mercredi 28 septembre 2022

Mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe (10)


 
Voilà,
ça me revient, 
en Juin 84, j'étais allé passer quelques jours dans cette maison de bord de mer avec Jean-Jacques et Chantal et d'autres amis. On fumait beaucoup, on faisait des parties de ping-pong endiablées, on allait se baigner parfois. Je n'y étais pas retourné depuis, et la vue y est toujours aussi belle, et j’étais content de retrouver mes amis qui s’aiment toujours depuis tout ce temps. Une certitude : je n'aurais pas l'occasion d'y retourner dans quarante ans.
 
Ça me revient
dans ma petite tente canadienne, ce mois de juillet 1973 où j'écimais le maïs pour me faire un peu d'argent, il y avait la photo de mon amoureuse, et j'écoutais l'album "Dark side of the moon" sur mon mini K7, je crois que mon morceau préféré était "Us & Them". J'avais aussi le recueil de poèmes et de chansons de Léonard Cohen dans la collection de poche 10-18. Lorsque je roulais de Riscle à Mirande sur ma mobylette, et qu'à la nuit tombée je passais par Bassoues, j'apercevais les moissonneuses batteuses illuminées travailler dans les champs, et ce spectacle me fascinait. J'aimais cette liberté. Et cette région si belle où j'espérais alors un jour y élire domicile.

Ça me revient  
dans les années soixante-dix, il existait la maison d'édition P.J. Oswald, qui publiait de la poésie et en particulier les textes tristes et nostalgiques de Franck Venaille que j'aimais particulièrement. Me sont aussi revenus les noms d'autres poètes que je lisais alors, Daniel Biga, Robert Champigny
 
Ça me revient,
ces années où j'ai découvert l'amour sans exigence de retour, l'amour que l'on porte à un enfant, où je suis devenu père, moi qui avais tant redouté de l'être, où j'ai décidé de consacrer le plus de temps possible à ma fille, et le bonheur que j'en ai éprouvé. Ceux qui me lisent savent que je suis peu doué pour l'autosatisfaction, mais là, pour une erreur de casting, je m'en suis plutôt bien sorti

Ça me revient
aussi le fait que de toutes les femmes avec lesquelles j'ai eu une relation durable, sa mère était probablement celle qui qui m'a le plus pris pour quelqu'un que je n'étais pas, et le moins bien compris, mais aussi sans doute celle dont la différence m'était sinon la plus nécessaire du moins la plus attendrissante. Je ressens parfois ce que les japonais appellent le natsukachii, cette nostalgie du passé mêlant le bonheur de se souvenir de certains instants et la tristesse que ces instants soient révolus
 
Ça me revient
lorsque je me rendais à la cartoucherie de Vincennes en 2005 pour y jouer "Meurtre" de Hanokh Levin, j'écoutais souvent l'album Human de Nitin Sawhney et en particulier la chanson "Waiting (o mistress mine)" qui insère une chanson au cœur des paroles d'une autre chanson écrite par Shakespeare, et aussi "Chaos and Creation in the Backyard" de Mac Cartney qui est particulièrement réussi et excellemment produit par Nigel Godrich
 
Ça me revient 
Catherine Ribeiro + Alpes. C'était une chanteuse de rock française dans les années 70, originaire de Grenoble très politisée et libertaire, une belle brune racée aux cheveux longs et raides avec une sacrée voix.  Alpes était le nom du groupe qui l'accompagnait. Je me souviens qu'elle a fait plusieurs tentatives de suicide. Aux dernières nouvelles elle est toujours vivante
 
Ça me revient
ce surplus américain au croisement de la rue Monge et de la rue des Écoles où j'allais acheter mes fringues dans les années soixante-dix
 
Ça me revient
la mélancolie éprouvée sous la dernière douche des vacances, lorsqu'on se débarrasse du sel et du sable et que l'on n'a pas du tout envie de rentrer et qu'il faut dire au revoir pour un temps à la rêvasserie, la désinvolture et la paresse de l'été
 
Ça me revient
Ce dessin qui était sorti dans Pilote (le journal qui s’amuse a réfléchir) représentant des insectes écrasés sur un pare brise après un long trajet, chacun étant désigné par son nom savant. Aujourd’hui ce dessin n’a plus aucun sens. On peut faire des kilomètres l'été, sans que plus aucun insecte ne s'écrase
 
Ça me revient 
après le massacre de Las Vegas qui a avait fait une soixantaine de mort début octobre 2017, les actions des fabricants d'armes côtés à Wall Street avaient bondi en bourse dès le début de la semaine suivante. Les marchés s'étaient d'ailleurs attendus à une hausse des ventes auprès des américains désireux de mieux se protéger suite à cette tuerie la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis, au cours de laquelle précisément, posséder une arme n'aurait en l'occurrence été d'aucune utilité pour se défendre .
 
Ça me revient
l'Aqua alta historique (la plus puissante depuis 53 ans) qui avait inondé Venise fin 2019 était survenue après qu'en eût constaté peu de temps auparavant des inondations sans précédent ayant ravagé cinq pays de l'est de l'Afrique
 
Ça me revient
parfois je dis à voix haute "je vais aller faire sécher mon linge" en prenant l'accent québecois, juste parce que je me souviens de Dominique Daoust qui était venue de Montréal passer quelques semaines à Paris, chez Philippe et Dominique, et qu'elle disait souvent ça.
 
Ça me revient
parce que ces deniers temps on en a beaucoup entendu parler de la reine d'Angleterre, la chanson de Jacques Higelin "I love the queen" écrite dans les années 70 sur ce disque que j'ai beaucoup écouté sous influence dans des états que la loi réprimait alors. Je peux raisonnablement considérer que ce morceau a d'ailleurs été conçu et chanté lui aussi sous influence.
 
Ça me revient
Dominique chantonnant dans le salon de la rue de Vaugirard "il n'y a plus d'après à Saint Germain des prés". Chaque fois que j'entends cette chanson je pense à elle.
 
Ça me revient
parce qu'Alain Tanner est mort il y a peu de temps, d'avoir vu en octobre 1973 au studio Raspail, avec Agnès et Laurence, et peut-être aussi Delphine, "Le retour d'Afrique", un film avec François Marthouret et Juliet Berto. C'était peu de temps après mon retour de fugue.
 
Ça me revient  
le jour où Jean-Luc Godard est mort, je suis retombé pour quelques heures en dessous de 70 kg, mais il n'y a aucune relation de cause à effet
 
Ça me revient
les voisins de mon grand-père à Souzay-Champigny s'appelaient les Séché. La mère de madame Séché qui vivait avec eux s'appelait madame Boilève. Elle aimait les voyages organisés en car.  Elle en avait fait en "Nollande" — dont elle parlait souvent — pour y voir les champs de tulipes
 
Ça me revient
en 1976, je crois, j'ai, à la chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, été régisseur en coulisse du spectacle "Les assiettes" de Pierre Byland et Philippe Gaulier, un duo de clowns suisses qui cassaient des assiettes en scène pendant une heure. Ils étaient très drôles, à la scène comme à la ville. Je me souviens qu'ils avaient déformé le slogan "nous sommes tous des juifs allemands" en scandant "nous sommes tous des suisses allemands"
 
Ça me revient 
mais il y a toujours quelque choses qui m'échappe 

lundi 26 septembre 2022

Parmi ces rocailleux débris


 Voilà 
What are the roots that clutch, what branches grow
Out of this stony rubbish? Son of man,
You cannot say, or guess, for you know only
A heap of broken images, where the sun beats,
And the dead tree gives no shelter, the cricket no relief,
And the dry stone no sound of water. Only
There is shadow under this red rock,
(Come in under the shadow of this red rock),
And I will show you something different from either
Your shadow at morning striding behind you
Or your shadow at evening rising to meet you;
I will show you fear in a handful of dust.
 
 
Quelles racines s’agrippent, quelles branches croissent
Parmi ces rocailleux débris ? Ô fils de l’homme,
Tu ne peux le dire ni le deviner, ne connaissant
Qu’un amas d’images brisées sur lesquelles frappe le soleil :
L’arbre mort n’offre aucun abri, la sauterelle aucun répit,
La roche sèche aucun bruit d’eau. Point d’ombre
Si ce n’est là, dessous ce rocher rouge
(Viens t’abriter à l’ombre de ce rocher rouge)
Et je te montrerai quelque chose qui n’est
Ni ton ombre au matin marchant derrière toi,
Ni ton ombre le soir surgie à ta rencontre ;
Je te montrerai la peur dans une poignée de poussière.
(TS Eliot, trad Pierre Leyris )

dimanche 25 septembre 2022

Mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe (9)


 
 
Voilà, 
ça me revient la fois où une jeune femme m'a dit bonjour, tard le soir sur un passage clouté où je m'étais retrouvé un peu contre mon gré en compagnie de quelqu'un dont la présence commençait a devenir pesante sans que je n'ose pourtant manifester ma gêne. Je n'avais alors pas répondu a ce salut me demandant s'il m’était vraiment adressé.

ça me revient la fois où, en Aout 2009, à la station de bus de la porte de Vincennes, j'ai vu ce type un peu gros et suant descendant du bus en tenant son pantalon dont la jambe droite était remontée laissant apparaitre des chaussettes blanches. Il avait aussi la braguette ouverte, et semblait légèrement égaré

ça me revient la fois où — c'était un matin — je marchais dans les rues de la vieille ville du Havre, recherchant de maisons qui avaient survécu aux bombardements. Pensant à une femme qui aimait les jeux érotiques avec des aliments, une certaine idée m'avait traversé que jamais je ne realiserais puisque nous venions de nous séparer 

ça me revient la fois où j'ai vu, du côté de la Butte-aux-cailles, cette salamandre peinte sur un mur par une artiste qui signe Louyse et que j'ai trouvé ça bien

ça me revient la fois où j'ai pensé que ça serait sympa de passer des vacances au lac de Clarains à Casteljaloux, mais je ne l’ai jamais fait.

ça me revient la fois où, en juin 2011 il y avait eu cette fille parlant très fort avec sa copine dans la file d'attente de la cinémathèque pour voir le film qui me confierait-elle plus tard avait fait le buzz au festival. Je ne pus faire autrement que de nouer la conversation avec elle puisque moi aussi j'attendais pour la même chose. Elle était en hypokhâgne à Paul Valéry pour être prof de cinéma dans l'enseignement supérieur. Elle venait de présenter l'ENS. À fontenay ? m'étais-je enquis. Non à Ulm, avait-elle répondu. Vous faites du latin ? Oui. Une lueur de triomphe dans son œil. Mais quand même, je n'avais pas l'impression d'être en présence d'un spécimen de l'élite intellectuelle à venir.

ça me revient la fois où — c'était le 16 août 2018 — j'étais longtemps demeuré attablé à l'ombre, dans cette merveilleuse impasse du Trésor dans le quartier du marais. Derrière moi des américaines piaillaient. A ma droite un homme écrivait à la main sur son cahier.  Quant à moi, je rassemblais des notes pour la rédaction d’une fiche de lecture lorsque envahi par une soudaine sensation d'angoisse j'eus tout à coup du mal à respirer et fus pris de vertiges.  
 
ça me revient la fois où un scientifique à la radio parlait du variant Iota du covid et que l'interviewer répondit "ah celui-là" on ne le connaissait pas". Le scientifique avait alors précisé "si, si nous on le connaît très bien depuis longtemps", l'interviewer  avait alors insisté "oui mais moi je ne le connaissais pas". je m'étais alors demandé si le fait d'affirmer avec autant de forfanterie — qui plus est sur une chaine culturelle — son ignorance est sa bêtise, ne constituait pas en-soi, une faute professionnelle. Il faut croire que non, puisque Guillaume Erner continue d'animer les matinales de France-Culture
 
ça me revient la fois où, alors que soudain me rappelant que je ne m'étais pas encore lavé les mains après avoir pris le métro, je les avais nettoyées avec gel hydrolique, la psychanalyste avec laquelle je discutais dans un café avait cru bon de me préciser "si tu fais ça c'est tu as peur de quelque chose" et que je n'avais rien trouvé de mieux à répondre que "c'est possible". C'était en juin 2020 et les terrasses venait tout juste de rouvrir après le grand confinement.

ça me revient la fois où j'ai entendu Cecile Duflot l'actuelle dirigeante d'Oxfam utiliser l'expression "attitude remerciative" sur une chaîne culturelle,
 
ça me revient la fois où j’ai entendu l'expression "désuète comme un vieux jouet futuriste du passé" et que j'ai pensé à un cadeau venu bien trop tard, alors que je n'étais plus tout à fait un bambin

ça me revient mais il y a toujours quelques chose qui m'échappe
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vendredi 23 septembre 2022

Face à Face


Voilà,
choses qui semblent pas si mal bien des années après : en cherchant dans mes fichiers, une toute autre photo pour ce blog, photo que bien évidemment je ne retrouve pas, en dépit du soin que je mets à les classer (mais il y en a beaucoup), je suis tombé sur celle-ci, prise au Père-Lachaise en octobre 2012, dont je ne me souvenais plus. C'est la sépulture de Fernand Arbelot, né en 1880, décédé en 1942 et seulement connu pour sa tombe !  Forgée dans le bronze par le sculpteur et peintre belge Adolphe Wansart, elle représente le gîsant d’un homme (s'agit-il du défunt ?) tenant entre ses mains le visage d’une femme, peut-être son épouse qui repose dans le même caveau. Au pied du gisant une épitaphe : "Ils furent émerveillés du beau voyage qui les mena jusqu'au bout de la vie"

jeudi 22 septembre 2022

Flamants roses

 
Voilà
une vue de l'étang de l'Arnel prise depuis la presqu-île de Maguelone aux alentours du weekend de Pâques en avril dernier dont je ne pense pas comme TS Eliot qu'il soit le plus cruel des mois. C'était juste étrange et imprévu pour moi d'être là d'être là, mais cependant bien agréable. J'ai pris quelques photos de flamants roses, ce qui est un peu inévitable dans la région, bien que les photos d'animaux ce n'est pas trop mon truc — faut dire que je n'en croise pas trop non plus dans le quatorzième arrondissement de Paris —. Tout au fond on aperçoit les contreforts des Cévennes. Je ne suis pas certain d'avoir  beaucoup d’occasions d'y retourner.

dimanche 18 septembre 2022

Supercherie


Voilà,
" C'est une vie entre les coulisses. Il fait jour, c'est un matin en plein air, et puis aussitôt la nuit tombe, et c'est déjà le soir. Ce n'est pas une supercherie compliquée, mais il faut se soumettre tant qu'on est sur les planches. On n'a le droit de s'enfuir que si on a la force de se diriger vers le fond, de fendre la toile, de passer à travers les lambeaux de ciel peint et d’enjamber un ou deux accessoires pour se réfugier dans la rue réelle, une rue obscure et étroite qui, en raison de la proximité du théâtre, s’appelle encore rue du théâtre, mais est vraie et possède toutes les profondeurs de la vérité". (Franz Kafka)
Bien sûr cette rue de Nantes ne s'appelle pas la rue du Théâtre, mais, ni obscure ni étroite, elle est cependant réelle et possède néanmoins non pas la profondeur, mais l'illusion de la vérité. Et il faut y regarder à deux fois pour reconnaître la supercherie.
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vendredi 16 septembre 2022

La joie de l'expérimentation formelle


 
Voilà, 
je sais très bien où j'ai pris cette photo, un peu moins dans quelle circonstance, et plus du tout quel objet de verre y est représenté mais je m'en fous. Une certitude : le jeu des ombres et des reflets a du me plaire pour que je déclenche. 
J'en ai fait une image apaisante. C'est la joie de la forme pure qui se suffit à elle-même. J'imagine que l'on doit éprouver la même chose en photographiant des fleurs par exemple, mais, hélas dans l'univers urbain qui est le mien, je n'en ai que très rarement à disposition.
Cette image ne signifie rien, et me plaît pour cela. Elle rapporte une contingence qui affleurait au réel et qui m'est soudain parvenue. Eh oui, je suis comme tout le monde : ma vision détermine, non seulement ma relation au monde, mais aussi ma manière de le penser. Et moi, quand un phénomène advient et qu'il suscite mon intérêt,  je me demande aussitôt, quelle forme pourrait il prendre sur une surface
En l'occurence, s'est manifestée la nécessité, comme l'écrivait Michaux, d'intervenir un peu plus. J'ai donc choisi le noir et blanc. Oui c'est comme ça, il faut absolument, que je traduise, que je transforme, que je convertisse et que je m'approprie, sans quoi, depuis longtemps j'aurais viré fada sans doute. 
Qu'on me foute la paix, qu'on ne me demande rien, qu'on me laisse être bien con et bricoler dans mon coin.
Le poème de Michaux donc. Il s'appelle Intervention et c'est dans "La nuit remue" publié en 1930. 
 
Autrefois, j'avais trop le respect de la nature. Je me mettais devant les choses et les paysages et je les laissais faire.
 
Fini, maintenant "j'interviendrai"
 
J'étais donc à Honfleur et je m'y ennuyais. Alors résolument, j'y mis du chameau. Cela ne paraît pas fort indiqué. N'importe, c'était mon idée. D'ailleurs, je la mis à exécution avec la plus grande prudence. Je les introduisis d'abord les jours de grande affluence, le samedi sur la place du Marché. L'encombrement devint indescriptible et les touristes disaient : " Ah ! ce que ça pue ! Sont-ils sales les gens d'ici ! " L'odeur gagna le port et se mit à terrasser celle de la crevette. On sortait de la foule plein de poussières et de poils d'on ne savait quoi.
 
Et, la nuit, il fallait entendre les coups de pattes des chameaux quand ils essayaient de franchir les écluses , gong ! gong ! sur le métal et les madriers !

L'envahissement par les chameaux se fit avec suite et sûreté. On commençait à voir les Honfleurais loucher à chaque instant avec ce regard soupçonneux spécial aux chameliers, quand ils inspectent leur caravane pour voir si rien ne manque et si on peut continuer à faire route ; mais je dus quitter Honfleur le quatrième jour.

J'avais lancé également un train de voyageurs. Il partait à toute allure dela Grand'Place, et résolument s'avançait sur la mer sans s'inquiéter de la lourdeur du matériel ; il filait en avant, sauvé par la foi.
 
Dommage que j'aie dû m'en aller, mais je doute fort que le calme renaisse tout de suite en cette petite ville de pêcheurs de crevettes et de moules.

jeudi 15 septembre 2022

Le chérubin de la Bonne-Mère

Voilà,
au pied de Notre-Dame-de-la-Garde qui surplombe Marseille protégée par la Bonne-mère que l'on voit tout en haut du clocher, un petit ange, le doigt posé sur sa bouche, invite les pèlerins et les visiteurs au silence et au respect de ce lieu de prière. Prenant cette photo, il y a quelques jours, j'ai repensé à l'ange musicien de Sintra et à cet autre qui qui pleure dans la cathédrale d'Amiens. La publiant aujourd'hui, elle raconte aussi que j'ai choisi de me taire à propos des morts récentes de célébrités. Bien sûr la reine d'Angleterre, Jean-Luc Godard, William Klein... A quoi bon écrire là-dessus ? Qu'aurais-je à raconter qui n'ait été écrit dans les médias, sur les réseaux sociaux ? Y aller de mon sarcasme ou de mon émoi ? A quoi bon ? Tout au plus puis-je affirmer que je suis capable d’assez bonnes imitations de Godard. 
De toute façon, cela ne va pas cesser. De plus en plus de personnalités ayant, d’une façon ou d’une autre marqué l’histoire au cours des soixante dernières années  prennent ou vont prendre la poudre d'escampette. C'est ainsi, autant s'y résoudre. 

dimanche 11 septembre 2022

Une illusion de Vietnam

 
Voilà, 
il existe à Aix-en-Provence, un restaurant, Dakao situé au centre ville dont le décor, donne l'impression d'une rue vietnamienne et se révèle tout à fait réussi et surprenant. Dans l'une des salles ce très beau portrait a aussi particulièrement retenu mon attention.
 

Dans les mois à venir, gagné peut-être par la nostalgie de ce séjour passé entre Aix et Marseille, ou parce que soudain me paraîtra nécessaire d'écrire quelque chose à propos du Vietnam (un souvenir familial qui sait ?), il est vraisemblable que je publierai d'autre images de cet endroit.
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mercredi 7 septembre 2022

La Sainte Victoire et Vauvenargues


Voilà,
Non loin d’Aix en Provence, la montagne Sainte Victoire s’élance comme une vague minérale par-dessus les garrigues. A partir des années 1880, Paul Cezanne en a fait son motif principal la représentant sous toutes les lumières possibles. De Cezanne, Picasso a dit qu’il était son seul maître et « notre père à tous » , parlant pour les peintres de sa génération. Est-ce pour cette raison qu’il avait, en 1958 acquis une propriété non loin, à Vauvenargues, ainsi que 1100 hectares sur le flanc nord de la montagne ? On raconte d’ailleurs qu’il s’était réjoui devant son marchand d’art d’avoir « acheté la Sainte-Victoire de Cezanne ». « Mais laquelle ? Il y en a tant… » « L’originale », aurait alors répondu Picasso. 
C’est d’ailleurs dans le parc de son château, aujourd’hui occupé par sa belle-fille Catherine Hutin-Blay qu’il fut inhumé. Sa dernière épouse, Jacqueline Roque qui s’est suicidée en 1986 repose à ses côtés. Le domaine ne se visite pas.
 
 


dimanche 4 septembre 2022

Depuis 1954


Voilà,

Le mouvement Emmaüs constitue, selon Wikipedia, « un ensemble d’associations et groupements de solidarité présents dans 37 pays. La première communauté Emmaüs, d'inspiration initialement chrétienne, a été fondée en 1954 en France par l’abbé Pierre. Les divers groupes Emmaüs actuels, en France et à l'étranger, sont sans attache religieuse et se proposent de lutter contre la pauvreté et l'exclusion, par des moyens divers, adaptés au contexte des pays où ils se trouvent. La majorité d'entre eux exercent une activité économique, souvent basée sur la récupération et le réemploi, mais pas exclusivement. »

À Aix-en-Provence, le local du mouvement, situé dans la vieille ville se reconnaît aisément grâce à cette peinture murale au charme désuet où sont représentés des objets domestiques d’un autre âge.





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jeudi 1 septembre 2022

Le Mal qui vient


Voilà,
c'est la fin de l'été, mais pas n'importe quel été. Ce qui nous gagne n'est pas juste cette légère mélancolie liée à la fin des vacances. C'est aussi l'inquiétude face au monde qui vient, toujours plus incertain, plus menaçant. Les faits sont sans équivoque. On a atteint un point de non-retour. On ne se débarrassera pas des déchets nucléaires, de la radioactivité, des pollutions chimiques. On ne pourra pas grand chose contre la multiplication de phénomènes naturels extrêmes. C'en est fini de l'illusion de tout maîtriser. 
Et puis la démence de dirigeants va-t-en-guerre, ivres de conquêtes et de destructions et dévorés par leur désir de puissance me rappelle ce qu'écrit Pierre-Henri Castel dans "Le Mal qui vient", ouvrage déjà évoqué dans une publication précédente mais qui n'a pas, hélas, suscité de réaction malgré ou peut-être à cause des graves questions qui y sont abordées. "Plus la fin sera certaine donc proche, plus la dernière jouissance qui nous restera sera la jouissance du mal. Plus proche sera la fin et plus passionnément l'humanité trouvera les sources d'excitation nécessaires à vivre dans des actions excessives, atroces, démentes. Mettez en effet ceci en balance : s'assurer, en cherchant le moindre mal, les moyens toujours plus précaires de retarder la fin, ou assumer la volupté cruelle de les arracher à autrui, quitte à précipiter pour tous un destin de toute façon inévitable ? Les vices les pires (la cruauté venant tout de suite à l'esprit) ne seraient plus dès lors, les effets collatéraux du désespoir universel. Pour les derniers hommes ces vices seraient les derniers moteurs affectifs (...) Car les gens n'auraient peu à peu plus rien à considérer que leur mort en tant qu'individu pris un à un. Ceux ou celles à qui se réduira alors l'humanité (non plus collectivement, mais par composition) pourraient donc parfaitement s'avérer tous (en fait chacun) suicidaires.
C'est pourquoi il faut avoir peur, très peur des temps d'avant la fin des temps. Nullement d'une peur métaphysique face à l'idée insupportable du crépuscule de l'espèce humaine, mais à cause des événements parfaitement concrets et tous terribles qui pourraient s'enchaîner et qui s'enchaîneront sans doute sous la forme d'une spirale omni-englobante du Mal. Ceux qui ne voudront pas la rejoindre, en effet, et même la rejoindre en hâte, s'en trouveront plus vite encore victimes, ils serviront d'exemple aux scrupuleux et aux hésitants. En sorte que, si l'on y réfléchit bien, l'idée de l'inéluctabilité de la fin, tel un germe catastrophique infectant toutes les anticipations, constitue déjà le commencement réel du processus d'annihilation — dès aujourd'hui." 
Il suffit d'écouter les déclarations des grands tyrans de ce siècle, ou de se souvenir de leurs actes, pour constater que d'une certaine façon on y est déjà.
Est-ce vraiment là le monde que nous allons laisser à Keith Richards  
Alors haut les cœurs ! 

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