samedi 31 octobre 2015

Boire un verre avec un bon copain


Voilà,
parfois j'ai du mal à réaliser que cela ne fait même pas une décennie que cet objet que j'utilise d'ailleurs pour écrire ces lignes et avec lequel j'ai obtenu cette image s'est insinué dans la vie de la plupart d'entre nous au point de devenir une sorte d'extension de nos corps et de considérablement modifier les attitudes physiques et les comportements sociaux. Je crois que c'est en 2007 que les premiers smartphones Apple ont, en France, été intégrés à un abonnement téléphonique. La première personne en possédant un que j'ai rencontrée était un régisseur de théâtre qui, un soir, à la table d'un restaurant de Nancy où j'étais de passage en tournée, en fit la démonstration auprès du metteur en scène qui m'avait engagé. J'avais suivi cela d'un œil distrait, et l'objet m'avait semblé intéressant mais superflu. Je fis cependant l'acquisition d'un de ces appareils dans le courant du printemps 2009, et cela modifia d'abord considérablement mon rapport à la photographie et à l'image en général. Je l'utilisais surtout comme un outil me permettant de réaliser des photos que je considérais alors comme des croquis, des esquisses, des réalisations mineures et ludiques, un peu comme des Polaroïds SX70 dans les années 80. Il commençait à y avoir des applications permettant de modifier les images et cela me plaisait. Bien sûr, que l'appareil pût aussi combiner les avantages d'un Walkman, d'un téléphone d'un agenda et permette d'accéder à internet n'était pas négligeable. Je me souviens de ce mois de février 2010 ou sur la plage de Gosier j'écoutais "les histoires de  peintures" de l'historien d'art Daniel Arasse enregistrées sur mon smartphone et que la nuit j'occupais mes insomnies en notant ce qui me passait par ola tête et en transformant des photos en d'autres images énigmatiques et abstraites. Ce fut alors dans une période trouble et instable une sorte d'objet transitionnel qui avait aussi valeur d'outil, d'instrument, et je crois sincèrement qu'il eut pour moi une fonction réellement thérapeutique. À cette époque peu de gens disposaient de cet appareil et les réseaux sociaux n'étaient pas aussi développés qu'ils le sont à présent de sorte que la manipulation compulsive de cet objet ne s'était pas encore répandue. Je ne sais plus très bien à quel moment j'ai moi aussi sombré dans la dépendance à cette machine dont j'ai la paradoxale impression qu'elle existe depuis bien longtemps comme si je l'avais toujours eu à disposition. Je me sens de plus en plus aliéné par cette chose. Ce que montre cette photo, m'est aussi arrivé. Un couple à une table, chacun affairé à régler ses affaires personnelles en présence de l'autre, (quel genre d'affaires d'ailleurs, parfois il vaut mieux ne pas savoir) il m'est arrivé d'en être Ainsi désormais vit-on dans l'illusion d'être partout à la fois sans vraiment être présent à proximité. L'espace s'est rétréci mais aussi le temps du lien qui a cédé au temps de l'aliénation et de l'illusion du lien. (Linked to The weekend in Blanck and White)

7 commentaires:

  1. Nice shot.

    Visiting from BLACK AND WHITE WEEKEND.

    FRANKLY MY DEAR

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  2. We gain in instant access to vast knowledge, and we lose because of our lack of access to human beings... But the box has been opened, and you can't put the phone back in it.

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  3. These two men appear to be giving something some serious thought. Nice in monochrome.

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  4. Voilà une addiction à laquelle j'ai échappé ! :-)

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