Voilà,
au détour d'un virage sa silhouette massive peu à peu mangée par la végétation luxuriante de ce coin d'île avait aussitôt happé mon regard. C'était si étrange, comme la soudaine apparition d'un fantôme surgi de l'enfance. Cela faisait bien longtemps que je n'avais vu de tels engins de chantier. Il était si misérable à présent, tout bancal, mais encore avec une certaine fierté. Je me suis alors souvenu de la première fois où j'en avais aperçu de semblables. J'avais trois ans, à l'arrière d'une voiture, contemplant avec étonnement un paysage semi-désertique, saisi par la densité et le contraste soutenu des couleurs : l'ocre des cailloux, le bleu intense du ciel, le ruban luisant du noir bitume de la route récemment tracée. Parfois arrêtées sur le bord de la chaussée, se dressaient les sentinelles effrayantes de ces grosses machines jaunes. A l'époque, je croyais que tout ce qui roulait, voitures, camions, locomotives pensait éprouvait et ressentait le monde tout autant que moi.
Celui-ci respire mieux que nous semble-t-il.
RépondreSupprimerIl est magnifique de décorations, bancal mais pas misérable du tout je trouve, merci!
back to the nature!
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