mercredi 31 décembre 2014

See U Next Year


Voilà,
l'une se termine, une autre commence
que l'année qui vient soit meilleure que l'année qui va

mardi 30 décembre 2014

Tunnel volaille et fruits exotiques



Voilà,
je marche d'un pas plutôt allègre car le danger semble – du moins pour un moment – s'être éloigné. Et ça, c'est une sacrée bonne nouvelle. J'ai néanmoins l'esprit occupé par une lubie qui souvent me saisit à cette époque de l'année : je veux au plus vite trouver des fruits exotiques, en particulier des tamarillos qui sont à la couleur orange ce que les kiwis sont au vert, je parle de la pulpe bien sûr. En dépit de toutes ces choses à faire, laissées en plan et négligées depuis des mois, c'est ça l'objectif que je me suis imposé pour la journée. J'ai une adresse qui me semble fiable. En remontant le boulevard, j'aperçois une fille ordinaire ni belle ni moche, (vraiment le look de la girl-next-door) plutôt jeune d'apparence  - je lui donnerais à peine plus de 25 ans -  sortant d'un Love Store (enfin c'est ce qu'il y a marqué sur la devanture) avec deux gros sacs bien remplis. Apparemment elle a bien fait chauffer la carte bleue. Je me demande alors si elle a juste acheté de la lingerie sexy pour Noël ou bien aussi des sextoys ou que sais-je encore d'autres accessoires. Cela occupe mes pensées un bon moment parce que je suis comme ça moi, je me demande souvent comment font les autres, et aussi ce qu'ils sont vraiment, qu'est ce qui les travaille au fond et quelle peut bien être leur vie sexuelle.... Après m'être égaré – c'est normal, les questions parfois ça égare – je parviens enfin à trouver le magasin que je cherchais. Bien moins achalandé que je ne le supposais je n'en rapporte que des narangilles surgelées, une bouteille de nectar de baobab et un pack d'Inca-Cola, un soda sud-américain que j'ai acheté à cause de la couleur jaune de son emballage et qui risque bien de me durer quelques semaines, sinon plus, tant c'est dégueulasse (mais ça c'est une autre histoire). Sur le chemin du retour, il y a ce paysage qui se fige dans mon regard. L'inquiétante banalité du lieu, le ciel chargé de nuages et la volaille perchée sur le panneau exigent une trace. Je fais la photo pour répondre à cette muette et pressante injonction, sans doute aussi pour justifier l'incongruité, sinon l'absurdité de ma présence ici, à ce moment. J'ai comme l'impression d'avoir perdu mon temps. En tout cas je n'ai pas trouvé ce que je cherchais.

lundi 29 décembre 2014

A propos d'un grognement


Voilà,
je le savais bien qu'il était tout à fait déraisonnable de laisser la porte ouverte avec, posés bien en évidence sur la petite table visible de l'entrée, mon smartphone et mon appareil photo, mais je l'ai quand même fait. Je n'avais pas voulu écouter les conseils, et bien évidemment ce qui devait arriver arriva. Un voleur s'est subrepticement introduit et les a dérobés. Je l'ai vu sortir et me suis aussitôt mis à ses trousses en essayant d'alerter des passants. Mais il allait beaucoup trop vite. L'espace s'est diffracté en une multitude de lieux, mon voleur s'est effacé comme une ombre et a disparu. J'ai renoncé, réalisant que les mots que j'avais cru prononcer ressemblaient au ridicule couinement d'un chihuahua sur lequel on vient de marcher : une sorte de râle grotesque et inarticulé. Je me suis rassuré en supposant que l'on ne m'avait en réalité rien volé puisque je m'étais entendu grogner dans mon sommeil. Une main bienveillante s'est d'ailleurs aussitôt posée sur moi et j'ai compris que j'étais dans un lit et que je n'y étais pas seul. Un long moment cependant, je suis demeuré en état de veille, inquiet et aussi honteux de ce que je venais d'entendre : ce qui était sorti de moi avait voulu être une phrase et s'était réduit à un grommellement incompréhensible. Je songeais à Baudelaire devenu aphasique qui ne savait plus dire que "crénom !", à ceux qui ne peuvent plus parler à cause d'un accident cérébral, à cette sensation que j'éprouve souvent de ne plus être en mesure de formuler une pensée un peu complexe, aux forces qui décroissent avec l'âge et à tous les renoncements que cela implique. Je me sentais aussi terriblement vulnérable à cause de ce cri, comme démasqué. Je me suis dit qu'il ne fallait pas perdre de temps. Écrire, continuer de développer des photos, dessiner, réaliser des montages, persévérer à imaginer, à réfléchir, même sur les choses apparemment insignifiantes, faire travailler son cerveau, exciter les sens, emmagasiner des émotions, les transformer, leur donner une forme, indifférent aux regards condescendants de ceux qui consacrent leur temps à des tâches plus concrètes plus utiles et plus lucratives. Il m'est si souvent arrivé d'être "utile" ces derniers mois que j'ai juste envie aujourd'hui de joindre comme le disait, François Morel, je crois mais je n'en suis pas sûr, le futile à l'agréable. 

dimanche 28 décembre 2014

Tard dans la nuit


Voilà, 
tard dans la nuit rentrer quoiqu'il en coûte, même si l'on voudrait être ailleurs, terriblement, rentrer donc, tout en songeant à ce que Kafka écrivait à propos des lettres et qui peut-être aussi vaut aujourd'hui pour les posts et les réseaux sociaux en général : "La grande facilité d’écrire des lettres doit avoir introduit dans le monde - du point de vue purement théorique - une terrible dislocation des âmes : c’est un commerce avec des fantômes, non seulement avec celui du destinataire, mais encore avec le sien propre ; le fantôme grandit sous la main qui écrit, dans la lettre qu’elle rédige, à plus forte raison dans une suite de lettres, ou l’une corrobore l’autre et peut l’appeler à témoin. Comment a pu naître l’idée que des lettres donneraient aux hommes le moyen de communiquer ? On peut penser à un être lointain, on peut saisir un être proche : le reste passe la force humaine. Ecrire des lettres, c’est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avidement. Les baisers écrits ne parviennent pas à destination, les fantômes les boivent en route. C'est grâce à cette copieuse nourriture qu'ils se multiplient si fabuleusement ...". 

samedi 27 décembre 2014

Vivre, c'est être un autre


Voilà,
"vivre, c’est être un autre. Et sentir n’est pas possible si l’on sent aujourd’hui comme l’on a senti hier : sentir aujourd’hui la même chose qu’hier, cela n’est pas sentir – c’est se souvenir aujourd’hui de ce qu’on a ressenti hier, c’est être aujourd’hui le vivant cadavre de ce que fut hier la vie, désormais perdue." (Fernando Pessoa in "Le livre de l'Intranquillité")
Linked with weekend reflections

mercredi 24 décembre 2014

Un Sacré Gabarit


Voilà,
un jour sur un quai de gare j'ai aperçu cette silhouette. La première pensée qui m'est alors venue fut (et là je le précise pour les obsédés de la ponctuation il m'arrive parfois de penser en italiques fermez la parenthèse) : "tout de même, là, c'est un sacré gabarit !" Un peu comme le Père Noël si l'on y songe. Car si mes informations s'avèrent exactes, c'est bien le moment d'y songer non ?

mardi 23 décembre 2014

Le Chaos domestique


Voilà,
si j'avais alors d'étranges visions, je ne passais pas un temps considérable à trier des ordures, à jeter des papiers inutiles - vieux programmes, invitations périmées -. Je ne me sentais pas le devoir de répondre à des sollicitations trop souvent ennuyeuses. Je n'étais pas contraint de batailler contre la poussière envahissante (et c'est un combat qui jamais ne cesse) ni de lutter contre le chaos domestique toujours menaçant. La question d'avoir une maison pas trop mal rangée où toute chose serait relativement à sa place ne se posait pas. Chercher un livre dans la bibliothèque ne constituait pas en soi un problème ; maintenant la plupart du temps c'est l'expédition Amazone Orénoque. A l'époque, je vivais de peu et, somme toute n'étais pas trop mal organisé.... Bref, je me demande si je ne suis pas en train de m'apprêter à prendre une résolution pour l'année qui vient.
shared with sunday postcards 

dimanche 21 décembre 2014

N'être qu'un rêveur


Voilà, 
"Je n’ai jamais rien fait que rêver. Cela, et cela seulement, a toujours été le sens de ma vie. Je n’ai jamais eu d’autre souci véritable que celui de ma vie intérieure. Les plus grands chagrins de mon existence se sont estompés dès lors que j’ai pu, ouvrant la fenêtre qui donne sur moi-même, m’oublier en contemplant son perpétuel mouvement. Je n’ai jamais voulu être rien d’autre qu’un rêveur. Si l’on me parlait de vivre, j’écoutais à peine. J’ai toujours appartenu à ce qui n’est pas là où je me trouve, et à ce que je n’ai jamais pu être. Tout ce qui n’est pas moi – si vil que cela puisse être – a toujours eu de la poésie à mes yeux. Je n’ai jamais aimé que rien. Je n’ai jamais souhaité que ce que je ne pouvais pas même imaginer. Je n’ai jamais demandé à la vie que de m’effleurer, sans que je la sente passer." (Fernando Pessoa in "Le livre de l'Intranquillité")
shared with Rain's TADD

samedi 20 décembre 2014

Place des Fleurs


Voilà,
chaque pas sera précieux tant qu'il y aura des pas. Vais-je choisir de marcher plutôt que m'asseoir et écrire ? J'ai envie de gravir encore les collines de Lisbonne de retourner un jour sur la petite praça das flores, louer une chambre non loin, y entendre comme le dit si tendrement Louis-René des Forêts "les vocalises jubilantes des oiseaux comme autant de louanges au soleil pourvoyeur de vie". 

jeudi 18 décembre 2014

Au Bureau


Voilà,
"On travaille si excessivement au bureau qu’on finit par être trop fatigué pour bien jouir de ses vacances. Mais tout ce travail ne vous donne encore aucun droit à être traité par chacun avec amour, on est seul au contraire, totalement étranger aux autres, simple objet de leur curiosité. Et tant que tu dis "On" au lieu de dire "Je", cela va encore et tu peux réciter cette histoire comme une leçon apprise, mais dès que tu t’avoues que ce "On" est toi-même cela te transperce littéralement et tu es épouvanté…" (Franz Kafka) Linked with Weekend reflections

mardi 16 décembre 2014

Les temps changent

Voilà,
c'est bien de parler des choses objectives de temps en temps d'évacuer la complaisance du moi-je les confessions à la mords-moi-le-nœud les nostalgies oniriques les branlettes sentimentalo-sirupeuses (quoiqu'une branlette c'est toujours quand même un peu sirupeux) n'est pas Kafka Montaigne ou Pessoa qui veut en tout cas pas moi. Une aimable lectrice croisée un jour dans un théâtre me fit remarquer que mes posts n'étaient pas assez aérés que ça manquait de paragraphes et de ponctuation eh bien ces cinq premières lignes sont pour toi Marie. Dis-toi puisque tu es comédienne qu'il faut prendre son souffle à chaque début de phrase ne pas lâcher jusqu'au point suivant et aussi que dans les moments de grand désarroi le Drillon je m'assieds dessus. Car aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres : il est le lendemain d'une grande déception : la Hune, la librairie la Hune, qui avait déjà déménagé vers la rue Bonaparte il y a quelques années, pour céder son local à Vuitton et qui était une institution à St Germain des prés, la Hune chasse ses clients à 20 heures putain oui La Hune n'ouvre plus jusqu'à minuit. C'est comme si, au Mont St Michel la Mère Poulard rayait son omelette de la carte. Il reste par bonheur la librairie "L'Écume des Pages" un peu plus haut sur le Bd St Germain (bien plus belle d'ailleurs) où l'on pourra continuer de traîner en attendant un jour nouveau. Voilà, rien ne dure. C'est comme ça. 




Sinon je laisse cette photo qui n'est absolument pas d'actualité, prise sur la place St Germain des Prés. Je ne crois pas l'avoir déjà publiée. C'était vers Noël, en 2011. Vuitton était déjà bien implanté et j'avais alors encore assez d'argent pour aller chez le dentiste. Je ne sais malheureusement pas qui est l'auteur de cette sculpture. Allez bon baisers.

dimanche 14 décembre 2014

La Prairie

Paysage du Cantal
Voilà
ce que Borgès écrit quelque part (cette phrase je l'ai notée il y a longtemps sur un carnet et je ne sais plus de quel ouvrage elle est extraite). "Il existe une heure de la soirée où la prairie va dire quelque chose. Elle ne le dit jamais. Peut-être le dit-elle infiniment et nous ne l'entendons plus, ou nous l'entendons, mais ce quelque chose est intraduisible comme une musique..." À cette pensée remémorée la nuit dernière (et qui sans doute fut inspirée par un autre genre de relief), j'ai associé ce paysage ressemblant à celui devant lequel, il y a peu de temps, je me suis retrouvé en rêve, auprès d'une personne qui vit aujourd'hui des heures douloureuses. Je n'avais pas alors à chasser de mon esprit toutes les inquiétudes la concernant et qui me hantent à présent. Nous étions là tous les deux, assis côte à côte sur un rocher, après avoir cheminé ensemble, sans doute sur un de ces sentiers menant à St. Jacques de Compostelle. Les foins embaumaient dans l'air tiède et l'on pouvait entendre au loin tinter ces cloches que l'on appelle clarines et qui sont attachées au cou des vaches. D'un mouvement de bras plutôt nonchalant, nous chassions parfois les moucherons qui nous approchaient. Je me souviens juste de ce "c'est bien" qu'elle avait prononcé à mi-voix et de la façon si singulière qu'elle avait eue de saisir ma main et s'emparer délicatement de chacun de mes doigts l'un après l'autre. Puis nous étions restés un long moment muets avec cette paisible sensation de communier dans un état sans mesure, d'être comme accomplis dans ce présent qui seul importait. À l'heure où j'écris ces lignes je voudrais être auprès d'elle qui, ensevelie dans sa souffrance, ne souhaite aune visite dans sa chambre d'hôpital. Auprès d'elle oui et à mon tour juste tenir sa main.

samedi 13 décembre 2014

Tribulation


Voilà
il va son chemin
ne sait où le portent ses pas
et s'il suit le cours de sa tribulation il n'en devine ni l'objet ni le sens

Qui parle qui avance
Qui s'étonne et s'égare dans le voisinage des spectres
Qui s'éparpille et se dissipe dans la cohorte de silhouettes à peine reconnaissables

Parfois
sur le bois humide des portes
sur le marbre des tombes recouvertes de mousse
dans les les pages moisies de vieux annuaires
il cherche un nom


mais qu'apparaisse un paysage


un rêve appareille aussitôt

vendredi 12 décembre 2014

La Confession


Voilà,
une vie qu'on ne peut se résoudre à taire même s'il est probable que toute parole tient du leurre.
Paysages de mots. Finalement c'est peut-être ça la bonne option. Je ne sais pas. Y réfléchir

jeudi 11 décembre 2014

Le Chemin d'une question


Voilà,
"aux aguets, craintive, une réponse rôde autour de la question avec espoir, scrute désespérément son visage inaccessible, la suit sur les chemins les plus insensés, c'est à dire ceux qui vont chercher au plus loin de la réponse" (Franz Kafka in "les aphorismes de Zürau")

mercredi 10 décembre 2014

A cause de Crevel


Voilà
dit-il, "tout ça, c'est à cause de Crevel je pense, oui René Crevel lu trop jeune lu trop tôt. Crevel qui portait dans son prénom l'idée de renaissance et dans son patronyme celle de mort, Crevel donc, à cause de ce titre sans doute, "Mon corps et moi" et dès lors j'ai vraiment pensé ou cru pendant de longues années que j'étais distinct de mon corps. Maintes fois il m'a semblé qu'il n'était pas toujours mon allié, mais la plupart du temps un compagnon capricieux et trop souvent récalcitrant. J'ai mis des années à réaliser que mon corps et moi c'était la même chose, que j'étais un corps pensant et que la pensée n'était rien d'autre que l'expression du corps traversé de sensations d'informations de valeurs de contraintes d'expériences, que je n'étais que matière et la pensée son émanation, que tout passait par là et y revenait que les mots n'étaient qu'une affaire de corps de ce corps". J'ai comme la sensation qu'il essaie de me dire autre chose, ces derniers temps, mais je n'en suis pas très sûr.
shared with friday face off

lundi 8 décembre 2014

Il faut que l'un veille


Voilà,
ce soir en rentrant - je ne sais pas pourquoi (ou peut-être ne le sais-je que trop bien sans toutefois vouloir me le formuler) - je me suis rappelé de cette image conçue au début des années 80 et j'ai réalisé que je ne l'avais jusqu'à présent jamais mise en ligne. Elle me ressemble vraiment. Aujourd'hui encore, je la considère comme une sorte d'autoportrait. Il est possible d'ailleurs que je sois toujours plus ou moins à la même place à convoiter la sagesse de la pierre, impassible au bord du chemin.
En même temps je ne peux m'empêcher de l'associer à ce bref texte de Kafka qui continue de m'émouvoir : "Tout autour dorment les hommes. Une petite comédie, une innocente illusion qu'ils dorment dans des maisons, dans des lits solides, sous des toits solides, étendus ou blottis sur des matelas, dans des draps, sous des couvertures! Ils se sont en réalité rassemblés comme jadis et comme plus tard dans le désert, un camp en plein vent, un nombre incalculable d'hommes, une armée, un peuple sous un ciel froid, sur la terre froide ; des hommes que le sommeil avait jetés à terre à l'endroit même où ils se trouvaient, le front pressé sur le bras, le visage contre le sol, respirant tranquillement... Et toi, tu veilles, tu es un des veilleurs, tu aperçois le plus proche à la lueur de la torche que tu brandis du feu brûlant à tes pieds... Pourquoi veilles-tu ? Il faut que l'un veille, dit-on! Il en faut un!". Ce fut un temps heureux, celui ou nuit et jour, je baignais dans l'œuvre de Kafka

dimanche 7 décembre 2014

Transparence


Voilà,
c'est juste que la réalité parfois semble plus mystérieuse et surprenante dans un reflet inscrit sur la transparence d'une chaise. Après tout, comme l'écrivait Borgès : "Personne ne peut savoir si la réalité appartient au genre fantastique ou réel et si non plus il existe une différence entre vivre et rêver". Aussi est-il bon parfois de s'imaginer n'être que le songe d'un objet, fût-il en polycarbonate.

jeudi 4 décembre 2014

Au Grand Wazoo



Voilà,
cela fait 21 ans que Frank Zappa et son Grand Wazoo se sont envolés
même si ça ne tombe pas juste, une petite pensée quand même

mercredi 3 décembre 2014

Hantise


Voilà,
hébétée dans cette sorte de fourmilière, elle ne peut s'empêcher de songer, non sans effroi, à ceux qui, voyageant tout comme elle, furent un jour surpris par la violence de la déflagration et, sans même le réaliser, passèrent aussitôt de vie à trépas. Mais aussi : visions des corps déchiquetés, des peaux brûlées qui suppurent, des membres arrachés, du sang répandu, de ceux qui se tordent de douleur incapables de comprendre ce qui leur arrive. Les cris les hurlements, et dans une indescriptible panique certains cramponnés à leur smartphone essaient encore d'appeler quelqu'un. Et puis les corps inertes, casque audio encore fixé aux oreilles, le visage crispé, saisis dans l'horreur. Si souvent ils esquivaient la misère quand elle mendiait quelques pièces ou un ticket restaurant, espérant ainsi se protéger du monde en détournant le regard, eh bien le monde a fini par venir à leur rencontre. Oui c'est à cela que pense Chantal Dobričić, c'est ça qu'elle ne peut s'empêcher de projeter dans la morose torpeur du wagon. Car soudain, tout est devenu suspect. Une fraction de seconde, le reflet multiplié de l'homme debout lisant son journal a fait ressurgir la terreur ancienne, la vision du carnage, restée là, tapie, menaçante, planquée dans la mémoire depuis l'enfance et qui en fait jamais ne l'a quittée.

lundi 1 décembre 2014

Jeanne d'Arc is back in town


Voilà,
un jour, oui c'est un jour d'été à l'heure de la sieste, je me retrouve dans un rêve qui ça j'en suis certain n'est pas le mien mais celui de cette fille qui se prend pour la réincarnation de Jeanne d'Arc bien qu'elle ne soit plus vierge depuis longtemps, et de cela je suis certain à cause de son petit sourire qui en dit long sans vraiment le dire. Beaucoup plus vieux que je ne le suis maintenant et que je ne le serais peut-être jamais, tranquille peinard (etc...), je lis un journal sportif étranger dont je ne reconnais pas la langue mais où il est vaguement question d'un joueur de football albinos promis à un très grand avenir, un avant-centre je crois. "Julio, Julio" dit elle "tu n'entends pas". Je comprends que c'est à moi qu'elle s'adresse, mais je ne daigne pas relever la tête, car dans son rêve je suis affublé d'un chapeau ridicule qui me déplaît particulièrement et qu'en m'appelant Julio je vois très bien où elle veut en venir. Elle veut me faire chanter. "Les voix, les voix", dit-elle "tu ne les entends pas" ?"
- Bien sûr que je les entends
- Que disent elles ?
- Tu devrais te taire voilà ce qu'elles disent
Que je sois soudain si désagréable avec Jeanne d'Arc, n'a rien d'étonnant. Elle ressemble à une actrice très antipathique avec laquelle j'ai autrefois travaillé, et je ne supporte pas sa façon de répéter le début de ses phrases.
- oui tu devrais te taire parce que tu joues faux. Quand ils bêlent, tes moutons sont plus intéressants que toi quand tu parles.
Ça c'est envoyé. Il n'y a pas à dire, je suis vraiment très remonté.
"En tout cas" me répond-elle, "ce n'est pas ce que m'a dit St Michel. Ni Charles Péguy".
Là c'en est trop je la gifle pour qu'elle se réveille. Et tout à coup je m'aperçois qu'elle est morte depuis des années. 

samedi 29 novembre 2014

Formation


Voilà,
devant l'escalator qui la hausserait bientôt sur l'esplanade elle sentit l'angoisse la tenailler. Qu'allait-il se passer durant cette journée ? Elle appréhendait ce moment où elle se retrouverait dans une salle de réunion parmi des inconnus et peut-être aussi en compagnie de collègues qui sauraient tout de sa peur panique d'intervenir en public. Elle n'avait rien demandé. Son manager trouvait qu'elle manquait d'assurance et pour cette raison lui avait recommandé une formation. "Communication persuasive" était-il écrit sur sa convocation. Ce que redoutait le plus Nathalie Couston, c'était d'être filmée, de devoir se confronter à sa propre image en présence d'autres qui ne manqueraient pas de la juger. Elle se trouvait laide, ne supportait pas de se voir. Son mari lui répètait sans cesse qu'elle était coincée froide et sans imagination. Sans doute avait-il raison. Il la contraignait parfois à faire de ces choses qui la dégoûtaient et dont elle avait peine à imaginer que d'autres puissent y trouver du plaisir. À quoi bon tout ça songeait elle. Une journée grise et sans joie commençait. Une de plus. Elle se souvint de la fois où, en quatrième, elle avait séché tout un après-midi et de cette exaltante sensation de liberté qui l'avait alors accompagnée, mais aussi de la punition qui s'en était suivie et de la honte ensuite éprouvée. Une seconde, elle fut traversée par le souvenir vague et fugace d'un poème appris autrefois où il était question d'automne de mélancolie et de vent mauvais. Elle pressa le pas. Il ne fallait surtout pas qu'elle arrive en retard. Quelque chose d'autre s'insinua dans ses pensées. Avait elle correctement refermé la porte du congélateur ? (Linked with The weekend in black and white)

mercredi 26 novembre 2014

De sa fenêtre


Voilà,
de sa fenêtre en fin d'après-midi, Luiza Douradinha avait pu apercevoir le Cardinal, l'Évêque diocésain, son coadjuteur, ses auxiliaires, et puis aussi les prêtres les archiprêtres et tous les diacres, les curés, les nombreux séminaristes visités par leurs familles et bien sûr la foule des fidèles qui à la sortie de l'office s'étaient massés sur le parvis de la cathédrale avant de s'égayer dans les rues adjacentes. Ce samedi là n'était pas un jour comme les autres pour Luiza, non, vraiment pas un jour comme les autres. Toute la journée elle avait cherché son chapelet. Impossible de remettre la main dessus. Jamais auparavant il ne lui était arrivé de l'égarer. Depuis quelques temps la mémoire parfois lui faisait défaut. Et dans ces moments là, elle se demandait si le diable n'était pas en train de prendre possession d'elle.

lundi 24 novembre 2014

Angelot


Voilà,
je l'ai photographié, mais juste comme ça en passant, pour le souvenir. Sur l'instant c'était plutôt anecdotique, je ne me suis pas attardé plus que ça. Des entrées d'immeubles, ou des façades a priori étranges ou bien encore des détails qui, une fraction de seconde paraissent insolites et quelques jours plus tard se révèlent tout à fait dénués d'intérêt, j'en ai pris dans ma vie. C'était un angelot sur un pas de porte. Je le trouvais charmant, amusant, sans plus. Et puis de toute façon le cliché avait du être pris des milliers de fois sans doute. Mais j'ai quand même déclenché. Maintenant, plus je regarde cette photo, plus elle me trouble. Elle me touche aussi je crois. Peut-être parce que l'angelot est à la hauteur d'un regard d'enfant. Peut-être aussi parce que j'imagine qu'il joue  cet air de mandoline qui me relie par delà les années à un sourire et bien des moments de bonheur d'émerveillement et d'émotions intenses. Et puis sûrement parce que ce jour-là fut un jour paisible et heureux, que je n'oublierai pas. Oui ce jour-là, j'étais accordé au monde.( Linked with The weekend in black and white)

samedi 22 novembre 2014

Groove, je crois


Voilà,
je ne retrouve plus le sens, il ne vient plus à moi, les phrases ne tracent plus de chemin dans ma pensée. Du reste est-il vraiment pertinent de nommer ainsi ce que mon cerveau parvient tout juste à élaborer ? Parfois des choses écrites apparaissent sur les murs. Je n'arrive pas toujours à déchiffrer ce que je vois. Je crois lire "groove" mais cela pourrait aussi bien être "grogne". Je ne suis plus sûr de rien. L'idée cependant qu'un mot, un seul, puisse relier deux silhouettes sous une étoile solitaire suffit à me rassurer. Pour un temps du moins.

mercredi 19 novembre 2014

La Fin des Tristesses prudentes


Voilà,
"nous savons maintenant que les civilisations sont mortelles, que nous galopons vers des horizons d'apoplexie, vers les miracles du pire, vers l'âge d'or de l'effroi. Si l'histoire avait un but, notre sort à nous autres, qui n'avons rien accompli, comme il serait lamentable. Mais dans dans le non-sens généralisé, nous nous dressons, roulures inefficaces, canailles fière d'avoir eu raison. Nous voici maintenant à la fin des tristesses prudentes et des anomalies prévues. Plus d'un signe annonce l'hégémonie du délire" (Cioran) (Linked with The weekend in Black and white)

lundi 17 novembre 2014

Se raconter des histoires


Voilà
"Je me raconte des histoires, dont une quantité infime seulement verra le jour sur du papier. Écrire est un travail harassant : choisir, combiner les mots pour qu'ils ne s'éventant ne pourrissent pas trop vite à la lecture! Tâche totalement disproportionnée à nos forces que l'on se demande comment des hommes lucides ont osé l'entreprendre. sans doute - je parle en mon nom - finissent-ils par se convaincre qu'ils aident ainsi à produire une réalité qui leur dispensera un peu de sa force en retour. Ma pensée file, et se vide, ignore toute contrainte, vire, plonge et se retourne avec l'exquise souplesse d'une loutre jouant dans l'eau. Nous avons tous du génie dans la position horizontale et les yeux clos." (René Hardellet) linked with the weekend in black and white

vendredi 14 novembre 2014

Creature from the black lagoon


Voilà,
autrefois dans ma jeunesse, j'imaginais que cela devait être bien une vie de canard à St James Park, au cœur de Londres. Je suppose aujourd'hui que, canard dans une des pièce d'eau de la fondation Gubelkian à Lisbonne doit être un sort encore plus enviable, en dépit de cette statue qui, dissimulée dans les roseaux, évoque la "Creature from the black lagoon" du film éponyme de Jack Arnold

samedi 8 novembre 2014

Anniversaires


Voilà,
aujourd'hui ma fille a eu treize ans. Je tiens ce blog depuis cinq ans jour pour jour. Je comprends de moins en moins bien le monde où je vis. Mon corps s'y fatigue de plus en plus vite et trop souvent. Je ne sais pas trop où j'en suis. Si j'ai encore quelques images à donner, qui me semblent valables, elles ne sont en rien nécessaires à d'autre que moi. Les mots ne se laissent pas prendre. Les idées fanent à peine écloses. Je persévère pourtant, absurdement. Parfois, comme l'écrivait Pessoa, je voudrais "n'être rien, être une figure de roman, sans vie, sans mort matérielle, une idée, une chose que rien ne rende utile ou laide, une ombre sur un sol irréel, un songe épouvanté". Je l'ai peut-être déjà été d'ailleurs, en d'autres temps, sur les scènes et les plateaux. À présent, Je me tiens entre deux mondes, en équilibre précaire, comme ces silhouettes aperçues il y a peu. Il y avait alors encore de la lumière. On va désormais vers des jours gris. Uniformes. Je n'aime plus trop l'hiver. Il me fait peur.

vendredi 7 novembre 2014

Les Danseurs


Voilà, 
c'était le premier jour - un samedi - l'après midi tirait à sa fin. On est arrivé jusqu'au miradouro de Santa Lucia un petit point de vue au-dessus du quartier de l'Alfama, et c'est là qu'on a aperçu tous ces danseurs sur une terrasse. Je me suis d'abord demandé, si c'était un bal, une fête quelconque. J'ai mis un certain temps à comprendre que l'on enregistrait un clip, parce que les musiciens jouaient en play-back et que c'était toujours la même chanson montée en boucle. Bien que brésilienne, CheiraBem chanté par Luzo Balao, sera toujours pour moi la chanson de Lisbonne. Nous sommes restés attablés, peut-être une demi-heure juste au dessus, histoire de se reposer, car on avait marché toute la journée et l'on s'était réveillés très tôt. Il y avait cette ritournelle, cette lumière étonnante, le Tage en contrebas, et cette sensation de temps suspendu qui efface la fatigue. Toutes les femmes, quoique portant des chaussures plates dansaient pourtant sur la pointe des pieds, comme si elles se tenaient sur des talons hauts. (linked with skywatch friday)

mardi 4 novembre 2014

La Première Colline


Voilà,
le ciel bleu un mur jaune où se découpe l'ombre d'un autre mur 
des fleurs en avalanche
la première colline escaladée

samedi 1 novembre 2014

Cirrus


Voilà,
On n'a jamais vu tomber les nuages. Au ciel ils sont très attachés.
Cirrus :  j'aime son évanescente légèreté, son caractère éphémère, sa presque inconsistance
le seul qui se dilue parfois dans le bleu

jeudi 30 octobre 2014

Pas encore tout à fait revenu


Voilà,
elle va me manquer longtemps la douce quiétude de cette ville baignée de soleil où durant quelques jours il fut si bon de se perdre et, au gré du hasard, se laisser dériver de colline en colline. Toujours la promenade ramenait au fleuve. Il est probable que dans les semaines à venir j'aurais du mal à me détacher des images qui se sont déposées. Tout à coup Paris, en dépit du beau temps, me semble morne sale et triste. Et tellement uniforme. Pas vraiment envie d'être là. (Linked with The weekend in black and white)

mardi 28 octobre 2014

Travaux de Jeunesse


Voilà,
Trente ans après je trouve que finalement ces travaux de jeunesse n'étaient pas tout à fait dénués de qualité 

samedi 25 octobre 2014

Un autre mois d'Octobre


Voilà,
il y a quelques jours, à cause d'un petit projet qui me travaille, j'ai repensé à ce vieux collage du début des années 80. Et à bien d'autres choses. Je n'y peux rien, les souvenirs, je ne vais pas les chercher. C''est à cause des associations d'idées suscitées par de petits événements. Ce passage à la cinémathèque la semaine dernière par exemple. Et certainement que cette vieille photo de groupe où je figure et qui a circulé récemment sur un réseau social, provoquant bien des commentaires y est aussi pour quelques chose. Regardant tous ces visages on est amené à faire un peu le bilan. M'est donc revenu en mémoire cet autre mois d'Octobre durant lequel j'ai passé une quinzaine de jours à Strasbourg pour y jouer au TNS le spectacle "Rêves de Kafka" mis en scène par P. Adrien. Il y eut pendant ce séjour trois disparitions notoires annoncées dans les journaux. Celle de Michaux le 18, - et Michaux, ce n'était pas rien pour moi, il a été mon auteur de chevet pendant ma jeunesse, son œuvre et son nom sont associés à des rencontres qui furent déterminantes dans ma vie professionnelle - : Ensuite il y a eu la disparition de Truffaut le 21 et celle de Pascale Ogier le 25. Trente années ont passé depuis et je ne me sens - du moins mentalement - pas si différent du jeune homme que j'étais alors, même si je n'écoute plus les mêmes disques. Pour ce séjour j'avais emprunté à Philippe le père d'Agnès, son walkman. Agnès était d'ailleurs venue me retrouver. J'écoutais alors en boucle l'album "Tonight" de David Bowie, mais c'est là-bas aussi que j'ai découvert la chanteuse Sade avec le tube "Smooth Operator" si bien qu'à la FNAC de Strasbourg j'avais acheté l'album "Diamond Life". Je me rappelle aussi avoir d'une part retrouvé Anne Scheffler venue depuis Nancy voir le spectacle et que nous avions ensuite fini dans une boîte qui s'appelait "Les Aviateurs" et d'autre part d'un dimanche après-midi où avec Enzo, Catherine Léon Joël et Patricia nous étions allés manger dans un restaurant dans la campagne alentour. il me reste de ce séjour le souvenir de longues promenades sans but par des matins brumeux le long des canaux. J'aimais alors photographier les dessins au pochoir disséminés sur les murs de la ville... Peut-être un jour en mettrai-je en ligne... Ce n'est pas sûr.... Il y a tant à voir et à montrer...
shared with friday face off

vendredi 24 octobre 2014

A kind of King Lear


Voilà,
il me faisait plutôt penser à une sorte de Roi Lear dont la démence eût été peuplée de pigeons qu'au doux St François qui, dit-on, parlait aux oiseaux. Cette complicité avec tous ces rats volants sur lesquels il semblait régner dégageait tant de plumes et de poussière que j'en conçus une vague frayeur. Un instant je craignis la contagion de quelque virus aviaire. Ou de sa folie peut-être.
shared with  art journal journey -

mercredi 22 octobre 2014

Partir


Voilà,
partir paisible comme on migre vers un autre rêve
sans attente ni regret
mais avec beaucoup d'amour tenant dans un petit bagage
(shared with tagtuesday)

mardi 21 octobre 2014

D'ombre et de pierre


Voilà,
d'ombre et de pierre un songe sans retour où je me suis oublié
j'étais lumière j'étais poussière et tout ce qui tousse entre deux néants
un instant mes pas n'ont plus trouvé leur chemin
vacillante mémoire rends moi le nom qui se refuse le visage qui déjà s'efface

samedi 18 octobre 2014

Selfie


Voilà,
Il y a des jours où je ne peux me voir que comme ça
mal foutu clown bancal de traviole
ce n'est pas quelque chose de nouveau
car c'est un très vieux dessin
(si l'on peut appeler ça un dessin)
mais bon c'est toujours aussi ressemblant
allez !
ça finira bien par s'arranger
par passer
tout passe n'est ce pas

mercredi 15 octobre 2014

À chaque fois comme un tour de manège


Voilà
que sans raison particulière, la pensée décide de se saisir de ce cadre, de cet angle de vue. Des centaines de fois auparavant le regard a effleuré cette vision mais sans pour autant songer à s'y attarder. Mais à cet instant, c'est peut-être l'image d'un monde sans grand horizon ni guère de promesse qui se révèle soudain en haut de l'escalator. Pendant qu'il me haussait vers la sortie, je songeais au bonheur que c'était, enfant, d'emprunter celui des Nouvelles Galeries Bordelaises. À chaque fois comme un nouveau tour de manège. 

mardi 14 octobre 2014

L'Éblouissement


Voilà
Juste cet étrange moment dans la lumière du matin
un léger vertige un soudain éblouissement une fugitive sensation d'irréalité
à quelques secondes près j'aurais aussi bien pu ne pas y être
 

dimanche 12 octobre 2014

Passage du Cochon


Voilà,
celle-là, pas du tout d'actualité mais je m'en fous, je l'ai prise il y a plus de deux ans à Paris, rue Beaubourg, lors du nouvel an chinois. C'est curieux elle m'intrigue et continue de me charmer en dépit de son imperfection. Elle a ce caractère fugitif et familièrement étrange d'une image de rêve. 

jeudi 9 octobre 2014

Kangourous


Voilà
comment c'est arrivé. C'était mon seul jour de libre de la semaine. J'étais en avance pour mon rendez-vous chez l'ostéopathe. Je me suis donc promené sur la dalle. Cette fois ci, (est-ce parce que je n'étais pas venu depuis longtemps ?) cet endroit au cœur du quinzième arrondissement m'a soudain paru bizarre. Architecture urbaine des années soixante-dix. Grands immeubles. Espaces verts qui n'en sont pas vraiment. Végétation assez pauvre. Tout semble plutôt artificiel. Et puis il y a eu ça : cette déconcertante association, entre le lampadaire et ces peluches derrière la vitre. J'avais en poche ce livre de Simenon où il est beaucoup question de fenêtres et dont il ne me restait plus que quelques pages à lire. La résolution de l'histoire me paraissait incertaine. Je crois que pour une raison qui m'échappe je la redoutais. J'ai essayé d'imaginer à quoi ressemblait l'enfant qui vivait dans cette chambre. J'ai déclenché.

mardi 7 octobre 2014

S'adapter


Voilà,
"on s'adapte vois-tu à ce temps qui se truque
on naît avec le cœur dessiné au minium
comme les durs de durs se pointillent la nuque
pour annoncer la cible et pour jouer l'homme"
                                           (Chris Marker)

samedi 4 octobre 2014

64, Rue de Clignancourt


Voilà,
c'est la devanture de "The Lords of Barbès", rue de Clignancourt. Je l'ai prise il y a quelques semaines. Elle me plaît beaucoup. Après un rendez-vous dans le coin, comme il faisait beau et que j'avais du temps, j'en ai profité pour musarder un peu dans ce quartier où je venais souvent il y a quelques années. J'étais vaguement étourdi à cause des médicaments et sujet à une solide crise d'aquabonisme. Un peu dans l'humeur de la chanson qui me trotte en tête depuis la fin des vacances. Je ne sais pas si tout cela tenait à l'affligeant spectacle offert par nos dirigeants et la classe politique de ce pays, ou à d'autres tourments plus intimes, mais une envie de grand large avant qu'il ne soit trop tard,  de paysages et d'horizons nouveau m'a une fois de plus saisi... (Linked with weekend reflections)

mercredi 1 octobre 2014

Dormir pour oublier (16)

Voilà,
il y a juste ce petit détail, ce mot inscrit tout en haut de l'image et ce gisant en dessous camouflé enfoui dans son duvet, enfoncé dans le sommeil qui est comme une répétition générale de la mort. "Les clés du temps, du corps de l'espace de l'altérité, tout ce qui fait qu'un homme tient debout, ces clés ont été perdues, si jamais elles ont été possédées" (Xavier Emmanuelli)

mardi 30 septembre 2014

Une pensée pour Jean-Jacques Pauvert


Voilà,
Jean-Jacques Pauvert est mort le 27 septembre dernier à l'âge de 88 ans. Quand il en avait 19, il rédigea un manifeste dans lequel il clamait "Nous n'avons pas le respect des cadavres. Nous voulons vivre. Est-ce si difficile ? Le monde sera bientôt aux mains des polices secrètes et des directeurs de conscience. Tout sera engagé. Tout servira. Mais nous ? nous ne voulons servir à rien." Il n'a pas servi à rien. Ce fut un grand éditeur qui fit beaucoup pour la diffusion de la littérature érotique, des œuvres du Marquis de Sade en particulier mais aussi beaucoup d'autres, bravant la censure au risque de nombreux procès. Mais son intérêt ne s'arrêtait pas là, c'est lui qui le premier a édité "La désobéissance civile" de Henry-David Thoreau en France, mais aussi ce merveilleux livre de Jean Carrière "L'épervier de Maheux", et sorti de l'oubli Darien, Raymond Roussel, Oskar Panizza, René de Solier, autant d'auteurs rares et singuliers. Je me souviens aussi que dans les bacs des libraires du quartier latin on trouvait les livres de sa collection "Libertés" avec leur couverture couleur kraft et leur titres en gros caractères noirs. Tant d'ouvrages publiés parmi lesquels beaucoup ont agrémenté et enrichi ma jeunesse. J'avoue qu'à l'époque il m'est arrivé d'en voler quelques uns.

dimanche 28 septembre 2014

Le Poème de Saramago


Voilà,
il y a ce poème de Saramago qui résonne étrangement
"Je découpe mon ombre sur le mur
je lui donne vie chaleur et mouvement,
deux couches de couleur et de souffrance,
Ce qu'il faut de faim, le son, la soif.

Je reste de côté à la voir répéter
Les gestes et les mots qui sont moi
Figure dédoublée et mélange
De vérité vêtue de mensonge

Sur la vie des autres se projette
Ce jeu à deux dimensions
Où rien ne se prouve par des raisons
Tel un arc bandé sans la flèche.

Une autre vie viendra qui m'absoudra
De la demi humanité qui perdure
Dans cette ombre privée d'épaisseur,
Dans l'épaisseur sans forme qui la résoudra"

jeudi 25 septembre 2014

Envie d'espace


Voilà,
parfois j'aimerais faire comme Laura ou comme Bill qui photographient si bien la nature, ou comme Gracie qui envoie des photos de sa ville et de la campagne alentour. J'ai fouillé dans les boîtes et retrouvé de vieux négatifs. Ce paysage de Corse qui m'avait sidéré. C'était en 1986. Revenant de Rome, j'avais embarqué à Livourne dans un ferry à destination de Bastia. Je m'étais installé quelques jours dans un hôtel et avais loué un scooter pour me promener sur les routes. Le jour où j'ai pris cette photo je me souviens que, devant ce panorama, un papillon s'est posé sur mon sac à dos. Je me suis beaucoup baladé cet été là. Châteaudouble avec Nathalie et Steph, puis Prague dans une voiture qui avait traversé l'Ukraine après la catastrophe de Tchernobyl, Rome chez Gabriella puis la Corse et ensuite la vallée des merveilles à la frontière franco-italienne, et de nouveau Chateaudouble, le dernier été autant d'endroits dont on a appris plus tard qu'ils avaient été très irradiés. Cela dit avec toutes les explosions nucléaires qu'il y a eu depuis que je suis né j'ai eu de toute façon ma dose, et je ne suis pas le seul. Pour ce qui est du temps présent je suis fatigué des paysages urbains et de cette ville devenue déprimante à force d'être mon seul horizon. J'ai envie de grand air, d'espace....

Publications les plus consultėes cette année