il traînait parfois le soir dans les gares songeant aux destinations où jamais plus il ne retournerait. Des femmes passaient qui détournaient le regard, évitant soigneusement le sien, lui qui attendait un miracle souhaitant que dans cette foule quelqu'un peut-être le reconnaisse. Mais les gens sont toujours pressés qu'ils reviennent ou qu'ils repartent toujours de passage. Il avait un jour mangé au restaurant Le train bleu" (c'était quand déjà si loin une autre vie). Dans cette confusion il ne savait même plus à quoi il ressemblait ; d'ailleurs il évitait les miroirs, détournait les yeux quand une vitrine lui offrait son reflet. Lui aussi avait autrefois connu une vie normale faite de joies simples et de de menus bonheurs : un appartement, un balcon avec des plantes vertes qu'il aimait arroser aux premiers jours du printemps et des fenêtres fleuries, et une valise toujours prête pour un voyage décidé au dernier moment. Mais le malheur avait frappé et jamais depuis il n'avait trouvé la force ni le courage de s'en remettre. Mathieu Minella traînait ce qui lui restait d'apparence avec des souvenirs d'un autre âge d'une autre vie d'un autre visage qui n'avait pas encore été mangé par la flamme. Jamais plus personne ne le prendrait dans se bras il en avait désormais la certitude. D'ailleurs cela faisait longtemps que le désir l'avait quitté. A quoi bon songer à des choses impossibles. Un jour peut-être trouverait-il le courage de se jeter sous un train. Mais de cela même, il n'était pas très sûr. S'il n'avait plus la force d'espérer, lui manquait cependant le courage de renoncer.
Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Publications les plus consultėes cette année
-
Voilà, après une année 2023 inédite en terme de chaleur, juin 2024 a été le mois de juin le plus chaud jamais mesuré. Il s'agit du tre...
-
Voilà, j'aime ça tout est fait déjà l'image est là n'attend que moi ne veut pas être oubliée appuyer il suffit juste ...
-
Voilà On leur dit que s'ils ne consomment pas les fruits et légumes qui ont poussé dans la zone, ils manqueront à leur devoir ...
-
Voilà, j'aime, depuis le quai de la station Boulainvilliers que j'ai longtemps appelé Bougainvilliers (de telles fleurs, il n...
-
Voilà dans l'œil mort du civil gisant à terre, frémissaient encore les mirages d'un autre monde. Des insectes aux ailes f...
-
Voilà, je ne me lasse pas des quais de Paris. j'aime m'y promener à toute heure. Là c'était le soir, il n’y a pas si longtemps, ...
-
Voilà, l'orage est passé, le jour décline doucement, bientôt on ne fera plus la différence entre un fil noir et un fil blanc. Ils son...
-
Voilà, C’est déjà la fin des vacances d'été. C’est toujours un peu triste cette période. Cet été là aura été particulier tout de mêm...
-
Voilà, je m'étonne que l'espèce humaine, plutôt que d'affronter les défis écologiques qui s'imposent à elle, préfère s...
-
Voilà, une rue déserte et c'est comme si la ville m'était offerte. Sur le pavé humide luisent tant de souvenirs. Je retrouve ...

aahh!! j'adore l'image avec plein de petits bouts de gare et de voyageurs !
RépondreSupprimersi je vois mathieu, je l'invite au train bleu et je lui dirai.....
je n'ai pas peur de regarder ceux qui ne se regardent plus
toi aussi tu l'as vu !
Je te lis souvent à reculons, car tu es plus régulier que moi sur l'ordinateur. Donc ne t'étonne pas de mes réactions parfois tardives. Bien sûr la montre molle prend ici tout son sens. Du texte je suis capable de faire une dictée, pour mes vrais élèves. Sauf la fin : des fois que les parents... ou, pire, que l'un passe à l'acte même par coïncidence. Il faut des dictées tristes même sans Cosette et sans Jules Vallès.
RépondreSupprimer