Voilà,
cette année je me serais souvent réveillé tôt le samedi matin pour regarder en streaming sur mon ordinateur des matches de rugby opposant des équipes de l'hémisphère sud, surtout des formations néo-zélandaises. Depuis la mi-août ce sont les équipes nationales qui s'affrontent : les All Blacks néozélandais, les Springboks d'Afrique du Sud, les Wallabies australiens, et les Pumas argentins. Les All Blacks manifestent dans ce jeu une maîtrise et une inventivité telles qu'ils le rendent non seulement spectaculaire mais qu'ils y ajoutent une dimension esthétique qui s'apparente à la chorégraphie, cet art de se mouvoir à plusieurs avec harmonie. Leur style est si accompli que, lorsqu'ils jouent, la question n'est, en général, pas de savoir s'ils vont gagner, mais quelle forme va prendre leur victoire. Bien sûr, et c'est heureux comme cela, il arrive parfois qu'ils perdent une partie car face à eux leurs adversaires sont contraints de se surpasser et de trouver des solutions pour les faire déjouer. La défaite des All Blacks constitue alors un événement, une rupture dans l'ordre de la logique. D'ailleurs, sans doute faut-il remonter loin dans le temps pour constater deux défaites consécutives de cette formation que nombre de nations ne sont d'ailleurs jamais parvenues à vaincre depuis que le rugby existe.
Et puis, parfois des gestes surprennent, des fulgurances éblouissent par leur caractère imprévisible. Ainsi, cette passe aveugle au cours du match contre l'Afrique du Sud, il y a quinze jours, illustre parfaitement cette réflexion de Jankélévitch, quand il écrit : " la manière de donner vaut mieux que les dons, et la façon de faire est infiniment plus que la chose faite". Toute la philosophie du jeu en Nouvelle-Zélande où le rugby est un fait culturel, au même titre que le bel canto, autrefois en Italie, où tout le monde filles et garçons confondus, est éduqué à cette pratique dès le plus jeune âge, repose sur la passe, sur la façon de se transmettre la balle, de créer en quelque sorte du lien entre les uns et les autres en dépit de l'adversité. Cette séquence par exemple montre que l'on peut ainsi se trouver sans se voir et que le don n'est pas juste de l'altruisme mais aussi du plaisir dans la reconnaissance de l'autre. Beauden Barrett alors qu'il pourrait, grâce à sa pointe de vitesse marquer tout seul, rend à son coéquipier Nehe Milner-Skuder la balle que ce dernier, quelques secondes auparavant, a interceptée à quatre-vingts mètres de là. Dans la grâce de cet instant, par cette offrande il lui rend ce qui lui revient : la possibilité d'achever ce qu'il a initié.
Sublime !
RépondreSupprimerThe image you made is very effective. I've often thought that a good bumpersticker would be: RUGBY PLAYERS EAT THEIR DEAD What do you think?
RépondreSupprimerit only happened once. Rugby is really something else than this miscellaneous fact. It's as much more than just a sport. But why not for the bumpersticker. It's funny enough
SupprimerI did not know that! I just thought it was appropriate to rugby players who are known to be the guys you'd least like to have mad at you. I knew a fellow from Brittany once many years ago--- A Rugby playing Celt who spoke French but looked Irish. By the way, I like your picture even more today.
SupprimerYes, the man you're talking about is very representative of rugby, which has often been said to be a bully sport played by gentlemen. Well, you're right, those who are a little frightening carry the numbers from 1 to 8, those who are in the scrum. Formerly when it was still an amateur sport, the front ones (those of the scrum) were all proletarians, peasants or policemen), and the back lines those who play nice games by hand with the passes were liberal professions (lawyers, doctors, etc.).
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