pendant l'été de 1972 et l'hiver de 1974 — j'habitais alors rue de la Montagne Sainte Geneviève, ce qui explique le choix de cette photo — j'ai enregistré au hasard sur deux cassettes audio des morceaux de rock pour la plupart, et quelques un de jazz et de blues aussi qui passaient au Pop Club de José Artur dont la programmation était assurée par Bernard Lenoir qui fut par la suite un des animateurs de la chaîne de France-Inter. Il fallait être vigilant pour couper avant que les animateurs ne se mettent à parler, et c'était bien lorsque deux ou trois morceaux s'enchaînaient. Je n'avais pas toujours le temps de noter les titres des morceaux qui souvent étaient des disques en import qu'on ne trouvait que chez des disquaires comme Clementine ou Givaudan et nombre d'entre eux me sont ainsi demeurés inconnus. Pendant les années qui suivirent, j'ai continué d'écouter cette sorte de compilation sans particulièrement m'en préoccuper. Je me souviens que je l'avais encore dans ma chambre d'étudiant rue Saint Placide et que ces morceaux dont je ne connaissais ni les titres ni les interprètes ont accompagné bien des endormissements. Le son de ces cassettes n'était d'ailleurs pas très fameux — sur certaines chansons on entendait même des craquements dus à des orages lors de la captation. Le niveau sonore n'était pas non plus uniforme. Bref c'était un enregistrement de daube. Puis j'ai écouté d'autres choses, sur d'autres supports et les cassettes ont été délaissées, même s'il m'arrivait de m'en rappeler de temps à autre. Comme j'ai une très bonne mémoire des choses de la vie courante et que
je peux relier celles-ci à des états émotifs, je me souvenais vaguement
de certains indices qui me permettraient de retrouver — si l'envie s'en
manifestait un jour — les titres de quelques uns de morceaux mais pas
tous.
Il y a une dizaine d'années j'ai réécouté les deux cassettes, et comme entre temps il y avait eu l'apparition de Shazam, qui reste pour moi, une des applications les plus géniales qui existe, j'ai décidé de reconstituer ces playlists sur mon ordinateur. Cela a pris un certain temps, car toutes les chansons n' y étaient pas répertoriées. Certaines, je les ai trouvées en décryptant les paroles et en faisant des recherches sur internet. A présent sur les 48 morceaux qui constituaient cette bande son de mon adolescence, trois demeurent encore énigmatiques, échappant à toute identification. Certains titres ont été particulièrement difficiles à retrouver : la version de "Down in the flood" de Finnegan and Wood, "How long" de John David Souther, la version live avec le medley Sing Joy/Tutti frutti de Buzzy Linhart, qui me plaisait particulièrement à l'époque pour son côté totalement déjanté, "Jumped through my window" d'Arthur Lee, "Gimme that beat" de Junior Walker and the all stars, "Message" de Barefoot Jerry, "What's happening" de Byzantium (celle là j'étais assez fier de le retrouver) et "Oxymorron" du groupe allemand Guru Guru.... Pour ce qui demeure encore inconnu, je sais qu'avec un peu de ruse et d'obstination, je pourrais aboutir, mais je crains de ne pas survivre à la résolution de cette énigme. C'est comme mon copain Albert Delpy, qui lorsqu'il est arrivé — il y a fort longtemps à Paris — s'était promis de visiter le Louvre, ce qu'il n'a finalement jamais fait et ne fera jamais me dit-il, car il pense que cela pourrait hâter sa fin. Sans doute cet archaïsme de la pensée magique est-il ce qui nous relie encore à nos lointains ancêtres des cavernes. Enfin c'est juste une supposition, une intuition, une hypothèse. je suis ni psy ni anthropologue...
Que de souvenirs! Étudiante dans les année '70, je l'ai écouté jusqu'en '76, un an après la mort de Franco, quand mon amoureux espagnol a souhaité, le dictateur mort, retourner dans son pays. Ici j'ai arrêté l'écoute.
RépondreSupprimerMais jamais je ne l'ai enregistré. J'imagine tout ce qui peut remonter en toi rien qu'en écoutant les génériques, inoubliables.
Je me souviens de Patrice Blanc-Francard chargé des choix musicaux. Est-ce que je me trompe ?
RépondreSupprimerAh oui mais je crois que c'était un peu avant Bernard Lenoir. Ou que peut être en 72 c'était Lui, et Bernard lenoir en 74
SupprimerArthur Lee--- there's someone I haven't thought of in ages.
RépondreSupprimerI love that picture, by the way!
RépondreSupprimerThanks Kwarkito, I enjoyed all your musical links 🎵
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