Voilà,
j'ai fini, il y a quelques semaines la biographie de Monk écrite par Laurent de Wilde. Je me souviens très bien où et comment j'ai découvert Monk. J'avais 17 ans à Châteaudouble, le premier été que passé là-bas. Il y avait le disque "genius of modern music vol one", dans la discothèque du salon. La plupart des autres disques étaient des enregistrements de musique classique, en particulier beaucoup de concertos pour violons de Vivaldi. Je pense que Philippe et Dominique avaient fait l'acquisition du disque de Monk à l'occasion de son passage quelques années auparavant à la maison de la culture d'Amiens où il s'était produit en concert quand Philippe en était le directeur. Il existe d'ailleurs une photo de Martine Franck me semble-t-il, représentant Monk assis sur une banquette juste en dessous d'un tableau de Pierre Soulages et qui figurait dans le bilan d'activité de la Maison de la Culture avant que Philippe ne la quitte.
Je me souviens avoir été touché mais aussi très intrigué par cette musique qui était du jazz et aussi quelque chose d'autre de moins identifiable, un peu dérythmé (cela devait être le morceau "Ruby my dear"), qui donnait l'impression que les morceaux étaient train de s'inventer, de se chercher en même temps que s'affirmait la mélodie. Je ne trouvais pas ça vraiment beau, bizarre plutôt, assez intrigant et légèrement dérangeant, mais pourtant dès qu'il n'y avait personne dans le salon, je l'écoutais. Le pouvoir de la musique, c'est cette faculté de nous dépayser, de nous téléporter dans un autre temps un autre lieu, de raviver des sensations et les sentiments qui étaient alors les nôtres. Ce disque je l'associe à cette maison, après le 15 août quand le temps devient plus incertain, qu'il y a des orages que les jours raccourcissent presque brutalement et que l'on réalise en regardant par la fenêtre les nuages bien bas de l'autre côté des gorges, que l'été est vraiment trop vite passé. Je me souviens de l'escalier qui menait au grenier de Châteaudouble, du vieux coffre en bois et de ce tableau (une impression sur un support métallique dont je ne me rappelle plus l'auteur). Il m'arrivait alors de ressentir une vague tristesse sans trop savoir quoi faire. Les Indonésiens appellent cet état "Termangu-mangu"
Je me souviens avoir été touché mais aussi très intrigué par cette musique qui était du jazz et aussi quelque chose d'autre de moins identifiable, un peu dérythmé (cela devait être le morceau "Ruby my dear"), qui donnait l'impression que les morceaux étaient train de s'inventer, de se chercher en même temps que s'affirmait la mélodie. Je ne trouvais pas ça vraiment beau, bizarre plutôt, assez intrigant et légèrement dérangeant, mais pourtant dès qu'il n'y avait personne dans le salon, je l'écoutais. Le pouvoir de la musique, c'est cette faculté de nous dépayser, de nous téléporter dans un autre temps un autre lieu, de raviver des sensations et les sentiments qui étaient alors les nôtres. Ce disque je l'associe à cette maison, après le 15 août quand le temps devient plus incertain, qu'il y a des orages que les jours raccourcissent presque brutalement et que l'on réalise en regardant par la fenêtre les nuages bien bas de l'autre côté des gorges, que l'été est vraiment trop vite passé. Je me souviens de l'escalier qui menait au grenier de Châteaudouble, du vieux coffre en bois et de ce tableau (une impression sur un support métallique dont je ne me rappelle plus l'auteur). Il m'arrivait alors de ressentir une vague tristesse sans trop savoir quoi faire. Les Indonésiens appellent cet état "Termangu-mangu"
Mais, revenons à Monk : bien des années plus tard, j'ai vu ce film "Straight no chaser" qui lui est consacré, où l'on perçoit quel genre d'homme étrange il pouvait bien être parfois. Cet extrait vidéo en rend compte un peu quand il se lève et se met à esquisser quelques pas d'une danse étrange. Mais ce qui me touche aussi, c'est cette relation brute qu'il entretient avec le clavier, qui suggère que le tempo est une affaire de corps, c'est sa façon de se situer par rapport à l'instrument, de se tenir face à lui. Mais avec un surplomb inhabituel alors que la mélodie se développe comme une équation en une suite d'instants travaillés comme de la matière. Ce corps puissant m'émeut terriblement parce qu'il a quelque chose à la fois de brut et d'enfantin, d'inaliénable, de définitivement rétif aux conventions. Il se pose là comme un mystère, une énigme. Il est totalement déraisonnable. Il existe un film, ou l'on voit Monk jouer, alors que Count Basie est accoudé au piano que Monk martèle. À un moment Count Basie esquisse un sourire en regardant Monk. On dirait qu'il se moque de lui de sa façon de jouer qui est aussi une façon d'être. Et se sourire en une fraction de seconde révèle tout l'écart, la distance qui peut exister entre un qui se considère comme un comte, un aristocrate, et l'autre qui est le moine de sa propre musique. Peut-être après tout Monk est-il au Jazz ce que François d'Assise fut à la religion catholique.
linked with the weekend in black and white
Wow---- he wrings the notes out of the piano...
RépondreSupprimerOn ne saurait mieux dire.
RépondreSupprimer...Monk was the man!
RépondreSupprimerInteresting to meet someone with so much feeling about it and to remember it again today!Great Photo!
RépondreSupprimerGreeting Elke
When music is in the air, man follows it.
RépondreSupprimerJ'adore!
RépondreSupprimerJazz … erst mit den Jahren habe ich Jazz für mich entdeckt und lieben gelernt. Allerdings von den Virtuosen Namentlich könne ich nur den polnischen Tomasz Stańko … einfach Fantastisch.
RépondreSupprimerEine Interessante Beitrag. Toll !
He's one of my favourites! I like the way you tell the story and your interpretation!
RépondreSupprimerMarvelous ode to the Monk!
RépondreSupprimerI agree with Lachezar, you tell the story well. Your photo is beautifully composed.
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