Voilà,
les réactions à un précédent post, que l'on trouvait sombre et pessimiste — il s'agissait d'une évocation de l'espèce humaine par Jacques Sternberg — n'ont pas manqué de me surprendre. Non seulement l'Histoire, mais aussi l'actualité la plus récente nous prouvent quotidiennement que l'humanité n'est pas très reluisante. Il est désormais évident qu'elle s'épanouit plus fréquemment dans la manifestation du mal que dans l'expression de la bonté. Le tropisme suicidaire et destructeur qui la caractérise paraît en outre se confirmer de jour en jour. Qu'on s'étonne du contraire me déconcerte. D'ailleurs même les religions, qui ne l'oublions pas sont une invention de l'homme, ont considéré que celui-ci, d'emblée avait quelque chose à expier.
Est-ce parce qu'elle s'est elle-même supposée porteuse d'une faute originelle que l'humanité s'est comportée comme une puissance maléfique ? A-t-elle a compensé sa faiblesse initiale qui, dans ses premiers âges, la rendait particulièrement vulnérable par un exceptionnel sens de l'adaptation et une singulière capacité à formuler et donc à transmettre sa pensée ? En cela, pour sûr, elle constitue une exception dans le domaine des vertébrés. Mais comme elle a perçu la Nature comme une puissance hostile et menaçante, elle s'est acharnée — non sans génie, comme lorsque dans l'île de Madère, elle a construit, à flanc de montagne ces canaux d'irrigation qui ont dû coûter bien des vies — à la domestiquer parfois, le plus souvent à l'asservir.
La volonté de puissance est au principe même de l'espèce humaine. À présent elle est sans limite. Depuis qu'il est parvenu à plus ou moins maîtriser l'atome, à s'extraire de de la gravité pour aller faire sur la lune ce petit pas dont il espérait qu'il serait un grand bond, l'homme semble désormais vouloir tout détruire autour de lui. Et c'est avec une sorte d'effarement, de sidération que l'on en vient à constater tous les ravages dont se rend coupable l'espèce humaine.
Bien sûr, il en est qui alertent des dangers, mais ils ne sont pas assez puissants. Ce ne sont pas les Chefs, les dominants de l'espèce qui réagissent de la sorte. Ce sont des jeunes, parfois même des enfants, dont on raille l'inquiétude. Comment cette espèce qui a su parfois s'exprimer de façon subtile et sublime, en est elle arrivée là ? Elle a inventé la musique, la peinture. Elle a érigé des monuments extraordinaires. Elle a inventé l'art de guérir... Mais elle a aussi conceptualisé les notions de Dieu et d'Absolu, et inventé des machines meurtrières dont la vitesse excède son temps de réaction.
Nous disparaîtrons probablement plus vite que les dinosaures. Un autre cycle de vie, nous succédera et s'adaptera à cette planète que nous nous sommes, en particulier au cours de ces deux cents dernières années, tant acharnés à ravager. Continuons donc, avec cette allégresse stupéfiée qui distingue les maîtres de ce monde, notre course folle à la consommation et à l'armement, au pillage des ressources, au suicide collectif. Nos traces s'effaceront, les divinités stupides que nous avons inventées retourneront au silence et au néant. Les petites crevettes qui, au fond des océans, vivent à proximité de volcans sous marins pourront à leur tour prospérer, et c'est très bien comme ça. J'espère seulement que les fougères apparues sur terre il y a plus de trois cents millions d'années, continueront de s'épanouir après notre nuisible et fulgurant passage.
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Terrifiant, mais lucide.
RépondreSupprimeroui, une des questions majeures qui devrait nous occuper est de savoir combien d'années il reste à survivre pour les animaux humains.
RépondreSupprimerSidération partagée.
RépondreSupprimerLa volonté de puissance supérieure à l'intelligence, au désir de survie !!
Fougères, tortues, ces survivants, oui, je l'espère aussi.