mercredi 15 juin 2022

Je ne demande qu'à voir

 
Voilà 
comme je ressens le plus souvent les choses. Je les ai parfois déjà montrées ainsi, à l'occasion. Pour évoquer des traces de rêveries adolescentes. Ou bien pour exprimer un sentiment de lassitude, pour communiquer une fugitive sensation de ne faire qu'un avec le monde, ou encore pour tenter d'évoquer le sortir d'un rêve — effort souvent infructueux que l'allemand nomme Traumneustartversuch
D'ailleurs, je suis surpris, (tant il y en a dans mes fichiers), de ne pas avoir publié un plus grand nombre d'images de cette facture, qui est bien plus qu'un effet de style, un filtre ou une forme de dégradation. C'est ça que j'ai envie de montrer ces derniers temps.
Les familiers de ce blog, le savent depuis longtemps, j'ai besoin d'interpréter ce que me renvoie la réalité, et que je saisis comme un chasseur de papillons (au petit bonheur la chance, au gré des événements). J'ai beau essayer, je suis incapable, en dépit d'ailleurs du désir que j'en ai, d'objectiver les choses. 
Il me semble nécessaire d'adopter un point de vue, au sens où, de vue il n'en est point. Car on croit voir, mais on ne fait que percevoir, entr'apercevoir. Cela fait longtemps que j'ai des doutes sur ce sens que constitue la vue. D'abord je ne vois que d'un œil et de l'autre je suis hypermétrope, et dyschromate. Souvent il m'est arrivé de ne pas être certain que ce que je voyais était vrai. Ou de faire comme si ce que je voyais n'existait pas. Ai-je vraiment vu l'homme égorgé à Djelfa ? Ai-je vraiment vu quelqu'un se noyer au loin alors que j'étais assis en compagnie de ma mère et de ma grand-mère sur la dune de Biscarrosse ? Pourquoi ai-je détourné les yeux dans cet ascenseur d'un hôtel d'Amsterdam, refusant d'admettre ce que j'avais vu ? Ai-je imaginé avoir vu enfant cette vallée en Allemagne ou cela a-t-il bien été réel ? Et tous ces films que j'ai "vus" (je pourrais même dire la date et les circonstances) dont je réalise qu'il ne me reste si peu d'images lorsque je les revisionne... 
Donc les visions de l'intramonde, entre visible et invisible, entre sommeil et veille, entre raison et déraison, mémoire et oubli sont mes territoires, les zones où je me sens le moins en péril. Du réel je n'en apprécie que les interstices, les lacunes, les failles. Ce que j'imagine, est plus vrai que ce que je vois. Et ce que je vois, n'est vrai que lorsque je le photographie. Et encore, il m'arrive souvent, de photographier des choses qui m'avaient échappées, que je n'avais pas vraiment vues. J'aime bien. De toute façon je suis de passage, souvent distrait, ni vraiment ici, ni tout à fait là. Je dois composer avec ça. Et s'il n'en demeure pas moins vrai que "Le réel c'est quand on se cogne", je fais tout mon possible pour éviter les embûches.

5 commentaires:

  1. Today, you are even more of a philosopher. I like today's image... and I was happy to see the old ones. You show a unique talent with these images. But despite everything, today you are even more of a philosopher. (I deleted a deepL translation above, because it changed my meanings. I need to double check them more often)

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  2. I've been dreaming more lately, and would love to see images like yours. All dreams are fodder for my writing. I embrace the surreal.

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  3. This is an amazing piece of art. So nice to meet you and read your post.

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  4. Very beautiful face piece! Surreal! ☺

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  5. Thanks for dropping by my blog and linking up to Art For Fun Friday

    much❤love

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