samedi 7 mai 2016

Le Confessionnal


Voilà,
s'abriter un moment à l'ombre fraîche d'une église de campagne. Sans doute le vieux confessionnal ne reçoit-il plus personne depuis longtemps. J'y suis entré, le banc où s'asseyait le curé était cassé. Non loin, sur une plaque accrochée à l'un des murs demeurent gravés les noms de ceux du village qui ont péri entre 1914 et 1918. Il ne nous reste que ces listes impressionnantes pour mesurer l'ampleur de la saignée que ce fut dans les populations. Jeunes gens dont la conscience du monde se réduisait aux vérités locales et dont la vie se réglait sur le cours des saisons et des fêtes religieuses, envoyés par de vieux politiciens vers une boucherie sans nom, sacrifiés au nom d'intérêts soit-disant supérieurs qui leur échappaient. Il en est souvent ainsi : les peuples sont pris en otages pour satisfaire la folie des puissants, idéologues jamais rassasiés de pouvoir, affairistes ambitieux marchands d'armes, banquiers, religieux parfois. Entre ces vieux murs, où désormais peu de fidèles se rassemblent j'ai songé aux temps troublés que connaît aujourd'hui l'Europe, éprouvant cette sensation que le cours des événements nous entraînait vers des horizons ravagés où l'espérance n'a plus guère sa place. Et dehors malgré la stupéfiante beauté du paysage, son apparente quiétude, je n'ai pu trouver la sérénité. Souvent pourtant je voudrais m'oublier, me dissiper, me volatiliser dans les trilles enchanteresses des oiseaux, me fondre et disparaître dans la beauté qui m'est offerte par le ciel par le vent par la nature et vagabonder hors toute pensée, dans le mystère de ce qui toujours se dérobe.


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