je l'aperçois abattu résigné englué dans son impuissance pris au piège d'un présent permanent où il n'a plus la force de saisir le monde tel qu'il va ou plutôt tel qu'il ne va plus. Sans rêve sans possibilité de se projeter à long terme, soumis au nouvel impératif catégorique de la communication ininterrompue tout comme à l'injonction toujours renouvelée de satisfaire les plaisirs immédiats qu'on lui impose, assujetti à la tyrannique nécessité de s'adresser en permanence à des individus, il est là qui tapote sur son smartphone. Il est mon semblable qui regarde les nouvelles : Robert a une nouvelle femme qu'il prend en photo et il est très content pour Robert là-bas très loin dans le Grand-Nord canadien. Il clique j'aime. Florence sort un recueil de poèmes où il est question de fantômes. Nina se promène en felouque et a très chaud. Il écrit un commentaire. Jean-Edouard fait le moine dans sa chaumière en écoutant des airs d'opéra en compagnie de son chat Lucrèce. Il partage cette interprétation du poème de l'amour et de la mer par Irma Kolassi, Christine suit désormais son activité musicale et a ajouté l'album "l'amour fou" de Françoise Hardy à sa bibliothèque. William dans sa Floride natale est toujours neurasthénique, boit souvent du whisky, va régulièrement à la gym, et a décidé de ne plus faire poser ses modèles canon sur le sofa de son atelier de prise de vues. Herbie se demande toujours si tout cela a un sens, dîne parfois le dimanche avec sa mère n'écrit plus sur son carnet de moleskine noir. Des posts l'informent qu'on continue de massacrer les Karen en Birmanie, que Monsanto contrôle la presse scientifique, qu'au Tricastin on ne maîtrise pas les fuites de certains produits radio actifs infiltrés dans les nappes phréatiques, que La NSA sait tout de nous, que l'administration grecque est toujours plus vampirisée par la troïka et ses agents, que dans l'indifférence générale des massacres se perpétuent à Alep et l'homme sur le banc est assailli de questions. Il y en a tant et tant. Elles sont là posées là, oh pas toutes mais beaucoup, entre sol et regard. Les connes et les plus graves, les sans-réponse et celles dont il a plus ou moins la solution. Mais c'est trop tard il n'aura pas le temps ni la force d'y répondre vraiment, de développer la pensée qu'elles exigent parce que ça, penser c'est devenu trop difficile. Et le temps manque. Pourtant il s'assied il voudrait bien faire le point, mais se laisse distraire et ne peut mieux faire que remettre tout ça à plus tard. Autant dire à jamais. Mais ça précisément c'est ce qu'il préfère ne pas se formuler. Alors il tapote, il tapote...
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Sigues sacando un gran material, muy, muy interesante.
RépondreSupprimerUn saludo, Ángel
-Te deseo unas tranquilas y estupendas Navidades.-
This series of people sitting on the bench simply fascinates me! I like the desolated solitude.
RépondreSupprimerPerfect loneliness, sigh!
RépondreSupprimerWell captured in photo and words..
A perfect photo of isolation in the city. Good to avoid the pandemic, not so good for socializing.
RépondreSupprimerYour thoughts on the man on the bench are thoughtful for one, who knows how we are at this age!
RépondreSupprimerWell written and a very touching BW photo to match!
Greetings Elke
Beautiful photograph. Whether intentionally or by photographer's intuition, there's something in the way you leveled the camera and view point that really drives the point and the empathy.
RépondreSupprimerNice pic
RépondreSupprimerGreat image and words
RépondreSupprimerThe story of modern times! Great photo and such meaningful words.
RépondreSupprimer...lonely!
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