mardi 13 juin 2023

Ne pas chercher à comprendre



Voilà
longtemps que je le pense, si notre espèce finit par disparaître un jour de cette planète, grâce à l’efficacité croissante des techniques de destruction, ce n’est pas la cruauté qui sera responsable de notre extinction et moins encore, bien entendu, l’indignation qu’elle suscite ; ni la cruauté, ni la vengeance, mais bien plutôt la docilité, l’irresponsabilité de l’homme moderne, son abjecte complaisance à toute volonté du collectif. Les horreurs que nous venons de voir, et celles pires que nous verrons bientôt, ne sont nullement le signe que le nombre des révoltés, des insoumis, des indomptables, augmente dans le monde, mais bien plutôt que croît sans cesse, avec une rapidité stupéfiante, le nombre des obéissants, des dociles, des hommes, qui, selon l’expression fameuse de l’avant-dernière guerre, "ne cherchaient pas à comprendre".  écrivait Georges Bernanos en 1947 dans "La France contre le robots". 
Mais, c'est un réflexe terriblement humain. "Ne pas chercher à comprendre" remplacé aujourd'hui par "faut pas se prendre la tête". 
On voudrait tellement que le monde ne change pas trop, ni trop vite. S'en tenir aux rituels anciens, immuables. Boire un verre en terrasse sans songer au monde tel qu'il devient ni aux nouvelles qui nous renvoient à l'absurdité de notre condition : il fait chaud à Paris où il n’a pas plu depuis le 16 mai. Trois semaines sans aucune précipitation, cela ne s’était pas produit à cette période de l’année dans la capitale depuis 1949. Et malgré une nuit de précipitations les sols d’Ile-de-France et plus globalement de la moitié nord du pays s’assèchent à nouveau. Oublier qu'il y a une semaine à New-York à cause des incendies au Canada, l’air est devenu irrespirable pendant quelques jours. Qu'il était alors conseillé de ne pas sortir ni de faire du sport, d’utiliser des masques et de recourir à l’air conditionné en fermant les fenêtres. Que si les écoles restaient ouvertes, les activités en plein air étaient supprimées. On rêvait d'un autre futur autrefois, dans les années cinquante. On imaginait que le progrès susciterait le bien être collectif, qu'il serait un moyen d'accéder au bonheur pour l'humanité. On espérait une gouvernance mondiale, celle des Nations Unies.... Putain on est loin du compte...
On ne veut pas songer non plus aux horreurs provoquées par l'invasion russe en Ukraine et aux terribles répercussions alimentaires pour une bonne partie de la planète, — puisque c'est un des greniers à blé du monde — qui ne manqueront pas d'aller en s'amplifiant. On veut oublier que depuis trois mois la température des océans survole tous les records, que celle de l'air décolle dans le monde depuis le début du mois de juin, et que l'étendue des glaces est au plus bas. On veut juste profiter d'une belle soirée de printemps, sur la place Dauphine, en se rappelant des airs d'il y a cinquante ans, quand l'album "dark side of the moon" paraissait, et que la marque de jeans Levi's offrait en France cette affiche publicitaire créée et réalisée par Gilles Bensimon pour l'agence CLM-Bbdo avec la place de la Concorde transformée en un vaste campus universitaire couvert de pelouse
 
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Ce que j’ai simplement compris pour ma part, c’est que j’appartiens à une espèce qui depuis des siècles, cherchant à domestiquer la nature, l’a peu à peu saccagée, et qu’il n’est de retour en arrière possible. Tous ceux qui ont, au cours des cinquante dernières années, tenté d’alerter sur les dangers à venir n’ont recueilli que sarcasmes ou indifférence. Et maintenant je suis fatigué. Pas docile, ni obéissant, non, juste fatigué.

8 commentaires:

  1. Réponses
    1. I wouldn't be able to say, But it doesn't look like much good will come of it. It would seem that the world is becoming increasingly chaotic, that states are tending to disintegrate, that the law of the strongest is increasingly in force, and that many populations are being forced to flee their regions for reasons of war, climate, etc. and that all of this seems to have no remedy.

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  2. Tiens, je vais t'en raconter une bien bonne : la CUB (communauté urbaine de Bordeaux) veut planter des arbres partout, des forêts urbaines comme ils disent. (c'est chouette non ?) Elle missionne des entreprises qui plantent (encore chouette non ?) et ne les paie pas . Certaines risquent de mettre la clefs sous la porte (...) Je trouve que c'est un parfait exemple de l'absurdité du mode de fonctionnement de notre société.

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  3. You show that civilisation would eventually destroy the mother earth

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  4. No, it is not the way we thought it would be...

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  5. They are putting that odd little space to good use!

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  6. Odd shaped place what a wonderful find. Each generation doesn't seem to believe the next generation will be able to make it. Perhaps they will. Just not the same reaction to the same difficulties such as war, power, pillage, rape, taking care of the environment, seeking out inner earth and outer space etc.

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