Voilà,
quel bonheur d'entendre Mélodie Gardot, qui parle un français parfait. Interviewée lors de l'émission du matin de France-Musique, à l'occasion de la parution d'une compilation elle évoque ses vingt ans de carrière. C'est une pause après les informations du matin alarmantes, les messages laissés sur des réseaux sociaux par des amis vivant à Beyrouth, les nouvelles des États-Unis, avec les nominations de l'administration Trump, qui vues d'ici paraissent absolument délirantes, la progression de Daesh en Syrie, la rupture des équilibres politiques sur la planète...
Dans la nuit j'avais repensé au journal intime de L.S. parcouru il y a quelques mois à l'IMEC. Elle y faisait de longs développements sur l'invasion de l'Abyssinie par les italiens en 1935, des analyses géopolitiques passionnantes sur la SDN et les positions des puissances européennes. Elle livrait sa perception des événements qui bouleversaient alors le monde, s'y livrait à quelques prédictions qui n'ont pas eu lieu. Cela m'avait paru étrange, toutes ces pensées à soi-même, à presque un siècle d'écart, avec la sensibilité de l'époque et le mode de diffusion des nouvelles de ce temps. Aujourd'hui l'information est partout, en temps réel, un événement chasse l'autre, de sorte que l'on vit sans possibilité de recul dans un perpétuel présent. Et que toute chose passée semble très vite lointaine. La crise du Covid si exceptionnelle par son ampleur, sa singularité et son impact stupéfiant semble rétrospectivement anodine et perdue sauf sans doute par ceux qui ont eu à en souffrir directement, ou qui furent au cœur de l'événement. Pourtant que de choses se sont dites alors, en particulier sur les réseaux qui faisaient souvent fonction de journal extime. Et que n'a-t-on lu. Plus rien ne serait pareil. Une prise de conscience s'opérait. Foutaises.
Aujourd'hui je ne peux m'empêcher de faire des comparaisons absurdes, même si je sais bien que jamais l'histoire ne se répète exactement à l'identique. Je m'interroge. Sommes nous plutôt en 1936 en 1938 ou 1939 ? Car de plus en plus de voix nous promettent la guerre pour bientôt. On verra bien. La marche du monde m'intéresse de moins en moins. Je n'y ai quasiment plus cours. Pour ce qui me concerne, je n'ai que des projets modestes pour les mois qui viennent.
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