Voilà,
les premiers froids, les pluies glacées arrivent. Je m'efforce de sortir encore un peu le soir, mais c'est difficile. Jeudi dernier, je suis allé à la cinémathèque voir le film de Bertrand Mandico "Les enfants sauvages", mais au bout d'une demi-heure je me suis tiré. La réalisation m'a semblé du sous-Raoul Ruiz (j'ai pensé aux "trois couronnes du matelot", et à "la ville des pirates" que j'aime beaucoup). Sans doute au fond, n'avais-je pas envie d'être là, ou bien n'étais-je pas disposé à voir ça et que peut-être le film n'est-il pas en cause. J'ai aussi sans doute envie de légèreté. Je lis en ce moment un essai assez déprimant, et les actualités ne valent guère mieux. Donc dans une salle adjacente on donnait "Lady Paname", unique film réalisé par Henri Jeanson, le dialoguiste de "Hôtel du Nord". Bien sûr il n'y avait que des vieux cinéphiles un peu décatis, contrairement à la salle précédente. Le film est léger, brillant, bien joué, en particulier par Suzie Delair, canaille à souhait, Raymond Souplex (que j'ai souvent vu dans mon enfance à la télévision — il y incarna de 1958 à 1972 l'inspecteur Bourrel dans la série "Les cinq dernières minutes — et Louis Jouvet qui semble beaucoup s'amuser d'un personnage comique et haut en couleurs. Monique Mélinand, y interprète aussi un rôle secondaire avec une modernité incroyable. D'ailleurs je l'ai aussi vue il y a peu dans un film de Gilles Grangier, "Le sang à la tête" adaptation d'un roman de Siménon "Le fils Cardinaud" dont l'action se passe à La Rochelle. Ce qui est amusant, c'est que dans le courant de l'année, chez un bouquiniste, j'ai acheté un livre d'occasion composé de trois récits de Simenon, où se trouve un ex-libris écrit à la main "Monique Mélinand, Avril 56 La Rochelle" acheté sûrement à l'époque de ce tournage.
Je regarde beaucoup en streaming des films français des années cinquante, grâce à Bertrand Tavernier qui a attisé ma curiosité avec sa série "Voyage dans le cinéma français" rediffusée sur la cinquième chaîne. Ainsi ai-je aussi regardé "Le désordre et la nuit", toujours du même Grangier, avec Gabin, qui même s'il n'est pas un acteur qui me charme est bien tout comme dans le Simenon où il est parfait. J'ai découvert aussi ce film de Pierre Chenal intitulé "Rafles sur la ville". Un polar bien noir, avec une image superbe et une musique composée par Michel Legrand, dans lequel le jeune Michel Piccoli se révèle déjà très talentueux, et où Charles Vanel interprète un caïd absolument ignoble. La réalisation nerveuse, noue plusieurs intrigues pour aboutir à une fin puissante. Et puis on y retrouve le charme photogénique du Paris des années cinquante. Godard, qui avait la dent plutôt dure avec ses aînés considère ce film comme un chef d'œuvre. Je crois même que c'est de là que lui est venue l'envie de travailler avec Piccoli, plus tard dans "Le Mépris".
Rafles sur la ville... Et je ne puis m'empêcher de songer à d'autres rafles, du passé, mais surtout celles à venir, rafles peut-être plus proches qu'on voudrait le croire. Ici, l'image est suggestive à souhait, autant dire effrayante. On voudrait qu'elle reste associée à un cauchemar, mais on peut craindre que ce cauchemar devienne vite réalité. Dis-moi que je m'inquiète pour rien !
RépondreSupprimerHonnêtement, je ne saurais trop être en mesure de rassurer :-( Des rafles sur la ville existent aujourd'hui. Elles sont quasi quotidiennes, souvent nocturnes, elles touchent des réfugiés parqués sous des tentes, avec des enfants. Les policiers français y font souvent preuve d'un grand zèle et d'une grande violence.
SupprimerI really like what you've done with your image today... Wonderful NOIR feeling.
RépondreSupprimerQuelle image spectaculaire ! ....
RépondreSupprimerUn merveilleux jeu d'ombres et de lumières
dans un tel espace urbain....
Une photo incroyable.
Des câlins.