Voilà
comment ç'est arrivé : c'était il y a quelques mois déjà je suis sorti du métro Denfert, et là passant devant le café "Le Rendez-vous" j'ai aperçu Benoît en terrasse. Il m'a invité à m'asseoir à sa table, et comme ça faisait un petit moment que nous nous étions vus, on a commencé à se donner des nouvelles. En buvant mon spritz, j'ai remarqué cette femme étrange et belle avec son livre de photos sur Kennedy qui non loin semblait faire les cent pas. J'ai tout d'abord pensé que c'était quelqu'un qui avait un rendez-vous genre Tinder ou Meetic. Elle marchait de long en large devant le café. Je ne pouvais m'empêcher de la regarder du coin de l'œil. Elle m'intriguait vraiment avec sa fourrure son chapeau et son livre. Elle avait un certain style. Nos regards se sont croisés et là elle s'est approchée. Elle nous a dit qu'il fallait se méfier des réseaux sociaux et de l'internet. Oui bon d'accord. Et puis là, tout de go elle a commencé à parler de Giscard d'Estaing et j'ai soupçonné que quelque chose clochait. Quand elle a évoqué Guichard, Boulin, Chaban-Delmas et tout un tas d'hommes politiques dont peu de personnes désormais se souviennent, j'ai compris qu'elle était vraiment naze et coincée au début des seventies. Elle devait être sous médicaments et tout son discours était une sorte de délire paranoïaque et complotiste assez incohérent. Je faisais parfois quelques relances, histoire de ne pas la laisser parler toute seule. Benoît était visiblement gêné, et je sentais bien qu'il me désapprouvait. Il avait envie qu'elle se casse, moi aussi d'une certaine façon, mais au fond, peut-être que je la trouvais plus intéressante qu'il ne l'était. En fait j'ai continué la conversation pour pouvoir voler discrètement une image. J'ai cadré un peu à la sauvette avec mon IPhone, sans contrôler et fait quelques photos. Ce n'était pas fameux, à part celle-ci, certes un peu floue, mais qui me plaît tout de même. Evidemment au bout d'un moment elle délirait tellement qu'on s'est dit qu'il fallait y aller. On s'est poliment excusés, et puis on a pris la tangente chacun dans sa direction, la laissant seule à ses élucubrations.
Elle a peut être vécu un drame, la disparition tragique d'un enfant par ex. Quand ça m'arrivera je ne fréquenterai plus personne.
RépondreSupprimerElle est à l'ouest mais non parano pour un sous; sans ça elle ne se serait pas laissé photographier en douce, avec en plus par la chaleur de ce début juin cette fourrure qui tout en lui donnant de la classe lui enlève tout crédit.
Oui il est possible sinon probable qu'elle ait vécu un drame. La nature de ce drame, je ne peux pas l'imaginer, tout est possible. Paranoïaque je ne sais pas si elle l'était, je n'ai pas les compétences pour énoncer un diagnostic sur la personne, mais son discours complotiste lui était bel et bien de cette nature. Pour ce qui est de la photo, elle ne s'est pas rendue compte que je la prenais, comme je l'écris c'est une photo volée prise — car il est au principe de ce blog de ne pas toujours coller au présent, et même de souvent réactualiser des images passées — il y a plusieurs mois, ce qui explique la fourrure. Peut-être ne faudrait-il jamais faire de photo volée. Peut-être ne faudrait il jamais expliquer les raisons ou ce qui préside au déclenchement de l'appareil. Peut-être même ne suis-je jamais assez clair lorsque j'écris. Bien sûr votre réponse m'interpelle d'autant plus qu'elle est en empathie avec le sujet de mon image, sinon même en identification. L'usage du futur, dans votre réponse me glace, et me laisse supposer que vous-même vivez un drame. Si ce billet a pu vous blesser, je le regrette sincèrement. Il y a une phrase de Kafka qui dit "dans ton combat avec le monde seconde le monde". C'est une phrase étrange et paradoxale, puisqu'elle revient à dire que dans le combat avec le monde, il faut aider celui-ci. Je suis en combat avec le monde depuis l'âge de quatre ans. je n'ai découvert Kafka qu'à 25 ans. Certaines de ses suggestions, il m'est parfois difficile de m'y tenir. Est ce que je fais des photos de la réalité est ce que j'écris pour seconder le monde , je ne sais pas. Cela m'arrive parfois, et parfois non. Car le monde est cruel, et il m'arrive parfois de participer de cette cruauté, sans pour autant le vouloir. Peut-être cette photo est elle cruelle, ou son commentaire. Elle n'en demeure pas mon vraie, et correspondre à un état qui était alors le mien
Supprimerpour une raison qu'on ignore, la temps a dû s'arrêter pour elle !
RépondreSupprimerEn tous les cas, tu la fais exister et je trouve ça bien !
I think all of us old enough to have lived through Kennedy's brief time are a little paranoid... Especially in the US with the horror of what we have here now.
RépondreSupprimerI think she is not alone Kwarkito, I see a few like that here too. I think you were very kind to listen for a while, I do also..most people just ignore and walk away, it's sad oui!
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