vendredi 17 juin 2011

La nouvelle donne


the last time
Voilà
elle savait bien qu'il était en train de veiller un enfant malade, mais c'était plus fort qu'elle, impossible de s'en empêcher, elle le harcelait de SMS où reproches et récriminations alternaient, mêlées à de délirantes et peu crédibles déclarations d'amour. Ou bien - ah comme il trouvait ridicule cette voix de fillette qu'elle n'était plus depuis longtemps -, elle minaudait plaintes et jérémiades sur sa messagerie au point de la saturer. Elle demandait si ça allait pour ajouter d'un même élan qu'elle n'avait plus de forces, qu'elle faisait une analyse pour résoudre seule ses problèmes mais qu'elle n'arrivait pas à partager avec lui, elle se répandait alors en menaces en ultimatums plein de fiel s'il ne la rappelait pas aussitôt. Et lui, regardait inquiet le visage blême et trempé de fièvre de ce petit être qu'il chérissait plus que tout au monde et qui venait tout juste de sombrer dans un sommeil lourd et abrupt. Le fait d'être contraint en la circonstance, de songer à cette femme, le dégoûtait autant qu'il lui faisait honte. Et puis entendre cette voix prononcer le nom de son enfant qu'elle ne connaissait pas, l'irritait particulièrement. De plus en plus il envisageait la possibilité qu'elle soit vraiment folle. Mais en dépit de ses réticences, il ressentait une certaine jubilation à entretenir un lien avec elle ; il éprouvait à son endroit un peu plus d'attirance que de répulsion. Sans doute s'en voulait-il de cela ; et peut-être aussi du cruel et secret désir de l'anéantir mêlé d'un besoin inavouable d'en être humilié.

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