dimanche 30 janvier 2022

Comme une énigme


Voilà,
il m'arrive parfois de croiser sur mon chemin des réalisations brutes, sauvages, dont on ne sait à quelle nécessité elles répondent. Parfois, elles sont presque cachées, comme si elles ne voulaient pas se donner complètement à voir. Cet animal peint sur un mur m'émeut. Il tient de l'âne et du chien (je penche plutôt pour l'âne) et surprend néanmoins par sa puissance d'évocation. Il ne répond à aucune commande ou revendication. Il se tient là comme un incompréhensible défi, comme une énigme sur un mur sans grâce.
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mercredi 26 janvier 2022

Baleine à bosse


Voilà,
j'ai trouvé une bonne nouvelle : une étude publiée par la Royal Society estime que, la baleine à bosse a retrouvé 93 % des effectifs recensés en 1830 (qui se montaient à environ 270 000) grâce à l'interdiction décrétée dans les années 1980 de la chasse à cette espèce de baleine. Il est à noter qu'en moyenne, une seule de ces baleines stocke environ 33 tonnes de CO2. Si nous considérons uniquement les baleines à bosse de l’Antarctique qui se reproduisent au Brésil, leur protection a entraîné le stockage de 813 780 tonnes de CO2 dans les eaux profondes. Cela représente, selon les données d’émissions de 2018, environ le double des émissions annuelles de CO2 d’un petit pays de la taille des Bermudes ou du Belize. Formidable non ? A Paris, s'il n'y a pas de baleines, on peut cependant remarquer les petites bosses des tentes Quechua où s'abrite la misère, parfois contre le mur d'une vieille église, comme en des temps que l'on pensait à jamais révolus.

mardi 25 janvier 2022

Adoucir le paysage


Voilà,
il faudrait peut-être que j'aille consulter un cardiologue, et que je m'achète un appareil pour vérifier ma tension. J'ai quelques accès d'agacement qui ne sont pas bons pour ma santé. Je le sens bien, à la manière dont je peux très vite, ces temps-ci, me sentir irrité, dans des circonstances que l'on m'intime de ne pas évoquer car il ne faut pas froisser les susceptibilités. Quoi qu'il en soit certains comportements m'exaspèrent au plus haut point tout comme la fatuité des crétins. C'est comme ça que je me suis réveillé assassin, ce matin, d'un gros et sinistre imbécile, Philippe Fa. que je n'ai pourtant pas vu depuis longtemps — depuis qu'il s'est retiré dans son Poitou — mais dont l'arrogance et la morgue ont suffi à déclencher, dans mon rêve, une réaction si violente qu'elle m'a poussé au meurtre. Je suis pourtant d'un tempérament pacifique, amis des fleurs et des papillons, plutôt nonchalant, doux et contemplatif. Mon idéal de bonheur est de passer de longues heures contre un corps chaud et amical à se caresser mutuellement sans souci de conclusion ou d'achèvement, et de me répandre dans des langueurs sensuelles, usant  — pourquoi pas — de quelque adjuvant pour accroître les sensations. J'apprécie mon lit plus que tout autre lieu, et c'est là que je voyage le plus volontiers, et lorsque l'hiver, il m'arrive de sortir, j'aime les paysages brumeux et indécis qui gomment les contours et adoucissent le paysage. J'ai une inclination certaine pour ce qui s'estompe ou au contraire apparaît peu à peu. Je ne supporte pas ce qui surgit ou éclate ni les excès et de façon plus générale tout ce qui s'apparente à la violence et à la brutalité. 

dimanche 23 janvier 2022

Machilio Papus

Voilà,
tout près de chez moi, l'été dernier, est apparu sur un mur cet énigmatique lépidoptère. Pour qui passe beaucoup de temps à chercher ses clés, l'idée que l'une d'entre elles puisse s'envoler comme un papillon a quelque chose de séduisant.

 
Hélas, il n'y a pas que les clés qui s'enfuient. Je deviens de plus en plus distrait. De plus en plus lent aussi, et procrastinateur. Je remets les choses à des lendemains incertains. Je dresse des listes de gens que je devrais appeler, je les égare — les listes, pas les gens (du moins pas encore) — et j'oublie. Je projette des déplacements que finalement je ne fais pas, autant par négligence que par paresse. Je me réfugie dans les choses passées, les chansons d'autrefois, des souvenirs lointains et heureux, dans la musique classique aussi, qui demeure encore, malgré tout, une source d'étonnement, et bien sûr les films et les expositions. Le monde tel qu'il se profile ne m'intéresse plus guère. Ce n'est pas seulement que je m'y déplace de moins en moins aisément, mais on y rencontre aussi trop de fatrouilleurs insignifiants convaincus de détenir la vérité. Ça me gonfle. J'essaie de mettre à profit les heures qui passent pour assouvir ma curiosité, lire. Il y a peu, je suis tombé par hasard sur un article de Paolo Rovelli, dans son recueil "Écrits vagabonds"  concernant Vladimir Nabokov, qui nous ramène aux papillons qui passionnaient le célèbre écrivain. L'un d'entre eux avait particulièrement attiré son attention : le Polyommatus coridon, dit Argus bleu-nacré. Selon Nabokov, la migration de ces insectes s'était faite en cinq vagues depuis la Sibérie, en passant par le détroit de Bering, puis vers l'Alaska, avant d'arriver au Chili. Ayant fait l'objet d'un article signé par le romancier en 1945, cette théorie était considérée avec une certaine perplexité par la communauté scientifique. Depuis sa mort en 1977, l'hypothèse de Nabokov a cependant suscité la curiosité d'experts partis recueillir dans les Andes des spécimens du Polyommatus. Grâce a une technologies dont ne disposait pas alors l'écrivain, ces scientifiques ont pu établir le séquençage ADN du papillon pour en conclure qu'il avait eu raison et saluer à l'occasion son extraordinaire intuition biologique". 

jeudi 20 janvier 2022

Takotsubo


 
Voilà,
Le cœur a son burn-out. Les Japonais l’appellent le takotsubo. Ce qui veut dire "piège à poulpe", un pot de terre dans lequel l’animal marin se réfugie, pensant se protéger, et que l’on remonte à la surface. Ce pot ressemble à une amphore, forme que prend le cœur quand il se ballonne et ne remplit plus sa fonction de pompe sous l’effet d’un stress aigu, d’une émotion forte. 
Le takotsubo a été identifié pour la première fois au Japon en 1991, d’où son nom. C’est le syndrome du cœur brisé par un chagrin, un décès, une rupture amoureuse, un accident physique… Mais cela peut aussi, à l’inverse, être le syndrome du cœur joyeux, provoqué par une demande en mariage, une naissance, un évènement heureux. En effet, les émotions vécues intensément submergent le cœur au point de donner l’impression qu’il pourrait exploser. L’accumulation de stress conduit alors à une fragilité pouvant provoquer une sidération, une paralysie du muscle cardiaque, entraînant la mort.
J'ai appris l'existence de ce syndrome dans une émission consacré au pianiste de jazz John Dennis. Le vibraphoniste Walt Dickerson a raconté que "les parents de John étaient des fondamentalistes qui lui ont mis une énorme pression pour qu’il ne joue pas la musique du diable… Cela a un effet dévastateur lorsqu'un artiste ne peut pas continuer à rechercher et à développer son art, quelque chose arrive à cette personne à la fois physiquement et mentalement… J'ai appris que beaucoup de gens meurent d'un cœur brisé, sans autre problème de santé, ils ont le cœur brisé et abandonnent tout simplement… Et c'est ce qui est arrivé à John."
John Dennis, n'a sorti qu'un seul disque sous son nom : "New piano expressions", réalisé le même jour que la session d'enregistrement de l'album de Thad Jones et Charles Mingus  "Jazz Collaborations" auquel il participait, parce que, Mingus et Roach, qui était  aussi présent, ont aussitôt exprimé le désir d'enregistrer un autre album avec lui en tant que leader.

dimanche 16 janvier 2022

Les Cousins d'Alice

Voilà,
cela fait longtemps que je ne suis pas rentré dans ce magasin. Ma fille est grande désormais, on ne lui achète plus de jouets ou de livres illustrés. Mais la devanture des "Cousins d'Alice" m'enchante toujours autant et il m'arrive encore parfois de m'attarder devant sa vitrine. Cela me plaît que cet endroit existe non loin de chez moi. C'est une institution de la rue Daguerre.
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jeudi 13 janvier 2022

Pâturages

 

Voilà
 d'aigres pensées cheminent vers nos déroutes
 les nuages là-haut pâturent dans le bleu du ciel
et parmi les voix mortes de l’enfance gambadent les souvenirs

mardi 11 janvier 2022

L'Incapacité


Voilà,
"Alors, avec le temps, à une certaine époque, on ne se paya plus de mots, on avoua la débilité profonde qui s'était implacablement emparée du monde, en larguant tout complexe à l'égard de l'incapacité. Et, corollaire fatal, on trouva à tous les niveaux du travail, des offres d'emploi d'un nouveau type : le recrutement d'inaptes à tout faire pour le compte d'inaptes à faire quoi que ce soitJacques Sternberg in "188 contes à régler" Sculpture by Urs Fischer in Pinault Collection

dimanche 9 janvier 2022

Bibliothèque


Voilà,
il y a quelques jours je suis repassé par ce tronçon situé dans ma rue (qui est longue) et où je ne vais plus trop souvent. J'ai revu cette imposante fresque conçue pour dissimuler en partie un mur sans grâce qui m'a alors rappelé que je devrais profiter des jours de pluie pour remettre un peu d'ordre dans ma bibliothèque. Il m'arrive si souvent de ne pas retrouver un livre que je cherche. Au lieu de quoi je traîne, procrastine, ou bien accepte des tâches contraignantes qui ne m'apportent que de piètres satisfactions. Les années s'amoncellent, et je remets à des lendemains incertains ce que la fatigue m'empêche de faire aujourd'hui. Je ne parviens plus à me concentrer autant qu'autrefois pour lire. Le covid est passé par là, mais aussi les applications chronophages du smartphone. Rédiger ma fiche de lecture mensuelle — le minimum qu'exige le comité de lecture auquel j'appartiens —, me coûte. Parfois il me semble que la vie se déserte elle même, comme si en moi s'effaçait la capacité d'agir. Bien sûr il y a quelques moments de félicité comme aller jouer au théâtre deux fois par semaine, lire de la poésie, contempler des livres d'art, regarder des films en compagnie de ma fille lorsque c'est possible. Aller au cinéma de temps en temps ou dans des expositions aussi. Mais le fait de devoir être perpétuellement masqué, d'avoir de la buée sur les lunettes, rend cela plus laborieux et n'incite guère à sortir. J'écoute la radio, j'apprends plein de choses que j'oublie aussitôt, j'écoute de la musique, mais ce sont des activités plutôt passives. J'ai du mal à voir des gens. Je ne supporte plus de m'entendre parler (sauf sur scène). 
Cela fait longtemps que je n'ai pas pris des crayons de couleurs. 
Je devrais peut-être m'y remettre, cela me ferait du bien sans doute.
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jeudi 6 janvier 2022

Tentative de récapitulation

Voilà,
une photo prise en Juin 2020, au Parc Monceau, peu après le déconfinement généralisé, succédant à la première période d'enfermement du 11 mars au 17 mai 2020. Avant cette parenthèse de l'été, si vite refermée. Puisqu'il y eut un autre confinement du 30 octobre au 15 décembre 2020. Si je me rappelle bien, l'autorisation de sortie permettait alors de se déplacer plus loin. Il y en eut ensuite un troisième du 3 Avril au 3 mai 2021, un peu plus souple, durant lequel tous les lieux de distraction étaient fermés et avec un couvre-feu à compter de 19 h, je crois. Puis il y eu la fin des attestations et le couvre feu repoussé à 21 h jusqu'au 19 mai, 2021 date à laquelle les terrasses les musées les salles de cinéma ont pu de nouveau ouvrir. Il y eut ensuite l'instauration d'un passe sanitaire à compter du 15 juillet, pour contraindre avec succès les français à se vacciner. Nous voilà en décembre 2021 confronté à une cinquième vague. Tout un système de contraintes semble de nouveau se mettre en place dans le but "d'emmerder tous les non-vaccinés", comme l'a si élégamment proclamé notre président dans une interview. Je note tout cela scrupuleusement car ma perception de cette période de pandémie, les souvenirs que j'en ai sont très confus. Pour la première fois de ma vie, je ne parviens pas à mettre les événements de ma vie dans l'ordre, à rétablir une continuité, comme si cette période avait ajouté de la confusion. Je ne crois pas être le seul dans ce cas. Nombreux, parmi mes amis ou camarades m'ont confié éprouver de semblables  sensations. J'ai même lu un article dans le journal "Le Monde" où l'on explique que les jalons s'effacent dès lors que le temps n'est plus rythmé.
L'anomalie est d'essayer de rétablir l'ordonnancement du passé immédiat en tentant de dresser le catalogue de mesures de contraintes sanitaires qui en outre nous font oublier tout ce qui précéda, en France du moins : la période de répression brutales des manifestations sociales lors des deux trois années qui ont précédé la pandémie,  les révoltes des gilets jaunes, les lois franchement dégueulasses restreignant les droits des travailleurs, les nouvelles dispositions à l'encontre des chômeurs, la privatisation des chemins de fer alors que l'on sait que partout en Europe c'est un fiasco au point que la plupart des pays européens qui ont tenté cela reviennent en arrière, l'appauvrissement du système de santé, la restriction des crédits de recherche, les restrictions budgétaires dans l'éducation nationale et au ministère de la justice, le peu d'empressement à combattre les lobbies de l'agroalimentaire, sans parler des scandales comme l'affaire Benalla qui ont secoué la première partie de son mandat. Mais tout cela a été submergé part la pandémie, de sorte qu'aujourd'hui seule la question des vaccins et de tout ce qui tourne autour de ce virus semble préoccuper les français. C'est sans doute sur la gestion de la crise que se jouera l'élection présidentielle où seuls des représentants de la droite ou de l'ultradroite sont en mesure de gagner l'élection. C'est paradoxal, mais c'est ainsi : beaucoup de gens sont mécontents, mais ils vont voter pour ceux qui ont pour programme de leur rendre la vie plus difficile, puisque de toute façon ceux qui sont supposés les défendre ne veulent pas en prendre la responsabilité.
Comme disait Gramcsi "Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent des monstres" en même temps que des frangipanes trop dures dans des pâtes feuilletées trop sèches. En ces molles épiphanies les galettes des rois ne sont plus ce qu'elles étaient. D'ailleurs je ne comprends même pas que les catholiques traditionalistes honorent encore la crèche. C'est quoi une crèche ? Un enfant dans une étable né d'une mère porteuse par fécondation in vitro, dont le père adoptif est juif et auquel trois métèques viennent apporter des cadeaux
Je tiens à préciser pour ceux qui l'ignorent — on n'est jamais trop prudent sur les réseaux sociaux — que cette dernière ponctuation s'appelle un point d'ironie et qu'elle appelle le second degré.

mardi 4 janvier 2022

Impasse de la Maîtrise


Voilà,
lu, il y a quelque temps dans le journal "Le Monde", sous la plume de Renaud Machart, un magnifique exemple de diplomatie funèbre (à envisager comme une sous-catégorie de l'éloge funèbre) : "Prompt à mélanger les genres et les fonctions, il écrivait sur ceux dont il dirigeait les enregistrements discographiques (chez harmonia mundi), à qui il confiait ses transcriptions, ou avec qui il donnait sur scènes ses textes en tant que lecteur. Mais ses amitiés n'étaient jamais de complaisance et le liaient durablement aux meilleurs". Une façon de désigner en 340 signes ce qu'on appelle communément un conflit d'intérêt, d'illustrer l'expression "être juge et partie" et et de moralement justifier l'arbitraire par un argument d'autorité, celui de la valeur : je transgresse la morale parce que celui dont je parle est valeureux, et je n'ai que des amis de qualité. Personne jamais ne dira "je l'aide parce qu'il est con, d'ailleurs tous mes potes sont des buses et des crétins notoires". 
Le défunt en question publiait aussi des chroniques dans la république des livres de Pierre Assouline. J'en ai lu quelques unes, avec un intérêt souvent mâtiné d'agacement. La plume vive et alerte, le trait souvent saillant laissent rarement la place au doute. On est sommé de comprendre que l'on a à faire à quelqu'un-qui-sait. Par exemple, cet homme qui semblait disposer de nombreuses cordes à son arc, dans une préface d'une pièce de Shakespeare qu'il avait traduite, n'aurait pas hésité, toujours selon Renaud Machart, à brocarder un traducteur, qui selon lui "avait les qualités requises pour traduire Shakespeare ; ne manquait que le talent". À ce propos ce fier trépassé considérait que "Les traductions de Shakespeare sont presque toutes incompréhensibles. D’une lenteur exaspérante, d’une parfaite inefficacité dramatique. Shakespeare y a résisté, comme les malades de Molière à leur médecin. Mais ce n’est pas le seul miracle : les comédiens aussi ont survécu à ce traitement, à ces phrases imprononçables, à ces tirades obscures ; et ce n’est pas le moins prodigieux… ". C'est faire peu de cas du travail considérable de Jean-Michel Déprats pour les pièces du dramaturge anglais, de celui de Yves Bonnefoy dont la traduction de "Hamlet" est subtile autant que merveilleuse à prononcer, sans parler de ses traductions des "Sonnets".
On nommait cela "se hausser du col", autrefois chez les gens polis. On pourrait aussi bien dire ne pas se moucher du pied, se faire mousser, avoir les chevilles qui enflent. Pour ma part "ne plus se sentir pisser" convient au futile et nonchalant clampin que je suis. Je déteste cette posture d'autorité, cette suffisance bourgeoise. Ce n'est pas contre le savoir que je m'insurge mais contre la posture arrogante de qui est persuadé d'être, du fait de sa cultureplus et mieux que le commun des mortels. Est-ce parce qu'il avait "la grosse tête" que le bonhomme est mort d'une tumeur au cerveau ? En outre, ce monsieur qui se targuait de posséder le sens de la nuance affirmait aussi "aimer Céline". Les gens qui prétendent "aimer Céline" sont, à mon sens, soit d'ignobles cons qui éprouvent une sympathie post mortem pour une infecte raclure, soit des gens qui ne mesurent pas le poids des mots. On touche là aux limites de la métonymie. Voici pourquoi : si pour ma part, j'aime passionnément certains livres de Céline et particulièrement "Voyage au bout de la nuit", (surtout la séquence africaine), ou la trilogie Nord Rigodon D'un château l'autre, je ne peux oublier le répugnant comportement du délateur qui voulait être comme l'a rapporté dès 1938 Hanns Erich Kaminski, dans son pamphlet "Céline en chemise brune," le plus nazi des collabos. L'abjection exsude à chaque page de "Bagatelles pour un massacre", "Les beaux draps" et "L'école des cadavres".  
Mais à propos de cadavre, revenons à celui dont il est question. 
De son vivant, il avait, dans la petite société des journalistes des musiciens et de l'édition, pignon sur rue et beaucoup d'entregent. Il disposait d'un petit pouvoir d'influence dans l'intelligentsia et pour cela devait être craint respecté ou haï. Au demeurant, sa notice wikipedia atteste du fait qu'il a accompli de nombreuses choses, apparemment fort intéressantes, et vraisemblablement je n'atteindrai jamais le centième de son érudition. Il suffira donc de ne retenir que le meilleur de cet homme suffisant — en tout cas c'est ce que renvoie son écriture — et, paraît-il, coléreux. Sûrement suis-je très injuste avec cet homme que je ne connais pas et qui peut-être avait moins de défauts que de qualités. J'espère que ce que je trouverai l'occasion de lire des choses de lui qui me le rendront plus sympathique. Ce n'est sûrement que mon problème : la fatuité, la morgue, la condescendance des autres me rendent teigneux. Mais peut-être est un trait de caractère difficilement évitable chez les gens sûrs d'eux-mêmes. J'ai vu récemment une interview de Charlize Theron soumise au questionnaire de Proust. A la question "quelle qualité préférez vous chez un homme" elle a répondu "la confiance en soi".  J'ai compris pourquoi Charlize et moi on n'a jamais fait affaire ensemble
Mais vanité que tout cela désormais.

Sinon, le titre de cet article qui est aussi le nom d'une rue, me paraît à propos. Je suppose évidemment que la maîtrise en question doit ou devait être une de ces écoles de chant qu'on appelle aussi psallette (je viens de découvrir ce mot, et cette joie simple éclaire ma journée). Mais l'ambiguïté sied bien au sujet traité : à la fin, la maîtrise s'avère une illusion et finit en impasse, puisque c'est toujours la mort qui gagne. 
Quant à la photo elle me plaît car on y voit quelqu'un qui cherche son chemin. Je m'y reconnais : l'impression de n'avoir fait que cela ma vie durant, et peut-être avec cet air débonnaire et un peu ridicule d'un touriste égaré. Je m'en fous.

samedi 1 janvier 2022

Pêle-mêle, au passage

 

Voilà,
étrange passage d'une année à l'autre. Il fait très doux à Paris depuis plus d'une semaine. Près de 14° centigrades. Ce n'est vraiment pas normal. Je me suis rappelée de cette photo prise par ma fille au Jardin Public de Bordeaux, fin juillet. Il y avait ce panneau, intitulé "sentinelle du climat" dans lequel on pouvait glisser sa tête. Je me suis prêté au jeu.
 
*
 
Toujours ces messages mortifères chaque matin à la radio concernant cette épidémie de Covid. J'ai d'ailleurs vu à ce sujet une enquête menée par des journalistes scientifiques évoquant l'hypothèse de plus en plus plausible qu'un accident de laboratoire à Wuhan est à l'origine de cette épidémie, et que ce virus n'est pas d'origine naturelle, mais le fruit d'une manipulation préalable. Wuhan, par ailleurs le principal lieu de recherches des coronavirus. Il sera toutefois difficile d'en savoir plus, puisque la Chine a fermé toutes les banques de données scientifiques concernant les coronavirus, bien que celles-ci soient pourtant financées en partie par l'Europe et les USA. 
 
*
 
Je me sens dans un état bizarre, d'hyperémotivité et  d'extrême porosité aux événements. Tout me semble absurde. Je n'ai pas beaucoup de goût pour lire ou écrire. Je vais encore aux expositions, mais plus avec le même entrain qu'autrefois. Il y a encore le cinéma, le théâtre parfois. A Noël, en compagnie de Sophie, nous sommes allés voir une production intitulée "Mais quelle comédie", une sorte de revue musicale conçue par les comédiens du Français, et c'était formidable de joie et d'invention. Le public était ravi, et j'avais l'impression de me trouver dans une sorte de capsule temporelle, à l'abri du monde. Pourtant, la semaine suivante, toutes les représentations ont été annulées parce qu'une grande partie du personnel, (artistes et techniciens) était contaminée.

*

Le médecin que je vois depuis plus de trente ans dans le dispensaire où je me fais soigner depuis que je vis seul à Paris (Jacques Chautemps, le grand père maternel d'Agnès, y exerçait), n'est toujours pas de retour. Il devait subir une intervention chirurgicale courant octobre, et il semblerait qu'il y ait eu des complications. Je l'aime bien. Depuis le temps que je le consulte, il fait un peu partie de ma vie. Un œil averti, peut dans son cabinet, parmi les livres de médecine, reconnaître le dictionnaire amoureux du Rugby de Daniel Herrero, et un livre sur le Stade Toulousain, car il est originaire de là-bas. Au delà de sa compétence cela me le rend encore plus sympathique. Je me fais du souci pour lui.
 
*
 
Revu, mercredi soir, en compagnie de ma fille, le remarquable film flamand "Bullhead" de Michaël Roskam, qui m'avait beaucoup impressionné il y a quelques années. C'est toujours aussi puissant, un véritable chef d'œuvre, et l'interprétation de Matthias Schoenaerts est absolument époustouflante. Je ne me souvenais pas que l'intrigue était autant concentrée sur son personnage. Ce n'était peut-être pas le film à voir en cette période, tant il est triste. Nous nous sommes promis un peu plus de légèreté pour la prochaine fois où nous regarderons quelque chose ensemble.
 
 
Le crétin qui laisse un message sur mon répondeur au prétexte qu'il voudrait "échanger avec moi", lui qui n'écoute jamais les autres. Rien que l'expression me fout la gerbe. Le gusse a essayé de m'entourlouper il y a quelques mois, et il voudrait, en plus, m'accabler de ses inanes monologues comme si rien ne s'était passé. Son comportement illustre bien l'adage selon lequel les cons c'est comme les rideaux de douche, ça vous colle toujours au cul.

*

Une année nouvelle commence, plus incertaine que jamais. 
Je me réjouis d'avoir passé la précédente. Elle fut contrariante pour cette raison, bien sûr, mais aussi pour cette autre et bien évidemment pour celle-ci. Mais cependant, je l'aurais paisiblement et paresseusement finie. À la faveur de la période des fêtes de fin d'année, et de la recrudescence de l'épidémie de Covid, j'ai passé beaucoup de temps à la maison, m'abandonnant à la futilité : non seulement j'ai relu avec plaisir des nouvelles de Robert Scheckley, mais j'ai regardé des vieux films des Monty Python, et aussi écouté avec délectation de la muzak pseudo-hawaienne d'Arthur Lyman. L'un des morceaux "Quiet Village" me rappelle d'ailleurs mon enfance, car il servait de générique à une émission de télévision intitulée "La vie des animaux". Produite et par Frédéric Rossif et commentée par Claude Darget, elle passait le samedi en début de soirée juste avant le journal télévisé de 19h30. Les commentaires étaient souvent amusants et décalés. Je me rappelle l'évocation du zèbre "noir rayé de blanc ou blanc rayé de noir". C'était à Châlons-sur-Marne (aujourd'hui Châlons-en-Champagne) au début des années soixante alors que je découvrais la télévision qui était à l'époque un objet encore nouveau et relativement insolite. 
 
*
J'ai du mal à me projeter dans les mois qui viennent. J'ai des appréhensions que je ne peux formuler. Je goûte le bonheur des moments que ma fille m'offre de passer avec moi. Nous regardons des vieux films ensemble. Nous déjeunons au restaurant. Nous rions beaucoup tous les deux. 
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