samedi 17 octobre 2020

Catherine van de Rhee


Voilà,
Si je me souviens bien elle naît en 1906 à Bréda aux Pays-Bas d'où sont originaires ses parents. Elle a un frère aîné. Alors qu’elle a six ans, ses parents musiciens tous deux, décrochent un contrat au grand théâtre de Bordeaux. Ils laissent donc leur fille chez un oncle au pays, à La Haye. Je ne sais pas si l'aîné était aussi avec elle. Le frère et la sœur ne viendront en France, que six ans après, lorsque la guerre déclarée entre temps sera finie. Heureusement, durant le conflit les Pays-Bas auront été un état neutre. Elle vit désormais à Bordeaux avec ses parents et poursuit des études de musique. Elle obtient même un premier prix de violon au conservatoire de Bordeaux. Elle a dix-sept ans lors de la tragédie. De retour de courses elle découvre le corps ensanglanté de son père qu’elle aimait tant, assassiné par sa mère avec le couteau de cuisine destiné à découper le gigot encore fumant sur la table. Le père volage ayant paraît-il ironisé sur la jalousie maladive de sa femme, sa carotide en fut tranchée. Il est des circonstances où il vaut mieux éviter de faire le malin. On plaidera le crime passionnel et la mère écopera de trois ans de prison. Elle récupère chez elle sa mère à sa sortie, mais, excédée de l’entendre sans cesse médire du père assassiné, la chasse très vite de chez elle. À partir de là, plus de trace de la mère. Elle se fâchera également avec le frère qui lui aurait reproché d'avoir malgré tout tenté de soutenir sa mère. Elle ne le reverra plus bien que, comme elle, il continuât de vivre dans la région
Ses talents de musicienne lui permettront de survivre dans des orchestres de bals, de guinguette, de formations accompagnant la projection de films muets. Elle se marie brièvement vers 18 ans, avec un ami des parents, sensiblement de leur âge, qui la récupère après le drame. Elle divorce très vite. A vingt deux ans elle tombe enceinte de mon père dont elle ne s'occupera jamais beaucoup par la suite. L'homme qui l'a engrossée puis épousée est, à l’époque, un flambeur sans scrupule, un homme à femmes, un type assez égoïste. Plus tard elle vivra en concubinage avec un ami de cet époux, dont elle n'a pas divorcé et qui est plutôt content que son épouse soit entre de bonne mains. A la naissance de son deuxième enfant, ils vinrent paraît-il ensemble à la maternité. Mais elle ne put le reconnaître que bien plus tard, lorsque le divorce d'avec le premier mari fut signé. Chose étrange, le second enfant devenu adulte et marié donna à ses deux ainés respectivement fille et garçon les noms de la grand-mère meurtrière et du grand père assassiné. Aucun des deux enfant n'eut beaucoup d'affection pour cette mère qui n'avait pas la fibre maternelle. Pendant l'occupation l'aîné fut confié au père qui s'accommoda tant bien que mal de ce qu'il considérait comme un fardeau, et le cadet fut trimballé de familles d'accueil en familles d'accueil qui ne le nourrissaient guère au prétexte que l'argent dévolu à l'entretien de l'enfant n'était pas toujours envoyé. Mon père, chassé du foyer paternel par son géniteur qui venait de mettre enceinte une femme sensiblement du même âge que son fils, s'engagea dans l'armée après avoir refusé l'aide d'un de ses cousins qui lui proposait de travailler dans son entreprise de travaux publics. Il garda néanmoins le contact avec sa mère, toujours établie à Bordeaux où elle travailla le reste de sa vie comme secrétaire pour une entreprise de recouvrements de biens. Son demi-frère lui aussi demeuré dans la région, dut s'occuper de sa mère qu'il recevait tous les weekends. Il existe des photos où l'on me voit avec mes parents et ma grand mère lorsque je suis tout petit. C'est vraisemblablement entre la fin de la guerre d'Indochine, et l'Algérie où mon père se rendit d'abord seul avant que ma mère ne le rejoigne en ma compagnie en 1959. Peut-être la photo ci-dessous date-t-elle de d'une permission (c'est comme ça qu'on appelle un congé dan l'armée ou la police) accordée à mon mon père durant la guerre d'Algérie. Il n'a pas l'air très content d'être surpris comme ça par un photographe de rue, je crois. Je me souviens que cela existait. il fait son regard de tueur, de militaire quoi, ce genre de regard qui t'apprend vite à être sournois quand t'es môme. Je tiens à la main une petite voiture que ma grand-mère a du m'acheter chez Maurice Verdeun, le magasin de jouets alors situé dans la galerie bordelaise et je me demande bien, en la regardant à présent, ce qu'il peut y avoir de si intéressant hors champ, à droite, du côté de l'œil qui ne voit pas.
 
 
 
 
Je fis vraiment la connaissance de ma grand-mère, ainsi que de mes cousins, alors que j'avais huit ans, quand mes parents furent mutés à 80 km au sud de Bordeaux dans le département des Landes, qui fut un endroit de renaissance, j'en ai déjà parlé. Nous allions la voir dans son petit appartement de la rue de la Devise, ou bien elle venait avec mon oncle ma tante et mes cousins. J'aimais bien ces visites alternées. Il arrivait parfois que nous allions pique-niquer avant d'aller à la plage. C'était poulet rôti chips et j'adorais ça. Je l'aimais bien cette grand-mère, elle était un peu fantaisiste, et puis c'est la seule qui me restait. Elle a toujours été très gentille avec moi. Je crois que la dernière fois où je suis allé chez elle, rue de la Devise, alors que j'étais de passage à Bordeaux, fut le jour où Nixon a démissionné.

4 commentaires:

  1. Thank you for letting us in on this fascinating family history. Your grandmother sounds like she was a very remarkable young woman, with such drama in her life.

    be well... mae at maefood.blogspot.com

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  2. Truly your father looks like he could uh..... handle things! The day Nixon resigned-- that's one of those things that make us remember exactly where we were and what we were doing. I was working at KCBS FM in San Francisco. After his resignation speech, the first song that came up was the group America... Oz never did give nuthin' to the Tin Man... We all marveled at that. I really enjoyed your family tale. I love finding out about some of the shady characters in my family history.

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  3. the photo and the history...both very fascinating, i love stories behind the stories, there is always another one underneath and even when it goes back to the farthest reaches, still there is always more...

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