lundi 3 février 2020

Toutes ces choses qui nous survivent.


Voilà,
c’est la nuit tu entends la radio qui diffuse une sicilienne de Bach interprétée par Jacques Loussier. Autour de ta bière ouverte, des gens pleurent dont quelques hypocrites, qui autrefois te firent souffrir, et cela te déplaît. Mais aucun mot ne sort de ta bouche pas même un râle, juste une légère nuée de cendres à peine visible, raison pour laquelle sans doute, nul ne s'en étonne. Tu es celui qui voit et celui qui repose. Tu te sens à l'étroit et intérieurement furieux de ne pouvoir bouger, agacé par ce fourmillement chatouilleur qui reste cependant à la limite du supportable. Mais lorsqu'un homme glabre que tu as toujours connu moustachu, s'attarde longuement, l'air interrogateur, au dessus de ta dépouille, puis s'exclame "mais ce n'est pas lui", le vacarme du camion poubelle et les éclats de voix des éboueurs dans la rue, sans pour autant te délivrer de la poisseuse sensation de l'avoir échappé belle, t'extraient de ta torpeur. Et tu te retrouves au bord du jour, hébété comme un boxeur sauvé par le gong, mais qui ne se sent plus la force de continuer le combat. Espérant toutefois le miracle d'en réchapper, et sans pour autant savoir la forme qu'il pourrait néanmoins prendre, tu redoutes le sort tragiquement banal qui selon les statistiques paraît devoir inévitablement te frapper, comme il accable depuis peu tant d'amis autour de toi. Et tu songes alors à toutes ces choses qui nous survivent.
(Linked with our world tuesday)

5 commentaires:

  1. I love the shelf arrangement! Also, having nothing to do with your post, I am listen to Jacques Lousier right now--- Satie.

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  2. Superbe cette étagère.
    Alors, et j'ignore si tu y verras le lien possible avec ton texte, celui que j'y ai vu, voici ce poème de Paul Vinicius lu hier:

    je n’ai plus de montre
    ni cœur

    maintenant
    plus rien ne me fait mal

    le vin rouge
    et ce matin de dimanche
    renversés sur la table

    la dernière cigarette

    et peut-être l’idée
    qu’un jour enfin
    je serai assez léger
    pour pouvoir tenir
    dans un oiseau

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  3. deux beaux textes, le vôtre et celui de Paul Vinicius, oui, ne pas s'engluer "Tu es celui qui voit et celui qui repose" mais s'éveiller, on est là, vivre

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  4. I've never heard of Jacques Lousier but your post reminds me that all through the noises, distractions etc life goes on.

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  5. I love the things on the shelf! They remind me that some things in this world is simply timeless and beauty never fades :)

    Stevenson
    http://www.stevensonque.com

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