samedi 6 octobre 2018

Les faits ne pénètrent pas dans le monde de nos croyances



Voilà,
devant cette vitrine d'un commerce du quartier du marais, m'était revenu en mémoire ce que Marcel Proust écrit dans  "Du côté de chez Swann" Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin."  C'est ce que Léon Festinger a, en 1957 défini sous le terme de "dissonance cognitive". Pour résumer on ne peut pas croire ce que l'on sait. Oui c'est précisément à cela que j'avais songé, sans doute parce que depuis cet été les grands médias s'alarment — ce qui est assez nouveau —  de plus en plus du réchauffement climatique et des désastres écologiques qui ravagent lentement notre planète. Ou plus exactement on en parle, mais on ne change rien. Les rues sont encombrées de voitures dont on ne cesse de faire la publicité à la télévision, on continue de nous vendre des produits sous emballage plastique, de nous promettre la croissance dans un monde aux ressources finies comme un remède à la crise. Et l'on avance dans la réalité avec la conscience qu'elle va inévitablement changer en s'obstinant à ne pas y croire. Un peu comme le fumeur qui achète un paquet de cigarettes sur lequel il est écrit en gros caractères gras que "Fumer tue". Oui mais pas moi pense-t-il. Et dans le reflet des boules transparentes me revint le souvenir d'un dessin d'Escher. J'avais alors seize ans et sans doute éprouvais-je comme l'écrit Conrad dans "Jeunesse" "ce sentiment qui ne reviendra plus, – le sentiment que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes : ce sentiment dont l’attrait décevant nous porte vers des joies, vers des dangers, vers l’amour, vers l’effort illusoire, – vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au cœur, qui chaque année s’affaiblit, se refroidit, décroît et s’éteint, – et s’éteint trop tôt, trop tôt, – avant la vie elle-même." Plus tard je songeais encore que ce qu'on nous vend dans ce monde c'est de l'illusion. On achète la boule quand on croit acquérir le reflet et tout ce qu'il contient de rêves.
(linked with weekend reflections)

5 commentaires:

  1. Ce que fait Escher est fabuleux !
    J'aime bien ton texte... Par contre, en tant que fumeuse (peut-être se hâtant d'en finir avec l'existence), je ne suis pas certaine que les fumeurs pensent "oui mais pas moi". Peut-être pensent-ils plutôt (ce qui est mon cas) : de toute façon, on va mourir.
    J'espère que tu te portes mieux, bonne journée à toi.

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  2. Yes--- I agree. And I also hope you are feeling better.

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  3. It's true Kwarkito, as a species, man is the most destructive. At times it really is difficult to remain positive.. but we must remain hopeful oui 🌷

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