Voilà,
une photo volée à Funchal de deux chauffeurs de taxi jouant aux cartes sur un rebord de fenêtre en attendant le client. J'ai passé peu de temps dans la capitale de l'île. Il faudrait y revenir, y demeurer plus longtemps, trouver une pension paisible pour écrire... Mais ce ne sont là que des fantasmes. Écrire quoi d'abord ? Suis-je vraiment capable d'autres chose que de mes petites chroniques ? Et puis il est vraisemblable que tout au long de l'année des hordes de touristes se déversent sur la ville. Et que ce sera de pire en pire. Peut-être les Açores sont elles encore relativement préservées et que c'est plutôt par là que je devrais aller. On sent bien qu'ici à Madère les choses ont changé très vite. Le désenclavement est récent. L'argent de la communauté européenne acquis avec l'entrée du Portugal en 1988 a permis de gigantesques travaux d'infrastructure, à commencer par la piste aéroportuaire dont les colonnes qui la soutiennent sont impressionnantes. En trente ans, l'île à été creusée de tunnels routiers, sillonnée de voies rapides. Des viaducs traversent des vallées encaissées reliant des endroits autrefois difficilement accessibles, même si des régions comme l'ouest sont encore peu desservies. Des canaux pour contenir l'eau des montagnes abondante en hiver ont été aménagés, des écoles bâties. C'est spectaculaire et vaguement effrayant, car c'est aussi un bouleversement géologique considérable. Le béton, matériau assez peu usité voilà trente ans à peine, y a massivement été introduit. On a fait trembler ces montagnes à coup de dynamite pour y faire passer des tunnels, et l'on voit bien que ce n'est pas sans conséquence puisque l'ancienne route de la corniche qui permettait d'accéder à Porto Moniz par exemple, est interdite à la circulation à cause de chutes de pierres. Pour le moment, les habitants semblent contents puisque le retour sur investissement est considérable. Enfin peut-être pas tous. Certaines maisons qui donnaient sur la mer se sont retrouvées tout à coup devant une voie rapide, au pied d'un viaduc, sous un téléphérique, des propriétés ont été amputées, des terrasses sont devenues inutilisables, plongées dans l'ombre. Mais bon le tourisme est une manne en temps de prospérité. Rien ne dit que la prospérité va durer. On voit aussi dans les comportements que ce qui va avec le progrès n'a pas complètement été assimilé. Les chauffeurs roulent ici fenêtres ouvertes dans des tunnels routiers surpollués. D'ici quelques années ils s'interrogeront peut-être sur l'épidémie de cancers du poumon qui les accablera. En tout cas tout semble être allé très vite pour cette île. C'est pourquoi j'aime la photo de ces deux hommes qui semblent d'un autre temps
Sortir de la pauvreté, de l'isolement c'est exactement ce que tu écris. On construit plus vite un tunnel qu'on ne change la façon de vivre des gens. À Funchal et ici. Comme toi cela me réjouit tout en sachant que ces traditions vite se perdront...ou pas, selon les caprices des tours opérateurs.
RépondreSupprimerBon séjour, un besito
...now they would be on their phones.
RépondreSupprimerAh, 2015....je me souvenais de ton texte mais pas de la photo qui est pourtant si parlante, si paisible.
RépondreSupprimerI was in Funchal briefly in the early 60s. Progress has its drawbacks. I love this photo!
RépondreSupprimerEvery day life scene, nicely captured!
RépondreSupprimerGreat captured
RépondreSupprimerce mode de vie, ça me parle.
RépondreSupprimerFunchal, c'est dans mes projets
RépondreSupprimerFine street photo of these men playing cards to pass the time.
RépondreSupprimerCe n'est pas Paris et je ne sais pourquoi mais cela me fait penser au documentaire "Le Joli Mai". Pierrot le taxi.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=aRPXsnSmnvc
Nobody can stand in the way of progress. Life may be easier for the islanders now, but are they happier? One wonders... Thanks for taking part in the "My Sunday Best" meme.
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