vendredi 8 avril 2011

De l'amour fou à l'amour flou


Voilà
cette façon qu'elle avait eue un jour après de longs et tendres préliminaires de les extraire du lit et de l'entrainer vers le piano contre lequel elle s'était aussitôt appuyée se pliant en deux les jambes tendues, Fabien Arinarnoa s'en souvient encore, parfois. C'est là qu'il avait découvert combien son corps était souple. Elle avait voulu qu'il la prenne ainsi et lui, avait immédiatement songé que, ce qui l'excitait peut-être elle, à ce moment précis, c'était la possibilité par cette perspective inversée d'observer d'en bas une queue la pénétrer. Sans doute alors importait-il peu que ce fùt la sienne ou celle d'un autre. Seule comptait pour elle la vision crue du spectacle de ce qui était en train d'advenir à la jointure de ses cuisses. Quant à lui, cette sensation d'être en l'occurrence réduit dans son regard à un simple morceau de viande, à une bite qui pouvait être celle de n'importe qui d'autre, aussi bien un inconnu fantasmé qu'un amant précédent qui lui aurait laissé quelques bons souvenirs, tout cela l'excitait plutôt.... C'était au début de cette liaison, qui très vite devint une histoire si dense, si riche en émotions. Il lui arrive encore de se demander si de nouveau il partagera autant de bonheurs et d'intimité avec une autre. Louise Cardinal était si inventive, si généreuse et attentive. De ces femmes qui trouvent leur plaisir dans la satisfaction du plaisir de l'autre, qui donnent autant qu'elles exigent et non de celles qui crispées sur la recherche de leur orgasme se dispensent de toute attention et imagination à l'égard de leur amant, pensant vraisemblablement qu'être nue près de lui est une faveur suffisante pour mériter son hommage. C'était si doux d'être dans ses bras de s'abandonner en elle, d'être nu près d'elle et de se caresser l'un l'autre longtemps longtemps juste pour le plaisir de la caresse. Car il y avait aussi ces moments d'infinie tendresse, de baisers langoureux, où le monde se réduisait à cette proximité, à cet autre corps qui lui paraissait toujours avoir été à ses côtés. Il s'éprouvait alors sans âge, ou plutôt avec tous les âges de sa vie à la fois, il était à sa place, dans ses bras. ll l'aimait il ressentait un amour incroyable pour elle dont l'intelligence, la pensée subtile, la curiosité intellectuelle jamais rassasiée, la culture le fascinaient, même si parfois il éprouvait quelque réticence au langage universitaire dont il lui semblait qu'elle abusait parfois. Seul, un détail lui échappait. Fabien Arinarnoa ne parvenait pas à réaliser que tant d'années les séparaient. Que la destinée ne les eût pas rendus un peu plus contemporains, lui paraissait terriblement injuste. Il pressentait obscurément qu'un jour viendrait où...

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