Rue de Seine (2004) |
Voilà,
"Représentation complaisante de sujets, de détails obscènes dans une œuvre artistique, littéraire ou cinématographique", telle est la définition de la pornographie. En ce sens cette image réalisée en 2004, (elle pourrait aussi bien dater d'hier, mais ce n'est pas un hasard si je ne la publie qu'aujourd'hui) est une représentation pornographique, et je l'assume comme telle. Elle est obscène, en tant qu'elle montre la mort non seulement sociale, mais aussi physique au travail. Elle l'est dans son rapport entre un corps forcément devenu désincarné dès lors qu'il s'inscrit dans la surface lisse de la photo et ce dessin sur l'affiche avec cette silhouette de businessman. Elle l'est puisque le dormeur s'exhibe dans son dénuement. Mais voilà, je vis dans ce monde qui ne me laisse pas le choix, qui me contraint à voir ça, qui m'impose d'une certaine façon de l'ignorer (car il m'est impossible de répondre à toutes ces aumônes), et qui m'interdit de le montrer au nom d'une morale qui déclare inconvenant de profiter de la misère pour faire une photo. Quoiqu'il en soit, une photo de la misère sera toujours obscène non par ce qu'elle montre, mais par ce dont elle est, par nature, incapable de rendre compte : l'odeur souvent, la puanteur parfois qui rend aux yeux de la plupart des passants (qui eux non plus ne sentent pas toujours très bon) si insupportable et repoussante la réalité de l'exclusion avérée définitive et sans retour.
Vrai... J'ai partagé sur FB
RépondreSupprimer