mardi 20 mai 2014

Un peu plus qu'une ombre un peu moins


Voilà,
on croit n'apercevoir qu'une ombre, c'est une angoisse qui affleure. Devant tous ces livres qu'une vue déficiente rend désormais difficiles à consulter, l'idée s'insinue, qu'un jour on ne sera rien d'autre qu'une absence dont le contour finira bien par disparaître lui aussi. Consentir à l'inéluctable probabilité d'un temps où on ne sera plus parmi les choses ne va pas de soi. On a encore du mal à s'y résoudre. Et bien que la nécessité de l'envisager calmement, et de s'y préparer ne fasse aucun doute, le simple fait d'y songer suscite la crainte d'être déjà sur le point d'abdiquer. Comme si cette forme de démence qui nous entretient dans une illusion d'éternité, comme si cette aveuglante procrastination face à la perspective de notre propre néant était un signe de santé et de vitalité. C'est étrange cette obstination à vouloir durer, demeurer. Et une voix (c'est la conscience ou bien cet autre truc là, qu'on appelle le for intérieur ?) une voix une petite voix aigrelette nous murmure et répète comme une antienne "s'y être si peu attardé et si souvent cependant y avoir trouvé le temps long" 

5 commentaires:

  1. dire tant avec si peu de mots. magnifique.

    RépondreSupprimer
  2. Que tu exprimes bien tout cela, comme un voile qui peu à peu nous couvre, couvre nos yeux.
    Sans doute l'idée de mort ne fait-elle pas partie de nos vies ici en Europe.
    Sûrement on nous berce d'idées d'éternité, du moins de longévité, souvent insensée. Et on veut ou fait semblant d'y croire...
    Bonne soirée Kwarkito, un beso.

    RépondreSupprimer
  3. Des paroles saisissantes, un regard courageux quand le normal c'est ne pas vouloir voir dans une tentative de nier cette realité qui est juste à côtè.

    Un abrazo

    RépondreSupprimer
  4. Merci. Ma mère est morte ces temps-ci (et je suis fils unique et sans père gna gna). Je m'aperçois te regardant et te lisant qu'à mon âge déjà "certain", la question de se objets à elle retarde la question des objets à moi. Et j'ai tort. Merci de cet éclairage, de cette leçon. Je persiste à croire qu'entre toi et moi le hasard n'est rien mais je ne veux pas te faire flipper non plus. Restons légers, ne nous pesons rien du tout.

    RépondreSupprimer
  5. Ah oui, je sais que je suis bavard chez toi en ce moment. Je vais donc me taire quelque temps même si c'est beau.

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires a été activée. Les commentaires ne seront publiés qu'après approbation de l'auteur de ce blog.

Publications les plus consultėes cette année