Voilà,
J'ai déjà parlé de cela. A l'occasion d'une brocante sans doute. Chaque fois que je retombe sur une de ces cartes Vidal-Lablache qui étaient accrochées dans les salles d'écoles de mon enfance, j'éprouve une sorte de transport non dans le passé, mais dans un monde parallèle qui peu à peu s'est constitué au cours des rêveries et des distractions que suscitait l'ennui de trop longues journées de classes. Lorsque l'attention se dissipait et que le discours de l'instituteur n'était plus que bribes, ces images accrochées au murs offraient alors la possibilité de divagations réparatrices. Je me suis souvent laissé absorber par ces paysages fixes qui selon S. ont quelque chose d'angoissant. Pour ma part au contraire ces images m'apaisaient, et m'apaisent encore. Toute chose y paraît à sa place, selon un ordre définitif et immuable. Ainsi de ce paysage. On le montre façonné par l'homme et cependant la vie semble s'en être absentée. Il est possible sinon probable que cette dimension fantomatique soit ce qui précisément me séduit. J'ai si souvent eu l'impression de grandir parmi des spectres. Enfant j'entendais souvent mes géniteurs parler d'un monde, de gens et d'un temps où je n'étais pas vivant. Et il est possible que j'associe aussi ces images à cela. Ces lieux n'existent pas vraiment. Ce sont des utopies qui illustrent des mots. Ici sans doute, "fleuve", "affluent", "confluent", "transport fluvial". Celle-ci me touche particulièrement parce que je suis né dans une ville située au confluent du Rhin et de la Moselle. Je pourrais rêver qu'elle fût ainsi, que c'est cet endroit qui m'a vu naître, et même aujourd'hui où la tombe est bien plus proche que le berceau, cette hypothèse bien qu'invraisemblable me semble toutefois plausible. Je voudrais me promener dans ces rues où la possibilité du terrorisme est exclue, longer ces berges que nulle pollution n'abîme, traverser ces champs où aucun pesticide n'a été pulvérisé. J'aime infiniment la naïveté de ces images, qui finalement évoquent un monde idéal et harmonieux. Tout à l'heure je me rends à La Défense. J'y ai beaucoup moins travaillé que l'année dernière, mais chaque fois que j'y passe, je devine les grands massacres qu'on peut y faire. Désormais, je n'y vais jamais sans une certaine appréhension.
Maravilloso texto!!!
RépondreSupprimerLooking back I can tell you are a deep thinker Kwarkito.. like yourself I wake up each morning wondering what new disaster awaits in some far corner of the world! Sometimes I think living in the most isolated city in the world is not a bad thing anymore 😃
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