lundi 12 mai 2025

Les temps sont flous

 
 
Voilà,
en fait les dirigeants corrompus d'Israël ont, en 18 mois, fait très fort. 80 ans après la libération des camps, ils sont, en devenant à leur tour génocidaires, parvenus d'une part, à insulter la mémoire de toutes les victimes de la Shoah autant que celle des victimes du 7 octobre, à d’autre part légitimer par leur action le Hamas et faire oublier à une bonne partie de la gauche française — et sans doute ailleurs dans le monde —  que c’est une branche armée des frères musulmans organisation radicale et fanatique islamiste dont nombre de groupes affidés ont perpétré ces quinze dernière années des actes terroristes un peu partout en Europe. Ensuite ils ont ravivé l'antisémitisme en France dans les milieux de la gauche dite révolutionnaire où, comme en témoignent certaines publications sur facebook, quelques néo-trotskistes perpétuent la ligne Pierre Guillaume. Enfin, Netanyahou et ses deux tarés Smotrich et Ben-Gvir, sont arrivés, après les avoir invités dans leur pays, à faire passer  les dirigeants de l'extrême-droite française pour des philosémites.
Bien sûr, des voix s'élèvent en Israël et dans la diaspora contre le nettoyage ethnique des palestiniens — qui n'est pourtant pas une nouveauté en soi —. Cela donne ainsi l'occasion aux juifs de montrer que lorsqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, ils peuvent se haïr les uns les autres avec une férocité qui égale celle que certains parmi eux destinent aux arabes. A certains, en France, il est reproché leur prise de conscience trop tardive. Les voilà taxés "d'ouvriers de la douzième heure". On les accuse de ne s'occuper que maintenant du destin de Gaza. Au lendemain de la confirmation des dirigeants israéliens du projet d'annexion totale de ce territoire, il s'agirait pour eux de simplement sauver leur image médiatique. 
C’est là, de mon point de vue, une belle manifestation de connerie. Si tu milites pendant longtemps pour une cause — en l’occurrence la défense du peuple palestinien et la reconnaissance du génocide de Gaza —, tu devrais te réjouir de rallier à ton point de vue ceux qui, selon toi, ne cessaient de se tromper, et qui — si tu penses aussi cela — justement bénéficient de relais importants dans l'opinion. Si tu continues de leur reprocher ce qu’ils ont fait ou pensé antérieurement, cela montre simplement que ton action n’est pas si altruiste que ça. Que nous disent au fond ces imprécateurs ? Qu’il sont fiers d’avoir bien pensé avant tout le monde et d'avoir eu raison en premier ? La belle affaire ! Et que ceux qui n’ont pas pensé comme eux et en même temps ne méritent pas de reconnaissance ? C'est peut-être que pour tous ces gens leur ego et leur soif de pouvoir compte plus que la cause défendue. Pour eux, quoi qu’elle fasse, toute personne qui n’a auparavant pas pensé comme eux est porteuse d’une faute originelle. 
Que faire dès lors de ces gens là, qui n'ont pas eu la même clairvoyance ? Faudrait-il les envoyer dans des camps de rééducation idéologique comme au temps de Pol Pot au Cambodge ?  Ces nouveaux ralliés doivent-ils faire leur autocritique et s’humilier publiquement ? 
Sur les réseaux sociaux certaines de ces invectives s'achèvent par "nous n’oublierons pas". Quels règlement de compte ultérieurs cela laisse-t-il augurer si l'occasion se présente. Que signifient ces menaces ? Il me semble pourtant qu'on ne défend pas une cause au nom de la pureté idéologique mais pour la justesse de la cause. 
Ce que je vois là-dedans c’est qu’on n’a pas le cul sorti des ronces. La connerie est quand même bien chevillée à l'humain. C'est même ce qui le singularise.
Il faut lire ou relire "Quelque part dans l'inachevé" ce livre d'entretiens entre Jankélévitch et Béatrice Berlowitz (oui oui ce sont des juifs mais c'est bien quand même, je vous l'assure ). Le chapitre XVII intitulé "le piège de la bonne conscience" et le chapitre XIV intitulé "ces quelques fausses notes" éviteraient, à condition de les comprendre, les jugements hâtifs et péremptoires de certaines bonnes consciences.
Ah oui, pour ceux qui l'ignorent il existe un point d'ironie dans ce texte.
Pendant ce temps-là au Soudan, treize millions de personnes ont été déplacées de force depuis Avril 2023. Huit millions à l'intérieur du pays, et quatre millions dans les pays voisins. Une bagatelle. Mais à la bourse des émotions sur les réseaux sociaux, ce n'est pas une bonne affaire. Pas plus que le sort des ukrainiens qui depuis plus de trois ans résistent à l'impérialisme russe.
Nous vivons une époque formidable et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. 
A part ça, je note qu'à Paris à l’Orangerie des Tuileries une exposition est consacrée au flou, et qu'une rétrospective sur le même thème se tient à la cinémathèque. Faut-il y voir un signe des temps ? Tout se mélange tout est confus on a du mal à faire le point.  "Les gens sont fous, les temps sont flous" chantait déjà Dutronc à une époque qui rétrospectivement paraît bien légère. Cela m'offre en tout cas un prétexte pour sortir cette photo prise fin Juin 2021 (je crois me souvenir qu'il y faisait très chaud certains matins) du côté des jardins du Palais-Royal.

2 commentaires:

  1. A powerful and unsettling reflection—sharp in its critique, layered in its irony, and deeply human in its confrontation with moral certainty and ideological rigidity.

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  2. The good doctor (Roentare) has beautifully described your post. I agree, and I am walking in your unclear world.

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