au risque de me répéter, tout comme l’ONG Global Foodprint Network qui, chaque année, calcule le "Jour du dépassement" pour le monde, en croisant l’empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) et la "biocapacité" de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l’Homme, notamment la séquestration du CO2).
Ce 2 août 2023, — ce serait presque une bonne nouvelle par rapport à l'année dernière — nous avons atteint la limite du capital naturel dont dispose la planète. Autrement dit, nous surconsommons et vivons à crédit de ce que la planète peut offrir. Ainsi, pour les 151 jours restants de l’année, l’humanité vit en déficit écologique. Cela signifie qu’il faudrait 1,75 terre pour renouveler ce que l’humanité consomme.
Ce n'est plus un secret pour personne, les activités humaines émettent d’énormes surplus de gaz à effet de serre (CO2) que les forêts et les océans ne peuvent absorber. La surpêche entraîne l’effondrement des ressources halieutiques car les espèces ne peuvent se reproduire à hauteur de ce que nous pêchons, trop d’arbres sont abattus, etc…
Fin décembre au début des années 70, Novembre au long des années 80, Octobre dans les années 90, le "Jour du dépassement" n’a cessé d’avancer au cours des cinquante dernières années, à l'exception de l'année 2020, celle du confinement généralisé. Depuis 2000, ce jour est passé de septembre à juillet en vingt ans
Toutefois, depuis cinq ans, la tendance s’est stabilisée. Elle est cependant encore loin de s’inverser. En 2022, ce jour intervenait le 28 juillet soit cinq jours plus tôt que cette année. "Difficile cependant de discerner dans quelle mesure cela est dû au ralentissement économique ou aux efforts délibérés de décarbonisation" , constate l’ONG dans un communiqué publié le 5 juin 2023.
Pour atteindre l’objectif fixé par les scientifiques du Giec de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 43 % d’ici 2030 « il faudrait déplacer le "Jour du dépassement de la Terre" de 19 jours par an pendant les sept prochaines années », selon Global Foodprint Network.
A part ça la vie suit son cours. Le souvenir des émeutes du mois dernier en France s'est fondu dans la torpeur estivale. C'est comme si ça n'avait jamais existé. C’est le retour des "marronniers" terme qui désigne les sujets qui reviennent chaque année, à la même période, dans les médias écrits ou audiovisuels, en particulier le mercato du football, (il y a deux ans Messi était au centre de toutes les spéculations, maintenant c'est M'Bappé). On ne parle plus beaucoup de la guerre en Ukraine, qui est quand même à nos années 20 ce que fut la guerre d'Espagne à la fin des années 30 du siècle dernier. On évite de parler de la relation entre ce conflit, les hausses des prix de l'alimentation et les risques de famine à venir dans certaines régions d'ici quelques années.
C'est une bonne occasion pour ressortir une vieille note que j'ai retrouvée parmi celles qui sont rassemblées dans mon smartphone. Il y a un peu plus d'un an, j’ai copié cet article dont je n'ai
malheureusement pas retrouvé l’auteur. Je
me demande d'ailleurs bien pourquoi je garde des trucs comme ça. Je dois être un
peu taré ou maso. Bref ça date du 12 Octobre 2021, quatre mois donc
avant l’invasion de l’Ukraine. On peut raisonnablement penser que
depuis, la réalité est bien plus alarmante que ce qui est décrit là. Au
moins c'est factuel.
"On
est donc face à une crise économique majeure. Si le prix du gaz
augmente de 57% en 10 mois, c’est parce que le gaz de charbon commence à
manquer sur les marchés de gros. Il est probable qu’au bout d’un
moment, la demande s’arrêtera. On arrêtera de se chauffer tellement les
prix seront élevés. Mais des usines fermeront aussi. En septembre, les
prix des produits alimentaires ont augmenté de 33% dans le monde par
rapport à la même période de l'année précédente, selon l'Organisation
des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. On atteint
désormais des niveaux jamais vus depuis 2011. Les causes de cette hausse
record sont bien connues: prix du transport élevé, catastrophes
naturelles ayant entamé les récoltes, pénurie de main-d'œuvre... Le coût
du transport maritime a été multiplié par dix, les ports en Asie sont
congestionnés et se retrouvent dans une situation extraordinairement
favorable c’est-à-dire qu’avec moins de trafic, vu l’augmentation des
prix, ils gagnent beaucoup plus d’argent. Un trajet prend un mois, deux
mois de retard, voire trois mois, et c’est pour ça qu’aujourd’hui, on a
une pénurie. C’est de l’ordre de 30 à 40% de produits qui manquent dans
certains secteurs. "La pénurie est
déjà une réalité en matière de puces électroniques, de vélos,
d’étagères suédoises ou de matériaux de construction. Aujourd’hui, elle
touche aussi des vêtements dans les rayons de la fast-fashion, des
équipements sportifs mais en fait, elle pourrait toucher tout produit,
même alimentaire. En cause là, l’emballage. "Les clients qui avaient
l’habitude de se faire livrer en 15 jours-trois semaines, ont à faire
face à des délais de livraison qui peuvent être deux à trois fois plus
importants, dans certains cas, peut-être même jusqu’à l’année prochaine.
Tout dépend en fait de la sorte de papier-carton utilisée," détaille Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Copacel, représentant les producteurs français de papiers et de cartons. Mais d’une manière générale, on constate des allongements des délais de livraison, c’est certain." À
dix semaines de Noël, ça complique tout. Mais après les fêtes, seconde
épreuve : il faudra faire admettre une augmentation des prix
généralisée. Selon le FMI, l’inflation ne devrait être que temporaire et
atteindre son pic à la fin de l’année avant de se stabiliser en
2022. La première cause de cette hausse de l’inflation est une explosion
des coûts de l’énergie (électricité, gaz, pétrole). Le prix de
l’essence ou du gaz de chauffage a grimpé en flèche au cours de ces
dernières semaines et la pandémie – bien qu’en partie responsable de
cette crise – n’est pas la seule raison. Des tensions géopolitiques
ainsi que la présence de monopoles notamment pour le gaz (russe) en
Europe ont fait monter les prix jusqu’à atteindre des niveaux encore
jamais vus.
Autre
produit qui inquiète : les denrées alimentaires de base comme le blé
qui souffrent d’une mauvaise année de récolte – tout comme le café ou le
soja dont les prix s’envolent aussi. L’incident du cargo Evergreen dans
le canal de Suez a aussi retardé de nombreuses livraisons, ce qui a eu
un impact sur l’ensemble du transport maritime pendant des semaines." Si
l’année 2020 a été finalement relativement “normale” pour les
entreprises qui ont pu compter sur leurs stocks historiques, les
réserves sont désormais vides et les usines ne tournent toujours pas à
plein régime. Ils ne parviennent plus à répondre à la demande, en pleine
croissance." S’il y a bien un produit qui manque plus que les autres,
ce sont les semi-conducteurs. Ces petits appareils électroniques sont à
la base de la composition de milliers de produits, allant des consoles
de jeux, aux smartphones aux voitures. Ils sont un objet essentiel pour
notre mode de vie occidental. En plus d’une production limitée, notamment
à cause des tensions entre la Chine et Taïwan, les semi-conducteurs
sont des produits plus demandés que jamais. Les confinements successifs
ont eu un impact extrêmement important sur notre façon de travailler. La
mise en place du distanciel a amené les foyers à s’équiper (ou se
ré-équiper) en informatique… entraînant une hausse forte et soudaine de
la demande en matière de semi-conducteurs. En plus de ces matériaux déjà
en pénurie, d’autres industries pourraient être touchées dans les
prochaines semaines. C’est notamment le cas des matériaux nécessaires au
bâtiment qui sont déjà à la limite de la rupture et donc les délais de
livraisons s’allongent de plus en plus. L’industrie du textile est elle
aussi surveillée de près par les économistes qui craignent qu’elle
n’atteigne le point de rupture rapidement.
Mais
un nouvel élément pourrait encore venir compliquer les choses: la
pénurie d'engrais. «Le coût des engrais est l'un des principaux moteurs
de l'inflation alimentaire mondiale actuelle, car les prix des trois
groupes de nutriments – potasse, phosphate et azote – sont à des niveaux
jamais observés depuis environ une décennie», alerte ainsi Elena
Sakhnova, analyste de la banque d'investissement VTB Capital à Moscou.
La tonne d'ammoniac s'échangeait à 590 dollars fin septembre 2021,
contre moins de 200 dollars un an auparavant. Une inflation de près de
200% .
Par
curiosité, j'ai cherché quelques compléments d'information au sujet de
ces histoires d'engrais et de ce qu'il en était pour la France. Sans
surprise, la guerre Russo-Ukrainienne est venue exacerber cette situation. La Russie représente : près de 15 % des exportations mondiales d’engrais azotés, 14 % pour les engrais phosphatés et 19 % pour les engrais potassiques.
La Biélorussie, alliée de Moscou, pèse pour 18 % des exportations d’engrais potassiques.
L’incertitude sur le maintien des approvisionnements russes et l’effet
des sanctions ont donc ajouté leur lot à la hausse des prix.
La France dépend directement de la Russie à hauteur d’environ 7 % de ses importations d’engrais
(en valeur). Nos principaux fournisseurs sont situés dans l’UE.
Néanmoins, les matières premières nécessaires aux fabricants d’engrais
européens - gaz naturel, ammoniac pierre à phosphate – sont notamment
importées de Russie.
Alors que de nombreuses unités de fabrication européennes tournent au
ralenti pour faire face au renchérissement du coût de l’énergie, on
estime que la capacité de productions d’ammoniac de l’UE est amputée de
50 %. Certains fabricants travaillent donc à l’adoption de procédés de
fabrication d’engrais sans énergie fossile. C'est la seule bonne nouvelle dans cette affaire. Le suivi de l’indice des prix des moyens de production par l’INSEE
montre, entre juillet 2021 et juillet 2022, une hausse de + 86 % du
poste engrais et amendements. Notamment
- + 116 % sur l’ammonitrate
- + 126 % sur les solutions azotées
- + 91 % sur l’urée
- + 71 % sur les engrais simples phosphatés
- + 108 % sur les engrais simples potassiques
Dès lors, pour quels ajustements opteront les agriculteurs, à court et
moyen terme ? Diminuer les quantités apportées ? S’orienter vers des
cultures moins exigeantes en fertilisation ? Augmenter la part de
légumineuses dans l’assolement ? le tout sans affecter le potentiel de
production ? Si cette situation persiste, un tournant dans les pratiques
devra être pris. Le conseil stratégique et pratique des Chambres
d’agriculture pourrait ainsi être d’une grande utilité...
Bref, on n'a pas le cul sorti des ronces.
Mais
bon, c'est l'été, la plupart des gens n'ont pas envie
de penser à cela. Pour les plus riches, ça ne change de toute façon pas grand chose, le superflu est juste un peu plus cher. Les classes moyennes elles, se serrent la
ceinture mais continuent de s'enthousiasmer pour les mêmes conneries. Depuis
Marx le peuple a, en plus de la religion, des opiums supplémentaires
(le sport, la télé, les jeux vidéos, les chanteurs de variété, les
influenceurs, la VOD, des drogues de synthèse, et même du vrai opium
tramadol et fentanyl). De temps à autres, au cours de l'année elles manifestent dans les
rues, contre la vie chère, l'augmentation de l'âge de la retraite, plus
rarement contre les lobbies thermo-industriels et le saccage de la
planète.
Quant aux pauvres qui crèvent dans la rue, ça évidemment, ça ne
mobilise pas les foules.
Il faudrait tout de même que j'aie, à l'égard du monde et de ses soubresauts la même indifférence que Kafka, qui le 2 Août 1914, notait dans son journal. "L'Allemagne déclare la guerre à la Russie. Après-midi piscine". Je ferais mieux de m’occuper de mes affaires personnelles et de prendre les dispositions qu’impose ma situation présente.
Everything is in crisis these days.
RépondreSupprimerMy brain is like the man above--- unconscious. It is neither half-empty, nor half-full. It is shell-shocked.
RépondreSupprimerLovely red bikini
RépondreSupprimerPut bluntly, we are screwed. Our Earth will continue to heat until we reach the tipping point of no return, At that point the end of humanity is a sure thing, and runaway heating may lead to an Earth unable to sustain any life, like Mars.
RépondreSupprimerThe first one reminds me of Martin Parr. Georgeous Shot!
RépondreSupprimerExcellent photos!
RépondreSupprimerI'm not worried about climate change but I vow to keep my carbon footprint smaller than the footprints of: King Charles, Marion Cotillard, Leonardo DiCaprio, Al Gore, John Kerry, etc.
I can see the irony in your reply. And I have no doubt that you believe in providence.
Supprimer