vendredi 26 février 2016

Bus Stop


Voilà,
comme ça bêtement se termine comme ça soir pluvieux / par terre pas vraiment mal non mais / l'instant se déploie / lentement se déploie comme éventail / comme éventail géant / comme la queue d'un paon / bientôt n'aura plus sa place / dans ce paysage / ni celui-là ni aucun autre / plus sa place / en vain cherche en vain à recomposer le visage / cette femme / son absence son silence si pesants depuis tant de temps / que font-ils donc les gens que font-ils alentour / ombres à présent / billets d'avions réservés et voilà / expire maintenant expire avant son passeport / joue humide sur bitume soir pluvieux c'est encore la vie / en profiter faut en profiter / mieux qu'une chambre d'hôpital après tout / dernières secondes c'est sûr / ah merde promesse au petit garçon promesse de promenade à bicyclette dimanche prochain / le mot en tête bicyclette / mais à quoi ça peut bien ressembler déjà bicyclette bicyclette / le sol tremble bientôt saura enfin / comme un lavabo qui se vide disait le personnage dans ce film / vraiment ça oui c'est vraiment ça et toutes ces voix affolées au dessus / nul besoin pour moi de faire la koré autour du mont Kalash / pourquoi cette phrase pourquoi / et le mot proférer qui revient  / détestait ce mot / toujours l'a détesté / ne la verra plus cette / femme / j'ai trop envie avait-elle dit / l'avait embrassé / pluvieux / mais pas lui jamais plus vieux / partir fâché partir en froid grelottant maintenant / c'est peut-être ramadan mais qu'est ce que j'ai envie de faire l'amour / se souvient de cet homme qui avait dit ça dans la rue / était attablé à une terrasse avec quelqu'un dont il cherchait à deviner les intentions / c'était un été maussade / se souvient de ça / gaîté c'est écrit / devient flou puis plus rien.

jeudi 25 février 2016

Le Bar du Cirque Électrique


Voilà,
un soir, c'était avant le massacre du 13 novembre, je suis allé au cirque électrique. Il y avait une sorte de cabaret, animé par Kiki Picasso qui autrefois, (j'écris ça pour les plus jeunes) participait à un groupe de graphistes nommé "Bazooka". Allez pour simplifier on dira que c'était les tenants d'un graphisme "punk". J'aimais bien d'ailleurs à l'époque. Donc ce soir là, c'était plein de vieux punks. Il n'y avait pas que ça mais il y en avait beaucoup. C'est assez pathétiques les vieux punks, ceux qui disaient "no future" qui trouvaient marrant de balancer des croix gammées quand leurs dessins passaient dans un journal gauchiste parce que c'était provoc, et qui sont là malgré tout et qui ont survécu, et qui essaient de ne pas faire trop vieux, qui s'accrochent difficilement, qui se traînent parce quand même, à une époque ils ont beaucoup brûlé, mais maintenant, ils ont du mal : ils ont toujours la révolte, mais plus l'énergie de cette révolte. C'est un peu comme les vieux rockers. Sauf les Stones bien sûr. Les Stones n'ont jamais triché. Dans des interviews où ils ont vingt ans, on leur demande s'ils se voient jouer du rock à 60 ans, et ils disent oui. Rétrospectivement c'est dingue. Ils ont toujours vécu sur le mode Sex Drugs et Rock et Roll en se disant qu'il n'y avait aucune raison de ne pas faire ça tout le temps, et, à l'exception de Brian Jones, ils ont quand même survécu. Peut-être parce qu'au fond, durant toute leur vie ils n'ont été mus que par le principe de plaisir.

mercredi 24 février 2016

Les Bourgeois de Calais

Grues sur le port de Calais
Voilà,
la première fois où j'ai entendu parler de Calais, c'était en cours d'histoire, avec l'épisode des bourgeois qui se rendent pour sauver la ville. Je rappelle l'affaire  en citant wikipedia : "en septembre 1346, Édouard met le siège devant la ville de Calais dont la garnison commandée par le chevalier Jean de Vienne résiste héroïquement à l'armée du roi d’Angleterre. Après onze mois de siège, la cité affamée négocie sa reddition. Édouard III, fatigué et énervé par la longue résistance calaisienne, accepte que six bourgeois lui soient livrés afin d'être exécutés. C'est à ce prix qu'il laissera la vie aux habitants toutefois contraints de déserter leur ville une fois les Anglais arrivés. Son épouse Philippa de Hainaut parvient cependant à le persuader d'épargner la vie de ces six malheureux, désespérés, venus devant le souverain en chemise, la corde au cou, les clefs de la ville et du château en mains. Par ce geste d’amour chrétien, Édouard épargne la vie d’Eustache de Saint-Pierre et de ses cinq compagnons d'infortune devant une reine en pleurs. Calais devient anglaise le  et le demeure jusqu’au  lorsque Henri II de reprend la ville à Marie Tudor"


illustration extraite de "L'Histoire de France racontée à tous les enfants"

Une célèbre statue de Rodin, illustre cet événement, qui suggère à la fois le courage, le sacrifice, la piété chrétienne, le sens du pardon et de la charité. Oui, le roman historique de l'Ecole républicaine exaltait aussi ces valeurs qu'elle désignait ainsi comme constitutives de l'esprit de notre Nation. Aujourd'hui ce qui caractérise ce pays, c'est que ses dirigeants se gargarisent de l'énoncé des grands principes, sans agir conformément à ceux-ci, mais c'est une autre histoire. 
Plus tard, au milieu des années soixante dix, Calais était surtout l'endroit d'où l'on embarquait à bord du Ferry en partance pour Douvres. On croisait dans les rues des hordes d'Anglais ivres et pas toujours sympathiques, mais les commerçants étaient contents ça faisait marcher le commerce. Depuis quelque temps l'évocation du nom Calais a quelque chose de triste et de sinistre. C'est un lieu de fracture de notre histoire contemporaine. Les gens qui vivent dans cette petite ville sans grand charme à part son beffroi, se retrouvent comme autrefois leurs ancêtres de "la guerre de cent ans" dans la tourmente de l'histoire et les tumultes du monde. Le XXI ème siècle sera celui des grands exodes, des pauvres vers les contrées riches. Dans un monde où selon l'organisation OXFAM, 62 personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale on ne peut s'étonner que de grands bouleversements sont amenés à se produire. Pourtant sur place des réseaux de résistance de soutien d'entr'aide s'organisent. et ce ne sont pas les plus riches qui paient de leur personne.

dimanche 21 février 2016

Trouver du réseau


Voilà,
sur ce remblai deux hommes recherchent un peu plus de réseau pour leur téléphone portable. Derrière, en contrebas une vie précaire et provisoire s'est, depuis quelques mois, organisée en un village devenu de plus en plus vaste de planches et de bâches. À cette frontière, au bord d'une mer froide et sans vagues mais parcourue de dangereux courants, respirant un air toxique à cause des usines chimiques alentour, des réfugiés ayant fui les guerres du Darfour, d'Érythtrée, d'Afghanistan, d'Irak, de Lybie, de Syrie, d'Afrique centrale et tant d'autres encore ont échoué là dans l'espoir de se rendre en Grande-Bretagne pour un jour y trouver du travail. Tout autour de cette population en majorité constituée de jeunes adultes ont été érigées de hautes barrières métalliques surmontées de barbelés afin de barrer les accès à l'autoroute, au port, aux aires de parkings des poids-lourds, aux voies ferrées, aux usines situées non loin. On croise parfois dans les parages des policiers lourdement armés, en faction. Google street view ferait bien d'ailleurs de réactualiser ses panoramas qui ne correspondent plus en rien à la réalité actuelle.


Ces paysages se multiplient dans le monde entier. Ici, les conditions d'hygiène sont déplorables, intolérables dans un pays qui pourtant prétend être civilisé. Il y a une volonté politique évidente de rejeter ces gens. Je suis sûr que bien des dirigeants de ce pays pensent que la solution serait de les balancer à la mer ou les gazer. Bientôt on va les parquer dans des containers par groupe de dix. On va organiser la concentration de ces migrants. C'est à cela sans doute que ressemblera notre futur. D'un côté, une minorité de nantis surprotégée et paranoïaque avec des armées et des polices à leur service, de l'autre une population de déshérités sous-alimentés, confinée à l'intérieur d'enceintes plus ou moins salubres. Cette "jungle" de Calais compte environ 3500 migrants qu'une soit-disant grande nation comme la notre est incapable d'accueillir et d'héberger décemment. La Grèce, que les puissances européennes et bancaires ne cessent d'humilier, d'asservir recueille pourtant depuis des mois plus de 5000 migrants par semaine.

vendredi 19 février 2016

Tourisme culturel à Westminster Abbey


Voilà,
c'est un doux souvenir que ces quelques jours à Londres la dernière semaine d'Aout. Et cette visite imprévue à l'abbaye de Westminster, où ces touristes au pied de la statue de Shakespeare, m'ont rappelé Gertud, Claudius, Ophélie et, un peu à l'écart Hamlet téléphonant à Horatio ou au fantôme de son père. Mise en scène avant-gardiste et désargentée bien sûr. (Linked with the weekend in black and white)

jeudi 18 février 2016

Kafka et Chaplin


Voilà,
souvent ces temps-ci, je repense au fait que Franz Kafka, dans les derniers mois de sa vie, alors qu'il vivait à Berlin a peut-être vu avec Dora Diamant (la seule femme, en dehors de ses sœurs avec qui il a partagé un toit) le film de Charlie Chaplin "The Kid". Il écrit dans une carte postale adressée à sa sœur "je ne sais même pas ce qui passe dans les salles de cinéma — et puis on n'en apprend guère ici à ce sujet, Berlin a si longtemps été pauvre, c'est tout récemment qu'on a pu s'y offrir The Kid. Il est donné ici pendant des mois entiers". La formule est ambigüe. A-t-il assisté ou non à une projection ? Quoiqu'il en soit — c'est du moins ce que rapporte Gustav Janouch dans son livre "Conversation avec Kafka" — ce dernier aurait vu des films de Charlot : Je le cite : Quand apparurent à Prague, après la Première Guerre mondiale, les premiers grands films américains, et avec eux les courts films burlesques de Charlie Chaplin, je reçus de Ludwig Venclick, alors jeune cinéphile enthousiaste et aujourd'hui journaliste de cinéma, tout un paquet de revues américaines de cinéma ainsi que quelques photographies publicitaires des films burlesques de Chaplin. Kafka, à qui je montrais les photographies, les accueillit d'un sourire amical. Vous connaissez Chaplin, demandai-je. "De loin", répondit Kafka. "J'ai vu un ou deux de ses burlesques". Il examina très gravement et attentivement les photographies que j'avais disposées devant lui et dit alors pensivement : "C'est un homme très énergique, un fanatique du travail. Dans ses yeux brûle la flamme du désespoir face au destin invariable des faibles, mais il ne capitule pas. Comme tout véritable humoriste, il possède une dentition de fauve et s'élance avec elle sur le monde. Il le fait d'une manière qui n'est qu'à lui. Malgré son visage blanc et les sombres cernes de ses yeux, il n'est pas un Pierrot sentimental ni non plus un critique hargneux. Chaplin est un technicien. Il est l'homme d'un monde de machines, dans lequel la plupart de ses semblables ne disposent plus du sentiment ni des outils mentaux nécessaires pour s'approprier vraiment la vie qui leur est accordée. Ils n'ont pas d'imagination. Chaplin commence alors à travailler. Comme un prothésiste dentaire fabrique de fausses dents, il fabrique ainsi des prothèses de l'imagination. Ce sont ses films. C'est en général cela, le cinéma". L'ami qui m'a donné les photographies m'a dit que toute une série de films burlesques de Chaplin vont passer à la Bourse du cinéma. Ne voulez-vous pas y aller avec moi ? Venclick nous y emmènerait certainement avec plaisir. "Non, merci. Je ne préfère pas", dit Kafka en secouant la tête. "Le divertissement est pour moi une affaire beaucoup trop sérieuse. Je pourrais facilement me retrouver là comme un clown entièrement démaquillé.". Mais revenons au dernier séjour berlinois de Kafka. Je ne peux m'empêcher de penser que l'anecdote de la poupée que j'ai déjà évoquée ici a quelque chose de très chaplinesque. Pour ma part je me souviens avoir été submergé par l'émotion lorsque nous étions allé voir le film en version restaurée au Cinéma Champollion avec Agnès et Delphine. Nous avions dix huit ans. Je l'ai revu il y a peu de temps et j'étais sensiblement dans le même état.

mercredi 17 février 2016

Une Mort stupide


Voilà,
Lee Morgan dont je viens de découvrir ce disque a été tué à 34 ans par son ex-femme. Selon Wikipédia, la légende veut que, un soir de concert, à la suite d'une altercation avec son fournisseur d'héroïne, il ait demandé à son ex-femme de lui apporter son pistolet. Lorsqu'elle arriva, elle le trouva en compagnie d'une autre. Une dispute s'ensuivit, et elle le tua. 



mardi 16 février 2016

Le bleu du ciel dans le jour froid




Voilà
J'en ai déjà parlé dans ce blog, ce temps là, je veux dire ce ciel bleu et pur avec ce froid sec, tout cela me rappelle des souvenirs de poussette quand j'étais enfant. Oui ce sont là sont doute les premiers qui se sont inscrits dans mon corps : je suis emmitouflé dans des vêtements chauds, assis dans la poussette quelqu'un la guide et le monde bouge autour de moi. Souvent je me dis que j'aimerais de nouveau éprouver cette sensation, mais aussitôt je me ravise, car cela signifierait que je suis vieux impotent, incapable de me déplacer seul autrement que dans une petite chaise roulante. On ne rechigne pas à sortir les enfants dans leur poussette car on les conduit vers l'avenir alors que les petits vieux dans leur chaise roulante d'une part sont beaucoup plus lourds et encombrants et d'autre part nous rappellent notre condition de déchets à venir. Et puis si les enfants babillent n'oublions pas que les vieux radotent. Donc si un jour je suis incapable de me déplacer seul, qu'on me laisse m'effacer de ce monde, je ne supporterais pas d'être un poids pour ce qu'il me restera d'entourage. Mais c'est une autre histoire. Bref, cette lumière me donnait une sorte de sensation de plénitude. D'ailleurs j'ai eu tendance ce matin à avoir envie de tout photographier : les arbres se découpant dans le ciel, la fille près du kiosque à journaux, le pigeon près de la flaque où se reflétait un auvent à moitié abandonné. Généralement je ne suis pas un photographe avec un sens aigu de la lumière comme peuvent l'être Bill ou Laura peut-être parce que ils vivent dans la nature, j'ai plutôt tendance à photographier les objets les murs les environnements urbains et j'aime traficoter les images. Mais aujourd'hui cette lumière franche, crue, magnifique m'exaltait. Évidemment comme je suis un type pas vraiment porté sur l'optimisme, je me suis méfié me demandant si je serais aussi sensible à une telle lumière et si les souvenirs remonteraient avec autant d'intensité en suscitant une telle joie si je vivais à Fukushima ou Tchernobyl. Oui cette lumière, elle me rendait heureux — enfin n'exagérons rien — disons que j'éprouvais un plaisir d'être là, vivant, au monde, qui n'est pas si fréquent — du moins quand je marche dans la rue, pour me rendre d'un point A à un point B. J'ai repensé à ces phrases de Jankélévitch dans un entretien où il évoque la réminiscence "touche fugitive qui nous effleure". Les instants qui servent d'occasion à la réminiscence peuvent n'avoir eux-même rien de poétique, mais l'étincelle qu'ils font jaillir telle une étoile filante nous laisse éblouis. Et cette étincelle est d'autant plus fulgurante, que ces réminiscences ne font allusion à rien d'important, à rien de mémorable, ni ne suggèrent rien de grandiose. elles nous renvoient simplement à quelque chose qui ne sera plus, et dont le jamais-plus fait tout le prix" 

lundi 15 février 2016

Mauvais Signe


Voilà,
D'où vient que certains matins il se réveille avec la peur au ventre comme s'il avait treize ans et que la journée entière allait être consacrée à une composition de mathématiques ? (Linked with weekend reflections )

vendredi 12 février 2016

Économie de la Catastrophe


Voilà
On leur dit que s'ils ne consomment pas les fruits et légumes qui ont poussé dans la zone, ils manqueront à leur devoir de solidarité et de civisme. Bien sûr c'est un peuple qui par le passé a montré une certaine propension au suicide collectif mais tout de même... Cependant rien n'empêche de penser qu'en de semblables circonstances, de pareilles injonctions pourraient nous être adressées. D'ailleurs cela n'a-t-il pas déjà commencé ? "Puisqu'il y a des terroristes, il est nécessaire d'accepter le paradoxe d'un état d'urgence permanent et comme l'ennemi n'est identifiable nulle part, alors sans doute est il partout invisible, peut-être même êtes-vous l'ennemi où tout le moins son complice sans toutefois le savoir. Alors acceptez dans un premier temps que soient réduites vos libertés. Bientôt nous augmenterons vos contraintes. Il est de votre intérêt de dire oui. Cela dit si vous en éprouvez le besoin vous pouvez encore vous indigner sur les réseaux sociaux, il n'y a aucun mal à se soulager". Cela peut même créer de la marchandise.
D'autre part il semblerait qu'on soit entré dans une économie de la catastrophe. Non de ces catastrophes épisodiques que sont les guerres, mais de la catastrophe comme produit durable et générateur de profits à court et moyen terme. Pour faire passer le message, ou mieux pour le brouiller ce qui revient exactement au même, on noie l'information dans des programmes, des applications ou des logiciels de divertissement. Ce qui importe, n'est pas de retenir l'attention du spectateur fixé à son écran, mais de faire en sorte au contraire de créer de la perpétuelle distraction afin qu'il s'accommode du bruit du monde sans quitter son smartphone sa tablette ou son ordinateur. On fait en sorte de gommer toute possibilité de penser autrement les faits, la réalité sociale, l'expérience du monde. Tout fait écran, au sens ou ce que s'y projette est précisément destiné à dissimuler. L'événement advient mais il doit toujours être sans conséquence. Plus précisément sans conséquence critique de trop haute intensité car cela pourrait nuire au fonctionnement de l'économie qui se nourrit de la catastrophe qu'elle génère. J'y pense souvent quand il m'arrive de traverser le paysage urbain encore préservé du Quartier d'Affaires. À chaque fois d'ailleurs il me semble irréel, artificiel, pareil à un décor et dénué de sens. Et toujours je me demande "Est-il possible que ça dure encore longtemps tout ce mensonge ? Est-ce donc vraiment la vie que tout cela qu'on nous propose ?" (Linked with The Weekend in Black and White)

mercredi 10 février 2016

Roosevelt Island


Voilà,
je me souviens du vieil hôpital de Roosevelt Island photographié au printemps 1994, depuis un ferry de la Circle Line lors d'une excursion en compagnie de Jean-Paul, Christelle, Pascal, Catherine et leurs enfants Michel et Marguerite qui venait tout juste de naître. Nous en avions profité pour nous rendre aux Cloisters, qui est un endroit que j'aime particulièrement à la pointe nord ouest de Manhattan et où se trouve un objet sculpté parmi les plus émouvants qu'il m'ait été donné de voir. 

mardi 9 février 2016

Jour de pluie


Voilà,
en écoutant la radio ce matin, où pêle-mêle — mais au fond c'est du même problème dont il s'agit — étaient évoqués, la guerre en Syrie, l'implication des Russes et des Iraniens qui soutiennent le régime de Bachar (qui a fait ses études à Londres, ne l'oublions pas) si acharné à exterminer son propre peuple, Daesch, les tensions entre la Russie et la Turquie, entre le gouvernement turc et les Kurdes, l'Arabie Saoudite (alliée aux Etats-Unis par des accords de défense) qui commet des massacres au Yémen et dont quelques oligarques par ailleurs soutiennent financièrement Daesch, les luttes croissantes entre sunnites et chiites, les réfugiés qui affluent en Europe et qui dans le fond embarrassent tout le monde, les terroristes islamistes infiltrées en Europe, j'ai eu la sensation d'être dépassé par les événements et impuissant face aux tempêtes qui se préparent sur fond de crash boursier et de désastre écologique. J'aimerais bien voir la vie plus légèrement, être capable d'optimisme, mais c'est difficile. Cependant la vie continue, on fait des projets comme si de rien n'était, il faut songer aux vacances, organiser son emploi du temps, donner des dates de disponibilité pour ceci ou cela, prendre des rendez-vous... Dehors le ciel est si bas qu'on le croirait au rez-de-chaussée comme disait Léo Ferré. Il pleut, je me souviens d'une chanson de la fin des années quatre-vingts. (Linked with weekend reflections)



vendredi 5 février 2016

Vitrine de coiffeur sur Broadway


Voilà,
je me souviens de cette vitrine en haut de Broadway, je crois. C'était en 1985. J'avais pris cette photo en pensant à Jacques Nolot qui avait écrit une pièce "La Matiouette" où il évoquait le salon de coiffure de son père à Marciac. Mais je crois finalement que je ne la lui ai jamais montrée. Cela avait été un étrange promenade. Nous avions, avec Agnès, pris nos quartiers chez Philippa Wheale, 105 St, upper west side entre Broadway et West end Avenue. Nous nous étions ensuite promenés le long de Riverside jusqu'à Grant's tomb, en passant devant l'Université Columbia. Ensuite on était entrés à Riverside Church, une église en béton où l'on pénètre par des portes tournantes et qui abrite la plus grosse cloche du monde. Je me rappelle qu'il y avait beaucoup de sonneries de téléphone dans cette église. Continuant notre parcours nous nous étions engagés dans la 121ème rue jusqu'à Broadway que nous avions redescendue pour rejoindre St John the Divine sur Amsterdam Ave. Je n'avais pas tout de suite remarqué que nous étions les seuls blancs et qu'on était un peu déjà dans le Spanish Harlem. A ce moment là je me suis senti terriblement touriste avec mon appareil photo. J'essayais de faire comme si de rien n'était, mais tout de même je n'étais pas vraiment à l'aise. (Linked to  the weekend in black and white)

jeudi 4 février 2016

Leurs Pas


Voilà
vont leur chemin. Le martèlement de leurs pas je l'entends. Mes frères ils étaient mes frères autrefois, la tribu de mes semblables. Du moins étais-je enclin à le croire. Aujourd'hui, certains parmi eux prononcent encore mon nom, mais pour la plupart m'ont oublié. Vite oublié. Ceux qui, cependant que je m'efforçais de donner le change - car il faut bien faire bonne figure n'est-ce pas ? - se réjouissaient d'un sourire quand je n'étais déjà plus qu'une plaie, eux aussi m'ont effacé. Ne seraient pas allés chercher plus loin. S'en tenaient aux apparences. Qu'ils continuent donc de s'agiter, de se précipiter. Ils ont encore un futur, pas moi, une histoire à construire, pas moi, ou simplement l'obligation de survivre à leurs renoncements leurs échecs ou leurs illusions qu'ils s'obstinent à travestir en vérité. Leur vie continue la mienne a cessé. J'en sais un peu plus qu'eux désormais. Je suis dans les refrains qui hantent leur mémoire, mais ils n'en savent rien. Je suis le mot qu'ils ont sur le bout de la langue et qu'ils ne retrouvent pas. Je suis dans leur maladresses, leurs faux-pas, leurs moments d'absence ou d'inattention. Je suis le chat dans leur gorge, leurs colères leurs éternuements. De leurs petits tracas j'ai fait mes escales. Je vais de l'un à l'autre, comme un fripon fantôme. Et c'est très bien comme ça.

lundi 1 février 2016

De lointains souvenirs remontent à la surface


Voilà,
Paul Kantner l'ancien leader de Jefferson Airplane est mort. Encore des visages rattachés à des souvenirs qui s'en vont, pas les souvenirs les visages, quoique les souvenirs aussi finiront par s'effacer, c'est probable, pas forcément certain mais probable (j'ai le sens de la nuance à cette heure c'est fou on se demande ce que ça cache). 
En fait ça va devenir de plus en plus fréquent, les idoles d'autrefois qui cassent leur pipe à cause de la vieillesse. Si ça continue je vais peut-être bientôt devenir comme le petit monsieur que j'avais autrefois photographié à l'enterrement de Tino Rossi. Non je déconne. Mais quand même ces voix, convoquent quelques images du passé. Je me souviens que parfois, c'était vers 76, je passais chez Nicolas le fils de Pierre Guyot  — le parrain d'Agnès, si gentil et trop tôt disparu —. Nicolas habitait au métro Félix Faure, dans un appartement communautaire (maintenant on appelle ça une coloc). Il y avait toujours quelques substances illicites à consommer, et beaucoup de disques des groupes de la West Coast. C'est là que j'ai entendu pour la première fois l'Airplane. Nicolas travaillait à l'occasion. il faisait des renforts dans des théâtres, à Chaillot, au Théâtre de la ville, pour démonter et monter des décors. Ça payait bien à l'époque. Et quand il avait un peu d'argent, il partait avec ses potes faire la route comme on disait alors, au Mexique, en Amérique latine, un peu en Asie. L'un d'eux travaillait dans une boutique d'import de disques chez Gévaudan, Bd St Germain, non loin de Sciences-po et c'est là que j'ai acheté le livre Filipino food de Ed Badajos. Nicolas était toujours un peu à la ramasse. (trop d'acide, trop de drogues), un peu paumé, paresseux. Je crois qu'il est mort assez jeune avant la fin du XXème siècle. Du coup j'ai scanné cette photo prise à Châteaudouble, dans les premières années avec un vieil appareil  reflex allemand. C'est d'ailleurs la seule que j'ai de lui. Je me souviens aussi qu'un été (était-ce celui de la photo je n'en suis pas sûr), alors qu'il squattait la maison de son père avec ses copains, il y avait un chien qu'ils avaient baptisé "Chilom". Monsieur Peyre le vieux voisin, qui ne savait pas ce qu'était un chilom, comprenait "HLM". Il trouvait que "Achélèm", vraiment, c'était un drôle de nom pour un chien. 

  

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