mercredi 24 octobre 2012

Errant dans les ruines


Voilà
au lieu de la sensation de plénitude que j'avais autrefois éprouvée dans ce paysage - il avait alors semblé agir sur moi, comme un musicien qui, s'emparant d'un banal instrument, le révèle en quelque sorte à lui-même - je sentais sourdre une vague angoisse. La folie furieuse des hommes s'était aussi étendue à ce lieu que j'avais, à tort, envisagé comme un sanctuaire, et je ne comprenais pas comment moi, d'ordinaire si vigilant, j'avais pu venir ici en dépit de toutes les incitations qui, je m'en souvenais à présent, m'avaient étaient faites de ne point m'y rendre. Une odeur d'essence et de viande grillée flottait dans l'air, et les cigales ne chantaient pas. Il m'était arrivé déjà, de devenir invisible, mais c'était parmi d'autres gens qui n'étaient guère différents de moi. Là j'étais seul et la probabilité que ça marche était bien ténue. Je trouvais tout à coup fort intéressante cette hypothèse du chat de Schrödinger, à la fois mort et vivant. Ça offrait tout de même quelques perspectives. Et un peu de réconfort. Mais ni mort, ni vivant, ce qui était plutôt mon état, à bien y réfléchir, je ne courais finalement aucun risque. Cela faisait tant d'années que je passais inaperçu.
(Depuis les archives) 

8 commentaires:

  1. Ruins are seldom peaceful, but this one is:)

    RépondreSupprimer
  2. I actually like exploring ruins, there are always memories and history

    RépondreSupprimer
  3. ...people want to build empires, but with time they fail. Enjoy some peace this week.

    RépondreSupprimer
  4. You know Shelley's poem about Ozemandias? No matter how grand and successful, eventually it/we decay....
    “Ozymandias”
    I met a traveller from an antique land,

    Who said—“Two vast and trunkless legs of stone

    Stand in the desert. . . . Near them, on the sand,

    Half sunk a shattered visage lies, whose frown,

    And wrinkled lip, and sneer of cold command,

    Tell that its sculptor well those passions read

    Which yet survive, stamped on these lifeless things,

    The hand that mocked them, and the heart that fed;

    And on the pedestal, these words appear:

    My name is Ozymandias, King of Kings;

    Look on my Works, ye Mighty, and despair!

    Nothing beside remains. Round the decay

    Of that colossal Wreck, boundless and bare

    The lone and level sands stretch far away.”

    RépondreSupprimer
  5. It's always interesting to explore the past.

    Thanks for sharing your link at My Corner of the World this week!

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires a été activée. Les commentaires ne seront publiés qu'après approbation de l'auteur de ce blog.

Publications les plus consultėes cette année