le 30 janvier 1965 au matin, je me suis promené dans cette rue, qui a le nom très pompeux de Boulevard de la plage ou de l'océan je ne sais plus trop. Je m'en souviens très bien c'était un samedi, et la télévision retransmettait les obsèques de Winston Churchill. J'avais bien saisi qu'un grand homme disparaissait, mais bon, la guerre de 39-45 demeurait une abstraction. Comprendre le présent était encore pour moi une activité à plein temps. De toute façon les histoires que je me racontais alors en secret dans ma tête avaient bien plus d'importance et de nécessité. Et puis j'aimais déjà flâner seul. Le paradoxe, que je n'étais évidemment pas en mesure d'apprécier à ce moment là, tenait au fait que la chaussée de la rue où je marchais, formée de plaques de béton carrées se succédant les unes aux autres, avait été construite par l'Occupant allemand. Néanmoins c'était du beau travail. Vraiment du beau travail. Ces routes me fascinaient sans doute parce que je n'en avais jamais vu de telles auparavant. D'ailleurs cinquante ans après la fin de la guerre, certaines rues de la station balnéaire avaient encore le même revêtement. Je me souviens que j'étais seul. Il faisait un peu froid, il n'y avait personne dehors, et c'était comme si le monde me faisait don de ce moment dont la densité ne s'est pas altérée depuis lors. Chose curieuse, tout le temps où j'ai vécu là, je ne suis jamais allé au Cinéma Atlantic. Ou une fois peut-être, pour une sortie avec la classe de mon école, Ce n'est qu'en 1996, alors que je passais quelques jours là-bas, que j'y suis entré pour y voir un films un peu idiot qu'on ne regarde qu'en vacances ou par ennui à la télévision.
Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
jeudi 15 novembre 2012
Cinema Atlantic
le 30 janvier 1965 au matin, je me suis promené dans cette rue, qui a le nom très pompeux de Boulevard de la plage ou de l'océan je ne sais plus trop. Je m'en souviens très bien c'était un samedi, et la télévision retransmettait les obsèques de Winston Churchill. J'avais bien saisi qu'un grand homme disparaissait, mais bon, la guerre de 39-45 demeurait une abstraction. Comprendre le présent était encore pour moi une activité à plein temps. De toute façon les histoires que je me racontais alors en secret dans ma tête avaient bien plus d'importance et de nécessité. Et puis j'aimais déjà flâner seul. Le paradoxe, que je n'étais évidemment pas en mesure d'apprécier à ce moment là, tenait au fait que la chaussée de la rue où je marchais, formée de plaques de béton carrées se succédant les unes aux autres, avait été construite par l'Occupant allemand. Néanmoins c'était du beau travail. Vraiment du beau travail. Ces routes me fascinaient sans doute parce que je n'en avais jamais vu de telles auparavant. D'ailleurs cinquante ans après la fin de la guerre, certaines rues de la station balnéaire avaient encore le même revêtement. Je me souviens que j'étais seul. Il faisait un peu froid, il n'y avait personne dehors, et c'était comme si le monde me faisait don de ce moment dont la densité ne s'est pas altérée depuis lors. Chose curieuse, tout le temps où j'ai vécu là, je ne suis jamais allé au Cinéma Atlantic. Ou une fois peut-être, pour une sortie avec la classe de mon école, Ce n'est qu'en 1996, alors que je passais quelques jours là-bas, que j'y suis entré pour y voir un films un peu idiot qu'on ne regarde qu'en vacances ou par ennui à la télévision.
Libellés :
Black and White,
Enfances,
La province
Pays/territoire :
Biscarrosse, France
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Publications les plus consultėes cette année
-
Voilà, lundi dernier , en revenant de l'hôpital, nous avons, ma fille sa mère et moi, traversé à pied, le pont de Saint-Cloud, le cœur...
-
Voilà un jour singulier aujourd'hui tant espéré durant ces six derniers mois un jour de délivrance je suis si heureux si désemparé...
-
Voilà, en février 1942, Stefan Zweig poste à son éditeur le manuscrit "Le monde d'hier, souvenirs d'un Européen" tapé pa...
-
Voilà Rien d’autre aujourd’hui Que d’aller dans le printemps Rien de plus. Yosa Buson shared with thankful thursday - skywatch fri...
-
Voilà Je joue parfois à m'atteindre. Je fais avec celui que je fus et avec celui que je serai la course de celui que je suis. Parfo...
-
Voilà, j'ignore qui repose sous cette tombe ni si les coquilles d'huîtres sont destinées à demeurer dessus. Je me suis beaucoup q...
-
Voilà, près du bosquet, là-bas, peut-être dénicherait-il un coin pour s'asseoir boire s'assoupir un temps, oublier. Mais impossibl...
-
Voilà, ces derniers temps j’écoute en boucle le premier album de Steely Dan, que je ne connaissais pas et que j'ai découvert que très...
-
Voilà, "si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre". Cette citation, ...
-
Voilà, non loin du musée Picasso, au 78 rue vieille du temple, dans le cadre d'octobre rose, campagne annuelle de communication destin...
Una bonita historia para una foto llena de nostalgia y soledad.
RépondreSupprimerUn saludo, Ángel