jeudi 29 juin 2017

Sainte-Anne



Voilà,
Quelqu'un m'a fait remarquer, il y a peu, que "j'avais un drôle de truc" avec les souvenirs. J'ai perçu dans son intonation comme une nuance de reproche. En tout cas une façon de prendre avec dédain, peut-être un léger mépris ou une vague condescendance ma propension à me laisser revisiter par le passé. Comme si c'était une tare, la manifestation d'un manque d'appétence pour la vie, comme si la vie devait se réduire uniquement au présent et à l'action. Je suis par nature plutôt contemplatif. J'aime beaucoup ne rien faire. C'est à dire remplir ce rien de pensées d'images de sensations. J'aime me promener, apercevoir, cueillir ces fractions de secondes sur lesquelles je pourrais faire mon miel de pensées et de songeries. Je ne vois pas la nécessité de s'agiter, outre-mesure. Ce qui m'intéresse c'est d'accueillir ce qui émerge en moi, à partir de moi. D'ailleurs avec les ans et l'usure ce n'est pas maintenant que je vais faire des extravagances. Mais pour en revenir à cette histoire de souvenirs, c'est aussi que ma relation au temps est très espiègle. Par exemple sur ce blog, il y a des parutions programmées pour plus tard et même bien plus tard, en un temps ou peut-être je ne serai plus, et d'autres qui n'apparaissent que maintenant et qui ont été rédigées il y a des semaines des mois ou des années. On n'est pas obligé de coller à l'actualité n'est-ce-pas ? Les moments d'autrefois, je ne les cherche pas, mais s'ils ressurgissent je les attrape comme le ferait un chasseurs de papillons. Qu'y puis-je s'ils se posent sur moi, s'ils reviennent, s'ils se manifestent, s'ils se représentent ? Je ne vis pas dans le passé, mais c'est le passé qui se réactualise, c'est comme ça. Là cette  photo c'est une affaire de permission. J'ai pris ce cadre à la sauvette. Comme je voulais faire un truc un peu mieux, j'ai demandé au pêcheur si je pouvais le prendre en photo et là je me suis pris un râteau. j'avais voulu essayer la technique de James Nachtwey — j'avais vu ça dans un documentaire à son sujet — qui demande gentiment aux gens ( là il s'agissait d'estropiés et de mendiants vivant près d'une voie ferrée en Inde) leur autorisation, et en général il semble plutôt bien accueilli. Je ne sais pas, peut-être que je n'inspire pas confiance, que j'ai une sale gueule ou que je ne sais pas demander sans avoir l'air de trop m'excuser, enfin bref, maintenant je ne demande plus. Je n'arriverai sans doute jamais dans ma vie, — sauf à tomber sur des exhibitionnistes — à faire, comme Peggy ces incroyables portraits de rue, où les gens regardent l'objectif en souriant. (linked with the black and white weekend)

6 commentaires:

  1. I like your photo - a spontaneous (and interesting) moment.

    Why should you not reminisce? We are all shaped by out past, and photographic memories are so important!

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  2. I don't photograph usually persons that are unknown to me. Maybe it is not you but the other if he/she refuses :) Anyway our past makes our present... Or how does it go... Great photo.

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  3. I find it essential to keep taking pics no matter how you're received by the subject. Live and learn and keep on going. I found it better to not ask in most cases and be cautious when photographing kids. I hate having my photo taken so I understand, but it doesn't stop me. I love this photo, you make me want to be there.

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  4. love the photo and love your reflections. I never ask for permission, first, I am kind of shy, second, it is more spontanious without people being aware and posing. had to laugh at "sale gueule".

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  5. I don't like taking photos of people, even in public areas where there are no problems. And I prefer candid photos to posed shots. Your image is awesome.

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  6. J'aime cette sensibilité qui anime ton blog, entre tes mots et tes images. Merci pour ces instants de vie, ces fragments de souvenirs réactualisés.

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