jeudi 30 mai 2024

Bords de Meuse


Voilà,
je n’étais jamais encore venu ici, qui n’est, après tout, pas si loin de la ville où j’habite ordinairement, et sans doute, n’aurais-je plus l’occasion de m’y rendre. Mais je me serai trouvé là sous ce ciel sous cette lumière – un être encore vivant parmi les autres – avec des pensées, des idées, des désirs… J’aurai, aussi, sur les bords de la Meuse songé, à cette ancienne partenaire de jeu avec laquelle furent autrefois partagés des moments de joyeuse camaraderie. Perdue de vue ces dernières années, jamais plus il ne me sera donné d’entendre son rire, sa voix. Elle a quitté pour toujours cette réalité.
Je voudrais pouvoir marcher d’un cœur léger, m’abandonner à la contemplation des choses, mais il est difficile d’avancer sereinement dans un monde intranquille où les fantômes hantent mes pensées de plus en plus fréquemment. Je vais les rejoindre dans un avenir qui, je le sais, s’amenuise, c’est dans l’ordre des choses, mais je ne parviens pas encore à me faire à cette idée. Je ne me sens pas, comment dire, vraiment prêt. Le corps vieillit, certes, mais c’est toujours un enfant qui en fait sa demeure.

mardi 28 mai 2024

Adolescences


Voilà,
Hier alors que j’allais faire des courses, j’ai remarqué deux adolescents un garçon et une fille qui discutaient sur le trottoir devant une porte d’entrée d’immeuble. Je les ai trouvés touchants, car ils étaient l’un et l’autre et l’un par l’autre intimidés et puis j’ai continué mon chemin. Au retour, alors que je trimballais mon cabas plein de provisions, je les ai retrouvés au même endroit. C’est clair ils n’avaient pas envie de se quitter. J’ai eu envie de leur dire allez-y prenez vous la main, frottez vous le museau embrassez vous, ne perdez pas de temps. Mais bon ces propos là auraient été bien inconvenants. On ne se mêle pas des affaires des gens n'est-ce pas ?  De toute façon ils étaient seuls au monde.
J’ai repensé à Agnès quand elle parlait, il y a cinquante ans, des adultes comme si c’était une espèce aussi étrangère que les rhinocéros les autruches ou les kangourous. Et aussi à cette promenade avec elle et sa petite sœur à la fin d'un certain mois de Mai. Nous étions allés au polytope de Cluny. Ce fut un weekend intense plein de surprises et d'émerveillement, un de ces moments poignants, si heureux, qui ne se laissent oublier. Dans le "Dictionnary of obscure Sorrows" John Koenig désigne par Yu-Yi (un terme de chinois ancien qui s'écrit 余忆 ) l'envie de ressentir à nouveau les choses intensément.

dimanche 26 mai 2024

Une bonne surprise

 
Voilà,
je me souviens, après avoir pris cette photo, il y a quelque semaines, m'être retourné, et avoir croisé un ami que je n'avais pas vu depuis le siècle dernier. Ce fut plutôt une bonne surprise. 
Cette œuvre a été réalisée par Céjak une artiste peintre et sculptrice née en 1988 à Noisy-le-Sec, pour célébrer la Journée des Droits des Femmes. " J’ai peint cette fresque représentant une femme kabyle, symbole de force et de résilience, devant les majestueuses montagnes de Kabylie. Une ode à la beauté et à la culture de cette région riche en histoire et en traditions" a-t-elle déclaré sur une brochure éditée par la ville de Paris
shared with monday mural

mercredi 22 mai 2024

Ardenne


Voilà,
je me réveille à Ardenne où je suis arrivé hier. Ma nuit a été celle d’un vieil homme qui plusieurs fois se lève péniblement, et marche à tâtons dans l’obscurité d’une chambre anonyme et inconnue dans le but d’une vidange poussive. Le corps déconne un peu plus chaque jour. Au lieu d’en prendre soin je l’ai négligé ces derniers temps. Ma vie casanière à Paris, les déboires, contrariétés et événements des huit derniers mois m’ont bien ravagé. Je n’ai plus songé à moi durant tout ce temps. Il est probable qu’il y ait un lien de cause à effet.
Pendant le sommeil grande confusion de souvenirs lointains et personnels mêlés à d’autres qui me furent autrefois rapportés. La consultation des archives de Lud S. Dans la splendide bibliothèque de l’IMEC édifiée dans une ancienne abbaye, la conversation avec des chercheurs lors du repas du soir y est aussi évidemment pour quelque chose.
 

Ici les vivants que l’on croise n’ont, la journée durant, que des colloques secrets avec des morts. Ils fouillent l’intimité de leur correspondance, explorent et déchiffrent leurs brouillons qui parfois dévoilent « les sauts et gambades » du cheminement de leur pensée, leurs détours et leurs abandons.
Je ne suis pas venu ici de mon propre chef. Une fois encore, comme si souvent au cours de mon existence, je réponds à une sollicitation. Je participe au projet d’une plasticienne qui a pris l’initiative de ce séjour. Ce déplacement doit faire, entre autres, l’objet de prises de vue. Ce n’est pas moi qui fabrique.
Elle a choisi d’ouvrir avec moi des boîtes dont le contenu est en rapport avec des lieux, des gens, et toutes sortes de contingences qui ont durablement influé sur le cours de ma vie et en partie façonné ce que je suis devenu.
La consultation de ces archives me trouble.
Elle me renvoie à un temps et des gens que je n’ai pas connus, mais qui m’ont pourtant été évoqués par leurs descendants, quand j’étais jeune.
Comme j’ai une excellente mémoire et sûrement aussi les dispositions mentales d’un archiviste, des connexions s’opèrent, en même temps que de lointaines sensations affleurent. Le passé éclaire soudain des pans de vie obscurs. J’avance dans un arrière-pays qui n’est pas le mien, avec lequel pourtant j’entretiens quelque familiarité.
 
 


J’écris ces lignes au petit matin. Écoutant les nouvelles du jour, j’apprends que la Russie organise des manœuvres nucléaires à la frontière ukrainienne. J’ai comme le pressentiment que les mois qui viennent ne seront pas fameux. Je vais faire un tour dans le jardin.

dimanche 19 mai 2024

En vrac

 
 
Voilà,
en regardant ces photos prises aux alentours de la rue du Temple il y a quelques semaines, je songe qu'il suffit de peu temps pour passer auprès de certaines personnes capricieuses (ce coin de rue m’évoque l’une d’entre elles) du statut de bonne surprise à celui d'indésirable. Mieux vaut s’en amuser que de le déplorer. La versatilité est un signe des temps. On voit d’ailleurs comment les gens votent.

  

Cette image est l'œuvre d'Andrea Aversa une plasticienne dont on peut admirer les intéressants travaux sur cette page. Je ne connaissais rien d'elle, et je trouve sa démarche artistique très pertinente.

 *

 Sinon, à l'angle de la rue Caumartin et de la rue Boudreau, dans le 9me arrondissement, j'ai aperçu cette mosaïque très champêtre, qui se trouve de fait à la terrasse de la brasserie « le Paris Madère ». L’idée que, tout comme moi, des gens, pouvaient, dès le milieu du siècle dernier et peut-être même avant) admirer et s’étonner de ce travail artisanal me touche..


  *
 
Que dire d'autre, si ce n'est que depuis huit mois je suis neutralisé, empêché, incapable d'écrire quoi que ce soit. Parfois j’ai l’impression que je ne serai jamais plus capable que de collecter des listes ou d’accumuler des recensions de faits.
Je vis désormais dans ce qu’il me reste de temps. Et ce reste du temps je l’occupe comme je peux. En fait je ne l’occupe pas, j’y dérive. Je m’abîme dans le sommeil. Je vais au cinéma. Je vois des expositions. Je travaille de temps à autre parce qu’il le faut bien.
Je croise des gens parfois. Je socialise en trompe l’œil sans vraiment y être.
 
 

Il faudrait que je fasse de nouvelles connaissances, mais c'est difficile, j'ai tant de mal à me projeter dans le futur. Autant taire ce qui me passe par la tête à ce sujet. 
Et tout seul je n'ai plus envie de rien. La plupart du temps je manque d'inspiration. Quand des idées affleurent il y a trop de fatigue pour passer à l'acte. Je me sens inutile.
Pendant ces derniers mois j’ai réalisé quelques images digitales abstraites et colorées. Par exorcisme. Même cela désormais je n’y parviens plus. 
Quant à ce blog, il m'embarrasse désormais. J’y programme de plus en plus souvent, de vieilles photos qui auraient mérité plus d’intérêt à leur première publication.
 
 
*

 
 
Je traîne donc beaucoup sur le net, par désœuvrement. Parfois on y découvre des phrases absurdes mais néanmoins pourvues d'une indéniable puissance poétique. Celle-ci, par exemple : "L'hypothèse de la désintégration du vide constitue l'un des scénarios les plus effrayants envisagés pour la fin de l'Univers. Des chercheurs ont récemment produit la première preuve expérimentale de ce concept". Il y a donc des gens qui ont des vies très remplies et des préoccupations à très long terme. 
Pour ma part, je suis incapable de me projeter sur le mois qui vient. 
Cette prose du monde, forme un continuum insensé d’informations toutes plus effrayantes les unes que les autres. 
Ceci par exemple : notre planète se dirige vers un réchauffement climatique catastrophique. Près de 80% des experts interrogés prévoient une augmentation des températures mondiales d'au moins 2,5°C d'ici la fin du siècle, bien au-delà des objectifs fixés par l'Accord de Paris.
Un sondage, réalisé auprès des principaux auteurs et éditeurs des’ rapports du GIEC depuis 2018, met en lumière l'ampleur du désespoir qui règne au sein de la communauté scientifique. Les experts, confrontés à l'inaction des gouvernements et aux intérêts des entreprises, se disent "désespérés", "en colère" et "effrayés".
"Je pense que nous nous dirigeons vers des perturbations sociétales majeures dans les cinq prochaines années", déclare Gretta Pecl, chercheuse à l'Université de Tasmanie.
Les conséquences d'un tel réchauffement sont déjà visibles, avec des vagues de chaleur, des incendies, des inondations et des tempêtes d'une intensité inédite. Mais ce n'est qu'un début. Les scientifiques interrogés prédisent un avenir "semi-dystopique", marqué par des famines, des conflits et des migrations massives.
Malgré ce constat alarmant, les scientifiques soulignent l'importance de poursuivre le combat. Chaque dixième de degré évité réduira les souffrances humaines. Il est désormais crucial de mettre en place des mesures d'adaptation massives pour protéger les populations des catastrophes à venir.
"Je suis extrêmement inquiète des coûts en vies humaines", déclare Leticia Cotrim da Cunha, de l'Université d'État de Rio de Janeiro. Les scientifiques appellent à une action urgente et ambitieuse pour limiter les dégâts, tout en se préparant à un avenir climatique de plus en plus chaotique.
Les raisons de cette inaction politique sont multiples. Les scientifiques citent notamment le manque de volonté politique, les intérêts corporatistes, les inégalités et l'incapacité des pays riches à aider les pays pauvres, qui sont les plus touchés par les conséquences du changement climatique.
Pourtant, certains scientifiques gardent un espoir ténu. Ils misent sur les nouvelles générations, plus conscientes des enjeux climatiques, et sur les solutions technologiques qui pourraient émerger. Mais le temps presse et la fenêtre d'opportunité pour éviter le pire se referme rapidement
Ainsi tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles 

jeudi 16 mai 2024

Jardin du Palais Galliera

Voilà,
l'étonnement parfois de découvrir, dans la ville pourtant si familière, un point de vue que jamais encore mon regard n'avait saisi. N'être rien d'autre soudain que la concordance d'un lieu et d'un moment. Éprouver soudain le désir de partager cette infime fraction de seconde. À cause de la lumière, à cause du ciel. Ou du désir informulé que cette ville disparaisse sous un gigantesque jardin et ressemble à une idée du Paradis. Avec cette forme pure au loin, comme un élan, la trace d'un geste fou lancé vers le ciel, quatre courbes se rejoignant à la verticale pour filer invisibles vers l'infini.

dimanche 12 mai 2024

Pêle-mêle avec zèbres et moustiques



 
Voilà,  
non loin de la mairie du XIV arrondissement, rue Boulard, le mur d'une école offre cette fresque étrange, de facture très classique signée Clémence Arnold. Je suis allé voir son site, très complet et j'ai été touché par la qualité de se travaux. Elle parle aussi de son parcours sur la page des ateliers Daguerre, qui lui ont commandé cette œuvre murale.
 
*
 
Hier soir, je suis resté un long moment abasourdi, sidéré devant la numération bien au dessus de la norme, apparue sur l'écran. Je ne m'y attendais pas. La fatigue des derniers mois était peut-être associée à d'autres causes que je ne soupçonnais pas. J'ai aussi réalisé que pendant quatre jours je n'avais parlé avec personne, à part une conversation avec Françoise M. que j'ai croisée par hasard (je ne l'ai pas immédiatement reconnue, elle était en scooter avec son casque, et s'est garée sur le bas côté) et une autre, brève, au téléphone avec ma fille, actuellement à Prague.
 

Je ne sais pas pourquoi, avant d'aller me coucher hier soir j'ai repensé à cette phrase de Peter Handke  dans son recueil de notes "L'histoire du crayon" : Ayant oublié la gaieté des formes il vivait dans l'inquiète légèreté de l'absence de forme. Je ne me sens pourtant pas particulièrement léger depuis huit mois.
 
*

 La semaine dernière, les rues de Paris étaient désertes en raison d'un pont (spécialité bien française) puisque c'était la fête de la victoire le 8 mai, et le jeudi de l'ascension le 9 qui sont deux jours fériés et ensuite le week-end. En posant un jour de congé le vendredi cela fait quatre jours de vacances. J'écris cela pour mes correspondant étrangers que cela pourrait étonner. La France est un pays soit-disant laïc mais les fêtes catholiques y sont pléthore ; il reste encore la pentecôte et son lundi. En fait en France le mois de Mai est un mois où l'on ne branle rien. Avec ces jours fériés cumulés, on est sûr qu'il n'y aura plus d'effervescence sociale comme en 1968. Alors, j'en ai profité pour — bien que je ne sois pas un as dans ce domaine là — bricoler, et j'ai installé des moustiquaires devant mes fenêtres. Cela faisait longtemps que cela me trottait dans la tête, de façon presque obsessionnelle. C'est un peu empirique mais ça tient. 
 

  - What need is there to stay in a world where you no longer have your place?
- oh dear, I have a feeling you're going to try a kamikaze raid
 
Je ne sais pas si c'est lié au traumatisme de l'année dernière où j'ai été attaqué durant tout le festival d'Avignon par des moustiques-tigres, dont on sait qu'ils remontent vers le Nord, ou bien parce que j'ai lu il y a quelques semaines que l'Argentine subissait sa pire épidémie de dengue dix fois plus puissante que l’année précédente à la même époque — selon des chiffres de la mi-avril plus de deux cents personnes en seraient mortes et 270 000 infectées —, j'ai donc été pris d'une frénésie d'aménagement local. 
 
*
 

Sinon parfois, dans la rue il arrive qu'on soit confronté à d'étranges apparitions, un peu déconcertantes, qui donnent de la fantaisie et de la poésie à ce monde qui en manque tant, car tout de même, on ne peut pas dire que les nouvelles de la planète soient particulièrement réjouissantes ces temps-ci.
Ainsi vont les choses dans le meilleur des mondes possibles.

jeudi 9 mai 2024

Un souvenir doux amer

 

Voilà,
c'était en Août dernier, un dimanche je crois. Nous avons fait une balade en vélo du côté du bois de Boulogne, ma fille et moi. Août à Paris, c'est agréable, il n'y a jamais beaucoup de monde. En plus l'année dernière il ne faisait pas particulièrement chaud. Ça m'allait parfaitement après la fournaise avignonnaise. Lorsque nous sommes passés à proximité de la Fondation Vuitton, on a vu qu'il n'y avait pas trop de monde dans la file d'attente. Alors, comme ça, au débotté, nous sommes allés voir l'exposition Warhol/Basquiat. Ensuite, nous avons fait un tour au jardin d'acclimatation. La lumière était belle, la promenade fut paisible. 
En regardant cette photo maintenant, je ne peux m'empêcher de penser que nous ne savions rien encore de ce qui sournoisement faisait déjà son sale travail. "Le temps est passé mais l'émotion demeure intacte..."
Je me souviens que j'ai attendu un petit moment avant de déclencher car je voulais avoir dans mon cadre le passage de l'une des nacelles du manège.

mardi 7 mai 2024

Mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe (14)


 
Ça me revient
quand j'étais enfant les épreuves de ski alpin étaient retransmises à la télévision, c'était l'époque de Jean-Claude Killy, Karl Schranz, Guy Périllat, Annie Famose, les sœurs Goitschel

ça me revient
dans le film "Pauvres Créatures", le savant qui dit au moment de mourir "c'est très intéressant ce qui se passe là". Je trouve que c'est la meilleure réplique du film
 
ça me revient
Le choc ressenti en lisant "Le Démon" d’Hubert Selby Jr

ça me revient
la première fois où j’ai vu, lors de cette émission du dimanche soir, intitulé le ciné club de Claude-Jean Philippe, le film "Hangover Square"  de John Brahm avec cet extraordinaire acteur Laird Creggar et la musique de Bernard Hermann

ça me revient
la fois où j'étais tout content de faire écouter à ma fille "a rainbow in curved air" de Terry Riley, parce que je trouvais qu'après toute ces années ça tenait encore la route, et qu'elle m'a ironiquement répondu que ça ressemblait à une sonnerie de téléphone 

ça me revient
quand le président Pompidou est mort, j'étais en vacances avec mes parents et mon frère cadet (le benjamin était en route). Je me souviens que quelques mois auparavant, Roger Wen, avait dit à Philippe et Dominique, qu'il tenait de source sûre que Pompidou était très malade
 
ça me revient
Au 136 bd Montparnasse il y avait une galerie qui exposait des trompe l’œil. Elle avait un nom italien dont je ne me souviens pas, Gualtieri, peut-être, il faudrait vérifier sur un vieil annuaire.

ça me revient
L’actrice Clémentine Celarié lors du sidaction 1994 avait embrassé un malade du sida sur la bouche pour prouver que cela ne se transmettait pas par un baiser.
 
ça me revient 
la cassette de "Rhapsody in Blue" de George Gerschwin par Michel Legrand, que j'avais achetée pour mon père et que finalement j'écoutais tout seul dans ma chambre
 
ça me revient
lorsque dans le confortable et moderne salon de la rue de Vaugirard, le dimanche soir, nous regardions avec Philippe et Dominique les émissions de Bruno Monsaingeon sur Glenn Gould 
 
ça me revient
le premier match de Zidane en équipe de France, c'était à Bordeaux, contre la Tchécoslovaquie, l'affaire était plutôt mal engagée, il en rentré en cours de match et il a collé deux buts en 5 mn en toute fin de partie qui ont rétabli la situation et permis un match nul
 
ça me revient
le groupe québecois Beau Dommage que j'ai découvert lorsque Sophie Bernard m’avait prêté son appartement à l'été 77 avant que je n'emménage avec Agnès, et l'émerveillement que ce fut.
 
ça me revient
Oxymorron du groupe allemand Guru-Guru. Dans ma jeunesse, la partie instrumentale me faisait rêver, voyager intérieurement et très profondément, suscitant, lorsque j'avais un peu fumé, des images mentales très étonnantes. Il y avait aussi sensiblement à la même époque cette incroyable version très rock et survitaminée de "down in the the flood" de Bob Dylan, par le duo Finnegan & Wood sur leur album "crazed hipsters

ça me revient
la rue de l'Échaudé pendant le confinement, lorsqu'on n'avait le droit de se promener que dans un périmètre d'un kilomètre, qu'on était en quelque sorte tous dans la situation de prisonniers assignés à résidence avec un bracelet électronique, j'ai pris cette photo parce que j'enviais l'apparente insouciance de ces enfants.

ça me revient 
soudain le nom de John Surtees, un pilote de formule1, anglais je crois, du début des années soixante et qui conduisit pendant un temps une Lola climax avant de devenir champion du monde en 1964 sur Ferrari
 
ça me revient
l’engouement d’Agnès lorsqu’elle avait quinze ans pour le film "Harold et Maud" d’Al Hasby. Elle l'avait vu bien avant que je ne la connaisse, et cela faisait partie de ses films préférés, avec "L'enfant sauvage" de Truffaut

ça me revient
dans "le Journal de Mickey" version française, du début des années soixante, il y avait une bande dessinée intitulée "Les cinq sous de Lavarède". Après vérification, il s'agissait de l'adaptation d'un roman d'aventures paru en 1894 écrit par Paul d'Ivoi et Henri Chabrillat
 
ça me revient
mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe 

lundi 6 mai 2024

Gentillesse


Voilà,
j'avais rencontré beaucoup de gentillesse cette fin d'après-midi de Janvier au fond de ce café. Juste une heure partagée, une présence, quelques mots de réconfort dont j'avais tant besoin et ce sourire si singulier. Je fus vraiment désarmé par tant de bonté, de générosité et de désintéressement. En chinois le mot Cheng désigne l'authenticité parfaite.

dimanche 5 mai 2024

Maison de la Radio

 
Voilà,
en Janvier dernier, la dernière fois où je me suis rendu à la Maison de la Radio pour y enregistrer des « voice over » pour une émission, comme il m'arrive quelquefois — trop rarement — de le faire, ces fresques joyeuses et colorées dans le hall d'accueil et dans l'escalier qui menait au bar, ont piqué ma curiosité car je ne les avais jamais vues auparavant. Je crois qu'elles avaient été réalisées pour un événement festif qui devait se dérouler dans ces murs durant le weekend qui allait suivre. Je ne sais pas si elles s'y trouvent encore.

 
J'aime particulièrement la maison de la Radio. Elle fut inaugurée en 1963 par De Gaulle et c'était alors le siège de ce qui s'appelait la RTF. Cet édifice représentait à mes yeux une idée du futur, sans doute en raison de son architecture et j'étais même allé le visiter peu de temps après mon arrivée à Paris. Durant mon enfance, dans le "Journal Tintin" que j'achetais tous les mercredi, des articles lui avaient été consacrés. La radio de mes jeunes années avait pourtant été Europe1, celle de SLC  salut les copains et continuerait d'être celle de ma préadolescence à cause de Campus l'émission du soir de Michel Lancelot. Ce n'est que plus tard vers 1972 ou 1973 que j'ai découvert le pop club de José Artur avec son délicieux générique de Claude Bolling, chanté par les Parisiennes dont le refrain joyeux et entraînant me rappelle l'année où je suis arrivé dans les Landes, et la période la plus sereine de mon enfance.
 
 

 
Ce bâtiment où il m'arrive donc occasionnellement de travailler reste toujours aussi fascinant, sans doute en raison de son caractère labyrinthique (je n'ai jamais su m'y orienter) et conserve quelque chose d'irréel est énigmatique. C'est aussi l'image d'un futur qui n'a pas eu lieu, celui que mon enfance imaginait Ces mondes qui ne sont pas advenus et que je portais en moi ne constituent autant que les actes que j'ai pu poser tout au long de ma vie. Ils n'en demeurent pas moins à leur façon, des événements — secrets, fantômes — mais des événements tout de même. D'ailleurs, comme le faisait remarquer Borges, on ne sait si la réalité relève du genre réaliste ou du genre fantastique.
Sur la photo, on peut remarquer sous l'esplanade les tentes de sans-abri, en bordure de la voie rapide qui longe la Seine. ça par contre c'est du genre réaliste et bien sordide.

jeudi 2 mai 2024

Rien qui m’appartienne

 

Voilà,
j'aimerais pouvoir dire et penser comme Kobayash Issa
Rien qui m'appartienne
Sinon la paix du cœur
Et la fraîcheur de l'air.
Je n’ai hélas ni cette légèreté ni cette capacité d’abandon
Un paysage parfois peut me donner l’illusoire et furtive impression
d’accéder à une forme de sérénité.
Mais ce qui se dissipe un moment ne tarde pas à revenir 
Et il est bien lourd le poids des fantômes dans la sarabande des souvenirs

mercredi 1 mai 2024

Un autre premier Mai


Voilà,
c'était le premier mai 2019 sur la place Edgar Quinet, cinq ans déjà. J'avais alors entrepris une liste des étonnements. Je devrais recommencer. Les listes c'est bien pratique lorsqu'on n'a pas d'idée. En ce moment j'éprouve ce que les grecs nommaient Aporia qui ne signifie pas simplement une difficulté à résoudre un problème, une contradiction insoluble dans un raisonnement, sens que le français a donné au mot aporie. Non c'est quelque chose de plus ample. C'est aussi l'incapacité de se rendre quelque part, de joindre quelqu'un. C'est le doute réel éprouvé concernant ce qu'on est, ce qu'on doit faire, qu'on doit dire. C'est la sensation de désarroi, d'angoisse même, face aux trois questions kantiennes "Que puis je croire ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ?". Questions qui autrefois constituaient un motif de blague. La réponse se résumait en général à "pas grand chose". 
À présent,
je consulte des sites spécialisés, je cherche des réponses. Des raisons d'espérer. Mais lorsqu'elles me sont données elles sont si complexes qu'elles me paraissent incompréhensibles.
Je n'ai plus envie de me lever, de bouger. Je prends du poids. Fatigue, torpeur. Insomnie.
Comment cette fois-ci en sortir ? 

Publications les plus consultėes cette année