Voilà,
Parfois, me dit Olivier Sabrevois, on peut tomber sur un groupe passif, lent, peu imaginatif. Des gens qui arrivent le matin avec 20 minutes de retard, les mains dans les poches sans papier sans stylo et qui s'étonnent qu'il n'y a pas de support disponible comme ils disent. Il est probable qu'ils n'admettraient pas ça de leurs collaborateurs, et ce sont vraisemblablement les mêmes qui trouvent que trop de gens sont assistés et que l'on devrait faire des économies sur le dos des chômeurs des précaires, de ceux qui touchent des allocations familiales ou des aides au logement. Eux sont cadres d'un grand groupe industriel et l'idée qu'ils pourraient venir avec un bloc notes et de quoi écrire leur semble tout à fait incongrue. Des crétins formatés qui pour la plupart ne peuvent rien penser en dehors de leur travail et qui n'ont que deux ou trois compartiments dans la pensée genre le boulot, la famille, la maison, les congés, les réseaux. Ils sont là afin d'acquérir des compétences pour une adaptibilité immédiate comme ils disent. Mais quand par hasard on leur demande d'illustrer avec une image et trois mots clés ce que représente pour eux la relation client ou le management, ce sont en général, (quand ils y arrivent) les mêmes clichés, les mêmes exemples les mêmes pauvres visions stéréotypées. C'est à mourir d'ennui. Ah oui ils ont des CDI, le monde à côté d'eux peut bien crever, ils ont leurs certitudes.
Tu vois continue-t-il je viens ici au titre de prestataire externe afin d'assurer des missions visant à renforcer ou plus précisément à maintenir la motivation des salariés qui ont de plus en plus de mal à y croire. Bien sûr, certains parmi eux sont sympathiques, parfois même singuliers. Il m'arrive même de regretter de temps à autre de ne pas pouvoir faire plus ample connaissance. Mais la plupart sont soumis. Quelques uns à demi-mots évoquent un management devenu incohérent et coercitif. Beaucoup souhaiteraient obtenir "des trucs et astuces pour pouvoir faire adhérer ses collaborateurs quand on n'est pas soi-même convaincu des messages à faire redescendre". A force je deviens cynique. J'ai parfois envie de répondre "Mentez ! Mentez avec tact et délicatesse, il en restera toujours quelque chose". ou bien "mentez aux autres comme vous mentez depuis si longtemps à vous mêmes". Au lieu de quoi je leur dispense des conseils. Je les entraîne à gérer des situations difficiles.
Parfois d'ailleurs je réalise que certains d'entre eux ne se mentent pas. Au contraire ils croient à ce discours de l'Entreprise où l'on considère que les salariés sont des "ressources". Ils en ont incorporé le langage. Ils disent le mot "ressources". Ils comptent en jours/homme, en ETP (équivalent temps plein). J'ai alors envie de les insulter de leur expliquer que la logique de la ressource humaine était celle du régime nazi : après avoir spolié les juifs de leurs biens et les avoir réduits en esclaves, on les épuisait au travail et une fois morts on les détruisait après avoir toutefois récupéré les dents en or afin de les transformer en lingots, leurs cheveux pour en faire de la feutrine, puis on brûlait ce qui ne pouvait servir.... Mais à quoi bon. A quoi bon chercher à leur faire prendre conscience de quoi que ce soit. Un jour, j'ai tenté une expérience avec des contrôleurs, des gens chargés de mener des audits internes. Je leur ai passé comme exemple d'un entretien persuasif, mené poliment et sans agressivité de façon assertive et empathique, la fameuse scène où un officier du Reich interrogé un homme qui cache des juifs dans sa maison. Aucun d'entre eux ne m'a fait remarquer que la méthode adoptée était celle d'un nazi. Aucun. D'ailleurs je ne suis même pas sûr qu'ils sachent vraiment ce que c'est un nazi, tout juste doivent ils en avoir une vague idée. C'est loin tout ça, pour eux. Soixante dix ans. Il y a eu tant d'autres horreurs depuis. Parfois tu vois, je désespère du genre humain. Et toi t'en penses quoi ?
Linked with weekend reflections - skywatch friday
Tu vois continue-t-il je viens ici au titre de prestataire externe afin d'assurer des missions visant à renforcer ou plus précisément à maintenir la motivation des salariés qui ont de plus en plus de mal à y croire. Bien sûr, certains parmi eux sont sympathiques, parfois même singuliers. Il m'arrive même de regretter de temps à autre de ne pas pouvoir faire plus ample connaissance. Mais la plupart sont soumis. Quelques uns à demi-mots évoquent un management devenu incohérent et coercitif. Beaucoup souhaiteraient obtenir "des trucs et astuces pour pouvoir faire adhérer ses collaborateurs quand on n'est pas soi-même convaincu des messages à faire redescendre". A force je deviens cynique. J'ai parfois envie de répondre "Mentez ! Mentez avec tact et délicatesse, il en restera toujours quelque chose". ou bien "mentez aux autres comme vous mentez depuis si longtemps à vous mêmes". Au lieu de quoi je leur dispense des conseils. Je les entraîne à gérer des situations difficiles.
Parfois d'ailleurs je réalise que certains d'entre eux ne se mentent pas. Au contraire ils croient à ce discours de l'Entreprise où l'on considère que les salariés sont des "ressources". Ils en ont incorporé le langage. Ils disent le mot "ressources". Ils comptent en jours/homme, en ETP (équivalent temps plein). J'ai alors envie de les insulter de leur expliquer que la logique de la ressource humaine était celle du régime nazi : après avoir spolié les juifs de leurs biens et les avoir réduits en esclaves, on les épuisait au travail et une fois morts on les détruisait après avoir toutefois récupéré les dents en or afin de les transformer en lingots, leurs cheveux pour en faire de la feutrine, puis on brûlait ce qui ne pouvait servir.... Mais à quoi bon. A quoi bon chercher à leur faire prendre conscience de quoi que ce soit. Un jour, j'ai tenté une expérience avec des contrôleurs, des gens chargés de mener des audits internes. Je leur ai passé comme exemple d'un entretien persuasif, mené poliment et sans agressivité de façon assertive et empathique, la fameuse scène où un officier du Reich interrogé un homme qui cache des juifs dans sa maison. Aucun d'entre eux ne m'a fait remarquer que la méthode adoptée était celle d'un nazi. Aucun. D'ailleurs je ne suis même pas sûr qu'ils sachent vraiment ce que c'est un nazi, tout juste doivent ils en avoir une vague idée. C'est loin tout ça, pour eux. Soixante dix ans. Il y a eu tant d'autres horreurs depuis. Parfois tu vois, je désespère du genre humain. Et toi t'en penses quoi ?
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Pareille, souvent je désespère...
RépondreSupprimerOui, mais le monsieur, il continue, donc il cautionne. Il y a eu des résistants qui ont pris le maquis. Moins confortable.
RépondreSupprimerOui mais en même temps il me refile quelques bon tuyaux
SupprimerBeautiful photos.
RépondreSupprimerAmazing reflection on the side of that building.
RépondreSupprimerGreat reflection shot.
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