Voilà
l'élaboration de ce genre d'image me paraît ce que j'ai trouvé de plus efficace au cours de ces dernières années pour tenir à distance ou plus précisément afin d'occuper - aménager disons - ce que faute de mieux je nomme l'inquiétude, ou l'intranquillité, comme dirait Pessoa. Et lorsqu'elle se métamorphose en peur, c'est un de mes moyens pour l'exorciser, elle qui si souvent m'épuise et m'éreinte. Cette force insidieuse qui cherche à m'anéantir et à quoi je dois farouchement m'opposer pour ne pas perdre la raison, je la combats avec les outils de mon temps. Je la tords je l'essore la triture la presse la déchire l'écraplatis. Je la coinche et la surinule, je la forquète la griffe la racagne l'étire la presse la malaxe, puis je la michaude un bon coup, la bréchique la queniche par le travers la valdingue et la tribusque dans un sens puis dans l'autre - mais attention hein ! - tout ça proprement, avec tact sur le minuscule écran lisse de mes nuits grises. Je le fais d'une manière tout à fait régressive, comme l'enfant qui peint avec ses doigts (possibilité qui d'ailleurs ne m'a jamais été donnée quand je l'étais), mais sans me salir. A la fin je me sens calme, reposé. Ça remplace avantageusement une petite branlette. C'est que passé un certain âge on n'a plus trop envie de se tirer l'élastique tout seul. On a besoin d'assistance. Et de sollicitude. Bien sûr j'ai la sensation parfois que folie me guette, mais j'essaie de me rassurer en me disant que c'est le monde autour qui est vraiment dément. Et puis l'important comme en toute chose est de ne pas céder - j'aime beaucoup le caractère définitif de cette phrase, quelle épiphanie ! -, c'est dingue parfois comme on peut être inspiré ; moi aussi somme toute je peux pondre des slogans à la con ; je deviens peut-être enfin un vrai communiquant, d'ici peu j'arriverais à faire illusion sur moi-même. L'important comme en toute chose est de ne pas céder ça pourrait faire une belle épitaphe après tout. Au risque d'être pris au sérieux. Mais d'ici-là peut-être serai-je visité par la grâce, comme le fut Claudel au pied de son pilier, on peut toujours rêver non ? Comme on peut toujours espérer que le point d'ironie fasse enfin son apparition sur les claviers...
Tu ne voudrais pas proposer un p'tit stage afdas du genre Matez votre inquiétude à grand coups de tactiles addictions (numériques ou autres, - après tout, un peu de sollicitude pour son prochain ne saurait nuire, tout au plus parfois faire grandir l'inquiétude à la place de la circonscrire).
RépondreSupprimermmh... il faudrait que tu m'en dises un peu plus la dessus... :-)
RépondreSupprimerJe suis fan du dessin ou peinture.
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