive encore parfois de penser à lui, à sa disparition brutale et prématurée. Il n'a pas eu le temps de voir "Prends bien garde aux zeppelins" de Didier Flamand, dans lequel on a joué avec Agnès qui était sa filleule. Je me rappelle, qu'il nous avait invités un dimanche à déjeuner elle et moi, dans l'appartement dont il venait de faire l'acquisition au 16 rue Cassette. C'était une nouvelle vie qui commençait pour lui. Je ne sais pas pourquoi je garde de ce jour un souvenir si particulier et ému. Il nous avait offerts à chacun une petite bouteille de parfum de Crabtree & Evelyn. La mienne était au citron vert, celle d'Agnès, à l'Ylang-Ylang. Quelques jours auparavant il était allé en Tunisie avec sa nouvelle amie, et en avait ramené du sirop de violette que nous avions goûté ce jour là. Une vie ce n'est pas grand chose, et ça ne dure pas longtemps. Une poignée de sable vous glisse entre les doigts. Des saveurs, des parfums me lient encore à lui qui ne se laisse pas oublier, et c'est tant mieux. J'ai acheté l'année dernière un "Cédrat intense" de chez NicolaÏ qui me fait penser à lui
mercredi 6 juillet 2011
Tel est pris qui croyait prendre
une certaine angoisse en réalisant que je suis moi aussi dans l'image, mis en abyme, piégé à mes propres dépens, inconscient au moment où je le fais de ce que je suis alors en train de photographier. Ce que je vois maintenant dans ce cliché, est d'une certaine façon le "point aveugle" : ce qui a échappé et qui soudain fait sens à présent, ce qui a désobéi au doigt et à l'œil, à l'œil qui croyait voir, au doigt qui a shooté. Ce détail que sur l'instant je n'ai pas saisi tout à coup prend trop de place, et me saisit lui, me saisit d'effroi....
Quand même, il faudrait que j'en finisse avec la pensée magique. Selon Wikipédia "c'est, à l'âge adulte, appréhendé par la médecine comme un symptôme d'immaturité ou de déséquilibre psychologique". J'hésite, là vraiment j'hésite. Suis-je donc absolument obligé de choisir ? (linked with weekend reflections)
dimanche 3 juillet 2011
Carnaval antillais
Maladie d'amour |
Voilà
aujourd'hui, il y avait un petit air de tropiques sur les Champs-Elysées,
des sourires et des étoiles dans le ciel en plein jour....
aujourd'hui, il y avait un petit air de tropiques sur les Champs-Elysées,
des sourires et des étoiles dans le ciel en plein jour....
vendredi 1 juillet 2011
Bar de la cinémathèque
Voilà
trois femmes attablées au restaurant de la cinémathèque. L'une beaucoup plus âgée que les deux autres. Un fort accent italien. C'est elle que j'entends en premier. Sans doute sortent elles d'une projection de la rétrospective Francesco Rosi qui vient de commencer. Après avoir passé leur commande, elles se mettent à parler de nourriture et de cuisine . La plus âgée qui est à ma droite trouve qu'aujourd'hui les gens parlent beaucoup de cuisine et de "bouffe" (c'est le terme qu'elle utilise). D'après elle, tout ça est très régressif et de façon générale tout à fait inintéressant. De son temps (qui vraisemblablement doit être assez proche du mien) on avait des préoccupations plus intelligentes affirme-t-elle. On échangeait des idées. Elle ne cache pas qu'elle n'a ni intérêt ni compétence pour la cuisine, et cela ajoute-t-elle, depuis toujours. Elle déteste faire ça, comme toutes les femmes de sa famille précise-t-elle. Celle qui lui fait face et qui elle aussi a un accent, toutefois moins prononcé, ne partage pas son point de vue. Pour elle, c'est une façon de se détendre, d'oublier le stress du travail. C'est un sas important entre la vie professionnelle et la vie privée. Pendant qu'elle fait la cuisine, elle peut rêver, imaginer, se remettre les idées en place. La plus âgée trouve que pour sa part, cuisiner et un travail qui requiert une concentration dont elle est incapable. Il faut chercher dit elle, car elle ne sait jamais quoi préparer même les pâtes c'est difficile, et toutes éclatent de rire. La troisième, française semble-t-il intervient assez peu. Elle dit juste que pour sa part ça ne la dérange pas de cuisiner, même si elle n'y trouve qu'un intérêt très limité. La conversation roule un moment sur ce thème. Puis la plus jeune des italiennes qui semble avoir un rendez-vous s'excuse de devoir prendre congé des deux autres. Comme elle n'a pas eu le temps de boire sa bière, elle demande si c'est possible qu'on la lui verse dans un gobelet en plastique qu'elle va emporter avec elle. Elle règle puis s'en va.
trois femmes attablées au restaurant de la cinémathèque. L'une beaucoup plus âgée que les deux autres. Un fort accent italien. C'est elle que j'entends en premier. Sans doute sortent elles d'une projection de la rétrospective Francesco Rosi qui vient de commencer. Après avoir passé leur commande, elles se mettent à parler de nourriture et de cuisine . La plus âgée qui est à ma droite trouve qu'aujourd'hui les gens parlent beaucoup de cuisine et de "bouffe" (c'est le terme qu'elle utilise). D'après elle, tout ça est très régressif et de façon générale tout à fait inintéressant. De son temps (qui vraisemblablement doit être assez proche du mien) on avait des préoccupations plus intelligentes affirme-t-elle. On échangeait des idées. Elle ne cache pas qu'elle n'a ni intérêt ni compétence pour la cuisine, et cela ajoute-t-elle, depuis toujours. Elle déteste faire ça, comme toutes les femmes de sa famille précise-t-elle. Celle qui lui fait face et qui elle aussi a un accent, toutefois moins prononcé, ne partage pas son point de vue. Pour elle, c'est une façon de se détendre, d'oublier le stress du travail. C'est un sas important entre la vie professionnelle et la vie privée. Pendant qu'elle fait la cuisine, elle peut rêver, imaginer, se remettre les idées en place. La plus âgée trouve que pour sa part, cuisiner et un travail qui requiert une concentration dont elle est incapable. Il faut chercher dit elle, car elle ne sait jamais quoi préparer même les pâtes c'est difficile, et toutes éclatent de rire. La troisième, française semble-t-il intervient assez peu. Elle dit juste que pour sa part ça ne la dérange pas de cuisiner, même si elle n'y trouve qu'un intérêt très limité. La conversation roule un moment sur ce thème. Puis la plus jeune des italiennes qui semble avoir un rendez-vous s'excuse de devoir prendre congé des deux autres. Comme elle n'a pas eu le temps de boire sa bière, elle demande si c'est possible qu'on la lui verse dans un gobelet en plastique qu'elle va emporter avec elle. Elle règle puis s'en va.
Après son départ, les deux autres échangent quelques compliments sur leur amie commune qu'elles s'accordent à trouver très sympathique. Puis leur conversation prend un tour nettement plus intellectuel. Je comprends que l'une et l'autre sont universitaires. Je saisis quelques bribes, mais je suis aussi très occupé avec mon carré d'agneau que j'essaie de couper délicatement avec un mauvais couteau tout en cherchant à éviter que la sauce au thym ne m'éclabousse et tâche mes vêtements. D'après ce que je comprends la plus âgée entreprend depuis vingt ans une thèse, que la plus jeune qualifie de majeure, sans que je ne parvienne à savoir quel est son objet. Assez adroitement l'aînée, fait parler sa jeune collègue sur l'avancement de son travail. Celle ci rapporte qu'elle a fait valider le plan de sa thèse par son directeur, qui dit-elle ne se souvenait même pas de l'intitulé de son travail (quelque chose sur sur l'évolution du regard vis à vis de l'œuvre peinte dans la peinture italienne), mais que ses remarques étaient très pertinentes, et qu'il l'a aidée à assurer des liaisons entre les différentes parties de son raisonnement, ce dont elle lui est très reconnaissante. Je comprends, d'après ce qu'elle raconte, que ce professeur a beaucoup de thésards car il a du hériter de certains travaux préalablement supervisés par Daniel Arasse avant sa mort. Puis peu à peu, elles en viennent à évoquer la situation des chercheurs depuis la nouvelle loi sur l'autonomie des universités, ce dont j'ai par ailleurs déjà entendu parler, et ce qui se dit me déprime. C'est devenu un lieu commun du moins, pour ceux que cela préoccupe encore, mais dans ce pays, tout ce qui a trait au savoir, à sa transmission est tenu en piètre estime. D'ailleurs le dernier remaniement ministériel montre le peu de cas que l'on fait de l'université et de l'éducation nationale de nos jours. Chaque fois que le sujet est abordé quelque part, je ne peux m'empêcher de penser à ma fille, et au monde dans lequel elle va grandir, à M. aussi, si brillante si cultivée et qui a tant de mal à trouver la place qu'elle mérite dans ce monde, à E. jetée dès sa deuxième année d'enseignement dans un collège qui ressemble à camp retranché... Je vois combien l’État est incapable d'assurer aujourd'hui des examens nationaux sérieux et rigoureux. Au brevet des collèges on a accolé la Corse à une carte d'Italie, lors de l'agrégation d'histoire les candidats ont dû plancher sur un document soit-disant médiéval alors qu'il s'agissait d'un récit fictif du XXe siècle écrit par l'érudit curé Palémon Glorieux pour relater le Concile de Constance. Ce qui prévaut aujourd'hui c'est le règne de l'approximatif, le culte du péremptoire, la soumission à l'erratique. On ne construit plus une pensée, on n'argumente plus un raisonnement, on ne recoupe plus ses sources, mais on affirme en dépit des incertitudes. Je me sens de moins en moins de ce monde où douter est devenu une tare, non à cause du fait que je vais vers l'effacement la disparition, mais parce que je ne me reconnais plus dans son système de représentations et de valeurs
Mais bon, mon verre est vide, la note est sur la table, l'heure approche il est temps de régler. Je les aurais bien écoutées encore, ces femmes, peut-être même avec un peu d'audace, me serais je mêlé à leur conversation, mais la projection de "Too late for tears" de Byron Haskin dont je n'ai jamais entendu parler, va bientôt commencer....
Mais bon, mon verre est vide, la note est sur la table, l'heure approche il est temps de régler. Je les aurais bien écoutées encore, ces femmes, peut-être même avec un peu d'audace, me serais je mêlé à leur conversation, mais la projection de "Too late for tears" de Byron Haskin dont je n'ai jamais entendu parler, va bientôt commencer....
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