dimanche 20 avril 2014

Aquabonisme


Voilà,
j'aime bien ce cliché que j'ai fait l'autre soir à Arcueil près du métro Laplace. Surtout à cause du type à l'arrière-plan en train de pisser contre son arbre. Je l'aime oui comme bien d'autres photos de ce blog d'ailleurs qui n'ont pas été beaucoup vues : celle du petit matin à Marrakech, par exemple, ou bien le skater du palais de Tokyo, ou Clifton beach, ou la procession des filles de Lyon, ou encore le miracle de Lourdes et la fillette de Londres. J'en oublie. Je sais qu'elles ont été peu regardées parce qu'il y a une sorte de compteur indiquant les pages les plus consultées. Je me suis retourné donc. Au cœur de la nuit, dans la caverne de l'insomnie, je suis revenu sur ces publications passées. Ce sont toujours les images que je retiens d'abord, rarement les textes. D'ailleurs les libellés sur la colonnes de droite ne réfèrent qu'aux images (sauf la rubrique personn(ag)es). Et puis, ce sont les images qui m'ont aidé bien souvent, c'est elles qui ont en quelque sorte constitué un baume qui tenait à distance l'angoisse, en différents moments de ma vie. Seulement j'en ai quand même besoin des mots, il faut qu'ils soient là, mais c'est comme ça, les images d'abord. Pourtant il y en a quand même beaucoup, huit-cents posts ça fait pas mal de mots, et le projet au départ c'était bien ça, c'était de faire venir les mots, de trouver une relation juste entre des images et des mots. Je ne suis pas sûr d'avoir réussi mon coup. Je trouve que c'est trop propre tout ça, trop raisonnable, trop souvent raisonneur. Insatisfaisant au bout du compte. Ça manque de tripes ça manque de nerfs ça manque de viande. À quoi bon continuer si ne parle pas le fou en soi, le fou caché en soi, le fou tapi dans la trop lisse image de soi. À quoi bon insister si n'est pas rendue plus vive la tension que suscite la volonté le désir - je ne sais comment dire - la nécessité d'en passer par les mots qui jamais ne viennent comme il faut, jamais exacts au rendez-vous, toujours infidèles faux-culs fuyants tirant à hue et à dia ? C'est absurde cette tentation souvent répétée au fil des publications de vouloir donner l'impression de maîtriser la pensée plus précisément l'illusion d'avoir une pensée quand c'est justement de sa confusion dont il faudrait témoigner, de son chaos de ses débâcles et des séismes qui l'agitent, la transforment. Oui seules importent ces failles, ces lignes de fractures, ces intensités soudaines, ces moments de friction de frottement de flottement de suspension de vertige de chute ou d'ascension, de décélération brusque de bafouillage de ressassement de bégaiement. J'ai essayé parfois. Peut- être faut-il pour cela un courage que je n'ai pas, un acharnement ou une détermination dont je manque, à moins que je m'obstine à chercher quelque chose qui peut-être n'est qu'une lubie : l'idée que je pourrais avoir un style une singularité par exemple - je ne sais pas - un truc immédiatement identifiable. C'est misérable au fond cette volonté d'exister à tout prix, de s'exprimer à tout prix, alors que n'importe quel connard peut le faire. On peut le constater dans le bus, le métro : tu marches sur les pieds de quelqu'un et aussitôt il s'exprime, il dit aīe ou bien il dit vous vous pourriez quand même faire attention. Oui au fond si tout cela n'était que ça : se marcher soi-même sur les pieds juste pour dire faites attention je suis là je suis là

2 commentaires:

  1. tu es là, tu es la.... je vois tes images toujours insolites, originales et je lis tes mots qui sont fluides comme une coulée de miel !
    depuis que je connais ton blog (commes l'ais-je connu ?? me rappelle pas) - donc depuis, je viens à chaque publication, même si
    je ne laisse pas un commentaire chaque fois ! voilà...
    bonne journée à toi

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