mercredi 30 décembre 2020

Dans des limbes brumeux


 
Voilà, 
cela pourrait être n'importe quel bord de plage, mais c'est celui-là, celui d'un matin froid, en un temps qui semble lointain, bien qu'il ne le soit pas tant que ça. Le confinement a creusé une sorte de fossé temporel dans notre perception de la durée. Ce qui est advenu il y a plus d'un an, semble s'être perdu dans des limbes brumeux et confus. C'est comme un coma, qui nous a coupé du monde, renvoyé à une intériorité et à une solitude polluée par la peur et l'incertitude. Toutefois, durant cette période, sur les réseaux, il y aura eu tout un lacis d'informations contradictoires, et les divers spectacles de la bêtise médiatique, de l'arrogance de quelques mandarins et de leur soif de reconnaissance, de l'infantilisation humiliante et méprisante des pouvoirs publics à l'égard des citoyens, du mensonge et des omissions des politiques tentant de dissimuler leur imprévoyance et leurs erreurs, des atermoiements des uns, des imprécations des autres... 
Pendant les trois quarts de cette année un vague chagrin se sera tenu en coulisse, jamais très loin d'une scène déserte et lugubrement éclairée où l'on aura tout de même tenté de faire bonne figure. On aura fait des promenades de santé plus ou moins clandestines, on se sera accordé des attestations provisoires de déplacements. On aura passé des soirées à comparer des courbes sans y trouver la moindre logique ni quelque éclaircissement. On aura beaucoup mais vainement espéré, différant souvent nos souhaits d'hypothétiques lendemains enchantés. On aura cru quelques semaines au monde d'après, avant de comprendre qu'on y était déjà, et vraisemblablement englué dedans pour un long moment. On aura aussi plus souvent que de coutume traîné au lit et converti notre paresse en un geste barrière vertueux. Pour ma part jamais autant que ces derniers mois, je n'aurais entendu la septième de Beethoven. C'était son année. 
Sinon, ayant eu, la chance d'être préservé de la maladie, j'aurais tout de même eu la joie de suivre les matches du tournoi de rugby des provinces néo-zélandaises et envié ces visages heureux d'enfants jubilant dans des stades pleins en compagnie de leurs parents. Et à ceux pour qui cela peut paraître comme de la futilité, de la frivolité, je l'assure, c'était bon à prendre, cette rémission, car même si cela manquait de danseuses, souvent de belles chorégraphies furent improvisées avec l'espiègle ballon ovale.

16 commentaires:

  1. Oui, une année si étrange, solitaire.
    J'ai lu que le Washinton Post avait demandé à ses lecteurs qu'ils décrivent ce que 2020 avait été pour eux. Un gamin de 9 ans a envoyé cette phrase (je traduis): C'est comme si tu vas traverser une rue, tu regardes prudemment des deux côtés, et soudain un sous-marin te renverse.
    Tiens, je vais réécouter Beethoven...

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  2. Well--- if I had to have repeat listen to any of Ludwig's symphonies, I say 7 is a good one! Once I had to express a a scene on stage (collage) in which I was limited to movement and one word. No scenery, no props, just the kid out there alone. I did my scene as an old man--- as I thought an old man would be. Now, nearly 60 years later, I see I was wrong. Stay safe. And my complements to Colo above to the WaPo story. It's incredibly close to the reality.

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  3. wishing us all a happier, better new year, my dear friend, and sincere hopes that what's haunted this year won't follow us too closely into the next...

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  4. Année de passages, de concerts ratés, de rencontres improvisées...bah, il y en aura d'autres si on n'égare pas le ballon ! A tous bonne année et restez prudents !

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  5. It's all about being grateful for what we have. You are a rugby fan too? We usually watch alot of the international games. Happy New year for 2021.

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  6. Excellent detailed photo! Yes, it's been a very strange year...

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  7. I believe that somehow, this photograph, translates to the year that was with all the contradictions and some good that we managed to take away from it.
    My best wishes for a much better year ahead!
    Happy that you enjoy New Zealand Rugby!

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  8. Yes, I lose track of the days sometimes. I like the photo. Happy New Year to you and all the best in 2021!

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  9. Cher Arnaud, je te souhaite de sortir au plus vite du "fossé temporel" et de regagner les rives d'un temps meilleur. Bonne année 2021 !

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  10. J'ai la chance d'avoir voyagé un peu, Amsterdam, Croatie, Grèce, ça m'a épargné la cabin fever

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  11. Beautiful photo and a wonderful assessment of the past, present and future.

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  12. Frohes neues Jahr!
    Tolle Text interessante Aufnahme

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  13. A strange lonely tree on the beach! Pretty much my feeling most of the past year.
    Take care, a New Year beginns! Now!

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