Voilà,
la chanson il s'en souvient bien sûr ! Certains paysages, des situations précises y sont associées. Il peut même convoquer les sensations qui étaient alors les siennes. Mais tout à coup il ne se rappelle plus le nom du groupe, un groupe de chanteuses noires pense-t-il avec une soliste connue qui a fait carrière plus tard sous son propre nom. Il ne cherche plus, il n'insiste pas. Cela lui arrive de plus en plus souvent. Il faut se faire une raison. Les noms échappent, est-ce pour cette raison qu'il se retranche de plus en plus du monde. Pour ne pas être pris en flagrant délit d'oubli. C'est comme cette personne dont le nom se dérobe bien qu'il la connaisse depuis des années et qu'il l'ait croisée il y a peu. Cela n'ira pas en s'arrangeant il le sait. De plus en plus souvent, Pierre Barbaroux erre dans un état cotonneux, comme si il était transparent, fantomatique, non pas avançant avec densité dans le monde mais pareil à une brume, un nuage. Autrefois il avait aimé ces états là, les recherchant même. À présent ils le perturbent. Comme si la vie ou la conscience d'appartenir totalement à la communauté des vivants se dissipait. Certains lieux, cependant demeurent pour lui comme des îlots. Il ne s'y perd jamais et les souvenirs viennent à lui précis, intenses. Et c'est comme s'il recueillait, sur une plage, une bouteille jetée autrefois à la mer par l'enfant qu'il fut il y a bien longtemps.
Première publication 20/6/2017 à 21:09
Voilà une photo qui renvoie à mon propre blog ! Quant à ce Barbaroux, il ne me semble pas totalement inconnu : ne suis-je pas moi-même errant dans un état cotonneux de plus en plus souvent ?
RépondreSupprimerThere's the difference of forgetting now and then and seriously forgetting, it's a scary future when forgetting more than remembering 😑
RépondreSupprimerPeut-être, magie, tous ces noms sont-ils écrits sur un papier dans la bouteille.Et s'il suffisait de l'ouvrir...mais non, c'est trop simple. Quoique...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ta photo.