samedi 12 juillet 2014

Chercher des lagagnons

Biscarrosse, 1964 ou 1965
Voilà,
donc c'est arrivé ce matin. Un moment tout de même que je m'étais fait à cette idée. Peut-être m'y étais je préparé depuis fort longtemps. De toute façon, pour ce qui était de lui et de moi, c'était mort depuis bien des années. Muré depuis toujours dans ses certitudes, dans ces valeurs qui font gerber, et que partagent aujourd'hui de plus en plus de gens, il n'avait jamais laissé de place pour le dialogue, pour l'écoute pour l'attention. Vers quatorze quinze ans j'avais déjà pressenti que, si je ne prenais pas du champ, cette présence serait toxique. J'ai mis de la distance entre lui et moi. Plus tard j'ai songé que je m'étais peut-être trompé, que j'étais trop intransigeant. J'ai trouvé des excuses. J'ai essayé d'avoir des échanges. Et puis j'ai fini par renoncer. Ça n'en valait pas la peine. Les quelques bons et trop lointains souvenirs ne méritaient pas tous ces efforts. Le problème aujourd'hui, est que tout ce que j'ai tenté de fuir et qui était là au cœur de ma vie dès les premières années, me submerge tous les jours dans l'actualité. L'arrogance, la bêtise des exploités inconscients de leur aliénation et qui servent et défendent ceux qui les trompent, le repli frileux et identitaire, le racisme ordinaire, le machisme, le pouvoir du fort sur le faible, du flic qui matraque celle qui proteste pacifiquement, j'en passe et des plus obscènes, tout ça me ramène à lui à tout ce que j'ai pu entendre et au bout d'un moment n'ai plus voulu entendre. Souvent, quand il m'est arrivé de côtoyer des gens plus ou moins de sa génération comme Dominique, Philippe, Roland, Ambrogio et tant d'autres qui essaient d'ajouter un peu de beauté au monde qui en manque si cruellement, j'étais renvoyé à tout ce qui m'a manqué et aussi à tout ce qui m'a souillé. Enfin voilà, il n'est plus. Cadavre à présent et bientôt cendres. Ne restent que les regrets et quelques images. Celle-ci par exemple, datant d'une époque où je ne me rendais pas encore compte et dont je n'ai aucun souvenir mais qui demeure comme la trace d'un fragile et fugace moment de paix. Chercher des lagagnons quand la mer se retire.

7 commentaires:

  1. Souvenirs; excuses ou pas, l'oubli nous poursuit, nous rattrape.
    Comment ne pas être d’accord avec ton désir de beauté, de bonté, de bienveillance?

    Des lagagnons...je n'ai aucune idée de ce que c'est...des vers de pèche?

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  2. C'est le nom que dans cette région on donne aux tellines qui sont de petits coquillages dont la coquille est lisse et striée de bandes colorées

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  3. Preciosa fotografía, con la magia de aquellos
    revelados de nuestra niñez.
    Esplendido texto!!!
    Au revoir, me voy de vacaciones, en agosto
    vuelvo.

    Un abrazo, Ángel

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  4. l'incompréhension est une prison et
    les relations humaines restent une énigme
    un départ ne résout sans doute pas les problèmes !
    ciao Kwarkito


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  5. La photo est très belle et ton texte bien que dur est chargé d'un tas d'émotions qui s'entremêlent...
    Certains consentements libèrent...
    un abrazo

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