Voilà,
je ne vais pas chercher à analyser la situation, ni me livrer à des hypothèses ou des projections futures. Seuls peut-être quelques spécialistes avaient idée de l'irrationalité dans laquelle nous nous trouvons. Je n'en connais pas qui envisageaient une si soudaine rupture des équilibres géostratégiques et des alliances élaborées de longue date. Qui pouvait supposer une telle irruption de l'inconnu due à des décisions précipitées et inconséquentes.
On a basculé dans un autre monde.
Ce qu'on pressentait comme vaguement possible, tout en s'efforçant de le considérer comme hautement improbable advient avec la violence d'une déflagration, et saisit d'effroi les dirigeant européens qui n'y étaient pas préparés.
Partout les forces de la haine et du ressentiment sont à l'œuvre. Jamais la bêtise ne s'est donnée en spectacle avec une telle arrogance. Jamais elle n'a disposé d'une telle puissance de destruction. "Quelle époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles", écrivait Shakespeare. Là on est particulièrement servis.
Après les quatre ans de gouvernance Trump on pouvait difficilement imaginer que le peuple américain en redemanderait. Je ne sais pas si ce sont les ravages conjugués de l'influence de médiocres médias, de l'acculturation croissante du continent nord américain, l'effet de la junk food, de la généralisation de l'usage des drogues, mais cette pulsion suicidaire collective nous exile dans une contrée située au delà des questions.
Tout est toujours possible, même le pire. Bien que je n'ai jamais fait preuve d'un grand optimisme, je n'ai jamais imaginé que la bêtise collective serait de nouveau à ce point possible.
Je pensais que les institutions américaines nous préserveraient de la possibilité d'un tel chaos.
La
frénésie dévastatrice des dirigeants états-uniens, le délire
psychotique du Président d'une nation en pleine débâcle, qui fait acte
de reddition et se prosterne devant le dictateur russe qui n'en
demandait pas tant, toute cette accumulation de comportements erratiques des dirigeants yankees mène à l'autodestruction rapide de la puissance américaine.
En devenant le caniche de Poutine, Trump ne trahit pas seulement ses alliés, il met en danger la nation qu'il est supposé gouverner entre deux parties de golf. Pour cette reddition, autant que pour son obstination à saper l'armée, les intérêts de la sécurité nationale, il devrait d'ores et déjà être traduit en cour martiale.
Le manque de réaction des chancelleries de l'Union Européenne, comme tétanisées par les violents propos du vice-président américain à leur égard, atteste de leur surprise. Ils découvrent que l'Europe est désormais seule, comme un animal domestique que les maîtres livrent en pâture aux chasseurs. Ils réalisent qu'elle n'est plus qu'un vestige de l'histoire et la survivance quasi fantôme d'une culture qui s'est peu à peu évanouie sans qu'on s'en rende compte. Notre avenir, notre illusoire sécurité disparaissent comme certains paysages ou certaines routes dans un gouffre.
La bêtise abjecte et l'arrogance des puissants font passer par profits et pertes la démocratie, l'encyclopédie des lumières, les droits de l'homme et le droit en général, les lois internationales, les engagement passés, les traités entre les nations, les échanges culturels. et j'en passe. Bienvenue dans le nouveau monde.
Ici aussi en Europe les peuples sont très cons. Ici aussi les masses sont gaillardement hystériques et d'ores et déjà adoptent la posture de "l'esclave qui cherche un maître à dominer "selon la brillante et paradoxale formule de Lacan.
Tout ce pour quoi j'ai vécu, tout ce qui m'anime, l'amour de l'art, la pensée, le domaine des idées, l'admiration que je porte aux chercheurs (mathématiciens, biologistes, physiciens etc) aux inventeurs, aux artisans détenteurs de savoirs et de pratiques anciennes qu'ils perpétuent, bref tout ce qui ressortit de l'intelligence pratique ou conceptuelle, tout cela semble désormais battu en brèche, soudain inutile.
En fait toute ma vie j'ai essayé d'échapper à la connerie bien soldatesque bien fascisante qui sévissait dans ma famille. Et maintenant, avec ce que devient le monde, c'est comme si je me trempais la tête dans la cuvette des chiottes.
S'il ne s'agissait que de moi, je m'en foutrais. Le meilleur de ma vie est derrière.
Mais je pense à ma fille. Et ses ami.e.s si sympathiques, et intelligents. J'ai peur de ce qui les guette. Car cette pandémie de connerie crasse qui se répand sur toute la surface du globe, cette précipitation affolée vers des horizons obscurs, il semble que rien ne puisse l'arrêter.
Je ne peux parler que de là où je me trouve et seulement de ce que je ressens. Ma compréhension du monde s'en tient à de vagues intuitions. Je file cependant parfois la métaphore. J'ai récemment appris lors d'une leçon de Wajdi Mouawad au collège de France, (car quand j'ai le temps je vais assister à des leçons du collège de France) que "métaphore" en grec courant signifie "transport". Alors je me transporte des mots aux images. Je "déménage" — le français utilise parfois cette expression pour signifier qu'on devient fou ou gâteux—, je continue de radoter, de faire des associations. Europe n'a plus la prestance de la belle jeune fille que Zeus enleva prenant l'apparence d'un taureau blanc. Elle est bien vieille à présent. Presque moribonde. Attend aux urgences. Pas sûr qu'on puisse la réanimer. Pas sûr.
A third of the US didn't even vote. Many of the rest have little understanding of how the government works, or how interdependent ALL things and ALL countries are. Since there is already some agitation and protest movements, in spite of a general lack of coverage in the mainstream media, I have some hope. Huge numbers of MAGA supporters are finding themselves either out of work, or likely to be out of work. Many are will be dying for lack of medical care. It's going to be a very sad and dangerous time in the US. Don't give up, mon ami, even your extremists on the right are criticizing the actions of the orange clown. But I share the heartbreak you describe so accurately.
RépondreSupprimerYour words paint a bleak and unforgiving picture of our times, a lament for a world that seems to be unraveling before our eyes
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